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Amérique latine
50 vérités sur
Ernesto « Che » Guevara
Salim Lamrani

Jeudi 15 juin 2017
Salim Lamrani
Université de La Réunion
Le « guérillero
héroïque » cubano-argentin perdure dans
la mémoire collective comme symbole de
résistance à l’oppression.
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Ernesto Guevara
est né le 14 juin 1928 à Rosario, en
Argentine, au sein d’une famille de cinq
enfants. Ses parents Ernesto Guevara
Lynch et Celia de la Serna font partie
de la classe aisée et aristocratique.
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A l’âge de deux
ans, le jeune Ernesto souffre de sa
première crise d’asthme, maladie qui
l’accompagnera toute sa vie et qui
forgera sa volonté à toute épreuve. Sa
famille déménage à Córdoba puis à Alta
Gracia où le climat est plus propice.
Guevara y passera 17 ans de sa vie,
jusqu’en 1947.
-
Lecteur avide,
Guevara dévore livre après livre dès son
plus jeune âge et se passionne pour la
philosophie, notamment sociale.
-
En 1948, il
commence une carrière de médicine à
l’Université de Buenos Aires. Il
obtiendra son diplôme en 1953.
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En 1950, Guevara
réalise son premier voyage à moto dans
le nord de l’Argentine et visite les
régions les plus pauvres du pays. Il
parcoure au total 4 500 kilomètres et
est marqué par la misère qui frappe son
peuple. A ce sujet, il écrit : « Je ne
me nourris pas des mêmes formes que les
touristes […]. L’âme du peuple est
reflétée chez les malades dans les
hôpitaux ».
-
Un an plus tard,
il parcourt la côte Atlantique de
l’Amérique du Sud à bord d’un bateau
pétrolier de la compagnie nationale
argentine qui l’a recruté en tant que
personnel médical.
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De janvier à
juillet 1952, à l’âge de 24 ans, Guevara
réalise son premier voyage international
à moto avec son ami Alberto Granado. Ils
visitent le Chili, le Pérou, la Colombie
et le Venezuela. En mai 1952, à Lima,
Guevara fait la connaissance du docteur
Hugo Pesce, dirigeant du Parti
communiste péruvien et disciple de José
Carlos Mariátegui qui travaille dans une
léproserie. Cette rencontre ainsi que
les mois qu’il passera au sein de
l’institution médicale à soigner les
lépreux se révèleront décisifs et
traceront son destin futur de lutte en
faveur des opprimés. Durant ce voyage,
Guevara découvre la misère et
l’exploitation des peuples
latino-américains, notamment par les
multinationales étasuniennes.
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En juillet 1953,
après avoir obtenu son diplôme de
médecin, Guevara entreprend un nouveau
voyage à travers l’Amérique latine avec
son ami d’enfance Carlos Ferrer. En
Bolivie, il découvre le processus
radical lancé par Mouvement nationaliste
révolutionnaire en 1952.
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Le 24 décembre
1953, il arrive au Guatemala alors
dirigé par le Président réformateur
Jacobo Arbenz. Il y passera neuf mois
dans des conditions économiques
difficiles.
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Au Guatemala,
Guevara se lie d’amitié avec Antonio
« Ñico » López, exilé cubain qui avait
pris part à l’attaque de la caserne
Moncada lancée par Fidel Castro le 26
juillet 1953. López sera à l’origine du
surnom « Che » de Guevara, en référence
à l’interjection typiquement argentine
utilisée par le jeune médecin.
-
Guevara arrive au
Guatemala avec une pensée politique bien
définie comme le montre la lettre qu’il
écrit à sa tante Beatriz le 10 décembre
1953 : « J’ai eu l’opportunité de passer
par les domaines de la United Fruit,
me convainquant une fois de plus que ces
poulpes sont terribles. J’ai juré devant
une photo du vieux et regretté camarade
Staline de n’avoir de trêve tant que ces
poulpes capitalistes n’auront pas été
détruits. Au Guatemala, je me
perfectionnerai et j’obtiendrai ce qui
me manque pour être un révolutionnaire
authentique. Ton neveu, celui à la santé
de fer, à l’estomac vide et à la foi
lumineuse en l’avenir socialiste ».
-
Guevara assiste
au coup d’Etat organisé par la CIA et le
colonel Castillo Armas en juin 1954. Il
intègre les brigades juvéniles
communistes qui organisent la résistance
et demandent en vain des armes au
gouvernement. L’Etat-major de l’armée
soutient le putschiste et exige le
départ de Jacobo Arbenz qui est renversé
en juillet 1954.
-
Guevara tire les
leçons du coup d’Etat contre Arbenz dans
une lettre à sa mère : « La trahison est
toujours le patriotisme de l’armée, et
une fois de plus est démontré
l’aphorisme qui indique que la
liquidation de l’armée est le véritable
début de la démocratie ».
-
Après s’être
réfugié à l’ambassade d’Argentine, il
obtient en septembre 1954 un
sauf-conduit pour se rendre au Mexique,
où il résidera plus de deux ans. Il
travaille comme photographe et médecin
et arrive à survivre tant bien que mal.
Peu après son arrivée, il retrouve son
ami cubain López qui l’invite à
rejoindre les autres rescapés du
Moncada.
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En 1955, Guevara
rencontre Raúl Castro, récemment sorti
de prison, avec lequel il se lie
d’amitié. Peu après, il le présente à
Fidel Castro. Ce dernier se souvient :
« Le Che était de ceux pour qui tout le
monde ressentait immédiatement de
l’affection, à cause de sa simplicité,
de son caractère, de son naturel, de son
esprit de camaraderie, de sa
personnalité, de son originalité. Il n’a
pas fallu beaucoup de temps pour nous
mettre d’accord et l’accepter dans notre
expédition. […] Quand nous nous sommes
rencontrés, il était déjà un
révolutionnaire formé, un grand talent,
une grande intelligence et une grande
capacité théorique ». Fidel Castro est
également frappé par le caractère de
l’Argentin : « Le Che souffrait
d’asthme. Il y avait le Popocatépetl, un
volcan qui se trouve près de Mexico, et
tous les weekends, il essayait
d’escalader le Popocatépetl […] de 5 482
mètres avec des neiges éternelles. Il
commençait son ascension, il faisait un
effort énorme et n’arrivait pas au
sommet. L’asthme réduisait ses efforts à
néant. La semaine suivante, il essayait
de nouveau de grimper et il n’y arrivait
pas. […] Il n’est jamais arrivé au
sommet. Mais il essayait de nouveau d’y
grimper et il aurait passé sa vie
entière à tenter de grimper au
Popocatépetl, il faisait un effort
héroïque, même s’il n’atteignait jamais
le sommet. Vous voyez le caractère. Cela
donne une idée de sa force d’esprit, de
sa constance ».
-
Guevara est
également marqué par la personnalité de
Fidel Castro. Dans une lettre à ses
parents, il écrit : « J’ai sympathisé
avec Raúl Castro, le petit frère de
Fidel. Il m’a présenté au chef du
Mouvement. […] J’ai bavardé avec Fidel
toute la nuit. Et au petit matin j’étais
déjà le médecin de la future expédition.
[…] Fidel m’a impressionné comme un
homme extraordinaire […]. Il avait une
foi exceptionnelle. […] Je partageais
son optimisme ». Che demande alors à
Fidel Castro de lui permettre d’aller se
battre en Argentine, une fois que la
Révolution triompherait à Cuba.
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Le 2 décembre
1956, Guevara débarque à Cuba avec les
révolutionnaires menés par Fidel Castro.
Ils sont rapidement dispersés par
l’armée de Batista qui les surprend dès
leur arrivée.
-
Che Guevara se
distingue très vite par son audace et
ses capacités de leader. Fidel Castro se
remémore les premiers moments : « Lors
du premier combat victorieux, le Che
était déjà soldat de notre troupe et, en
même temps, il était toujours médecin.
Lors du deuxième combat victorieux, le
Che n’était pas seulement soldat mais le
soldat le plus distingué de ce combat,
réalisant pour la première fois l’une de
ces prouesses singulières qui le
caractérisaient dans toutes les actions
[…]. C’était l’une de ses
caractéristiques essentielles : la
disposition immédiate, instantanée, à se
porter volontaire pour réaliser la
mission la plus dangereuse. Et cela,
naturellement, suscitait l’admiration,
la double admiration vis-à-vis du
compagnon qui luttait avec nous, qui
n’était pas né sur cette terre, qui
était un homme aux idées profondes, qui
était un homme dont l’esprit
bouillonnait de rêves de lutte dans
d’autres parties du continent, mais qui
disposait de cet altruisme, de ce
désintéressement, de cette disposition à
faire toujours ce qui était le plus
difficile, à constamment risquer sa
vie ».
-
Fidel Castro
décide de le nommer commandant en
juillet 1957 et Guevara prend la tête
d’une deuxième colonne appelée « Colonne
n°4 » pour tromper l’ennemi sur le
nombre de guérilléros. Guevara est le
premier à obtenir ce grade, bien avant Raúl Castro.
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Implacable avec
les traitres, les assassins, les voleurs
et les violeurs à qui il applique la
peine capitale, Guevara se montre en
revanche généreux avec les soldats
ennemis faits prisonniers auxquels il
accorde la plus grande attention, ainsi
qu’avec les blessés. Guevara relate un
épisode à ce sujet : « En prenant
d’assaut le premier camion, nous avons
trouvé deux soldats tués et un blessé
qui dans son agonie faisait encore mine
de se battre. Il a été achevé sans que
lui soit laissé la possibilité de se
rendre, ce qu’il ne pouvait faire car il
était à demi inconscient. Cet acte de
vandalisme a été réalisé par un
combattant dont la famille avait été
anéantie par l’armée de Batista. Je lui
ai reproché violemment son acte sans me
rendre compte qu’un autre soldat blessé
m’entendait. Il s’était glissé sous des
couvertures et était resté sans bouger
sur la plateforme du camion. En
entendant cela, et les excuses fournies
par notre camarade, le soldat ennemi
s’est signalé à nous en nous demandant
de ne pas le tuer ; une balle lui avait
fracturé la jambe et il est resté étendu
au bord du chemin tandis que les combats
se poursuivaient dans les deux autres
camions. Chaque fois qu’un combattant
passait à côté de lui, l’homme criait :
‘Ne me tuez pas, ne me tuez pas, le Che
a dit qu’on ne tuait pas les
prisonniers !’ »
-
En 1958, Fidel
Castro décide de nommer le Che à la tête
de l’Ecole militaire nouvellement créée
pour former les futurs guérilléros, afin
de le protéger de son caractère trop
téméraire : « Le Che était un soldat
sans équivalent. Le Che était un chef
sans équivalent. Le Che était, d’un
point de vue militaire, un homme d’une
capacité extraordinaire, d’un courage
extraordinaire, d’une agressivité
extraordinaire. S’il avait un talon
d’Achille comme guérilléro, ce talon
d’Achille était sa témérité excessive,
son mépris absolu du danger ».
-
En juin 1958,
Guevara forme la Colonne n°8 avec les
nouvelles recrues pour faire face à
l’offensive finale lancée par Batista un
mois auparavant en dépêchant 10 000
soldats à la Sierra Maestra pour écraser
la guérilla.
-
Le 31 août 1958,
après l’échec militaire de la dictature,
Fidel Castro lance une contre-offensive
afin d’étendre la guérilla à tout le
pays et ordonne au Che et à Camilo
Cienfuegos de marcher en direction de la
capitale. Le périple de plus de 500
kilomètres met la troupe à rude épreuve,
harcelée par les inclémences de la
nature et l’armée gouvernementale. Dans
une lettre à Fidel Castro, Cienfuegos
raconte les souffrances endurées durant
leur odyssée : en trente et un jours de
marche, ils mangent seulement onze fois
dont « une jument crue et sans sel ».
« Seules les insultes et les menaces en
tout genre arrivaient à faire avancer
cette masse épuisée ».
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Dans la zone de
Villa Clara, le Che crée le « Peloton
suicide » intégré de guérilléros
aguerris, chargés des missions les plus
difficiles : « Le ‘Peloton suicide’
était un exemple du moral
révolutionnaire et se composait
uniquement de volontaires triés sur le
volet. Cependant, chaque fois qu’un
homme mourait – et cela arrivait lors de
chaque combat –, au moment de la
désignation du nouvel aspirant, les
recalés offraient des scènes de douleurs
qui allaient jusqu’aux pleurs. Il était
curieux de voir les jeunes guerriers […]
montrer leur jeunesse en laissant couler
quelques larmes, pour ne pas avoir eu
l’honneur d’être en première ligne de
combat de mort ».
-
Le 28 décembre
1958, Guevara lance l’attaque contre la
ville de Santa Clara, dernier bastion du
régime avant La Havane, renforcé par des
troupes dix fois supérieures au nombre
de guérilleros qui ne dépassaient pas
les 300 hommes. La bataille s’achève
avec la capture du train blindé en
provenance de la capitale avec les
renforts. Néanmoins, les rebelles en
payent le prix fort. Guevara rapporte un
témoignage à ce sujet : « Je me souviens
d’un épisode qui était révélateur de
l’esprit de notre force dans ces jours
finaux. J’avais admonesté un soldat qui
s’était endormi en plein combat et il me
répondit qu’on l’avait désarmé car un
tir lui avait échappé. Je lui répondis
avec mon ton sec habituel : ‘Obtiens un
autre fusil en te rendant désarmé en
première ligne de combat … si tu es
capable de le faire’. À Santa Clara,
alors que j’étais en train de
réconforter les blessés, un moribond me
toucha la main et me dit : ‘Vous vous
souvenez Commandant ? Vous m’aviez
envoyé chercher une arme à Remedios… la
voici’. Il s’agissait du [même]
combattant […], heureux d’avoir pu
démontrer son courage. Telle est notre
Armée rebelle ».
-
En apprenant la
chute de Santa Clara aux mains des
rebelles, Batista décide de fuir dans la
nuit du 1er janvier 1959 vers
la République dominicaine. Fidel Castro
ordonne à Guevara et à Cienfuegos de se
diriger vers La Havane et de prendre le
contrôle des casernes de Columbia et de
la Cabaña.
-
Durant les
premiers mois de 1959, Guevara est
chargé des tribunaux révolutionnaires
qui jugent les crimes commis durant la
dictature militaire. Près de 1 000
personnes passent la « justice
expéditive » et près de 500 sont
fusillées. En guise de comparaison, lors
de l’Epuration survenue en France à la
fin de la Seconde Guerre Mondiale, plus
d’un million de personnes furent
arrêtées et près de 100 000 furent
condamnées. Il y eut près de 10 000
exécutions, dont 9 000 extrajudiciaires.
-
En février 1959,
Ernesto Guevara est déclaré citoyen
cubain de naissance par le Président
Manuel Urrutia pour services rendus à la
nation.
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Guevara joue un
rôle-clé dans la création de l’Institut
national de réforme agraire et
l’élaboration de la loi de Réforme
agraire promulguée en mai 1959. Selon
lui, « le guérillero est d’abord et
avant tout un révolutionnaire agraire.
Il interprète les souhaits de la grande
masse paysanne de posséder la terre, les
moyens de production, les animaux et
tout ce pour quoi elle a lutté pendant
des années ».
-
En 1959, Guevara
est nommé Ministre de l’Industrie puis
Président de la Banque nationale et
signe les billets de son surnom « Che »,
pour illustrer son mépris pour l’argent
et les richesses matérielles. Il procède
à la nationalisation des secteurs
stratégiques de l’économie du pays.
-
En 1960, lors du
Premier Congrès des jeunesses
latino-américaines, Guevara développe le
concept de « l’homme nouveau
socialiste » qui privilégierait
l’intérêt général aux aspirations
personnelles. Il met en avant
l’importance du travail volontaire,
« une école qui développe la
conscience », et donne l’exemple tous
les weekends en travaillant bénévolement
dans les usines, les champs de canne et
les ports. Il entreprend également une
tournée dans le bloc socialiste et en
Chine et signe de nombreux accords
commerciaux.
-
Farouche
détracteur de la coexistence pacifique
mise en place par les Etats-Unis et
l’Union soviétique suite à la crise des
missiles d’octobre 1962, Guevara
multiplie l’aide aux mouvements
révolutionnaires en Amérique latine et
dans le monde au nom de la solidarité
internationaliste. Son rêve est de
déclencher une guerre insurrectionnelle
en Argentine.
-
En 1964, le Che
renonce à ses fonctions au sein du
gouvernement révolutionnaire afin de
reprendre la lutte armée en Amérique du
Sud. Les conditions n’étant pas encore
réunies, Fidel Castro lui propose de
partir en Afrique, au Congo, où Patrice
Lumumba venait d’être assassiné par la
CIA trois ans auparavant. Situé au
centre de l’Afrique, doté de frontières
avec neuf pays, le Congo pouvait être le
noyau révolutionnaire qui s’étendrait à
tout le continent.
-
En 1965, Guevara
écrit la lettre d’adieu à Fidel Castro
dans laquelle il renonce définitivement
à ses fonctions et à la nationalité
cubaine et fait part de sa volonté de
faire la révolution dans d’autres
contrées. La lettre sera rendue publique
en octobre 1965 lors du Premier congrès
du Parti communiste cubain.
-
En avril 1965,
Guevara arrive en Tanzanie, base arrière
des révolutionnaires congolais. La
présence du leader argentin sur le champ
de bataille suscite l’inquiétude chez
les chefs de la rébellion congolaise en
raison des implications internationales.
De la même manière, alors que ces
derniers passent la majeure partie de
leur temps à Dar es Salaam, en Tanzanie,
Guevara leur rappelle par sa présence
qu’un chef doit être parmi ses hommes en
première ligne de combat. L’expérience
congolaise qui durera neuf mois sera un
« échec » selon le Che, en raison des
luttes internes, du manque de discipline
au sein des insurgés et de la décision
unilatérale de la Tanzanie de cesser
d’approvisionner les rebelles. Dans une
lettre au Président Julius Nyerere,
Guevara exprime son incompréhension et
sa colère : « Cuba a offert une aide
sujette à l’approbation de la Tanzanie.
Vous avez accepté et l’aide est devenue
effective. Elle était sans conditions ni
limites dans le temps. Nous comprenons
les difficultés de la Tanzanie
aujourd’hui, mais nous ne partageons pas
votre point de vue. Cuba ne recule pas
face à ses engagements et ne peut pas
accepter une fuite honteuse en
abandonnant son frère dans le malheur à
la merci des mercenaires ».
-
Après un séjour à
Prague, Guevara retourne secrètement à
Cuba où il décide de partir pour la
Bolivie, alors sous le joug de la
dictature du général René Barrientos.
L’objectif est de lancer un mouvement
insurrectionnel qui s’étendrait à toute
l’Amérique du Sud.
-
Le 7 novembre
1966, Guevara commence la rédaction de
son journal de Bolivie. Au total, 47
combattants, dont 16 Cubains, composent
l’Armée de libération nationale de
Bolivie et occupent la zone montagneuse
du sud-est du pays près du fleuve Ñancahuazú.
-
En mars 1967,
l’arrestation de deux déserteurs met en
alerte le régime militaire qui sollicite
l’aide des Etats-Unis pour capturer
Guevara et ses hommes. Le même mois
débutent les combats entre la guérilla
et l’armée bolivienne, qui inflige
de sérieuses pertes à la troupe
d’insurgés.
-
Le 20 avril 1967,
l’armée arrête Régis Debray et Ciro
Bustos, deux membres du réseau de
soutien de la guérilla. Tous deux sont
soumis à des actes de torture et donnent
des informations qui permettent au
régime de localiser les
révolutionnaires.
-
Mario Monje,
secrétaire général du Parti communiste
bolivien, censé apporter une aide
logistique et humaine à la troupe,
abandonne Guevara et les guérilleros à
leur sort.
-
Loin de se
résigner, Guevara lance son célèbre
« Message aux peuples du monde » et
exhorte les révolutionnaires à « créer
deux, trois, de nombreux Vietnam ».
-
En août 1967, la
colonne n°2 est anéantie par l’armée et
Guevara se retrouve seul avec une
vingtaine de combattants à la tête de la
colonne n°1.
-
Le 7 octobre
1967, Guevara se trouve près de La Higuera avec 16 combattants et rédige
son ultime réflexion dans son journal de
bord, après « 11 mois » de lutte.
-
Le 8 octobre
1967, l’armée surprend la troupe à Quebrada del Churo. Afin de permettre
aux blessés de s’échapper, Che décide
d’affronter l’armée avec les quelques
hommes valides. Après plusieurs heures
de combat, Guevara, blessé à une jambe,
est capturé par l’armée, qui l’enferme
dans une école de La Higuera. Seuls cinq
guérilléros survivront et réussiront à
se réfugier au Chili.
-
Le 9 octobre, le
dictateur Barrientos, suivant les ordres
de la CIA, ordonne l’exécution du Che.
Le colonel bolivien Miguel Ayoroa, qui a
participé à la capture du Che,
témoigne : « Un des hommes de la CIA
était Félix Rodríguez, un Cubain exilé.
Il est entré dans la petite école et a
crié ‘Tu sais qui je suis ?’. Le Che l’a
regardé avec mépris et lui a répondu :
‘Oui, un traitre’, et il lui a craché
dessus ».
-
Félix Rodríguez
racontera plus tard : « J’ai demandé [au
sergent] Terán d’accomplir l’ordre. Je
lui ai dit qu’il devait viser en dessous
du cou car ainsi nous pourrions
démontrer qu’il était mort au combat.
Terán a demandé un fusil et est entré
dans la salle avec deux soldats. Quand
j’ai entendu les tirs, j’ai noté dans
mon carnet 1h10 pm, 9 octobre 1967 ».
-
Le sergent Mario Terán racontera son expérience en 1977 à
la revue française Paris-Match :
« Je suis resté 40 minutes avant
d'exécuter l'ordre. J'ai été voir le
colonel Pérez en espérant que l'ordre
avait été annulé. Mais le colonel est
devenu furieux. C'est ainsi que ça s'est
passé. Ça a été le pire moment de ma
vie. Quand je suis arrivé, le Che était
assis sur un banc. Quand il m'a vu il a
dit « Vous êtes venu pour me tuer ». Je
me suis senti intimidé et j'ai baissé la
tête sans répondre. Alors il m'a
demandé: « Qu'est-ce qu'ont dit les
autres ? ». Je lui ai répondu qu'ils
n'avaient rien dit et il m'a rétorqué:
« Quel courage ! ». Je n'osais pas
tirer. À ce moment je voyais un Che,
grand, très grand, énorme. Ses yeux
brillaient intensément. Je sentais qu'il
se levait et quand il m'a regardé
fixement, j'ai eu la nausée. J'ai pensé
qu'avec un mouvement rapide le Che
pourrait m'enlever mon arme. « Sois
tranquille me dit-il, et vise bien ! Tu
vas tuer un homme ! ». Alors j'ai reculé
d'un pas vers la porte, j'ai fermé les
yeux et j'ai tiré une première rafale.
Le Che, avec les jambes mutilées, est
tombé sur le sol, il se contorsionnait
et perdait beaucoup de sang. J'ai
retrouvé mes sens et j'ai tiré une
deuxième rafale, qui l'a atteint à un
bras, à l'épaule et dans le cœur. Il
était enfin mort ».
-
En 1997, les
restes du Che et de ses camarades de
lutte sont transférés à Cuba où ils
reposent dans le Mémorial Ernesto
Guevara de la ville de Santa Clara.
-
Doté d’une grande
intelligence, Guevara a laissé de
nombreux écrits et une philosophie
politique nommée Guevarisme.
Selon Fidel Castro, « le Che était un
homme de pensée profonde, d’une
intelligence visionnaire, un homme de
grande culture. Il réunissait en sa
personne l’homme d’idées et l’homme
d’action […]. La pensée politique et
révolutionnaire du Che aura une valeur
permanente au sein du processus
révolutionnaire cubain et du processus
révolutionnaire latino-américain ».
-
Che Guevara reste
dans la mémoire collective des peuples
comme le défenseur des opprimés, celui
qui s’est indigné face aux injustices,
le symbole du désintéressement, et
l’homme qui a pris les armes au nom de
l’intérêt supérieur des damnés de la
terre.
Docteur ès
Etudes Ibériques et Latino-américaines
de l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel
ouvrage s’intitule Fidel Castro,
héros des déshérités (Paris,
Editions Estrella, 2016) et comporte une
préface d’Eduardo Galeano.
http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1
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