Opinion
25 vérités sur le siège de Gaza par
Israël
Salim Lamrani
Photo:
Opera Mundi
Jeudi 7 août 2014
Opera Mundi
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Contrairement aux affirmations des
autorités israéliennes, l’actuel
bombardement de Gaza a pour but de
briser l’union nationale entre le Fatah
et le Hamas et d’empêcher la relance du
processus de paix.
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En 2005, Israël
s’est formellement retiré de la
Bande de Gaza et a démantelé ses
colonies de peuplement. En réalité,
l’armée israélienne dispose d’un
contrôle total de l’espace aérien et
maritime de l’enclave, occupe une
zone tampon à l’intérieur de Gaza,
contrôle l’unique zone commerciale
du territoire palestinien avec
l’extérieur, ainsi que le passage
pédestre à Erez qui lie Gaza à la
Cisjordanie et à Israël, et tient le
registre d’état civil.
-
Depuis 2007, Gaza
vit sous blocus israélien et
égyptien. Selon l’ONG israélienne
GISHA, les habitants de l’enclave
sont privés de nombreux produits de
base (confiture,
vinaigre, chocolat, fruits en
conserve, graines, noix, biscuits et
bonbons, chips, gaz pour boissons
gazeuses, fruits secs, viande
fraîche, plâtre, bitume, bois de
construction, ciment, fer, glucose,
sel industriel, contenants en
plastique/verre/métal, margarine
industrielle, revêtements à base de
bitume pour les huttes, tissus pour
vêtements, cannes à pêche, divers
filets de pêche, cordages pour la
pêche, pièces détachées pour
tracteurs, laiteries pour étables,
tuyaux d'irrigation, instruments de
musique, papier format A4,
instruments pour écrire, carnets de
notes, journaux, jouets, rasoirs,
machines à coudre et pièces
détachées, chevaux, ânes, chèvres,
bétail, poussins, etc.)
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Avec une superficie de 360 km² et
une population de 1,7 millions
d’habitants, Gaza dispose de la plus
forte densité au monde avec plus de
4 700 habitants/km². Sous état de
siège militaire, avec un taux de
chômage de 40% (60% chez les jeunes
de 15 à 29 ans), 53% de la
population âgée de moins de 18 ans,
la population est confrontée à de
nombreuses pénuries matérielles
ainsi que de régulières coupures
d’électricité et survit dans des
conditions de vie proches de
l’indigence. Près de 70% des
Palestiniens dépendent de l’aide
humanitaire.
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La
séquestration et l’assassinat de
trois jeunes adolescents israéliens
en juin 2014 ont servi de prétexte
au Premier Ministre israélien
Benjamin Netanyahu pour déclencher
une nouvelle agression meurtrière
contre la population civile de Gaza.
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A ce jour, il
n’existe aucune preuve de
l’implication du Hamas dans ce
crime. Au contraire, les dirigeants
de l’organisation armée
palestinienne ont rejeté toute
responsabilité. Le 25 juillet 2014,
Jon Donnison, correspondant de la
BBC, a rapporté que Mickey Rosenfeld,
porte-parole de la police
israélienne, a reconnu que le Hamas
n’était pas impliqué dans les
assassinats et qu’il s’agissait sans
doute de l’action d’une « cellule
isolée ».
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Durant les jours
suivants l’enlèvement des trois
jeunes juifs, l’armée israélienne a
lancé une vaste opération militaire,
procédant à l’arrestation de près de
350 Palestiniens dont la plupart des
leaders du Hamas de Cisjordanie – y
compris des députés et le Président
du Parlement palestinien Aziz Dweik
– et a assassiné cinq personnes. Un
jeune palestinien est également
brûlé vif par des extrémistes
israéliens.
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En réponse à
cette offensive militaire, le Hamas
procède à des tirs de roquettes sur
plusieurs villes israéliennes et
exige la levée du blocus de Gaza
déjà prévue dans les accords de
cessez-le-feu de 2008 et 2012, ainsi
que la libération des prisonniers
politiques palestiniens.
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A partir du 8
juillet 2014, Israël lance
l’Opération « Bordure protectrice »
et bombarde les populations civiles
de Gaza, faisant plus de 1 000 morts
et près de 10 000 blessés.
L’objectif officiel est de détruire
les tunnels qui permettent les
incursions en territoire israélien
par les combattants du Hamas.
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A la date du 3
août 2014, les incessants
bombardements de l’armée israélienne
ont causé la mort d’au moins 1 439
Palestiniens, dont 90% de civils, et
au moins 250 enfants, selon le
Bureau de coordination humanitaire
des Nations unies.
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Jon Snow,
journaliste pour la télévision
britannique Channel 4, s’est
rendu à Gaza et a apporté son
témoignage : « L’âge moyen des
habitants de Gaza est de 17 ans.
Près de 250 000 enfants ont moins de
10 ans. Donc, dans cette zone
urbaine très densément peuplée, si
vous décidez de lancer des missiles,
des obus, etc., vous tuerez
inévitablement des enfants. Et c’est
ce qu’Israël fait ».
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Du côté
israélien, selon les chiffres
officiels, 63 soldats et 3 civils
ont perdu la vie suite aux attaques
du Hamas et d’autres factions
palestiniennes armées.
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Le 22 juillet
2014, Majed Bamya, porte-parole de
la diplomatie palestinienne, a
dénoncé l’hypocrisie occidentale
lors d’une interview à la télévision
française France 24 : « Laissez-moi
comprendre : Le Hamas, qui dans
cette agression israélienne et cette
guerre a fait 27 morts dont 25
militaires de la puissance
occupante, serait une organisation
terroriste et des criminels, alors
que ceux qui ont fait 530 morts,
dont 90% sont des civils et plus
d’une centaine d’enfants, seraient
le pays civilisé dans ce conflit ?
[…] Ce n’est pas parce qu’il y a la
révolte des esclaves que l’esclavage
est acceptable ».
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Le 14 juillet
2014, le Hamas rejette la
proposition égyptienne de
cessez-le-feu considérée comme étant
une « reddition » car elle n’inclut
ni la levée du blocus ni la
libération des prisonniers
politiques, alors qu’elle avait été
acceptée par Israël.
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Le
18 juillet, l’armée israélienne
lance une invasion terrestre de Gaza
et y déploie 70 000 soldats.
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Le 19 juillet, le
Hamas présente une proposition de
trêve en sept points. Le 24 juillet,
le projet de trêve proposé par John
Kerry, secrétaire d’Etat des
Etats-Unis, est rejeté par Israël.
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Le 28 juillet, 4
enfants jouant sur la plage près du
camp de réfugiés d’Al-Shati sont
tués par un tir de missile
israélien, devant les caméras de
télévision internationales,
suscitant une émotion mondiale.
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Depuis le début
des bombardements, trois écoles ont
été détruites par l’armée
israélienne, faisant des dizaines de
morts, dont de nombreux enfants. Le
23 juillet, l’école des Nations
unies à Beit Anoun est frappée par
un missile. Le 29 juillet, l’école
des Nations unies à Jabaliya est
bombardée par l’armée israélienne,
causant la mort de 16 personnes,
dont au moins 6 enfants. Ban Ki
Moon, secrétaire général des Nations
unies, a dénoncé ce crime et a
rappelé que « la
localisation exacte de cette école
élémentaire avait été communiquée 17
fois aux autorités militaires
israéliennes, notamment la nuit
dernière, quelques heures seulement
avant cette attaque ». Le 3 août,
l’armée israélienne a bombardé une
troisième école des Nations unies à
Rafah. Selon l’ONU, « il y a de
nombreux morts et blessés ».
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Selon
l’UNICEF, depuis le début des
bombardements, au moins 10 enfants
ont été tués chaque jour.
Pernille Ironside, responsable
UNICEF à Gaza, a dénoncé les
massacres et rappelle que
« des enfants
sont tués, blessés, mutilés, brûlés
en plus d’être absolument
terrifiés ».
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Selon
l’Organisation mondiale de la Santé,
près de 250 000 personnes ont dû
fuir les combats et se trouvent
actuellement sans abri.
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Navy Pillay,
haut-commissaire des Nations unies
aux droits de l’homme, a accusé
Israël de s’être rendu coupable de
« crimes de guerre » en bombardant
les écoles des Nations unies et les
hôpitaux.
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Le 31 juillet,
Benjamin Netanyahu mobilise 16 000
soldats supplémentaires, portant
leur nombre à 86 000.
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Le Conseil des
droits de l’homme des Nations unies
a adopté une résolution à une
majorité de 29 voix (17 abstentions,
1 vote contre) déposée par la
Palestine, condamnant « les
violations généralisées,
systématiques et flagrantes des
droits de l'Homme et des libertés
fondamentales ». La résolution
demande également
de placer la population
palestinienne sous
« protection
internationale immédiate ».
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Sous le
gouvernement de Mahmoud Abbas,
Israël a construit plus de 100 000
nouvelles colonies dans les
territoires occupés, en violation du
droit international, et détient
actuellement plus de 6 000
prisonniers politiques palestiniens.
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Malgré les appels
à un cessez-le-feu, les Etats-Unis
et l’Union européenne continuent de
soutenir économiquement et
militairement Israël, malgré ses
violations réitérées du droit
international et les crimes de
guerre actuellement commis à Gaza.
En revanche, l’Amérique latine a
adopté une position différente en
exigeant une cessation des
hostilités, une levée du blocus et
une reprise du dialogue entre les
deux parties. Dans un communiqué
commun, les Présidents du Brésil, de
l’Argentine, de l’Uruguay et du
Venezuela « ont fermement condamné
l’utilisation disproportionnée de la
force de la part de l’armée
israélienne dans la Bande de Gaza,
qui affecte principalement les
civils, y compris des enfants et des
femmes ». Le Brésil, l’Equateur, le
Chili, le Salvador et le Pérou ont
rappelé leur ambassadeur, Cuba, le
Venezuela et la Bolivie ayant déjà
rompu leurs relations diplomatiques.
-
En réalité,
l’Opération « Bordure protectrice »
n’a pas pour but de détruire des
tunnels qui seront inévitablement
reconstruits tant que durera le
blocus, à moins d’une nouvelle
occupation militaire israélienne de
Gaza. Cette nouvelle agression
militaire contre une population sans
défense est destinée à briser
l’union entre le Fatah et le Hamas
qui ont formé un gouvernement
d’union nationale le 2 juin 2014 –
initiative
saluée par la communauté
internationale, mais rejetée par
Israël – afin d’empêcher toute
naissance d’un véritable Etat
palestinien et de poursuivre ainsi
la politique de colonisation. La
seule solution au conflit
israélo-palestinien est d’ordre
politique et passe par le respect du
droit international, c’est-à-dire
l’application de la résolution du
Conseil de Sécurité des Nations
unies n°242 du 22 novembre 1967,
avec un retrait complet de l’armée
israélienne de Gaza, de la
Cisjordanie et de Jérusalem Est, un
démantèlement de toutes les colonies
illégales, le respect des frontières
de 1967 et un retour des réfugiés
palestiniens. Seuls le dialogue et
la négociation entre les deux
parties permettront l’établissement
d’une solution pacifique avec deux
Etats souverains et égaux.
Docteur ès Etudes
Ibériques et Latino-américaines de
l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage
s’intitule Cuba. Les médias face au
défi de l’impartialité, Paris,
Editions Estrella, 2013 et comporte une
préface d’Eduardo Galeano.
http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1
Contact :
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Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
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