Les 7 du Québec
Profits abusifs! Comment dilapider ce
fric?
Robert Bibeau
Mercredi 25 mai 2016
http://www.les7duquebec.com/...
Le journal
financier, The Economist
annonce que « les profits
sont bien trop élevés ! » et
l’économiste Marc Vandepitte
commente l’article du quotidien
londonien alors que nous analysons et
critiquons leurs commentaires (1). Un
exercice de critique de l’économie
politique capitaliste afin de comprendre
pourquoi ils sont prisonniers de leur
fric.
La désespérance de
la gauche bourgeoise
La gauche
bourgeoise n’en finit plus de
s’offusquer de ces monceaux de profits
qu’accumulent les multinationales
délocalisées qui ne paient ni impôts, ni
charges sociales sous aucune juridiction
et réclament des aides gouvernementales
et exigent que l’on réduise les services
publics et les « acquis sociaux »
(sic) arrachés par les salariés (au
passage, des « acquis sociaux » ça
n’existent pas sous le capitalisme –
n’existent que des avantages
temporairement consentis en temps de
prospérité relative et vite retranchés
quand la crise arrive). Qu’est-ce qui se
cache derrière ces marques de compassion
de la petite bourgeoisie à l’endroit de
la classe ouvrière paupérisée ? Les
« solutions » proposées par les bobos
sont-elles réalistes ou une voie
d’évitement vers un monde alternatif
utopique ? Un monde
capitaliste humaniste serait-il à portée
de leurs mains de malandrins ?
« C’est une
guerre de classes que nous vivons, et
c’est ma classe qui est en train de la
gagner », déclarait le
multimilliardaire américain Warren
Buffett (2). Pourtant, le richissime
capitaliste financier américain avait
tout faux. Sa classe hégémonique, ne
sachant nullement résoudre les
contradictions inhérentes au mode de
production capitaliste en crise
systémique, n’est pas en train de
« gagner » cette guerre de classes, mais
elle est en train de la perdre, non sans
agresser constamment la classe ouvrière.
Le seul espoir que nous chérissons,
c’est que notre classe se ressaisisse
avant de disparaitre, en même temps que
ce mode de production moribond. Ce n’est
pas sur les layons du « réformisme » que
la classe ouvrière trouvera la voie de
son émancipation.
Pour l’heure,
poursuivons la lecture de l’article du
quotidien londonien et de l’analyse
qu’en propose l’expert Marc
Vandepitte.
Le journal
The Economist écrit : « L’Amérique
était une terre d’opportunité et
d’optimisme. Maintenant, l’opportunité
semble être réservée à l’élite : deux
tiers des étatsuniens croient que
l’économie est pipée en faveur
d’intérêts particuliers (…) le retour
sur investissement des entreprises est
40% plus élevé à domicile qu’à
l’étranger (…) L’Amérique est censée
être le temple de la libre-entreprise.
Elle ne l’est pas » conclu le
scribouilleur du journal financier. Il
ajoute : « Le problème vient d’un
manque de concurrence, du fait d’une
vague de 10 000 milliards de dollars
US de fusions donnant un pouvoir
excessif à quelques oligopoles
gigantesques sur le marché boursier ».
Il note aussi que les grandes
plateformes techniques comme
Google, Facebook, Microsoft, Apple, Uber,
Alibaba, doivent être étudiées
de près : « elles peuvent bien ne pas
être encore des monopoles en
captation de rentes, mais les
investisseurs les valorisent comme si
elles allaient un jour le devenir » et
le journal financier accuse certains
actionnaires d’entreprises concurrentes
de pousser à des formes d’ententes de
non-concurrence. Suis un dossier ou
le scribe rappelle le niveau record
des profits et la concentration
grandissante d’actifs sur les marchés
boursiers. Le journal pointe aussi
l’anomalie du maintien d’un tel niveau
de profits, quand, dans l’histoire, les
pics étaient rapidement suivis d’une
forte baisse. Et c’est ici que The
Economist sort le chat du sac.
Le quotidien
londonien en appelle à plus de
concurrence et moins de règlements sur
les marchés boursiers. En effet, les
règlements bancaires internationaux
entravent les capacités, pour les
multinationales n’ayant pas leur siège
social aux États-Unis ou en Europe, de
pénétrer facilement le marché bancaire
occidental pour venir y mener la guerre
financière aux dangereux oligopoles
technologiques accaparant tout le
capital circulant et même davantage, à
savoir, du capital fictif et évanescent
(de la monnaie crédit de singe sans
valeur), une bombe à retardement déposée
sur le parquet des bourses mondiales
pleurniche le journal financier.
Détrompez-vous,
The Economist n’est pas devenu
l’organe officiel de la gauche
bourgeoise occidentale. Le journal joue
simplement son rôle de « lanceur
d’alerte » auprès de sa classe
hégémonique. D’abord, le journal
constate qu’il est plus qu’étrange que
la récession s’éternisant aux
États-Unis, comme dans tout l’Occident,
la production globale stagnant – les
profits soient de 16 pour cent sur
investissement en cette période de
récession prolongée ! D’où émane cette
plus-value transformée en profit, en
intérêt et en dividende sur
investissement puisqu’il y a de moins en
moins de placements payants ?
Viendrait-elle des opérations
d’émission d’argent, ces
Quantitative Easing, et ces
crédits bancaires que les banques
centrales et les banques secondaires
essaiment à tout vent (FED et BCE,
Banque du Japon, Banque de Chine, Banque
de Russie, etc.) ?
Il y aura
nécessairement un prix à payer quand la
bulle financière éclatera
inéluctablement pense le graphomane du
quotidien financier. Ayant capté
d’immenses valeurs capitalistiques, dont
certaines ne sont que de la monnaie de
crédit adossée à une pyramide de Ponzi,
des montages financiers de titres
toxiques dérivés (de l’emprunt sur de la
plus-value anticipée qui risque de ne
jamais se matérialiser), des millions de
porteurs seront alors jetés sur le pavé
en moins d’une journée, ce qui aura des
répercussions sur l’ensemble des marchés
boursiers et particulièrement sur les
titres manufacturiers qui seront alors
en manque de liquidité – tandis qu’ils
disposent d’une surabondance de titres
présentement – et seront coupés de leurs
marchés déjantés. Ce krach s’amorçant
aux États-Unis, les autres marchés
boursiers, ceux de Chine et de Russie
notamment, moins bien intégrés au vaste
marché financier occidental par la faute
de l’Occident qui les boycotte,
profiteront de cet avantage pour fermer
leurs marchés aux secousses sismiques
américaines et européennes. Le
boomerang financier de l’isolement se
retournera contre les boursicoteurs et
contre les « banksters » occidentaux qui
seront les premiers à casquer avertit le
quotidien financier. À contrario, les
titres manufacturiers inscrits dans les
bourses chinoises, russes, indiennes
renchériront et les monopoles
manufacturiers (producteurs de
plus-value) de ces pays « émergents » en
profiteront pour s’emparer des marchés
qui leur étaient jusqu’ici fermés.
Autant dire l’apocalypse pour l’Amérique
et pour l’alliance Atlantique.
Trop peu d’oxygène –
trop peu de profits ?
Trop peu d’oxygène
et trop peu de profits « C’est le
mantra de ces dernières années : nous
vivons au-dessus de notre condition,
nous avons creusé des trous qu’il faut à
présent combler, il n’y a pas d’argent
pour les projets, ni même pour les
acquis sociaux, etc. Pour faire
redémarrer l’économie et créer de
l’emploi, les entreprises doivent
recevoir plus d’oxygène, l’État et la
sécurité sociale doivent être
dégraissés. Il faut donc un « tax
shift » au profit des entreprises. Le
fardeau sera peut-être lourd à porter
temporairement, mais d’après ce
raisonnement si la vie économique se
porte mieux, en fin de compte c’est nous
tous, travailleurs salariés et petits
bourgeois, qui en profiterons. Voilà
l’antienne dont politiciens et
laboratoires d’idées de droite ou de
gauche nous rebattent les oreilles ».
M. Vandepitte poursuit son
allégorie « Ce n’est qu’un énorme
mensonge, la réalité est le contraire de
ce qu’ils prétendent. Actuellement les
entreprises, plus précisément les
grandes entreprises, ne manquent pas
« d’oxygène », bien au contraire elles
en ont trop, beaucoup trop même. Jamais
les profits n’ont été aussi élevés
qu’aujourd’hui. Pendant le dernier quart
de siècle, le taux de profit (3) des
entreprises aux États-Unis a grimpé de 9
à 16 %. Dans le même temps, leur part de
richesse nationale a doublé (4). En
Europe et au Japon, la tendance est
similaire » (5).
Un atout surréaliste
Selon The
Economist (…) les profits
du big bizness sont « anormalement
élevés », voire « trop élevés pour
être crédibles (6). Dans une économie
saine, la plus grande part des bénéfices
vont à de nouveaux investissements,
concurrence oblige. Mais les « mégaprofits »
actuels sont tellement importants que
les entreprises (certaines entreprises
NDLR) ne savent qu’en faire. En 2015
l’ensemble des entreprises américaines
ont réalisé des gains records de plus de
1 600 milliards de dollars US, alors
qu’elles n’ont réinvesti qu’environ 500
milliards de dollars US (7). L’an
dernier, rien qu’aux États-Unis, il y
avait donc un « excédent » de capital de
plus de 1 000 milliards de dollars US.
Au niveau mondial on évalue le surplus
de capital à 7.000 milliards de dollars
US » (8).
C’est ce que
l’économie politique marxiste appelle la
suraccumulation de capitaux. Du capital
ne parvenant plus à se valoriser c’est
du capital mort, dévalorisé, sans
valeur, qui entraine l’économie
politique capitaliste dans la chamade.
Preuve inexorable que la classe sociale
de M. Buffett n’est pas en train de
gagner sa guerre de classe au sein du
mode de production capitaliste, mais
qu’elle est en train de la perdre.
C’est ce que nous appelons le syndrome
du « Too big to survive ».
L’analyste poursuit l’apologie de la
pseudo « réussite » de la classe aux
profits invraisemblables.
« Pour vous
donner une idée, ce montant équivaut aux
revenus annuels totaux de l’Amérique du
Sud et de l’Afrique. Il équivaut aussi à
50 fois l’aide mondiale au
développement. C’est ce capital dormant,
aux côtés de l’argent sale, qui est
enfoui au Panama et dans d’autres
paradis fiscaux. Ce montant gigantesque
nous permettrait de créer des dizaines
de millions d’emplois, d’introduire la
semaine de 30 heures avec maintien du
salaire, de relever les allocations
au-dessus du seuil de pauvreté, etc.
Proportionnellement, le surplus de
capital pour la Belgique reviendrait à
quelque 100 milliards d’euros. Un
montant fabuleux dont nos ultrariches ne
savent que faire. C’est trente fois le
trou dans le budget, qu’on voudrait
récupérer aux dépens de la population
laborieuse. En France, l’excédent de
capital reviendrait à 500 milliards
d’euros, soit dix fois autant que le
plan d’économies de Hollande. D’un côté
les gens ordinaires sont de plus en plus
pressurés tandis qu’à l’autre bout
l’oligarchie accumule des fortunes dont
elle n’a que faire. C’est surréaliste !
Il n’y a pas d’argent pour les pensions,
la sécurité sociale, l’enseignement ou
les soins de santé ? C’est le contraire
qui est vrai, il y a de l’argent à la
pelle, mais il est détourné de la
population laborieuse et thésaurisée par
la couche des ultrariches. »
Qu’est-ce que
l’analyste n’a pas compris et qui le met
dans tous ses esprits ? Il est
totalement hors de propos du point de
vue du mode de production capitaliste de
générer des millions d’emplois, de
relever le salaire minimum, d’introduire
la semaine de 30 heures, ou de relever
les allocations sociales ou autres
fadaises que colportent les bobos de la
gauche en transe socialisante. Cet
analyste ne comprend rien à la loi de la
valeur, à la loi de l’équivalent
général, à la loi de la monnaie-crédit,
à la loi de la plus-value source de
profits, et à la loi de la composition
organique du capital. Toutes ces lois du
capitalisme font comprendre que les
contradictions du MPC ne peuvent le
mener qu’a dépérir, pas à une nouvelle
ère de prospérité. Ne sachant rien de
tout ceci, l’économiste cherche une voie
de sortie visant à réformer le MPC pour
le faire mieux fonctionner.
Les causes des
mégaprofits
« Grosso modo il
y a trois raisons à ce phénomène des
mégaprofits. Premièrement, le
taux d’imposition des entreprises est
systématiquement revu à la baisse, à
quoi il faut ajouter des régimes fiscaux
préférentiels pour les plus grandes
entreprises. En 1990 le taux
d’imposition aux États-Unis s’élevait à
35 % – aujourd’hui il n’est plus que de
20 % (9). En Europe et au Japon, le
recul est encore plus important (10).
Partout des voix s’élèvent pour baisser
encore ce taux d’imposition. À côté de
cela il y a l’évasion et la fraude
fiscale que nous connaissons maintenant
via les Offshores Leaks, Lux leaks,
Swiss leaks et autres Panama papers
(11). Deuxième raison : la
modération salariale. Ces quinze
dernières années, le revenu médian des
ménages étatsuniens a baissé de
7 % (12). En Europe la part des salaires
dans le PNB passait dans la même période
de 62 à 58 % (13). Salaires et profits
sont des vases communicants : plus les
salaires sont bas, plus les bénéfices
sont élevés, et inversement (14). La
troisième cause est la
formation des monopoles. Aujourd’hui 147
superentreprises contrôlent 40 % de
l’économie mondiale, et 737
« intégrateurs système » en contrôlent
jusqu’à 80 % (15). Les intégrateurs
système sont des mégaentreprises qui
contrôlent l’ensemble de la chaine de
production. Elles ont une marque
dominante, contrôlent R&D, imposent les
prix aux autres. Autour d’elles elles
organisent des grappes d’entreprises de
sous-traitance complètement subordonnées
à leurs intérêts (16). Beaucoup de
branches sectorielles évoluent de plus
en plus vers un marché de type « winner-takes-all » (le
vainqueur rafle toute la mise), qui
permet aux entreprises en question de
récolter des mégaprofits (17). Ces
bénéfices leur permettent de racheter
des sous-traitants ou des concurrents,
ce qui augmente encore le degré de
concentration. Cela boucle le cercle. »
Contrairement à ce
qu’affirme le professeur, ces trois
« causes » n’en sont pas – ce sont trois
conséquences du fonctionnement
« normal » du mode de production
capitaliste au stade impérialiste
déclinant. Le Conseil du patronat, le
président de la Chambre de commerce ou
le chef du MEDEF vous expliqueront qu’un
taux d’imposition plus élevé
découragerait la production, et la
commercialisation des marchandises
« nationales », rendrait les entreprises
« nationales » non concurrentielles et
affecterait durablement l’emploi. Même
raisonnement pour ce qui a trait aux
salaires. Des salaires plus élevés que
la concurrence internationale
entraineraient la délocalisation des
emplois vers les régions aux salaires
dévalués. Ce ne sont pas les salaires
des prolétaires occidentaux qu’il faut
relever d’argumenter le PDG
milliardaire, mais ceux des ouvriers
d’Orient où sa multinationale a
délocalisé ses usines il y a plusieurs
années pour se défausser des
salaires « trop élevés » en métropole.
Enfin, vous diront les experts
financiers, seules la constitution de
méga-oligopoles corporatifs capables de
mobiliser d’immenses ressources
financières, de générer d’immense
production et d’orienter la distribution
et la consommation de masses
« consuméristes » sont à même de faire
leur marque et de s’imposer sur les
marchés mondiaux. Sous le capitalisme
monopoliste, une firme n’est jamais trop
grosse – elle ne peut être que trop
petite pour imposer sa loi à l’État
bourgeois et à tous ses concurrents, les
absorber ou encore les éliminer. Prendre
note au passage que la monopolisation
n’entraine pas la réduction de la
concurrence, mais son exacerbation. Les
États bourgeois et les petits
capitalistes nationalistes doivent
désormais s’habituer aux guerres de
titans dans lesquelles ils n’ont que le
rôle de figurant. À l’évidence, ni le
quotidien financier The Economist
ni l’analyste Vandepitte
ne parviennent à comprendre les
mécanismes qui expliquent que dans une
économie du profit à tout prix, on se
désole d’engranger trop de profits…
il y a ici comme une antinomie. Nous y
reviendrons.
Le remède à ce
trop-plein de profits
M. Vandepitte
enchaine : « L’hebdomadaire
ultralibéral The Economist ne se
préoccupe guère des détenteurs de
capitaux qui gagnent des fortunes sur le
dos des travailleurs. Mais à ce stade la
culture de prédation est allée tellement
loin selon le journal que l’oligarchie
économique et politique risque de perdre
sa légitimité. Cela ressort par exemple
des bons scores obtenus par Donald
Trump et Bernie Sanders dans
les primaires présidentielles aux
États-Unis. Mais dans un certain nombre
de pays européens également le nombre de
votes de protestation atteint un niveau
alarmant. En outre ces mégaprofits
risquent de nous mener à une récession
de longue durée. Des capitaux dormants
sont peu avantageux pour la croissance
économique. L’approche monétaire via des
taux d’intérêt faibles et des injections
massives de liquidités sur les marchés
financiers n’a guère produit d’effet et
a déjà atteint ses limites. Une approche
différente s’impose (18).
D’aucuns
proposent tout simplement de faire
tourner davantage la planche à billets
et de donner à chaque citoyen quelques
milliers d’euros ou de dollars. On en
finirait ainsi avec la spirale
descendante de la déflation et la
demande économique redémarrerait
fortement (19). C’est totalement à
contrecourant de la politique
d’austérité actuelle que nous imposent
toutes les élites politiques. Le
problème que pose ce genre de remède,
c’est qu’il est défavorable aux marchés
financiers et qu’il doit être administré
par la Banque Centrale, lui qui
justement travaille pour les élites
financières. Pour attaquer de front la
maladie, quatre éléments au moins sont
nécessaires :
- Pour
ranimer l’immense capital dormant
aujourd’hui, il faut taxer les
millionnaires. Les revenus de cette
taxe permettront de lancer un Plan
Marshall économique et social qui va
dynamiser l’économie et soulager pas
mal de détresses sociales.
- Pour éviter
à l’avenir la création de
mégaprofits, les taux d’imposition
du capital doivent être relevés – et
de façon draconienne. Selon les
calculs, le taux d’imposition idéal
pour les très gros revenus est
autour des 80 %(20). Des régimes de
faveur comme les « rulings »(21) ou
les intérêts notionnels (22) sont à
bannir immédiatement. Il faudrait
qu’on s’attaque enfin sérieusement à
combattre l’évasion et la fraude
fiscale. Pour cela, un cadastre des
fortunes est indispensable.
- Une autre
manière de prévenir les bénéfices
excessifs est d’augmenter la masse
salariale. Pour pouvoir revenir à
des bénéfices « normaux » (23), la
masse salariale actuelle doit
augmenter d’au moins 5 %. À l’avenir
la masse salariale devra croitre
proportionnellement à la durée de
vie aussi bien qu’à l’accroissement
de la productivité.
- Une
solution structurelle et durable
n’est finalement possible qu’en
brisant la toute-puissance de ces
mégaentreprises et « intégrateurs
système ». Bon gré mal gré, nous
touchons là au cœur même de
notre système d’accumulation.»
« Les actuelles
oligarchies politiques occidentales ne
sont pas disposées à envisager pareilles
propositions. Sporadiquement elles
protestent ici ou là contre la culture
de prédation des 1 % les plus riches,
mais en général ce n’est guère que
symbolique. En réalité elles dansent sur
la musique de la haute société. Si elles
ne suivent pas, c’est elles qu’on fait
chanter, comme en Grèce l’an dernier. Il
faudra instaurer d’autres rapports de
force qui seront construits à partir
d’en bas. À cet égard nous voyons des
signes prometteurs : le mouvement autour
de Bernie Sanders, Podemos,
Nuit Debout et Syriza (?)
Dans l’élaboration de ces rapports de
force, les syndicats joueront un rôle
irremplaçable en tant que principales
organisations de la population
laborieuse. Ce n’est donc pas un hasard
si aujourd’hui ils sont la cible
d’attaques. »
Justement monsieur
l’adjudant financier, ce n’est pas une
« culture », ou une politique
volontariste de prédation que la
classe ouvrière affronte et confronte,
ce sont les lois inexorables du mode de
production capitaliste. Impossible de
faire fonctionner ce mode de production
à contrario de ses lois inéluctables. La
production de plus-value étendue est
l’objectif à atteindre en même temps que
la limite de ce système. Ce que les
statistiques publiées par The
Economist démontre c’est
qu’apparemment le système a si bien
atteint ses objectifs qu’il croule sous
sa « réussite » (trop de profit et trop
de capital à accumuler que l’on ne
parvient plus à valoriser, et
c’est justement le drame du
capitalisme). De fait, pour une part ces
profits sont bidon, c’est du capital
virtuel inscrit aux livres
inflationnistes des monnaies de singe et
du crédit virtuel qu’aucun banquier ne
pourra jamais récupérer, que peu de
particuliers, peu de manufacturiers, peu
d’États surendettés ne pourront jamais
rembourser. N’a-t-on pas ici la preuve
de la limite du mode de production basé
sur la plus-value et le profit, quand
trop de plus-value entraine
l’effondrement de la plus-value, la
non-valorisation, et donc, la
non-reproduction du capital objet de la
production des marchandises ? CQFD.
Notes
- Traduction du
néerlandais : Anne Meert pour
Investig’Action.
URL :
http://www.investigaction.net/the-economist-met-en-garde-les-profits-sont-bien-trop-eleves/
-
http://www.washingtonpost.com/blogs/plum-line/post/theres-been-class-warfare-for-the-last-20-years-and-my-class-has-won/2011/03/03/gIQApaFbAL_blog.html
- Le taux de
profit est le rapport de la
plus-value sur le capital investi
(après déduction des impôts).
- « Too much of
a good thing», in The
Economist, 26 mars 2016, p.
21-4,
http://www.economist.com/news/briefing/21695385-profits-are-too-high-america-needs-giant-dose-competition-too-much-good-thing;
‘Corporate Profits Grow and Wages
Slide’, in New York Times, 4
april 2014,
http://www.nytimes.com/2014/04/05/business/economy/corporate-profits-grow-ever-larger-as-slice-of-economy-as-wages-slide.html.
- Entre 1980 et
2013 les bénéfices des 28.000
principales entreprises sont passés
de 7,6 % à près de 10 % du produit
mondial . Financial Times, 5
janvier 2016, p. 9;
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/38587178-9824-11e5-95c7-d47aa298f769.html
- The Economist,
cit.
- Il s’agit ici
respectivement de 1.640 milliards et
536 milliards de dollars.
https://research.stlouisfed.org/fred2/series/CP;
https://research.stlouisfed.org/fred2/series/W790RC1A027NBEA.
- « Global firms
sitting on $7 trillion war chest »,
in The Telegraph, 14 augustus
2014,
http://www.telegraph.co.uk/finance/11038180/Global-firms-sitting-on-7-trillion-war-chest.html.
- « Corporate
Profits Grow and Wages Slide »,
Cit.
-
http://taxfoundation.org/article/oecd-corporate-income-tax-rates-1981-2012.
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/les-panama-papers-la-fraude-frauduleuse/
et Goeman E., « Tussen Luxleaks,
offshoreleaks, Swissleaks en
Panamapapers: Er is niets veranderd.
Niets.»,
http://www.dewereldmorgen.be/artikel/2016/04/12/tussen-luxleaks-offshoreleaks-swissleaks-en-panamapapers-er-is-niets-veranderd-niets.
-
https://research.stlouisfed.org/fred2/series/MEHOINUSA672N.
-
http://www.robert-schuman.eu/fr/questions-d-europe/0289-les-couts-salariaux-au-sein-de-la-zone-euro-une-relecture-des-divergences-de-competitivite-et;
https://www.nbb.be/doc/ts/indexation/annex13.pdf.
- Source des
graphiques : « Corporate Profits
Grow and Wages Slide », cit.
-
http://arxiv.org/PS_cache/arxiv/pdf/1107/1107.5728v2.pdf;
cf.
http://www.forbes.com/sites/bruceupbin/2011/10/22/the-147-companies-that-control-everything/.
Aujourd’hui 5 à 10 firmes contrôlent
plus de la moitié du marché mondial
dans des secteurs clés comme
l’industrie aéronautique,
l’industrie automobile,
l’informatique, l’équipement
électrique, etc. Mais dans d’autres
secteurs aussi le système
monopolistique a fortement augmenté.
Nolan P., Is China buying the
world ?, Cambridge 2012,
http://digamo.free.fr/nolan122.pdf,
p. 18-20.
- Nolan P., cit.,
p. 16-7.
- Financial
Times, 16 août 2013, p. 7;
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/4dc7ab46-0424-11e3-a8d6-00144feab7de.html#axzz2efkXFsZw.
- « Fighting the
next recession », in The
Economist, 20 février 2016, p.
14-7;
http://www.economist.com/news/briefing/21693205-policymakers-rich-economies-need-consider-some-radical-approaches-tackling-next.
- Münchau du
Financial Times le présente
ainsi : « Un largage d’hélicoptère
signifie que la BCE imprimerait et
distribuerait l’argent directement
aux citoyens. Si elle distribuait
disons, 3.000 milliards d’euros, ou
environ 10.000 € par citoyen sur
cinq ans, cela prendrait gentiment
en charge le problème de
l’inflation. Cela dynamiserait
instantanément la demande et
augmenterait l’investissement
puisque les fournisseurs auraient
augmenté leur capacité de satisfaire
ce supplément de demande. Cette
politique court-circuiterait les
gouvernements et le secteur
financier. Les marchés financiers la
haïraient. Elle ne leur rapporterait
rien. Mais qui s’en soucie ?»
Financial Times, 7 mars 2016 p.
9,
http://www.ft.com/intl/cms/s/0/71fb848e-e210-11e5-8d9b-e88a2a889797.html.
- « A True
Progressivism », in The Economist,
Special Report on World economy, 13
octobre 2012, p. 26;
http://www.economist.com/node/21564410.
Cfr. Piketty T., Saez E. &
Stantcheva S., « Taxing the 1%: Why
the top tax rate could be over
80% »,
http://www.voxeu.org/article/taxing-1-why-top-tax-rate-could-be-over-80.
- Ce qu’on appelle
les « Excess Profit Rulings » sont
une sorte de régime fiscal
privilégié qui n’impose une
entreprise que sur une partie de ses
bénéfices. C’est pourquoi en
Belgique plus de 2 milliards d’euros
sont restés exemptés, soit une perte
pour le Trésor public de 700
millions d’euros :
http://www.standaard.be/cnt/dmf20160127_02092867.
- Les intérêts
notionnels permettent à des
entreprises qui ont apporté des
fonds propres de déduire un taux
fictif de leurs bénéfices, ce qui
leur permet de payer moins d’impôts.
C’est ainsi que ces dix dernières
années 40 milliards d’impôts n’ont
pas été levés :
http://ptb.be/articles/10-ans-d-interets-notionnels-une-mesure-budgetairement-neutre-qui-deja-coute-40-milliards-d.
- Ces 50 dernières
années, le taux de profit s’élevait
en moyenne à 10 %. Ces 10 dernières
années la moyenne est de plus de
15 %. ‘Too much of a good thing’, in
The Economist, 26 mars 2016,
p. 23.
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