LE CRI DES PEUPLES
L’impossible suicide : enquête exclusive
de CBS sur
les circonstances du décès
d’Epstein (documentaire)
Mardi 14 janvier 2020 60 Minutes
enquête sur la mort de Jeffrey Epstein
Source :
https://www.cbsnews.com/news/did-jeffrey-epstein-kill-himself-60-minutes-investigates-2020-01-05/
Traduction :
lecridespeuples.fr
Jeffrey Epstein
était un délinquant sexuel reconnu
coupable et condamné par la justice,
ainsi qu’un riche financier ayant de
puissants amis. 60 Minutes examine les
circonstances de sa mort dans une
cellule de prison fédérale de Manhattan.
Avertissement
: ce reportage contient des images
explicites que certains spectateurs
peuvent trouver choquantes.
En cas de
censure, retrouver la vidéo sur
Rutube.
En juillet 2019,
Jeffrey Epstein, qui était déjà un
délinquant sexuel condamné par la
justice, a été arrêté et accusé de
trafic sexuel par des procureurs
fédéraux. Le 10 août, Epstein a été
retrouvé mort dans la cellule de sa
prison fédérale, le Metropolitan
Correctional Center (MCC) situé à
Manhattan.
Le bureau du
médecin légiste de New York a statué que
la mort d’Epstein était un suicide par
pendaison, mais un médecin légiste
présent durant l’autopsie de quatre
heures au nom du frère d’Epstein, Mark,
affirme à 60 minutes qu’à ses
yeux, les preuves accessibles jusqu’à
présent indiquent plutôt un meurtre
qu’un suicide. La raison principale du
verdict du Dr Michael Baden : les
fractures inhabituelles observées sur le
cou d’Epstein.
Il y avait des
fractures du cartilage thyroïdien gauche
et droit, et de l’os hyoïde gauche, a
déclaré Baden. Je n’ai jamais vu trois
fractures comme celles-ci dans un
suicide par pendaison. En étudiant plus
d’un millier de pendaisons et de
suicides dans les prisons de l’État de
New York au cours des 40 à 50 dernières
années, je n’ai trouvé aucun autre
exemple de personne ayant trois
fractures.
Dr Michael Baden
Le bureau du
médecin légiste a déclaré qu’il
soutenait « fermement » sa conclusion de
suicide par pendaison, arguant que des
fractures de l’os hyoïde et du cartilage
peuvent être observées à la fois dans
les suicides et les homicides.
Pourtant, des
questions persistent.
Epstein ordonnait
que de l’argent soit versé sur les
comptes internes d’autres détenus en
échange d’une protection, affirment des
sources, parce qu’il craignait pour sa
vie. Mais le gouvernement prétend
qu’Epstein était suicidaire et a fait
une première tentative de suicide ratée
quelques semaines après son arrivée au
MCC.
Selon un acte
d’accusation fédéral, Epstein a été
retrouvé le 23 juillet « sur le sol de
sa cellule avec une bande de drap autour
du cou ». Le gouvernement a déclaré
qu’il s’agissait d’une tentative de
suicide ratée, mais Epstein a affirmé
que son compagnon de cellule, l’ancien
policier de 52 ans, Nick Tartaglione,
l’avait attaqué. Tartaglione, qui est
accusé du meurtre de quatre hommes, a
nié cela, et son avocat a déclaré : «
Absolument rien de tel n’est arrivé. »
Son avocat a également déclaré que
Tartaglione avait été blanchi par des
responsables de la prison.
Epstein a été placé
sous surveillance anti-suicide après
l’incident, mais une semaine plus tard,
« sur les directives du personnel
psychologique du MCC », il a été retiré
de la surveillance anti-suicide et « il
a été imposé qu’un compagnon de cellule
lui soit assigné ».
Cameron Lindsay, un
ancien directeur fédéral de prison
devenu consultant, a déclaré à 60
Minutes qu’il s’agissait « d’un
échec monumental à tous les niveaux ».
Cameron Lindsay
Epstein a été
ramené dans son ancienne unité et s’est
vu assigner un nouveau compagnon de
cellule, mais la nuit avant sa mort, le
compagnon de cellule d’Epstein a été
libéré. Selon des documents judiciaires,
« aucun nouveau compagnon de cellule ne
lui a été assigné », alors qu’il était
stipulé qu’il devait en avoir un.
Cette nuit-là, les
procureurs fédéraux ont déclaré : «
Epstein a été escorté dans sa cellule
par Tova Noel vers 19h49 ». Ensuite,
Noel et Michael Thomas, les deux gardes
qui étaient responsables du quart de
nuit dans l’unité d’Epstein, ne seraient
plus allés vérifier que tout allait bien
dans sa cellule jusqu’à « à peu après
6h30 » le lendemain matin.
Les deux gardes ont
été accusés de falsification de
documents et de complot en vue de
tromper le gouvernement fédéral. Ils ont
tous deux plaidé non-coupable.
Lindsay a déclaré à
60 minutes que les gardes
auraient dû vérifier qu’Epstein allait
bien toutes les demi-heures.
« Je crois
comprendre, sur la base des documents
que j’ai examinés, que les deux
officiers qui travaillaient dans l’unité
spéciale d’hébergement auraient falsifié
les dossiers et n’ont fait aucune ronde
pendant environ huit heures, affirme
Lindsay. C’est grave, très grave. Il
s’agit de l’un des aspects opérationnels
les plus élémentaires de la gestion
d’une maison d’arrêt ou d’une prison. »
Jeffrey Epstein,
vu dans une photo datant du 28 mars 2017
fournie par
le registre des délinquants
sexuels de l’État de New York.
Les procureurs
fédéraux affirment que la vidéo de
surveillance « montre clairement » que
les gardes « ont surfé sur Internet » et
« se seraient endormis » pendant leur
quart de garde de nuit, qui était des
heures supplémentaires. Selon des
sources, la vidéo ne montre pas la porte
de la cellule d’Epstein ni celles des
autres détenus de son unité. Des sources
affirment que la caméra qui aurait dû
filmer ces angles a été mise hors
service la nuit de la mort d’Epstein. La
cellule d’Epstein était à environ 4
mètres 50 de distance au-dessus d’un
escalier du poste des gardes, avec une
seule porte verrouillée les séparant.
Comme Sharyn
Alfonsi, correspondant de 60 Minutes,
l’a déclaré à Lindsay durant une
interview, les circonstances entourant
la mort d’Epstein semblent presque
incroyables :
Donc Epstein est
retiré de l’observation anti-suicide, et
la veille de sa mort, son co-détenu est…
retiré de sa cellule. Les caméras de son
étage ne fonctionnent pas. Les gardes se
sont endormis. Il semble presque
impossible de penser que toutes ces
choses pourraient s’être passées comme
ça.
Lindsay a
acquiescé.
« Et c’est ce qui
rend cela si choquant, a déclaré
Lindsay. Je veux dire que c’est un échec
(monumental) à plusieurs niveaux. »
Mais Lindsay a
déclaré qu’il pensait qu’il n’y avait
aucune chance pour qu’Epstein ait pu
être assassiné, « absolument et sans
équivoque ».
60 Minutes a
passé en revue
des centaines de photographies
explicites de l’autopsie d’Epstein et de
l’intérieur de sa cellule. On y voit
plusieurs nœuds coulants, et un peu de
drap orange attaché à la grille d’une
fenêtre. Sur la couchette supérieure,
des bouteilles et des médicaments sont
debout. En-dessous, un autre morceau de
tissu est attaché à travers un trou sur
le lit à environ quatre pieds du sol.
Epstein, qui
mesurait près de 1 mètre 80 et pesait 85
kilos, aurait-il pu se pencher et se
pendre depuis la couchette inférieure ?
Il est impossible de le savoir.
Le Dr Baden, le
médecin légiste engagé par la famille
d’Epstein, dit que le nœud coulant qui a
été esquissé et inclus dans le rapport
d’autopsie ne semble pas correspondre
aux blessures sur le cou d’Epstein. Et
Baden affirme que la marque de ligature
était au milieu du cou d’Epstein, pas
sous la mâchoire, comme on pourrait s’y
attendre dans une pendaison. Il est
également inexplicable pour Baden
qu’Epstein ait fait un nœud coulant avec
un drap de lit alors que des cables et
des cordes étaient présents dans sa
cellule, comme le montrent les
photographies.
Il n’y a aucune
photo du corps d’Epstein dans sa
cellule, souligne Baden. Epstein aurait
été transporté précipitamment aux
urgences après que le garde Michael
Thomas l’a trouvé. Mais Baden estime,
sur la base de l’autopsie, qu’Epstein
était mort depuis deux heures, et il
affirme que la scène aurait dû être
traitée comme une scène de crime,
laissant le corps en place sans rien
toucher (pour les besoins de l’enquête).
Le protocole du Bureau fédéral des
prisons exige qu’une scène de suicide
soit traitée avec « le même niveau de
protection que toute scène de crime où
un décès s’est produit ».
Une photo prise
par le bureau du médecin légiste de New
York
dans la cellule de prison d’Epstein
Baden a pris
plusieurs positions controversées au
cours de plusieurs décennies de
carrière. Et il a affirmé à 60
minutes qu’il comprenait que
certaines personnes puissent penser que
son opinion était biaisée parce qu’il
était payé par le frère d’Epstein.
Mais notre
travail consiste à trouver la vérité.
Nous voulons seulement savoir s’il
s’agit d’un homicide ou d’un suicide.
[…] J’hésite à émettre un avis définitif
avant que toutes les preuves soient
réunies.
Baden a déclaré
qu’à ce stade, il ne disposait pas de
toutes les informations nécessaires pour
tirer une conclusion définitive. Le
ministère de la Justice a déclaré à la
famille qu’il ne publierait pas la vidéo
relative à l’affaire et les tests
médico-légaux supplémentaires en raison
de l’affaire pénale en cours contre les
deux gardes en service la nuit de la
mort d’Epstein.
Les accusations ont
également réduit les gardes eux-mêmes au
silence. L’avocat de Michael Thomas,
Montell Figgins, a déclaré que son
client n’avait toujours pas parlé aux
enquêteurs ni révélé comment il avait,
seul, trouvé le corps d’Epstein, une
information clé dans toute enquête sur
le décès.
Un membre du
ministère de la Justice qui s’est
exprimé publiquement sur l’affaire est
le procureur général William Barr. Il a
déclaré aux journalistes en novembre
qu’il avait personnellement examiné une
vidéo de surveillance qui montrait que
personne n’était entré dans la zone où
Epstein était détenu. Des sources
affirment qu’il pourrait parler d’une
caméra de surveillance placée au-dessus
de la zone de garde ou à l’entrée de
l’unité spéciale d’hébergement où était
détenu Epstein. Mais cela reste à voir,
car le ministère de la Justice n’a pas
répondu aux questions de 60 minutes
sur les caméras qui fonctionnaient (ou
pas) cette nuit-là.
Et il y a également
les victimes d’Epstein, qui n’ont jamais
eu l’opportunité d’aller devant les
tribunaux pour faire face à Epstein.
Beaucoup sont maintenant en colère que
l’enquête sur sa mort ait laissé tant de
questions sans réponse.
Pour rappel,
voir également le documentaire de CBS
American Girls in Paris, qui dénonçait
dès 1988 les émules, complices et/ou
rabatteurs d’Epstein en France Claude
HADDAD (1ère
partie) et Jean-Luc BRUNEL (2e
partie).
https://rutube.ru/video/53c75198a42ac9b7b923918bd3a6a938/
Transcription
du documentaire :
Jeffrey Epstein,
délinquant sexuel déjà condamné par la
justice, a été accusé d’avoir agressé
sexuellement d’innombrables
adolescentes. En juillet dernier, le
riche financier a été arrêté et nombre
de ses victimes attendaient avec
impatience de pouvoir enfin le
confronter devant la justice. Mais
quelques semaines après son arrestation,
Epstein a été retrouvé mort dans sa
cellule. Le médecin légiste a conclu que
Jeffrey Epstein s’était suicidé.
Depuis lors, les
théories du complot ont prospéré.
Epstein était connecté à une longue
liste de riches et puissantes
personnalités. Certains soupçonnent
qu’il a été tué à cause de ce qu’il
savait ou de ce qu’il avait menacé de
dire.
Comment l’un des
détenus les plus importants du pays
a-t-il pu être retrouvé mort dans une
prison fédérale ? Après une enquête de
cinq mois, 60 Minutes a obtenu
des photos, dont certains clichés
explicites de l’autopsie et des éléments
preuves à l’intérieur de la cellule de
Jeffrey Epstein.
Voici la cellule où
Jeffrey Epstein a été retrouvé samedi 10
août 2019 au matin. Des dizaines de
photos en ont été prises par le bureau
du médecin légiste ce jour-là. Au sol,
un matelas et des piles de draps.
Plusieurs nœuds coulants qui semblent
avoir été fabriqués à partir des draps
de lit orange sont disposés. Ses
médicaments ont également été
photographiés, mais il n’y a aucun
cliché du corps.
Sharyn
Alfonsi : Y a-t-il une photo
du moment où il a été retrouvé mort dans
la cellule ?Dr Michael
Baden : Non. Il n’y a pas de
photographie de M. Epstein prise dans la
cellule.
Le Dr Michael Baden
était présent durant l’autopsie de
quatre heures pour le frère de Jeffrey
Epstein, Mark. Baden, un médecin légiste
réputé qui a pris des positions
controversées au cours de sa carrière de
plusieurs décennies, enquête sur la mort
d’Epstein pour son client.
Sharyn
Alfonsi : Pensez-vous qu’il y
a eu un acte criminel ?Dr Michael
Baden : Les preuves
médico-légales publiées jusqu’à présent,
y compris l’autopsie, indiquent beaucoup
plus le meurtre et l’étranglement que le
suicide et la pendaison suicidaire.
J’hésite à émettre un avis définitif
avant que toutes les preuves soient
réunies.
Sharyn
Alfonsi : Les gens diront «
Eh bien, vous êtes payé par Mark
Epstein. Donc bien sûr, vous allez dire
qu’il y a quelque chose de suspect. »
Dr Michael
Baden : C’est une objection
raisonnable pour certaines personnes.
Mais notre travail consiste à trouver la
vérité. Nous voulons seulement savoir
s’il s’agit d’un homicide ou d’un
suicide. Euh, nous n’avons toujours pas
obtenu toutes les informations.
Les gardes ont
trouvé Epstein « vers 6h33 » et des
sources affirment que l’un d’eux avait
été entendu s’écrier : « Respire,
Epstein, respire ». Le Dr Baden pense,
sur la base de l’autopsie, qu’Epstein
est décédé vers 4h30 ce matin-là. Soit
deux heures plus tôt.
Sharyn
Alfonsi : Les gardes disent
qu’ils sont arrivés à 6h30. Ils l’ont
trouvé. Ils appellent les services
d’urgence. Ils ont essayé de le
réanimer, mais il est mort. Mais plutôt
que de laisser le corps sur place, ils
l’ont emmené aux urgences.Dr Michael
Baden : Oui.
Sharyn
Alfonsi : Est-ce le protocole
normal ?
Dr Michael
Baden : Non, ce n’est pas le
protocole normal. Normalement, les
personnels médicaux, surtout dans une
prison, ne doivent pas déplacer un
cadavre.
Il a raison. Le
protocole du Bureau des prisons stipule
qu’une scène de suicide doit être
traitée avec « le même niveau de
protection que toute scène de crime où
un décès s’est produit ».
60 Minutes a
passé en revue des centaines de
photographies explicites de l’autopsie
de Jeffrey Epstein et à l’intérieur de
sa cellule. Ici, on peut voir deux nœuds
coulants, et un peu de drap orange
attaché à la grille d’une fenêtre. Sur
la couchette supérieure, des bouteilles
et des médicaments sont debout.
En-dessous, un autre morceau de tissu
est attaché à travers un trou sur le
lit, à environ 1 mètre 20 du sol.
Est-ce qu’Epstein,
qui mesurait près de 1 mètre 80 et
pesait 85 kilos, se serait en quelque
sorte penché et pendu à la couchette
inférieure ? Nous ne le savons pas.
Voici les faits
connus. Le 6 juillet, Jeffrey Epstein a
été placé au Metropolitan Correctional
Center, ou MCC, prison située au
centre-ville de Manhattan. C’est un
établissement fédéral de haute sécurité
pour les détenus en attente de jugement.
Les suicides au MCC sont rares. Le
dernier remonte à 14 ans. La prison a
temporairement hébergé tout le (beau)
monde, du baron de la drogue mexicain El
Chapo au patron de la mafia John Gotti
et au fraudeur Bernie Madoff.
Bruce Barket
: Le MCC est de loin la pire maison
d’arrêt ou prison que je connaisse.Sharyn
Alfonsi : Ce n’est pas un «
Club Fed ».
Bruce Barket
: Ce n’est pas un Club de quoi que ce
soit. C’est sale. C’est infesté
d’insectes, infesté de rongeurs. Elle a
été construite pour environ 350
personnes et abrite plus de 700
personnes. Les détenus sont donc
entassés.
Bruce Barket est
l’avocat du premier compagnon de cellule
d’Epstein, Nick Tartaglione, 52 ans, un
ancien policier musclé accusé du meurtre
de quatre hommes. Ils partageaient une
cellule dans le « SHU », l’unité
spéciale d’accueil, qui est considérée
comme plus sûre que celle qui héberge la
population générale.
Bruce Barket
: La prison est un endroit difficile.
Les règles n’y sont pas celles de la
société. Quelqu’un comme Jeffrey
Epstein, vous savez, un homme blanc
riche et âgé, vivrait des moments
difficiles avec la population générale.
Selon des sources,
Epstein ordonnait que de l’argent soit
déposé sur les comptes internes d’autres
détenus en échange de sa protection,
parce qu’il craignait pour sa vie. Mais
le gouvernement prétend qu’Epstein était
suicidaire et a fait une première
tentative de suicide ratée quelques
semaines après son arrivée.
Selon des documents
judiciaires, le 23 juillet, un gardien a
trouvé Epstein, « sur le sol de sa
cellule avec une bande de drap autour du
cou ». Epstein a affirmé que son
compagnon de cellule, Nick Tartaglione,
l’avait attaqué.
Sharyn
Alfonsi : Epstein assure que
Nick a essayé de le tuer. Nick rétorque
: « Absolument rien de tel n’est arrivé.
»Bruce Barket
: Ce n’est pas seulement Nick qui
prétend qu’il ne s’est absolument rien
passé. Il ne s’est absolument rien
passé. Personne ne prétend que Nick a
tenté de tuer Epstein.
Epstein a été
transféré à l’unité psychologique et
placé en cellule de surveillance de
prévention suicide. Mais une semaine
plus tard, Epstein, « sur les directives
du personnel psychologique du MCC », a
été retiré de la surveillance
anti-suicide et « il a été requis qu’un
compagnon de cellule lui soit assigné ».
Cameron
Lindsay : Ce fut un échec
monumental à tous les niveaux. Et c’est
pourquoi cela a alimenté les théories du
complot, et je comprends cela.
Cameron Lindsay est
un ancien directeur de prison fédéral.
Sharyn
Alfonsi : À votre avis, qui
aurait dû s’assurer qu’il n’était pas
retiré de l’unité de surveillance
anti-suicide ?Cameron
Lindsay : La direction de
l’établissement aurait dû intervenir et
dire : « Bien que j’apprécie votre point
de vue, Monsieur le psychologue en chef,
je vais passer outre cette décision et
nous allons maintenir Epstein en
surveillance anti-suicide. » Surtout
après la tentative de suicide qu’il
aurait faite.
Epstein a été
renvoyé au SHU et s’est vu affecter un
nouveau compagnon de cellule.
Nous avons examiné
les photos et interviewé des employés de
la prison pour recréer ce schéma de la
zone. Chaque niveau du SHU compte huit
cellules, généralement avec deux détenus
par cellule. La cellule d’Epstein,
numéro 220, était à environ 4 mètres 50
de distance au-dessus d’un escalier du
poste des gardes, avec une seule porte
verrouillée entre eux. La porte est le
seul moyen d’entrer ou de sortir du
niveau.
Les avocats ont
déclaré que la veille de la mort
d’Epstein, il était optimiste et
attendait avec impatience une audience
en appel pour sa libération sous
caution. Ce même jour, son compagnon de
cellule a été libéré et « aucun nouveau
compagnon de cellule n’a été assigné. »
Alors qu’il était requis qu’il en ait
un.
Michael Thomas et
Tova Noel sont les deux gardes qui
travaillaient durant le quart de nuit
sur le SHU. Des documents judiciaires
indiquent : « Epstein a été escorté dans
sa cellule par Tova Noel vers 19h49 ».
Ensuite, les gardes ne sont plus allés
vérifier que tout allait bien dans
sa cellule jusqu’à « à peu après 6h30 »
le lendemain matin.
Sharyn
Alfonsi : Donc, dans le SHU,
les détenus doivent être visités toutes
les 30 minutes ?Cameron
Lindsay : Une ronde doit être
effectuée toutes les 30 minutes, oui. Je
crois comprendre, sur la base des
documents que j’ai examinés, que les
deux officiers qui travaillaient dans
l’unité spéciale d’hébergement auraient
falsifié les dossiers et n’ont fait
aucune ronde pendant environ huit
heures.
Sharyn
Alfonsi : Est-ce que c’est
grave ?
Cameron
Lindsay : C’est très grave,
très très grave. Il s’agit de l’un des
aspects opérationnels les plus
élémentaires de la gestion d’une maison
d’arrêt ou d’une prison.
Au lieu de cela,
les procureurs fédéraux affirment que la
vidéo de surveillance « indique
clairement » que les gardes « ont surfé
sur Internet » et « semblaient s’être
endormis ». Les deux gardes faisaient
des heures supplémentaires.
Tyrone
Covington : Lorsque vous êtes
obligé de rester pendant des quarts
supplémentaires de travail, de ne pas
rentrer chez vous et de ne pas voir
votre famille, vous commencez à voir les
gens prendre des raccourcis (et ne plus
respecter les règles).
Tyrone Covington
est le président du syndicat qui
représente les gardiens qui font
maintenant face à des accusations
criminelles et ont plaidé non coupable.
Tyrone
Covington : Je crois
fermement que ces membres du personnel
deviennent des boucs émissaires.Sharyn
Alfonsi : Parce que c’était
Jeffrey Epstein ?
Tyrone
Covington : Parce que c’était
Jeffrey Epstein.
Covington ne pense
pas qu’il y ait eu un acte criminel, et
affirme que si c’était le cas, il y
aurait des vidéos de surveillance pour
le prouver.
En novembre, le
procureur général William Barr a déclaré
aux journalistes qu’il avait
personnellement examiné la vidéo de
surveillance, qui montrerait bien que
personne n’était entré dans la zone où
Epstein était détenu.
Mais des sources
affirment qu’une deuxième caméra à
l’intérieur de l’étage, celle qui aurait
pu montrer la porte de la cellule
d’Epstein et les portes des autres
détenus, ne fonctionnait pas ce soir-là.
Sharyn
Alfonsi : Parmi les théories
qui circulent, l’une prétend que c’est
un autre détenu qui a peut-être tué
Jeffrey Epstein.Bruce Barket
: Allons !
Sharyn
Alfonsi : Vous n’y croyez pas
?
Bruce Barket
: Il a été retrouvé pendu dans sa
cellule. Il avait déjà tenté de se
suicider. C’était un homme très riche
qui faisait face à la perspective de
passer le reste de sa vie en prison.
Vous savez, parfois un cigare n’est
qu’un cigare.
Sharyn
Alfonsi : Donc Epstein est
retiré de l’observation anti-suicide, et
la veille de sa mort, son co-détenu est…
retiré de sa cellule. Les caméras de son
étage ne fonctionnent pas. Les gardes se
sont endormis. Il semble presque
impossible de penser que toutes ces
choses pourraient s’être passées comme
ça.
Cameron
Lindsay : Oui. Et c’est ce
qui rend tout cela si choquant. Je veux
dire que c’est un échec à plusieurs
niveaux.
Sharyn
Alfonsi : Pensez-vous que
Jeffrey Epstein aurait pu être assassiné
?
Cameron
Lindsay : Absolument pas. Je
réponds non sans équivoque.
Il y avait une note
manuscrite dans la cellule de Jeffrey
Epstein. Il y écrit : « Un garde m’a
maintenu enfermé dans une cabine de
douche verrouillée pendant une heure.
Noel (le gardien) m’a envoyé de la
nourriture brûlée. Des insectes géants
rampent sur mes mains. Pas drôle. »
Le Dr Michael Baden
dit que si quiconque pensait que Jeffrey
Epstein était suicidaire, ils ne
l’auraient pas laissé en possessiin d’un
stylo à bille qui aurait pu être utilisé
pour se blesser ou blesser quelqu’un
d’autre.
Sharyn
Alfonsi : Une autre chose que
nous venons de remarquer en regardant
les photos, c’est qu’il semble qu’il
avait une sorte de machine de
ventilation pour traiter l’apnée du
sommeil dont il souffrait. Ici, vous
pouvez voir un long cordon électrique.Dr Michael
Baden : Oui. Il y avait
d’autres fils et cordes présents qu’il
aurait été facile d’utiliser pour se
pendre en quelques minutes.
Mais la raison
principale pour laquelle le Dr Baden
pense que la mort de Jeffrey Epstein
pourrait être un homicide est les
fractures inhabituelles qu’il a
observées sur le cou d’Epstein.
Dr Michael
Baden : Il y avait des
fractures du cartilage thyroïdien gauche
et droit, et de l’os hyoïde gauche.
Ceci est une photo
d’autopsie de l’os hyoïde fracturé
d’Epstein, un os en forme de U qui se
trouve sous la mâchoire, auquel une
partie de la langue se fixe. Le
cartilage thyroïde se trouve à l’avant
du cou.
Dr Michael
Baden : Je n’ai jamais vu
trois fractures comme celle-ci dans une
pendaison suicidaire. Parfois, il y a
une fracture de l’os hyoïde ou une
fracture du cartilage thyroïdien.Sharyn
Alfonsi : Mais pas trois?
Dr Michael
Baden : Il est très
inhabituel d’en avoir ne serait-ce que
deux, alors que dire de trois ? En
étudiant plus d’un millier de pendaisons
en prison et de suicides dans les
prisons de l’État de New York au cours
des 40 à 50 dernières années, j’ai pu
constater que personne n’a jamais eu
trois fractures.
Le bureau du
médecin légiste de la ville de New York
conteste la théorie de Baden, affirmant
que les fractures de l’os hyoïde et du
cartilage peuvent être observées dans
les suicides et les homicides, et qu’il
maintient « fermement » le constat de
suicide par pendaison.
Ensuite, il y a les
deux nœuds coulants. Voici celui qui a
été esquissé et inclus dans l’autopsie
par le médecin légiste, probablement
parce qu’ils pensaient qu’il avait été
utilisé dans la mort d’Epstein.
Mais le Dr Baden
dit que le nœud coulant et les blessures
sur le cou de Jeffrey Epstein ne
semblent pas correspondre.
Sharyn
Alfonsi : Que voyez-vous
lorsque vous comparez ces deux images ?Dr Michael
Baden : Ce que je vois ici,
c’est que cette corde ne correspond pas
à la marque du sillon de ligature. Elle
est plus large que ça.
Sharyn
Alfonsi : À l’œil nu, on voit
qu’il y a du sang ici. Mais il ne semble
pas y avoir de sang sur ce nœud coulant.
Dr Michael
Baden : C’est vrai. Cela
ressemble à un nœud coulant propre qui
n’a jamais été utilisé pour comprimer le
cou de quiconque.
Sharyn
Alfonsi : Il y a aussi
quelque chose qui frappe dans les
photos. La blessure est ici (au milieu
du cou). On pourrait penser que si
quelqu’un se pendait, la blessure serait
plutôt ici, plus haut.
Dr Michael
Baden : Oui. Dans la plupart
des pendaisons, en particulier comme
celles-ci, la ligature glisse sous l’os
de la mâchoire, la mandibule. Ici, elle
est au milieu du cou.
Le Dr Baden dit
qu’une blessure en plein milieu du cou
est plus courante lorsqu’une victime est
étranglée par un fil ou un cordon.
Lui et le frère
d’Epstein, Mark, ont rencontré le
gouvernement et ont demandé à voir tous
les tests médico-légaux et toutes les
vidéos. Mais ils affirment qu’on leur a
répondu que l’affaire pénale en cours
contre les deux gardes empêchait le
ministère de la Justice de divulguer la
moindre information.
Sharyn
Alfonsi : Donc les
accusations criminelles sont maintenant
essentiellement un pare-feu empêchant la
famille d’obtenir des informations sur…Dr Michael
Baden : (Un pare-feu) du
ministère de la Justice.
Les accusations ont
également réduit les gardes au silence.
L’avocat du garde Michael Thomas a
déclaré que cinq mois après la mort
d’Epstein, Thomas n’avait toujours pas
parlé aux enquêteurs ni révélé comment
il avait, seul, trouvé le corps
d’Epstein.
Déçus de n’avoir
jamais pu faire face à Epstein dans les
tribunaux, de nombreuses victimes sont
maintenant en colère que l’enquête sur
sa mort ait laissé tant de questions
sans réponse.
Voir notre
dossier sur Epstein.
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