Les 7 du Québec
Le confinement meurtrier
Robert Bibeau

Mercredi 29 avril 2020 Le grand
verrouillage
Dans ses dernières
Perspectives de l’économie mondiale,
le FMI appelle ce qui se
passe actuellement sur la scène
internationale «le grand
verrouillage».
L’économiste Martin Wolf
préfère l’appeler la «Grande
Fermeture». Selon lui, cette
expression traduirait mieux l’hypothèse
selon laquelle l’économie mondiale
s’effondrerait même si les responsables
politiques n’imposaient pas des mesures
de confinement meurtrier.
Nonobstant cela,
quel que soit le nom qu’on lui donne :
il s’agit de la plus grande crise à
laquelle le monde a été confronté depuis
la Seconde Guerre mondiale et de la plus
grande récession depuis la dépression
des années 1930. Le monde est arrivé à
ce stade de concurrence entre les
grandes puissances et à ce stade
d’incohérence aux plus hauts niveaux de
gouvernance. D’où vous voyez les banques
centrales jouer de la planche à billets
comme en 2008-2009 avec les mêmes
résultats attendus. Ainsi, entre 2001 et
2017 la dette mondiale a triplé pour
atteindre un record historique de 245 %
du PIB mondial, dont 159 % pour la seule
dette privée. Fin 2019 le Fonds
Monétaire International évaluait
son montant à 188 000 milliards de
dollars. Endettement des ménages,
endettement des entreprises, endettement
des États, nous étions déjà avant la
pandémie en présence d’une économie non
viable dopée au crédit gratuit (1).
C’est cela que les médias bourgeois
appellent des «bulles financières» sans
jamais préciser qu’elles sont les
conséquences de la crise de
surproduction et de la baisse
tendancielle du taux moyen de
profits.
https://les7duquebec.net/archives/254497
En janvier 2020, le
FMI n’avait aucune idée de ce qui allait
se produire mondialement. Aujourd’hui,
nous sommes au coeur d’un confinement
meurtrier aux conséquences considérables
sur la population et particulièrement
sur les plus démunis comme en témoignent
les révoltes populaires aux États-Unis.
Mais bien des choses restent floues.
l’incertitude concerne la manière dont
les administrateurs économiques et
politiques parviendront à se sortir du
guêpier du confinement meurtrier qu’ils
ont imposé.
Pour ce que valent
les prévisions des agences mondiales du
grand capital : le FMI suggère
maintenant que la production mondiale
par habitant se contractera de 4,2% en
2020, soit beaucoup plus que les 1,6 %
enregistrés en 2009, pendant la
précédente crise financière. En 2020,
quatre-vingt-dix pour cent (90%) de tous
les pays connaîtront une croissance
négative du produit intérieur brut réel
par habitant, contre 62% en 2009. À
cette époque la forte expansion de la
Chine a contribué à amortir le choc et à
sauver le système capitaliste.
Ces prévisions
supposent la fin du confinement
meurtrier et la reprise de la production
au cours du second semestre 2020. Si
c’est le cas, le FMI
prévoit une contraction mondiale de 3%
en 2020, suivie d’une expansion de 5,8%
en 2021 (sic). Dans les économies
avancées, la prévision est de 6,1% de
contraction en 2020, suivie d’une
expansion de 4,5% en 2021 (resic). Tout
cela n’est que conjecture visant à
calmer le jeu avant le grand krach
financier qui emportera l’économie
mondiale par le fond, tandis que les
populaces sont invitées à spéculer
à propos des masques de protection qui
n’offriront aucune protection face au
cataclysme économique et à la famine
annoncée.
Le désastre
économique qui nous attend sera
meurtrier
Le FMI
propose trois scénarios alternatifs.
Dans le premier : le confinement
meurtrier dure 50% plus longtemps que
dans le scénario de base. Dans le
deuxième : il y aurait une deuxième
vague du Covid-19, qui
justifierait selon le FMI une
reprise du confinement meurtrier. Sur
ce, le FMI n’ose spéculer à
propos de la réaction spontanée et
violente des populations affamées. Dans
le troisième : divers éléments de
l’alchimie sont combinés. Dans le cadre
d’un confinement meurtrier
prolongé, la production mondiale sera
inférieure de 3% en 2020. Avec une
deuxième vague de pandémie bidon, la
production mondiale serait inférieure de
5% à l’année précédente. Et si la
bureaucratie gouvernementale tentait
d’imposer une prolongation du
confinement meurtrier, la production
mondiale serait inférieure de près de
8% à la base de référence.
Selon cette
dernière hypothèse, en 2021, les
dépenses publiques dans les économies
avancées seraient supérieures de 10
points de pourcentage par rapport au
PIB, et la dette publique supérieure de
20 points de pourcentage par rapport à
la base de référence.
Que faire pour
gérer cette catastrophe inévitable?
L’économiste Martin Wolf propose:
«ne pas abandonner les mesures de
confinement avant d’avoir maîtrisé le
taux de mortalité, car il serait
impossible de rouvrir les économies avec
une épidémie qui ferait rage, augmentant
le nombre de morts et poussant les
systèmes de santé à l’effondrement. Même
si nous étions autorisés à reprendre le
travail, beaucoup ne le feraient pas
prophétise l’expert.» L’officier de
l’Armageddon ne semble pas capable
d’imaginer la force de mobilisation du
désespoir chez les ouvriers affamés (!)
Le spécialiste de l’Apocalypse ne
comprend pas qu’une économie effondrée
entraînera le système de santé dans sa
chute.
De Charybde en
Scylla
L’économiste ne
semble pas savoir que dans la majorité
des pays le système de santé est
déficient ou proche de l’effondrement.
Comme le hurle les pauvres, les
travailleurs temporaires, les salariés
précarisés, les ouvriers clandestins,
les surnuméraires et les CDD aux petits
salaires, les SDF, les mendiants, et
même les autoentrepreneurs itinérants :
«Le coronavirus
tue en deux semaines, la faim tue en
sept jours». Le confinement
meurtrier imposé par les États pour
soi-disant endiguer le virus crée de
nouvelles crises se superposant à celles
déjà existantes.
Si l’efficience du
confinement meurtrier n’est pas prouvée,
son corollaire est connu: il réduit,
voire rend impossible, l’économie
informelle si importante dans les pays
émergents. Ce sont donc les plus
pauvres, ceux qui vivent au jour le
jour, les vendeuses du marché à ciel
ouvert, les chauffeurs de taxi de
brousse, les travailleurs saisonniers –
agricoles notamment et les paysans à qui
le capital s’apprête à imposer la
famine. Dans le Sahel comme
partout en pays sous-développé, ce drame
est encore plus délétère puisqu’il
s’ajoute aux nombreuses difficultés
liées à la crise sécuritaire : «Hausses
des prix des denrées de première
nécessité, faible accès aux vivres des
personnes vulnérables, chute drastique
de la commercialisation des produits
maraîchers périssables, renchérissement
du transport, difficile accès aux
semences, engrais, raréfaction et cherté
de la main-d’œuvre agricole». Selon
les estimations, sans le confinement
meurtrier, 17 millions de personnes du
Sahel auraient été touchées par une
crise alimentaire et nutritionnelle.
Avec le confinement meurtrier, ce sont
plus de 50 millions de personnes qui
seront impactées.
L’expert Wolf
poursuit : «il est essentiel de se
préparer à la fin du confinement, en
créant des capacités largement
renforcées pour tester, tracer, mettre
en quarantaine et traiter les personnes…
(Des personnes que l’on ne sait pas
nourrir, même aux États-Unis, mais qu’il
faudrait secourir dans des hôpitaux
inexistants (!) Aucune dépense ne
doit maintenant être épargnée à cet
effet, ni pour investir dans la
création, la production et l’utilisation
d’un nouveau vaccin, » s’émeut le
vaillant médecin improvisé! Pour ce
vaccin, pariez que Big-Pharma
y pourvoira, non pas pour débourser,
mais pour empocher.
https://les7duquebec.net/archives/254305
Le Grand
Confinement meurtrier est un
événement mondial qui survient à point
nommé pour la bourgeoisie tétanisée face
aux mouvements populaires émergents.
L’expert poursuit: «Il est essentiel
de contribuer à la réponse sanitaire,
comme le souligne Maurice Obstfeld,
ancien économiste en chef du FMI : Il
faut accroître l’aide économique aux
pays les plus pauvres, par le biais de
l’allégement de la dette, de subventions
et de prêts bon marché», et
l’économe d’en remettre puisqu’il n’en
coûte rien d’émettre de la monnaie de
pacotille: «Une nouvelle émission
massive de droits de tirage spéciaux du
FMI, avec transfert des allocations
inutilisées aux pays les plus pauvres,
est nécessaire». Mais d’où viendront
les marchandises et les valeurs pour
crédibiliser ce capital chimérique?
« Nous ne savons
pas ce que le confinement meurtrier nous
réserve, ni comment l’économie va
réagir. Nous devons maîtriser la maladie »
implore l’économiste inconscient du
volcan sur lequel il s’épanche. «Nous
devons investir massivement dans des
systèmes de gestion de la maladie une
fois que les mesures de confinement
actuelles auront pris fin. Nous devons
dépenser tout ce qui est nécessaire pour
protéger à la fois nos populations et
notre potentiel économique. Nous devons
aider les milliards de personnes qui
vivent dans des pays qui ne peuvent pas
s’aider eux-mêmes. Nous devons surtout
nous rappeler qu’en cas de pandémie
(et surtout de confinement meurtrier),
aucun pays n’est une île. Nous ne
connaissons pas l’avenir. Mais nous
savons comment nous devons essayer de le
façonner. Le ferons-nous?»
Le grand prêtre
compatissant croit-il vraiment que ses
incantations seront entendues des
gouvernants et des ploutocrates qui
n’hésitent pas un instant à emprisonner
dans des taudis et dans des mouroirs, à
espionner et à ficher, à affamer et à
priver de travail et de revenus des
milliards de gens pauvres – innocents –
bien portants ; ces ploutocrates qui de
toute façon ne contrôlent pas les lois
de l’économie politique capitaliste?
Que faire
alors ?
Faut-il
s’interroger à propos de l’origine
asiatique ou d’Amérique du Covid-19 ?
Faut-il chercher un bouc émissaire :
Macron, Trump, Xi Jin Ping, Merkel ou
Trudeau ? Assurément non ! S’il
était aussi facile de se sortir de ces
crises économiques endémiques et de ce
confinement meurtrier que de voter pour
un nouveau larbin, on le saurait depuis
longtemps, puisque nous sommes invités à
voter futilement depuis des années. Le
confinement meurtrier offre aux
prolétaires l’opportunité de prendre
leurs distances de l’État fétiche adulé
par la petite bourgeoisie paupérisée. Il
faut cesser de compter sur l’État
fétiche des riches. Il faut le
déconstruire et ainsi désarmer les
ploutocrates et leurs laquais, abolir
leur assignation et détruire leur
fonction. Après ceci, tout un monde sera
à construire, non pas un pseudo
Nouvel ordre mondial fondé sur
les mêmes lois du capital… mais un
Nouveau Monde sans capital.

NOTES
- Le centre
de Recherche pour l’Expansion
de l’Économie et le Développement
des Entreprises, Où en sont les
dettes publique et privée dans le
monde ?, mars 2018. Kristalina
Georgieva, directrice
générale du FMI, Capital du 7
novembre 2019.
- La dévaluation
des monnaies :
https://lesakerfrancophone.fr/lillusion-du-covid-19-et-la-remise-a-zero-de-la-monnaie
- La loi
martiale pour réprimer les
travailleurs américains enragés :
https://lesakerfrancophone.fr/les-etats-unis-a-deux-doigts-de-linstauration-de-la-loi-martiale
-
https://resistance71.wordpress.com/2020/04/22/coronavirus-chiffres-gonflage-et-bidouillage-routine-pour-une-dictature-technotronique/
- Au Sahel le
confinement meurtrier :
https://fr.sputniknews.com/afrique/202004151043556426-covid-19-au-sahel-les-remedes-pires-que-le-mal/
- Des drones
pour surveiller les populations :
https://fr.sputniknews.com/maghreb/202004231043632259-des-drones-dans-le-ciel-de-plusieurs-villes-du-maroc-pour-faire-respecter-le-confinement-video/
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