Opinion
L'énigme Donald Trump
Robert Bibeau

© Robert
Bibeau
Mercredi 23 mars 2016
http://www.les7duquebec.com/...
La guerre de classe
bat la chamade aux États-Unis d’Amérique
entre différentes factions de la classe
capitaliste. La faction Démocrate
poursuit ses mimiques « socialistes »
avec Bernie Sanders, le sénateur
de l’establishment le plus go-gauche que
puisse tolérer les membres de ce club de
parvenus, parce qu’il n’a aucune chance
de l’emporter contre la réactionnaire
féministe favorite du Parti. Sur
le flanc « gauche » de la joute
électoraliste, rien à craindre, tout
baigne dans l’huile.
C’est sur le flanc
droit du cirque électoraliste que la
guerre de classe fait rage. Un candidat,
soi-disant atypique, fait des siennes et
menace de s’emparer du poste
présidentiel, sans s’être soumis au
directoire de la faction
Républicaine – l’autre face de
la farce électorale d’alternance –. Le
candidat vedette court le marathon des
Primaires sans avoir obtenu l’aval de la
majorité de ses pairs. Mais pourquoi la
droite républicaine ne se rallie-t-elle
pas derrière le meneur des Primaires ?

Les médias « mainstream »,
à la solde des milliardaires, et la
go-gauche petite-bourgeoise à la solde
de l’État des riches, accréditent cette
bouffonnerie et hurlent à l’unisson que
c’est parce que Donald Trump est
un réactionnaire antiféministe, anti
progressiste, isolationniste, anti
musulman et néolibérale. Mais, n’est-ce
pas la posture politique du Parti
républicain depuis un siècle ? En
quoi Ted Cruz et Marco Rubio,
et les autres larbins en course pour
l’investiture, sont-ils différents ?
Aucunement, même qu’à bien des égards,
ils sont nettement plus réactionnaires,
et conservateurs, et évangélistes, et
hypocrites que le milliardaire et sa
clique. L’observateur lambda ne doit pas
se laisser berner par la campagne
médiatique ni par les hurlements de la
go-gauche petite-bourgeoise et des
féministes de service. Donald Trump
poursuit son élan vers l’investiture
républicaine parce que toute une faction
réactionnaire de la classe capitaliste
dominante appuie ce candidat. Donald
Trump n’est pas isolé, contrairement
à ce que laissent penser les
intellectuels et les journalistes
stipendiés.
La guerre fait rage
au sein du camp Républicain parce
que le candidat qui l’emportera
deviendra, au nom de sa faction,
Président des États-Unis d’Amérique. Le
principe d’alternance à la présidence
appelle un saltimbanque Républicain
pour succéder à une marionnette
Démocrate. Il y a deux siècles qu’il
en est ainsi aux États-Unis, sauf de
rares exceptions. Historiquement, la
classe dominante américaine serait-elle
dans un de ces rares moments
d’expectative où ne sachant pas faire
l’unité elle laisserait le poste
présidentiel échoir à la faction
Démocrate dont la tournée est
terminée ?
La crise économique
mondiale, qui ne fait que s’approfondir,
pourrait le laisser croire. De toute
manière ce que chacun doit savoir c’est
que les pouvoirs d’un Président des
États-Unis sont illusoires. La classe
capitaliste n’a jamais fait confiance à
un saltimbanque politique pour défendre
ses intérêts supérieurs. Si bien que la
Chambre des représentants – une clique
de riches triés sur le volet – est là
pour stopper les ardeurs d’un Président
trop frondeur. Ainsi, pour ne citer que
deux exemples, Barak Obama, malgré sa
volonté, n’a pas pu fermer la prison de
Guantanamo ni forcer Israël à céder un
pouce de terrain spolié afin de parvenir
à un traité avec l’OLP. Le Congrès s’est
chargé de l’en empêcher. Et si jamais le
congrès ne savait pas y faire, la
solution « Kennedy » demeure
l’option pour régler « l’affaire ». Pas
de quartier dans ce métier de
polichinelle déjanté.
Incidemment,
Donald Trump ne présente pas une
plateforme électorale différente de la
politique que poursuit déjà le
gouvernement des États-Unis. À titre
d’exemple, le candidat Trump
préconise que les pays impérialistes
alliés des États-Unis remboursent les
dépenses des USA quand celui-ci débourse
des sommes faramineuses pour soi-disant
les défendre, déplaçant ses flottes
d’une mer à une autre ; faisant
tonner ses drones d’un champ de bataille
à un autre ; stipendiant, armant, et
entrainant des groupes musulmans « djihadistes »
d’un front terroriste à un autre. Cette
politique du « gouvernement terroriste
payeur » est la politique du Pentagone
depuis cinquante ans. Demandez au
gouvernorat de l’Arabie Saoudite et au
Sultanat du Qatar, ils vous le diront.
L’Allemagne, l’Italie, le Japon, la
Corée et Taïwan payent pour le maintien
des bases militaires américaines dont
elles ne veulent plus sur leur sol.
Le candidat Trump s’est
rendu à la conférence-2016 de l’AIPAC
pour y proclamer son allégeance au lobby
des capitalistes vivants aux États-Unis
et qui font business avec Israël. Il fut
chaleureusement applaudi par
l’assemblée. Il faut dire que les
économies étatsuniennes et israéliennes
sont imbriquées.
Donald Trump,
et sa faction, souhaite « libéraliser »
encore davantage le marché du travail
aux États-Unis, de sorte que les
entreprises puissent réduire encore
davantage le salaire des travailleurs
étatsuniens jusqu’à les rendre
concurrentiels à ceux des ouvriers
chinois. Quel politicien Républicain ou
Démocrate ne rêve pas de voter une telle
loi ? Le candidat Trump propose
de compléter le mur de séparation à la
frontière du Mexique commencé sous le
règne de Bush et poursuivi sous le règne
d’Obama. Les riches Américains
craignent-ils de manquer de femmes de
ménage « chicanos » ? Donald Trump
propose de poursuivre la politique de
profilage racial dans la sélection des
immigrants musulmans, une mesure en
vigueur aux É.-U. depuis le 11 septembre
2001. Rien de neuf sous le soleil.
L’administration
américaine a lancé trois traités de
libre-échange (TISA,
TPP, TTIP) afin de permettre aux
multinationales américaines de faire
entrer aux États-Unis leurs marchandises
fabriquées à l’étranger. Trump ne
veut pas abolir ces traités, ils croient
pouvoir les renégocier à l’avantage de
sa faction de milliardaires. Voilà la
pomme de discorde qui segmente le front
uni capitaliste au sein du Parti
Républicain. La faction
conservatrice prétend que
les États-Unis, compte tenu de leur
situation présente, ne doivent pas
rouvrir ces contrats et laisser le tout
en l’état. Donald Trump prétend
qu’il pourrait obtenir des avantages
supplémentaires en menaçant les
multinationales concurrentes d’isoler le
marché étatsunien du reste de la
planète. L’isolationnisme est évidemment
impossible sous l’impérialisme.
Les premières multinationales qui
souffriraient de cet
isolationnisme économique seraient les
multinationales américaines qui ont
délocalisé leurs usines en Asie et en
Europe.
Cessez de
supputer. La guerre de classe fratricide
que se mènent différentes factions de la
bourgeoisie américaine durera tant que
l’un ou l’autre des candidats encore en
liste ne sera pas désigné. Sitôt la
convention républicaine terminée,
l’unité se refera autour du pugilat,
probablement Donald Trump, qui,
en bonus, bénéficiera de l’auréole du
mauvais garçon – de l’outsider – qui
seul, de ses mains nues (sic), aura
vaincu l’éléphant ploutocrate, le vieux
GOP, de quoi remonter sa cote devant
l’électorat étatsunien désabusé, anti
establishment et encore une fois
subjugué par ces simagrées, accréditées
par la go-gauche y compris les
féministes de service.
La classe
prolétarienne américaine (homme et
femme) ne doit pas se laisser berner par
les simagrées de ces épouvantails. Au
bout du compte, elle seule fera les
frais de ce ramage. Quel est le plus
abominable candidat bourgeois, et lequel
donne le change avec le plus
d’arrogance, ne constitue pas une
alternative à la résistance qu’ils
devront livrer aux assauts du capital
mondial, qui se prépare dans
l’antichambre à livrer la bataille
finale à notre classe internationale
dans des circonstances économiques,
politiques et sociales épouvantables.
Nos camarades (hommes et femmes) de
classe sauront-ils faire face ?
Références :
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/pourquoi-ils-haissent-trump/
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/trump-vers-une-convention-contestee/
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