Les 7 du Québec
La signification de l'abstention
révolutionnaire
au cours des mascarades électorales
Robert Bibeau

Samedi 24 juin 2017 L’abstention révolutionnaire répudie la
mascarade électorale.
Dimanche,
le 18 juin 2017, la classe ouvrière de
France a posé un geste de résistance
historique. C’est à plus de 70% que la
classe a refusé de voter au deuxième
tour des élections législatives
françaises, cette mascarade électorale
que le grand capital français organise
régulièrement pour distraire la plèbe.
Une telle rupture du prolétariat d’avec
la petite-bourgeoisie organisatrice
électorale du capital et un tel rejet
massif du cirque électoral ne sont pas
le fruit du hasard et doivent être perçu
comme des gestes qui manifestent la
maturation de la conscience de la classe
qui semble avoir répondu massivement à
un mot d’ordre quasi insurrectionnel.
Certains
militent en faveur de
l’abstention électorale en
espérant servir ainsi une leçon aux
crétins parlementaires, et aux
électoralistes qui se pavanent à
l’occasion de ces parades électorales.
Sans le savoir, ceux-là affichent leur
adhésion à ce cirque que la bourgeoisie
offre régulièrement au prolétariat
puisqu’il ne constitue pas une menace à
son pouvoir hégémonique. S’il en était
autrement, la solution « Allende »
serait vite appliquée.
L’abstention révolutionnaire
n’est pas une campagne de « bouderie »
organisée par la petite-bourgeoisie afin
de démontrer au grand capital qu’il
devrait lui accorder une place dans
l’hémicycle et quelques sinécures
administratives au sein de l’appareil
d’État bourgeois. L’abstention
révolutionnaire du démocratisme
bourgeois c’est bien autre chose que
cela. Ce n’est pas un appel à mieux
camoufler l’arnaque électorale, mais le
rejet total du cirque électoral. Cela
survient au moment où la guerre de
classe se radicalise entre les deux
puissances sociales antagonistes et que
le paysage politique s’éclaircit bien
que la bourgeoisie pense – elle – qu’il
s’assombrit.
Hormis
ceci, le petit-bourgeois pourra bouder
dans son coin jusqu’au prochain scrutin…
jouant ainsi son rôle de faire valoir de
la démocratie électorale. C’est ce dont
s’entretenait à Marseille le nouveau
polichinelle de la gauche « soumise »
qui déclarait candidement «L’abstention
écrasante qui s’est exprimée aujourd’hui
a une signification politique offensive.
Notre peuple est entré dans une forme de
grève générale civique» (1).
Voilà comment si prend la go-gauche
répudiée pour parasiter le mouvement
ouvrier et proposer à ses maitres du
grand capital de récupérer le mouvement
d’abstention afin de revamper le
crétinisme parlementaire parmi la classe
ouvrière.
Qu’est-ce
qu’une « grève générale
civique » sinon une
bouderie des vaincus électoraux frustrés
de ne pas avoir reçu leur part de
strapontins et de charges
administratives rémunérées ? Si ce
n’était des médias à la solde qui
répandent ces billevesées, ce serait
simplement attristant de voir la
déconvenue de ces demandeurs d’asile
politique dans l’hémicycle. Quant à
nous, la misère réelle des ouvriers
saqués et de leurs dépendants paupérisés
a de quoi nous chagriner. Mais les
simagrées de la go-gauche ne sont que
collusion, soumission et collaboration
pour accréditer l’allégation outrancière
que la « démocratie
parlementaire » est un exercice
égalitaire et le meilleur moyen pour la
populace d’exprimer son opinion sur la
chose politique et l’actualité
financière, si l’on croit que les
larbins politiciens ont un quelconque
pouvoir dans la sphère économique, ce
qui n’est évidemment pas le cas. Les
lois de l’économie-politique capitaliste
s’appliquent et nul polichinelle
politique ne peut y contrevenir. Donald
Trump l’a appris depuis son
intronisation à la Maison-Blanche.
Macron n’aura pas cette révélation, il a
déjà donné toutes les assurances de sa
soumission et ne conserve aucune
illusion sur son pouvoir de
saltimbanque.
«
L’abstention ciblée, le vote blanc,
l’annulation citoyenne » sont
autant de manifestations de résignation,
de soumission, de collaboration à cette
immense mystification antiprolétarienne
que constitue toute mascarade électorale
populiste, depuis son apparition au
début du capitalisme (industriel et
institutionnel), jusqu’à nos jours.
Réjouissons-nous cependant, cette forme
de boycott des élections bourgeoises est
habituellement la première étape avant
le rejet définitif, juste avant que le
prolétaire (ils sont encore moins de 30%
à voter) ne réalise qu’il consent par là
à son aliénation en participant, de
pleins consentements, à ce vaudeville
ubuesque où la classe ouvrière ne peut
pas gagner sa liberté ni se désaliéner
dans le cadre de ce jeu manichéen où
tous les partis en lice acceptent les
règles du jeu politique capitaliste dont
le premier oukase est : « Le
pouvoir d’État bourgeois tu ne
renverseras pas », quand
justement, c’est La condition de la
désaliénation de notre classe sociale.
Faut-il ignorer le « système
» ?
Un
camarade pense que par
l’abstention révolutionnaire un
prolétaire « ignore le système
» et ce camarade propose de s’organiser
entre militants gauchistes « en
dehors du système »!
C’est une erreur. L’abstention
révolutionnaire, le refus de
participer au vote qui clôture toute
mascarade électorale, n’est pas un geste
passif et négatif d’isolement, mais au
contraire un geste politique offensif de
rejet – de répudiation – retirant toute
légitimité et appelant la construction
d’une alternative prolétarienne
collective. Aucune libération, aucune
désaliénation ne peut ni ne pourra être
individuelle, c’est entre autres ce qui
distingue la petite-bourgeoisie
extrémiste, parfois terroriste ou
djihadiste, des militants prolétariens
révolutionnaires. La classe
prolétarienne ne peut « ignorer
le système social » qui
l’opprime ; dans lequel elle vit et
gagne sa pitance à travers son labeur
quotidien – si l’ouvrier a la « chance »
d’avoir un emploi évidemment. Les autres
prolétaires au chômage se pressent aux
bureaux d’emplois et n’auront droit qu’à
la visite compassée des candidats
députés, qui de toute manière, ne
peuvent que passer.
Un autre
camarade écrit : « Tout le monde
souhaite que Macron réussisse, mais
personne ne dit ce qu’il doit réussir.
Alors je vais vous le dire bien que vous
le sachiez déjà, Macron doit réussir à
faire en sorte que la bourgeoisie puisse
exploiter encore plus qu’aujourd’hui le
prolétariat. » (2) De fait, un
économiste français a chiffré
précisément le montant que l’équipe
Macron devra « saigner » au prolétariat
français. Comparant les chiffres de ce
que le grand capital allemand a réussi,
notamment par l’afflux de millions de
réfugiés, à arracher récemment aux
travailleurs allemands, c’est de 25% que
le cout de la force de travail française
devra être réduit compte tenu de sa
productivité robotisée moindre qu’en
Allemagne, où la misère se répand
pourtant (3). Voilà la seule et unique
mission de l’Équipe Macron. Le reste est
carnavalesque et ne vise qu’à amuser la
galerie des petits-bourgeois politiciens
de gauche comme de droite qui pleurent
leur expulsion de l’hémicycle où de
toute manière ils n’auraient rien pu
faire pour soulager notre misère.
Et c’est
justement ce point crucial que la classe
ouvrière française semble avoir compris
ce 18 juin 2017 à Paris ; l’un ou
l’autre des candidats dans chaque
circonscription électorale c’est du
pareil au même. Le verbiage peut
différer, mais la capacité de régler la
crise économique systémique est
également partagée = nul = et ceci
concerne aussi le pion principal, le
chef de l’équipe Macron. Attendez que
les cinq années de royauté
présidentielle se soient écoulées et
vous verrez ce qu’il adviendra du
dauphin de Sarkozy et de Hollande.
L’abstention révolutionnaire
écarte une illusion et ouvre une
perspective.
L’abstention révolutionnaire
répudie définitivement ce cirque
électoral et présente l’unique
alternative. Une fois rejeter par
principe, définitivement, toute
mascarade « démocratique » électoraliste
quelle voie s’ouvre à la résistance
prolétarienne contre ces assauts
manigancés par le capital avec la
complicité de leur personnel politique
élu et non élu – bureaucratique – les
institutions régaliennes, et
l’assistance de la petite-bourgeoisie de
gauche comme de droite qui perd ainsi
son utilité de chien de garde et de
courroie de transmission, voilà le motif
de leur désespérance ? La classe
prolétarienne n’aura d’autres issues que
de mener la résistance sur les lieux où
porteront les attaques à ses conditions
de travail, son salaire et à ses
conditions de subsistance. L’usine,
l’atelier, la manufacture, le bureau, le
chantier, etc., et ensuite, le quartier,
la municipalité, la rue, l’autoroute, le
pavé, la barricade… en avant camarade
pour la grève générale illimitée,
sauvage, et sans la tutelle des
syndicats embourgeoisés.
Grève générale sauvage
illimitée.
Des
mascarades électorales la bourgeoisie en
appelle chaque fois que le prolétariat
s’affaire à défendre ses intérêts de
classe. Des grèves générales le
prolétariat devrait en appeler chaque
fois qu’il défend ses intérêts de
classe. La grève générale asphyxie le
capital, le prive de son oxygène – la
plus-value – et le mets à genoux comme
en mai-68 l’a démontré. Cependant, le
prolétariat – hors tutelle gauchiste,
communiste, marxiste-léniniste – ne
devra pas vendre son droit d’ainesse
contre un plat de « Grenelle ». Les
enjeux sociaux sont trop importants.
C’est un vieux monde démocratique
bourgeois que nous devons renverser et
un Nouveau Monde démocratique
prolétarien que nous devons ériger. On
ne fera pas cela en mettant une croix
sur un bulletin de résiliation vis-à-vis
le nom d’un pèquenot républicain
capitaliste en marche citoyenne, soumis,
communiste ou trotskiste !
L’abstention révolutionnaire,
un geste de solidarité internationale
Le grand
capital international y inclut sa
phalange franco-française, a attaqué le
gouvernement afghan, irakien, somalien
et libyen ; puis il a soutenu le coup
d’État du maréchal Sissi (le bienaimé du
dictateur Moubarak) contre le président
Morti dument élu par une large majorité
de la populace égyptienne ; puis les
troupes de la bourgeoisie française ont
tué au Mali, et en Syrie, au cri de «
Vive la démocratie électorale et
parlementaire » la quintessence
de la «vox populi» que l’humanité
bourgeoise puisse érigée. Évidemment,
pour aucune de ces interventions
militaires meurtrières l’État des
riches, ni en France ni ailleurs, n’a
daigné consulter ou même écouter la voix
populaire qui dénonçait vertement ces
massacres et ces crimes de guerre
démocratiques.
En
répudiant massivement les mascarades
électorales bourgeoises, fer-de-lance
des mimiques « démocratiques »
patentées, où le pouvoir économique des
riches lamine toute possibilité de le
confronter, la classe ouvrière française
contribue puissamment à lever le masque
de l’impudique squelette démocratique.
Tout travailleur bombardé dans les pays
du tiers-monde peut aujourd’hui
répliquer à ses agresseurs occidentaux
débonnaires venus lui imposer sa
démocratie plénipotentiaire : «
Manant militariste, assassin,
retourne à ta niche dans les pays de
l’électoralisme démocratique décadent
dont votre propre prolétariat ne veut
pas ».
Même
prolétariat international, même combat
contre l’arnaque électorale démocratique
bourgeoise.

(1)
http://lelab.europe1.fr/legislatives-melenchon-voit-dans-labstention-la-greve-generale-civique-du-peuple-francais-3364628
(2) Do.
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/pourvu-que-macron-echoue/
(3)
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/selon-le-fmi-le-risque-de-pauvrete-augmente-en-allemagne/
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