LE CRI DES PEUPLES
Covid-19 : comment Cuba a humilié les
Etats-Unis
Pablo Vivanco
Lundi 25 mai 2020 L’approche de
Cuba plaçant le peuple avant le profit
porte ses fruits, alors que le
capitalisme s’avère une pilule amère
pour les États-Unis
Par Pablo
Vivanco, journaliste et analyste
spécialisé dans la politique et
l’histoire des Amériques, et ancien
directeur de teleSUR English.
Source :
RT, le 28 avril 2020
Traduction :
lecridespeuples.fr
Depuis des
décennies, la petite île de Cuba
s’illustre dans l’arène des poids lourds
en matière de santé. Mais jamais les
différences entre son système socialiste
et le système de marché de son
détracteur le plus puissant, les
Etats-Unis, n’ont été aussi évidentes.
Même avant de
signaler ses premiers cas de coronavirus
en mars, les empreintes digitales de
Cuba se retrouvaient partout dans les
efforts mondiaux pour endiguer la
pandémie mondiale, de l’utilisation par
la Chine d’antiviraux développés sur
l’île pour traiter les infectés
(interféron alfa-2b) à l’amarrage d’un
navire de croisière britannique à La
Havane afin de permettre aux 1 000
personnes à bord, dont cinq infectés par
le Covid-19, de rentrer chez eux.
Le MS Braemar,
transportant principalement des citoyens
britanniques, s’est vu refuser
l’autorisation de débarquer dans
plusieurs ports qu’il a approchés. Selon
certains rapports, les États-Unis, allié
majeur de Londres, ont été l’un des pays
qui l’ont rejeté. L’opérateur du navire,
Fred. Olsen Cruise Lines, n’a pas
mentionné spécifiquement les États-Unis,
disant qu’il a exploré un certain nombre
d’options et ne divulguerait pas les
détails de ces négociations. Le fait que
le navire ait finalement trouvé refuge
sur les côtes de Cuba illustre la
différence d’approche face à cette
pandémie.
Malgré des facteurs
de risque considérables, notamment un
pourcentage élevé de personnes de plus
de 60 ans et un nombre élevé de
visiteurs dans le pays, Cuba a pu
maintenir les cas de Covid-19 à un peu
moins de 1 370 au 27 avril, avec
seulement 54 décès [au 25 mai, Cuba
compte 1 947 cas et 82 décès, alors que
les Etats-Unis ont 1 691 206 cas et 99
396 décès].
Cela est dû en
grande partie au fait que l’île des
Caraïbes a non seulement le ratio de
médecins par habitant le plus élevé au
monde, mais aussi un système de santé
universel gratuit basé sur une réponse
communautaire proactive.
Le gouvernement
socialiste du pays a été trempé par des
décennies de gestion des crises, de la
période spéciale dévastatrice des années
90 (consécutive à la chute de l’URSS,
son principal partenaire commercial) à
la mobilisation presque annuelle pour la
saison des ouragans, et a réagi
rapidement pour minimiser les dommages
et, surtout, les pertes en vies
humaines.
Les mesures qui ont
commencé en janvier comprenaient la
formation et la préparation des
professionnels et des installations
médicales, mais en mars, elles se sont
étendues à d’autres secteurs et ont
inclus un arrêt presque total de
l’industrie du tourisme, une énorme
partie de l’économie cubaine.
Néanmoins, les
autorités ont maintenu que les médecins
cubains continueraient de se rendre dans
les pays qui avaient besoin d’aide pour
contrôler la propagation du virus. Ces
mêmes brigades médicales ont contribué à
soutenir les nations africaines dans la
lutte et le contrôle de l’épidémie
d’Ebola qui a commencé en 2014.
Mais maintenant,
pour la première fois, des médecins
cubains ont été reçus à bras ouverts
dans des pays européens comme l’Italie
et l’Andorre [et dans les DOM-TOM
français], et ils ont même été
accueillis par certains des mêmes
gouvernements alliés des États-Unis
d’Amérique latine qui les ont vilipendés
et expulsés il y a quelques mois
seulement.
Des médecins et
infirmiers de la Brigade médicale
internationale Henry Reeve de Cuba
participent à une cérémonie d’adieu
avant de se rendre en Andorre pour aider
à lutter contre la pandémie de COVID-19,
à l’Unité centrale de coopération
médicale de La Havane, le 28 mars 2020.
Le nombre de
médecins formés à Cuba travaillant dans
d’autres pays est encore plus élevé si
l’on compte les diplômés de l’École
latino-américaine de médecine de La
Havane, qui a dispensé une éducation
gratuite à 35 000 médecins dans 138 pays
depuis 1999.
Tout cela a été
accompli malgré les limites sévères des
ressources cubaines, qui sont la
conséquence intentionnelle des sanctions
américaines barbares, récemment
intensifiées par l’administration Trump.
L’exportation de
ses médecins et infirmières à l’étranger
est une source de revenus vitale pour
Cuba. Cela rapporte environ 11 milliards
de dollars chaque année, une source de
revenus plus importante que l’industrie
touristique de l’île. À tout moment, il
y a environ 50 000 médecins cubains
travaillant dans 67 pays, une « armée de
blouses blanches », comme les officiels
les décrivent.
Mais alors que les
Cubains se sont mis en danger pour
soutenir les habitants et les pays de la
planète, les États-Unis ont fait
exactement le contraire.
Dans une
démonstration audacieuse d’hypocrisie,
Washington a fait pression sur les pays
pour qu’ils n’acceptent pas les médecins
cubains, tout en offrant peu de soutien,
et a également délibérément (et
peut-être illégalement) saisi des envois
de matériel médical destinés à d’autres
pays, y compris certains de ses plus
proches alliés.
#Cuba n’offre
ses missions médicales internationales
aux personnes atteintes de #COVID19 que
pour compenser l’argent qu’elle a perdu
lorsque les pays ont cessé de participer
au programme abusif. Les pays hôtes
sollicitant l’aide de Cuba pour #COVID19
devraient examiner les accords et mettre
fin aux abus du droit du travail. [Tweet
du Bureau américain de la Démocratie,
des Droits de l’Homme et du Travail]
Pour dire la
vérité, même s’il en avait la volonté,
le gouvernement américain n’est
actuellement pas en mesure de soutenir
qui que ce soit.
Les faiblesses du
système de santé américain, qui a
paradoxalement le financement par
habitant le plus élevé au monde, ont été
révélées avant même la pandémie, alors
que les candidats démocrates à la
présidence ont décrit leurs plans pour
fournir des soins de santé adéquats aux
plus de 70 millions d’Américains qui en
manquent.
À peine quelques
semaines après le début de cette crise,
le tableau est encore plus sombre, des
dizaines de millions d’autres perdant
l’accès aux soins en raison de pertes
d’emplois, et du fait que les hôpitaux
manquent d’équipements appropriés pour
les patients et le personnel.
Bonté divine.
Une infirmière gestionnaire de l’hôpital
Mt Sinai à New York vient de mourir du
coronavirus. Les infirmières de
l’hôpital portaient des sacs poubelles
en raison du manque d’équipement de
protection.
Pour aggraver les
choses, la divergence des mesures aux
niveaux national et local démontre que
la réponse globale du pays n’est rien
moins que schizophrénique. Pendant ce
temps, les décisions de la Maison
Blanche, y compris celle d’avoir engagé
un éleveur de chiens pour diriger la
réponse à la pandémie et la suggestion
de Trump de s’injecter du désinfectant,
sont devenues de plus en plus
indiscernables de la satire. C’est comme
«
Le royaume des fauves », mais sur
les soins de santé.
Dans cette
situation tragique et farfelue, les
différences entre les systèmes de santé
et les approches aux États-Unis et à
Cuba sont devenues plus qu’apparentes.
Cuba a longtemps
accordé la priorité aux soins de santé
en tant que droit que tout le monde
devrait avoir, tandis que les Etats-Unis
estiment que le marché devrait dicter
qui a accès aux soins et qui ne l’a pas.
Cuba a exporté ses médecins à travers le
monde pour aider à endiguer la marée de
la pandémie, tandis que les États-Unis
ont resserré l’emprise sur l’île dans
une tentative futile de l’empêcher de le
faire.
Le schisme entre
les deux nations est moins une question
d’argent qu’une question de philosophie.
Cuba, malgré toutes ses lacunes, a
maintenu un engagement indomptable
envers la santé et la vie des gens, et
cette attitude a été justifiée pendant
cette pandémie.
Pendant ce temps,
son riche voisin du nord s’enfonce plus
profondément dans une spirale de la
mort, déterminé à prouver la supériorité
de l’orthodoxie capitaliste que son
gouvernement veut appliquer à toutes les
sphères de la vie, dans toutes les
parties de la planète.
Voir également
: Après
Youtube & Facebook, Vimeo bannit les
vidéos de Nasrallah et ‘Le Cri des
Peuples’
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