LE CRI DES PEUPLES
Coronavirus :
les Etats-Unis
survivront-ils à la pandémie ?
Dimanche 29 mars 2020 A tous les
échelons, les Etats-Unis, qui ont
initialement minimisé le danger du
Covid-19, assimilé à un « canular » par
Trump, sont maintenant en mode panique.
Malgré la communication optimiste de
l’administration, contredite par ses
supplications adressées en coulisses à
tous les pays pour obtenir le matériel
médical qui fait cruellement défaut
(CNN), les Etats-Unis sont sur le point
de connaître un désastre sans précédant,
et s’engagent dans une spirale de
dépenses incontrôlable, tout en
continuant de privilégier le bien-être
des marchés à celui du peuple américain.
Les prévisions les plus optimistes font
état de plusieurs centaines de milliers
de victimes potentielles (RT). Pour
faire face aux troubles, un million de
réservistes ont été appelés en guise de
supplétifs aux forces de sécurité déjà
hypertrophiées et surarmées, la loi
martiale se profile (cf. Philip
Giraldi), et les forces armées
stratégiques ont été cantonnées dans des
bunkers en prévision du pire (RT)…
Les États-Unis
demandent tout à d’autres pays, du
désinfectant pour les mains aux systèmes
de ventilation, pour lutter contre le
coronavirus
Source :
CNN, 25 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
L’administration
Trump appelle les pays du monde entier à
donner ou à vendre aux États-Unis des
articles aussi basiques que des
désinfectants pour les mains et aussi
complexes que des respirateurs, afin de
lutter contre la pandémie de
coronavirus.
Dans une liste
obtenue par CNN, le Département d’État
présente 25 articles, invitant les
diplomates à demander ces équipements à
leur pays d’accueil avec une priorité
claire sur les articles disponibles «
aujourd’hui » et un accent secondaire
sur l’équipement et les articles qui
peuvent être disponibles dans les
semaines à venir.
Les demandes sont
émises alors que le Président Donald
Trump vante sa réponse nationale et
refuse de déployer tout le pouvoir de la
loi sur la production de défense du
gouvernement fédéral pour produire et
acheminer des équipements cruciaux vers
les États et les hôpitaux en difficulté.
Le nombre de pays auxquels les
États-Unis ont fait appel n’est pas
clair.
La liste couvre la
gamme d’équipements que les hôpitaux
américains surchargés recherchent. Les
articles les plus simples comprennent
les sacs pour matériaux à risques
biologiques, les masques FFP2, les
gants, les blouses, les casquettes
chirurgicales, les couvre-chaussures,
les contenants pour objets tranchants,
les lunettes de protection, les
désinfectants pour les mains et les
combinaisons jetables Tyvek.
Les articles les
plus complexes de la liste comprennent
les inhalateurs-doseurs, les
respirateurs, les respirateurs en
élastomère et les respirateurs à
épuration d’air motorisés.
Appels
personnels
Le gouvernement
sud-coréen a déclaré que Trump avait
personnellement lancé au moins l’un de
ces appels, appelant le Président Moon
Jae-in mardi pour demander si Séoul
pourrait fournir aux États-Unis du
matériel médical.
L’administration
lance ces appels privés alors que Trump
joue une partition radicalement
différente en public. Lors du briefing
quotidien sur le coronavirus de la
Maison Blanche, peu de temps après avoir
appelé le leader sud-coréen, le
Président s’est laissé aller à une
rhétorique de campagne, déclarant que «
l’Amérique ne sera jamais une nation
implorante ».
« Nous ne devons
jamais dépendre d’un pays étranger pour
nos propres moyens de survie, a déclaré
Trump. Organiser notre force économique
est un élément clé pour vaincre le
virus, produire le matériel, les
fournitures et l’équipement dont nous
avons besoin. Et elles font un travail
vraiment fantastique », a déclaré Trump,
semblant féliciter les entreprises du
secteur privé.
Le responsable du
commerce de Trump, Peter Navarro, a
déclaré au New York Times que
l’administration tendait même la main à
la Chine, que les responsables de
l’administration ont à maintes reprises
accusée de ne pas avoir communiqué
suffisamment clairement sur la maladie.
« Mon travail à la
Maison Blanche en ce moment est d’aider
à trouver tout ce dont le peuple
américain a besoin et à l’acheter
partout où nous le pouvons, et si nous
devons envoyer un avion pour aller le
chercher, nous le ferons en utilisant
toute la force du gouvernement et des
entreprises privées », a déclaré M.
Navarro dans une interview.
« Si la Chine ou
tout autre pays a des masques, des gants
ou d’autres produits dont nous avons
besoin pour le peuple américain, nous
l’accueillerons à bras ouverts », a-t-il
dit.
Un porte-parole du
Département d’État a déclaré mardi
qu’ils avaient « tendu la main aux
missions diplomatiques américaines pour
leur demander de déterminer si certains
pays peuvent avoir une capacité
excédentaire de fabrication des
équipements, et s’il existe des
entreprises dans ce pays qui pourraient
envisager d’exporter des fournitures
vers les États-Unis. »
« J’espère que nous
pourrons jumeler des fournisseurs
externes, des sources externes avec des
États et des entités aux États-Unis qui
en ont réellement besoin », ont-ils
déclaré.
Les diplomates
chargés de faire les demandes disent que
la directive est venue avec un fort
sentiment d’urgence, certains ayant reçu
des demandes de réponse avant la fin de
la journée. Dans certains cas, les
ordres ne précisaient pas si les
États-Unis demandaient des dons ou
offraient de payer, laissant les
ambassades dans la position profondément
inconfortable de jongler autour de la
question.
Dans son exposé de
dimanche 22 mars, Trump a souligné le
fait que les États-Unis étaient prêts,
énumérant certains des éléments que les
diplomates ont été invités à quémander.
« Nous avons des millions de masques en
cours de réalisation. Nous avons des
respirateurs. Nous avons des appareils
de ventilation. Nous avons beaucoup de
choses qui se passent en ce moment. »
Mais la quantité
d’équipements vitaux que les États-Unis
ont réellement sous la main est peu
claire. Le vice-président Mike Pence a
déclaré mardi à Fox News que le stock
stratégique national, la réserve
gouvernementale destinée à soutenir les
hôpitaux en cas de crise, avait «
environ 20 000 appareils de ventilation,
et nous les avons mis à la disposition
des États », nommant la Californie,
Washington, New York et New Jersey.
Nombres flous
Mais le 15 mars, le
Dr Anthony Fauci, directeur de
l’Institut national des allergies et des
maladies infectieuses et membre du
groupe de travail du Président contre le
coronavirus, a déclaré à CNN que les
États-Unis disposaient de 12 700
ventilateurs. « Si vous n’avez pas assez
de ventilateurs, cela signifie que les
personnes qui en ont besoin ne pourront
pas en bénéficier. C’est à ce moment-là
que vous devrez prendre des décisions
très difficiles [qui soigner et qui
laisser mourir]. »
Mardi 24 mars, New
York a connu plus de 25 000 infections
connues et 210 morts. Son gouverneur,
Andrew Cuomo, a déclaré avec colère aux
journalistes qu’il avait besoin de « 30
000 » ventilateurs.
La position de
Cuomo fait écho aux gouverneurs à
travers le pays qui disent que le
gouvernement fédéral ne répond toujours
pas pleinement à leurs demandes de
millions de masques, de ventilateurs et
d’autres fournitures.
Mercredi 25 mars au
matin, le décompte de CNN Santé révèle
qu’il y a maintenant au moins 53 209
nouveaux cas de coronavirus aux
États-Unis et que 709 personnes sont
décédées. Moins de 24 heures auparavant,
mardi midi, les États-Unis avaient au
moins 48 000 infections à coronavirus et
600 décès [au 28 mars, les Etats-Unis
comptaient 123 828 cas avérés et 2 231
décès].
Alors même que le
Président a déclaré mardi que « nous
commençons à voir la lumière au bout du
tunnel » et qu’il espérait voir la levée
des restrictions à la circulation et aux
rassemblements sociaux d’ici Pâques,
l’Organisation mondiale de la santé a
averti que la trajectoire croissante des
cas et les décès signifient que les
États-Unis pourraient devenir le
prochain épicentre mondial de la
pandémie [c’est chose faite au 28 mars].
« Le potentiel est
là mais vous avez encore le temps de le
renverser », a déclaré mercredi matin le
porte-parole de l’OMS, Margaret Harris.
Elle a souligné le besoin urgent de
tester, de trouver tous les cas, de
suivre ceux qui ont été exposés et de
les isoler. « Et enfin, de faire soigner
les personnes malades et quand vous le
faites, vraiment, vraiment protéger vos
agents de santé », a-t-elle déclaré.
Mais les
gouverneurs se bousculent pour combler
des lacunes importantes dans les
équipements médicaux essentiels qui
pourraient aider à protéger ces agents
de santé. Ils disent qu’ils ont besoin
que Trump déploie pleinement la Loi sur
la production de défense (LPD) pour
prendre en charge la distribution des
fournitures parce que le processus
actuel oblige les 50 États à se faire
concurrence mutuellement, et à rivaliser
avec le gouvernement fédéral et les
hôpitaux, pour les obtenir.
La LPD de 1950
permet au gouvernement fédéral de
diriger la production nationale en cas
d’urgence. Bien que la disposition sur
les priorités de la loi soit couramment
utilisée dans les situations d’urgence
telles que les incendies de forêt ou les
ouragans pour garantir que les
ordonnances du gouvernement soient
exécutées en premier, le volet
affectation n’a pas été utilisé depuis
la guerre froide.
L’invocation de cet
élément de la loi donne au gouvernement
le pouvoir de contrôler complètement
toute la chaîne d’approvisionnement, de
forcer les entreprises à fabriquer des
articles indispensables, et même à
prendre en charge la distribution et
l’allocation de ces équipements.
Trump a signé la
LPD mais ne l’a pas réellement utilisée,
sous la pression des chefs d’entreprise
qui disent qu’il y a trop d’inconnues,
et se sont plutôt portés volontaires
pour produire tout ce qui est
nécessaire. Le Président a fait part de
son point de vue dans un tweet dimanche,
affirmant que lorsque la LPD a été
annoncée, « elle a fait trembler » le
monde des affaires.
Lors de la réunion
d’information sur la pandémie de mardi,
le Président est resté concentré sur la
nécessité d’inciter les entreprises
privées à fournir l’équipement
nécessaire, alors même que ses contacts
avec les pays étrangers se
poursuivaient, et a insisté sur le fait
que tout allait bien. Il n’a pas abordé
la distribution et l’allocation, l’autre
problème critique qui, selon les États,
mettrait fin à la concurrence
contre-productive entre eux pour les
fournitures vitales.
« Le gouvernement
fédéral utilise toutes les ressources à
sa disposition pour acquérir et
distribuer des fournitures médicales
essentielles, a déclaré Trump mardi.
Nous n’avons pas eu à exercer ou à
utiliser la LPD de quelque façon que ce
soit. Le fait que nous l’ayons aide,
mais nous n’y étions pas obligés. Et
pour la plupart des besoins, nous
n’aurons pas à le faire. »
« Jusqu’à 200
000 DÉCÈS »: le chef de la santé de
Trump, Fauci, prédit des MILLIONS de cas
de Covid-19 aux États-Unis
Source :
RT, 29 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
Le tsar Covid-19 du
Président Trump, le Dr Anthony Fauci, a
publié une terrible prédiction sur les
coronavirus : « Des millions de cas » et
« 100 000 à 200 000 » décès aux
États-Unis. Plus de 2 200 personnes sont
déjà décédées de la maladie mortelle aux
États-Unis.
S’exprimant
dimanche sur le programme « L’état de
l’Union » de CNN, Fauci a déclaré
qu’essayer de prédire la propagation du
virus revenait à courir après une «
cible mouvante ». Cependant, le
directeur de l’Institut national des
allergies et des maladies infectieuses a
affirmé que « entre 100 000 et 200 000
décès » pourraient survenir.
Le Dr Anthony
Fauci estime qu’il pourrait y avoir
entre 100 000 et 200 000 décès liés au
coronavirus et des millions de cas. « Je
ne pense pas que nous ayons vraiment
besoin de faire une projection, car
c’est une cible si mobile que vous
pourriez vous tromper si facilement »,
ajoute-t-il
« Nous avons un
grave problème à New York, nous avons un
grave problème à la Nouvelle-Orléans, et
nous allons développer de graves
problèmes dans d’autres régions » , a
déclaré Fauci.
Fauci a averti que
le véritable bilan de l’épidémie de
Covid-19 aux États-Unis se situera
quelque part entre les prévisions du «
meilleur des cas » et du « pire des cas
» actuellement en cours [sic].
Cependant, il n’a pas précisé vers quel
scénario penchait sa propre prédiction.
Fauci a
publiquement exprimé son désaccord avec
le Président Donald Trump sur la
meilleure façon de répondre à la crise
du coronavirus. Alors que Trump
réfléchissait à l’imposition d’une
quarantaine stricte sur les « points
chauds » comme New York et le New
Jersey, Fauci a averti que cela créerait
« une plus grande difficulté » dans
l’application de ces mesures. Il a
déclaré à CNN dimanche que Trump avait
décidé de ne pas émettre d’ordonnance de
quarantaine après des « discussions
intensives » à la Maison Blanche samedi
soir.
La ville de New
York, a déclaré Fauci, représente 56%
des nouvelles infections du pays.
Alors que des
centaines de milliers de morts sont une
prédiction désastreuse et en
contradiction avec le ton optimiste du
Président Trump lors des points de
presse, Fauci a fait des prédictions
encore plus pessimistes auparavant. Plus
tôt ce mois-ci, et alors que l’État de
New York n’avait signalé que 700 cas de
virus, Fauci est apparu sur CNN pour
avertir « qu’il est possible » que des
millions d’Américains meurent du
Covid-19.
Tous aux abris !
Le Pentagone envoie des équipes dans des
bunkers alors que les préparations pour
faire face à la pandémie de Covid-19
battent leur plein
Source :
RT, 28 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
Le Commandement
Nord des États-Unis a envoyé des équipes
de personnel essentiel profondément sous
terre pour attendre la fin de la
pandémie de Covid-19. En surface, plus
d’un million de grogneurs ne seront pas
aussi choyés.
Terrence
O’Shaughnessy, Général de l’Armée de
l’Air, dirige le Commandement Nord des
États-Unis, ainsi que le Commandement de
la défense aérospatiale de l’Amérique du
Nord, une opération conjointe États-Unis
/ Canada qui surveille le ciel au-dessus
de l’Amérique du Nord pour détecter les
menaces de missiles et aéroportées. Plus
tôt cette semaine, O’Shaughnessy a
déclaré aux journalistes via
Facebook que certaines de ses équipes de
surveillance seraient transférées de
leur centre de commandement habituel de
la Peterson Air Force Base dans le
Colorado vers un certain nombre de
bunkers souterrains renforcés.
L’une de ces
installations est le complexe de bunker
de Cheyenne Mountain, un dédale de
tunnels enfouis sous plus de 600 mètres
de granit et scellés derrière des portes
anti-souffle de 25 tonnes conçues pour
résister à une explosion nucléaire de 30
mégatonnes.
« Nos
professionnels dévoués de commandement
et de contrôle NORAD et NORTHCOM ont
quitté leurs maisons, dit au revoir à
leurs familles et sont isolés de tout le
monde pour s’assurer qu’ils peuvent
tenir la montre chaque jour pour
défendre notre patrie », a déclaré
O’Shaughnessy. Il a également déclaré
que le personnel envoyé sous terre
partagera le bunker avec d’autres
membres de l’armée, mais qu’il n’était «
pas autorisé à discuter de l’identité
des unités & personnes qui y
emménageront ».
Une autre équipe a
été envoyée dans un lieu non divulgué, a
ajouté O’Shaughnessy.
Des installations
comme Cheyenne Mountain font partie
intégrante du plan du gouvernement
américain pour survivre à un scénario
apocalyptique. En cas de menace
existentielle pour les États-Unis, une
attaque nucléaire par exemple, le
Président et son administration, ainsi
qu’un contingent de dirigeants
politiques, militaires et civils,
seraient immédiatement évacués vers
quatre installations sécurisées pour
diriger le pays depuis des profondeurs
souterraines. Ces installations sont
Cheyenne Mountain, le Presidential
Emergency Operations Center sous la
Maison Blanche, Raven Rock Mountain
Complex en Pennsylvanie et Mount Weather
Emergency Operations Center en
Pennsylvanie.
Bien que la crise
actuelle de Covid-19 n’ait pas déclenché
un exode massif de Washington, elle a
incité les chefs militaires à prendre
des mesures pour s’assurer qu’ils
restent prêts au combat. Après avoir
admis que la préparation de l’armée
américaine pourrait être affectée par la
pandémie, le secrétaire à la Défense
Mark Esper a déclaré jeudi que le
Pentagone cesserait de publier des
détails précis sur les cas de Covid-19
dans ses rangs, pour éviter de révéler
des faiblesses aux adversaires
américains.
Alors que certaines
des forces d’O’Shaughnessy se dirigent
vers les montagnes pour attendre la
pandémie dans un isolement hermétique,
des millions d’autres à la surface
n’auront pas le même luxe. Des
ingénieurs de l’armée ont déjà été
déployés à New York pour rechercher des
sites pour des hôpitaux de campagne, car
l’Etat de New York représente plus d’un
tiers des 112 000 cas de maladie du
pays.
Avec l’aggravation
de la crise, l’armée américaine semble
adopter une approche « tous sur le pont
», tant sur le terrain qu’en sous-sol.
Bien qu’il soit interdit à l’armée
américaine d’exercer des fonctions
d’application de la loi sur le sol
américain, le Président Trump a signé
vendredi un décret autorisant l’appel
d’un million de réservistes et de
retraités de l’armée, de la marine, de
l’armée de l’air et des garde-côtes.
Ces réservistes
pourraient être appelés à aider les
autorités civiles à répondre à la
pandémie, comme l’ont fait les quelque
10 000 soldats de la Garde nationale
déjà déployés. Samedi, Esper a annoncé
une loi modifiée qui fournirait un
financement fédéral aux États souhaitant
déployer davantage de ces troupes.
En plus de cela,
deux navires-hôpitaux ont été envoyés
pour aider au traitement des patients à
New York et Los Angeles.
Les États-Unis ont
atteint la première place dans le monde
en termes de nombre de cas enregistrés
de Covid-19, devant l’Italie et la Chine
(où la contagion a commencé en décembre)
avec plus de 120 000 personnes testées
positives et plus de 2 000 décès.
Où nous mène le
coronavirus ? Quand se terminera-t-il et
que se passera-t-il en cours de route ?
Par Philip
Giraldi, ancien officier de la CIA*
Source :
Strategic Culture, 26 mars 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
L’histoire du
coronavirus a généré un certain nombre
d’intrigues secondaires majeures. La
première est l’origine du virus.
S’est-il formé naturellement ou a-t-il
été créé dans un laboratoire d’armes
biologiques chinois, américain ou
israélien ? S’il est issu de la
bio-ingénierie, a-t-il pu fuiter d’une
manière ou d’une autre ou a-t-il été
délibérément propagé ? Les gouvernements
qui auraient pu être impliqués dans le
processus étant devenus très taciturnes,
et les médias grand public hésitant à
adopter les théories du complot, nous,
le public, ne connaîtrons peut-être
jamais la réponse.
La seconde est la
nature du virus lui-même. Il y a
inévitablement des sceptiques qui
choisissent de comparer le mal à un
rhume commun ou à une grippe hivernale
normale et sont capables de désigner de
soi-disant experts pour soutenir leur
point de vue. De nombreux Américains ne
veulent pas se soumettre à un bouclage
ou à un isolement et affichent leur
volonté de sortir en public et de se
mêler librement à leurs proches et aux
foules, tandis que d’autres prétendent
que tout cela est un canular conçu pour
créer une panique qui profitera à
certains intérêts. Il y a des
articles de presse qui parlent
d’adolescents allant dans les
supermarchés et simulant un éternuement
ou une toux dans la section des fruits
et légumes pour montrer leur
indifférence envers les directives de
prévention des infections promues par
les médias et le gouvernement. Certains
critiques ont également commenté la mort
quotidienne de centaines d’Italiens,
suggérant que dans le système de santé
italien, des personnes âgées étaient
délibérément autorisées à mourir.
Le fait est que
lorsque des personnes gravement malades
meurent dans les hôpitaux, cela est
parfois
imputable au triage. Le triage
survient lorsqu’il n’y a que des
ressources limitées pour soigner un
grand afflux de malades, comme ce fut le
cas récemment dans la ville italienne de
Bergame, en Lombardie, où les hôpitaux
étaient débordés. Les médecins doivent
prendre la décision de traiter en
priorité les personnes malades
susceptibles de survivre, ce qui
signifie que les autres ne recevront
qu’un traitement limité. L’Italie a à
peu près le même nombre de lits
d’hôpitaux que les États-Unis par
habitant et elle a plus de systèmes de
ventilation pouvant être utilisés pour
traiter les stades avancés du virus.
Elle reçoit également l’aide de la
Chine et de la
Russie en tests de dépistage et en
ventilateurs et équipements de
protection supplémentaires. L’Italie a
effectué beaucoup plus de tests de
dépistage du coronavirus que les
États-Unis. Le système de services
médicaux du nord de l’Italie était
conforme aux normes européennes, est
meilleur que ce qui existe aux
États-Unis, mais il a été brisé par le
virus. L’Espagne se dirige dans la même
direction, de même que la France.
Malgré tout
l’encombrement des arrière-plans
idéologiques, les autorités médicales
véritablement bien informées affirment à
une majorité écrasante que le virus est
très contagieux et capable de se
propager rapidement, ce qui en fait une
pandémie, et qu’il peut être
exceptionnellement mortel pour certaines
catégories démographiques, y compris les
personnes âgées et ceux dont le système
immunitaire est affaibli [bien que des
décès de nourrissons, d’adolescents et
d’adultes dans la force de l’âge sans
comorbidités aient été recensés]. La
manière de le combattre semble également
être acceptée par la plupart des
véritables experts, c’est-à-dire que les
tests doivent être généralisés pour
déterminer qui est infecté, et ces
personnes doivent être isolées du
contact avec les autres pendant au moins
deux semaines pour limiter la
propagation de la contagion. Pour ceux
dont les conditions empirent,
l’hospitalisation et le traitement d’une
éventuelle insuffisance respiratoire
sont requis.
Le troisième grand
problème est l’incapacité apparemment
délibérée de l’administration Trump [et
des gouvernements européens] à réagir de
manière proactive pour limiter la
propagation du virus. Cherchant à
protéger le marché boursier plus que le
public américain, le Président Donald
Trump a d’abord minimisé l’impact du
virus, le qualifiant même de « canular »
en janvier et février, lors de son
apparition sur le sol américain. Il
s’est avéré que plusieurs instituts
affiliés au Centre pour le Contrôle des
Maladies (CDC) pour faire face aux
épidémies avaient été démantelés par
l’administration, et malgré
l’avertissement fourni par ce qui se
passait à Wuhan, les États-Unis n’ont
fait aucun effort pour augmenter leur
stock de kits de test, de masques ou de
respirateurs. Pendant ce temps, les
membres du Congrès recevaient des
avertissements désastreux de ce qui
allait arriver via la communauté du
renseignement lors de briefings privés,
conduisant un certain nombre de
sénateurs à
vendre leurs actions en prévision
d’un effondrement du marché. C’est ce
qu’on appelle un délit d’initié et c’est
illégal. C’est également une mesure de
la corruption de la classe dirigeante
américaine.
La quatrième
sous-intrigue majeure concerne ce qui
sortira de la pandémie une fois qu’elle
sera terminée, si elle est effectivement
vaincue. Les critiques observent à juste
titre que la réponse du gouvernement aux
niveaux fédéral et des États pourrait
bien être une réaction excessive à une
crise sanitaire qui pourrait
éventuellement être traitée avec une
main plus légère. Donald Trump s’appelle
désormais « Président de guerre », une
vanité particulièrement étrange dans la
mesure où le Président-directeur général
américain a esquivé la mobilisation de
guerre du Vietnam. Trump fournit
maintenant des briefings quotidiens
incohérents, soulignant que son
administration mérite un « 10 sur 10 »
pour son travail contre le coronavirus.
La vérité est que le Président a
personnellement freiné les efforts
initiaux pour répondre à la maladie, et
qu’il tente maintenant de regagner le
terrain perdu en soutenant des mesures
draconiennes pour inclure des paiements
en espèces à tous les résidents
américains, même aux personnes qui n’ont
pas besoin de l’argent. L’argent
lui-même devra être emprunté ou imprimé,
ce qui endettera encore plus les
États-Unis.
Sur la base de la
décision de décréter un temps de guerre,
le Président et son cabinet sont prêts à
exploiter la législation de la guerre
civile et de la guerre de Corée pour
assumer des pouvoirs sur l’économie, et
ils organiseront probablement des
renflouements de certaines industries
qui acquerront ensuite le gouvernement
en tant que partenaire. La « situation
d’urgence nationale » désormais déclarée
inclura sans aucun doute certaines
formes de loi martiale pour imposer
l’isolement des populations ciblées, et
il est également
rapporté que le ministère de la
Justice a demandé au Congrès de
permettre aux juges de détenir des
personnes indéfiniment sans procès
pendant la « situation d’urgence ».
Comme nous l’avons appris du Patriot
Act, de la Military Commissions Act et
de l’Autorisation d’utiliser la force
militaire, les pouvoirs prétendument
temporaires acquis par l’exécutif sont
souvent devenus permanents. Un pouvoir
illimité entre les mains d’un Trump ou
d’un Biden devrait effrayer quiconque
souhaite toujours voter en novembre.
Il y a des
spéculations selon lesquelles Trump
pourrait bien suivre
l’exemple donné par le Premier ministre
israélien Benjamin Netanyahou.
Israël a interdit les visiteurs
étrangers, a instauré un couvre-feu 24
heures sur 24, et est effectivement
bouclé. L’Etat hébreu utilise des
interceptions de téléphones portables
fournies par les services de
renseignement pour suivre les allées et
venues des résidents israéliens. La
surveillance se justifie en tant que
mécanisme permettant de créer un dossier
indiquant qui rencontre qui et où
soutenir les efforts d’isolement et de
verrouillage. Un programme similaire est
déjà actif
dans les banlieues de Washington [et
en France]. La National Security
Agency (NSA) a déjà la capacité
technique en place qui permettrait de
surveiller les mouvements d’une grande
partie de la population américaine. Ce
serait réaliser un rêve de la communauté
du renseignement et cadrerait très bien
avec les récents efforts du Congrès pour
ré-autoriser certains aspects du Patriot
Act du Foreign Intelligence Surveillance
Act (loi du Congrès des États-Unis de
1978 décrivant les procédures des
surveillances physiques et
électroniques).
Cinquièmement et
enfin, il y a l’aspect politisation du
coronavirus. Le virus est « attribué » à
la Chine, un concurrent mondial des
États-Unis désigné comme responsable de
la pandémie. Comme c’est souvent le cas,
Trump a fait rouler le ballon grâce à sa
toxicité verbale habituelle, appelant le
virus le « virus chinois » ou le « virus
de Wuhan ». D’autres Républicains ont
repris le thème, ce qui a conduit
inévitablement aux plaintes de l’aile
progressiste Démocrate que ce langage
était « raciste ». Le fait est qu’il n’y
a aucune preuve que la Chine ait créé ou
déclenché le virus de quelque manière
que ce soit.
Et, bien sûr, il y
a la Russie. Cela semblerait presque une
vieille plaisanterie qui ne fait plus
rire personne que de blâmer Moscou pour
quelque chose de nouveau et de menaçant,
et le Congrès s’est jusqu’à présent
largement abstenu de le faire. Mais cela
ne signifie pas que l’establishment de
l’État profond tient le Kremlin et le
Président Vladimir Poutine pour
irréprochables. La communauté du
renseignement américaine, par le biais
de sa feuille de chou de propagande
préférée, le New York Times,
rapporte maintenant que la Russie
profiterait de la crise du coronavirus
pour propager la désinformation à
travers l’Europe et aussi aux États-Unis
[nos déchets nationaux tels que
Le Monde ou
Charlie Hebdo font de même,
L’Immonde allant jusqu’à dénigrer l’aide
médicale russe et chinoise au prétexte
que « Tout en apportant leur aide dans
la lutte contre le coronavirus, Pékin et
Moscou utilisent leurs réseaux pour
faire passer des messages de propagande.
»]. En particulier, Poutine aurait
intensifié sa campagne par insinuations
pour réduire la confiance dans le
résultat de la prochaine élection
présidentielle de 2020. En tout état de
cause, les Russes arrivent trop tard,
car le comportement des partis Démocrate
et Républicain a déjà convaincu de
nombreux Américains que voter en
novembre serait une perte de temps.
* Philip M.
Giraldi est un ancien spécialiste de la
lutte contre le terrorisme et officier
du renseignement militaire de la CIA qui
a servi dix-neuf ans à l’étranger en
Turquie, en Italie, en Allemagne et en
Espagne. Il a été chef de la base de la
CIA pour les Jeux olympiques de
Barcelone en 1992 et a été l’un des
premiers Américains à entrer en
Afghanistan en décembre 2001. Philip est
directeur exécutif du Council for the
National Interest, un groupe de défense
basé à Washington qui cherche à
encourager et à promouvoir une politique
étrangère américaine au Moyen-Orient
conforme aux valeurs et aux intérêts
américains.
Voir notre
dossier sur le coronavirus.
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