Opinion
Banque mondiale : Cuba dispose du
meilleur système éducatif d'Amérique
latine et de la Caraïbe
Salim Lamrani
Photo:
Opera Mundi
Samedi 6 septembre 2014
Opera Mundi
http://operamundi.uol.com.br/...
Selon l’organisation internationale,
Cuba est le seul pays d’Amérique latine
et de la Caraïbe à disposer d’un système
éducatif de haute qualité.
La Banque
mondiale vient de publier un rapport
révélateur sur la problématique de
l’éducation en Amérique latine et la
Caraïbe. Intitulée Professeurs
excellents. Comment améliorer
l’apprentissage en Amérique latine et
dans la Caraïbe, l’étude porte sur
les systèmes éducatifs publics des pays
du continent et les défis majeurs
auxquels ils sont confrontés[1].
En Amérique
latine, les enseignants de la
maternelle, du primaire et du
secondaire, constituent un capital
humain de 7 millions de personnes, soit
4% de la population active de la région,
et plus de 20% des travailleurs
techniques et professionnels. Leurs
salaires absorbent 4% du PIB du
continent et leurs conditions de travail
varient d’une région à une autre, y
compris au sein des frontières
nationales. Les professeurs, mal
rémunérés, sont en majorité de femmes –
à 75% en moyenne – et elles
appartiennent aux couches sociales
modestes. De plus, le corps enseignant
dépasse les 40 ans de moyenne d’âge, et
est considéré comme « vieillissant[2] ».
La Banque
mondiale rappelle que tous les
gouvernements de la planète scrutent
avec attention « la qualité et la
pratique des professeurs », à l’heure où
les objectifs des systèmes éducatifs
s’adaptent aux nouvelles réalités.
Désormais, l’axe est mis sur
l’acquisition de compétences et non sur
la simple accumulation de connaissances.
Les
conclusions du rapport sont sans appel.
La Banque mondiale souligne « la faible
qualité des enseignants d’Amérique
latine et de la Caraïbe », ce qui
constitue le principal obstacle à
l’avancée de l’éducation à travers le
continent. Les contenus académiques sont
inadaptés et les pratiques, inefficaces.
Pas assez ou mal formés, les enseignants
consacrent à peine 65% du temps de
classe à l’instruction, « ce qui
équivaut à perdre une journée entière
d’instruction par semaine ». Par
ailleurs, le matériel didactique
disponible reste peu utilisé, en
particulier les nouvelles technologies
d’information et de communication.
Enfin, les professeurs ont du mal à
asseoir leur autorité, à maintenir
l’attention des élèves et à susciter
leur participation[3].
Selon
l’institution financière internationale,
« aucun corps enseignant de la région ne
peut être considéré comme étant de haute
qualité en comparaison avec les
paramètres mondiaux », à la notable
exception de « Cuba ». La Banque
mondiale note qu’« aujourd’hui, aucun
système scolaire latino-américain, avec
la possible exception de celui de Cuba,
ne dispose des paramètres élevés, du
fort talent académique, des
rémunérations élevées ou du moins
adéquates et de l’autonomie
professionnelle élevée qui caractérisent
les systèmes éducatifs les plus
efficaces au monde, comme ceux de
Finlande, de Singapour, de Shanghai
(Chine), de la République de Corée, de
la Suisse, des Pays-Bas et du Canada[4] ».
En
effet, seule Cuba, où l’éducation a été
la principale priorité depuis 1959,
dispose d’un système éducatif performant
et d’enseignants de haut niveau. Dans ce
domaine, le pays antillais n’a rien à
envier aux nations les plus développées.
L’île de la Caraïbe est d’ailleurs la
nation au monde qui alloue la part la
plus élevée à l’éducation avec 13% du
budget national[5].
Ce n’est
pas la première fois que la Banque
mondiale fait l’éloge du système
éducatif de Cuba. Dans un précédent
rapport, l’organisation rappelait que
l’excellence du système social de
l’île :
« Cuba est internationalement reconnue
pour ses succès dans le domaine de
l’éducation et de la santé, avec un
service social qui dépasse celui de la
plupart des pays en voie de
développement et dans certains secteurs,
il est comparable à celui des pays
développés. Depuis la Révolution cubaine
en 1959, et l’établissement d’un
gouvernement communiste à parti unique,
le pays a créé un système de services
sociaux qui garantit l’accès universel à
l’éducation et à la santé, fourni par
l’Etat. Ce modèle a permis à Cuba
d’atteindre un alphabétisme universel,
d’éradiquer certaines maladies, de
fournir un accès général à l’eau potable
et à une salubrité publique de base, de
disposer de l’un des taux de mortalité
infantile les plus bas de la région et
de l’une des plus longues espérances de
vie. Une révision des indicateurs
sociaux de Cuba révèle une amélioration
presque continuelle de 1960 à 1980.
Plusieurs indices majeurs, tels que
l’espérance de vie et le taux de
mortalité infantile, ont continué de se
bonifier pendant la crise économique du
pays dans les années 1990 […].
Aujourd’hui, la performance sociale de
Cuba est l’une des meilleures du monde
en voie de développement, comme le
documentent de nombreuses sources
internationales y compris l’Organisation
mondiale de la santé, le Programme des
Nations unies pour le développement et
d’autres agences de l’ONU, et la Banque
mondiale. […] Cuba surpasse largement à
la fois l’Amérique latine et les
Caraïbes et d’autres pays à revenu
intermédiaire dans les plus importants
indices d’éducation, de santé et de
salubrité publique[6] ».
La Banque mondiale rappelle que la mise
en place de bons systèmes éducatifs est
vital pour l’avenir de l’Amérique latine
et de la Caraïbe. Elle souligne
également l’exemple de Cuba qui a
atteint l’excellence dans ce domaine en
étant le seul pays du continent à
disposer d’un corps enseignant de haute
qualité. Ces résultats s’expliquent par
la volonté politique des dirigeants
cubains de mettre la jeunesse au centre
du projet de société, en allouant les
moyens nécessaires à l’acquisition de
savoirs et de compétences. Malgré des
ressources limitées d’une nation du
Tiers-monde et un état de siège
économique imposé par les Etats-Unis
depuis plus d’un demi-siècle, Cuba, en
se basant sur l’adage de José Martí, son
Apôtre et héros national, « être
cultivé pour être libre », démontre
qu’une éducation de qualité est à la
portée de toutes les nations.
Docteur ès Etudes
Ibériques et Latino-américaines de
l’Université Paris IV-Sorbonne, Salim
Lamrani est Maître de conférences à
l’Université de La Réunion, et
journaliste, spécialiste des relations
entre Cuba et les Etats-Unis.
Son nouvel ouvrage
s’intitule Cuba. Les médias face au
défi de l’impartialité, Paris,
Editions Estrella, 2013 et comporte une
préface d’Eduardo Galeano.
http://www.amazon.fr/Cuba-m%C3%A9dias-face-d%C3%A9fi-limpartialit%C3%A9/dp/2953128433/ref=sr_1_1?s=books&ie=UTF8&qid=1376731937&sr=1-1
Contact :
lamranisalim@yahoo.fr ;
Salim.Lamrani@univ-reunion.fr
Page Facebook :
https://www.facebook.com/SalimLamraniOfficiel
[1]
Barbara
Bruns & Javier Luque,
Profesores excelentes. Cómo
mejorar el aprendizaje en
América Latina y el Caribe,
Washington, Banco Mundial, 2014.
http://www.bancomundial.org/content/dam/Worldbank/Highlights%20&%20Features/lac/LC5/Spanish-excellent-teachers-report.pdf
(site consulté le 30 août 2014).
[2]
Ibid.
[3]
Ibid.
[4]
Ibid.
[5]
Salim Lamrani, Cuba : les
médias face au défi de
l’impartialité, Paris,
Estrella, 2013, p. 40.
[6]
Ibid.,
p. 87-88.
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