Les 7 du Québec
Warren Buffet, le faux prophète de la
lutte des classes
Robert Bibeau

Mercredi 21 février 2018
L’assertion du milliardaire
Un jour, monsieur
Warren Buffet,
multimilliardaire américain, a déclaré
d’une voix assurée : « Il y a une
guerre des classes, c’est un fait, mais
c’est ma classe, la classe des riches
qui mène cette guerre, et nous sommes en
train de la gagner ». (1)
Monsieur Buffet avait raison à propos de
l’évidence de la lutte des classes, mais
il se fourvoie pour le reste. En effet,
la lutte des classes opposant
prolétaires et capitalistes se déroule
sous nos yeux, mais il est faux de
plastronner que la classe des riches va
la gagner. C’est plutôt le contraire qui
est assuré comme nous allons le
démontrer. Malgré l’apparente faiblesse
conjoncturelle de la classe ouvrière et
la puissance indiscutable de la classe
des hommes d’affaires, cette dernière ne
peut gagner ce duel, pas davantage que
le mode de production capitaliste ne
peut éviter de s’effondrer. Depuis
quelques semaines nous publions nombre
d’articles présentant les conditions de
cet effondrement. Il suffit de cliquer
sur ce lien pour avoir un aperçu de ce
qui s’en vient :
www.les7duquebec.com/?s=effondrement
Capitalisme et
socialisme du pareil au même
Les classes
sociales sont des forces vivantes dont
se dote un mode de production afin
d’accomplir sa mission fondamentale qui
se réduit à ceci : « assurer le
développement et la croissance de
l’espèce humaine. » Au cours de
son histoire, l’espèce humaine s’est
dotée de quatre grands modes de
production que Karl
Marx a catalogués comme suit :
le communisme primitif, l’esclavagisme,
le féodalisme et le
capitalisme. Marx a aussi prédit
qu’un cinquième mode de production
allait leur succéder, le mode de
production communiste moderne.
Marx n’a pas écrit à propos du mode de
production « socialiste ».
C’est que le mode de production « socialiste »
(sic) n’est que la forme « dirigiste –
totalitariste » du mode de production
capitaliste « libérale », ce sont les
deux faces de la même médaille, et l’on
sait ce qu’il est advenu de la forme
« socialiste – planifiée – totalitaire »
du capitalisme d’État. On peut aisément
conclure que le mode de production
capitaliste est mondialement hégémonique
ce qui laisse croire au ploutocrate
Buffet que la victoire est à
portée de main de sa classe sociale.
Les hauts
faits de Warren Buffet
L’homme d’affaires
a fait fortune (75 milliards USD en
2017) dans la spéculation boursière et
en achetant des canards boiteux, les
dépeçant puis revendant les morceaux
« dégraissés et revampés ». Évidemment,
dans le cours de ces activités le
financier a saquer de nombreux ouvriers,
congédier des cadres, fermer des usines,
rationaliser la production et exiger des
hausses de productivité afin de
rehausser la valeur de ces « cadavres
exquis » qu’il remettait sur le marché.
Aucune critique à lui faire à ce propos.
Le milliardaire applique ainsi les lois
inaltérables du mode de production
capitaliste, dont la devise se lit comme
suit : « ne survive que les
meilleurs, les plus productifs, les plus
profitables ». Ce faisant, en
détruisant des emplois, le redresseur de
canards boiteux, sauvait des emplois
pensez-vous. Ce qu’il faut savoir c’est
que le marché mondial a horreur du vide,
et si une usine produisant des
marchandises vendables et rentables
ferme ses portes, une autre usine,
ailleurs dans le monde, augmentera sa
production et créera des emplois afin de
s’emparer de ce marché laissé vacant.
Donc, la véritable question à se poser à
propos d’une entreprise en faillite
c’est : « produit-elle des
marchandises convoitées par le marché et
à prix réduit ? »
La go-gauche envie
les milliardaires et rêve du
«capitalisme à visage humain»
C’est ici que nous
interpelons la go-gauche. Pourquoi faire
grief à ce biznessman qui remplit son
rôle d’exterminateur de
sous-productivité et de gaspillage
éhonté; radiateur de sous-emplois
inutiles, souvent sous-payés; pourquoi
critiquer un capitaine d’industrie
redresseur d’entreprises ? Depuis un
siècle, la go-gauche, toutes sectes
confondues, rêve d’un « capitalisme
à visage humain », d’un
capitalisme réformé, où le partage de la
richesse serait jovial et équitable. Le
multimilliardaire Warren Buffet a
compris que tout cela ne correspond pas
aux lois de l’économie politique
capitaliste et qu’un régime capitalo-socialiste
entrainerait l’effondrement du mode de
production capitaliste, comme le camp
socialo-capitaliste- soviétique l’a
démontré il n’y a pas si longtemps.
Par contre, ce que
Warren Buffet ignore c’est que
ces régimes socialistes ayant fleuri en
Europe de l’Est, en Asie, en Afrique et
en Amérique latine, entre 1917 et 1995
environ, ne sont pas des créations de la
classe ouvrière à laquelle s’adresse
l’homme d’affaires dans son exvoto. Ce
qui m’éprend le redresseur d’entreprises
c’est que capitalisme et socialisme
sont les deux faces de la même médaille
qui ne pend pas au cou du prolétariat.
Et la guerre que se mènent les deux
factions de la bourgeoisie, celle de
gauche (socialiste, pseudo communiste et
autres sectes gauchistes réformistes) et
celle de droite (démocrate, républicain,
libéral, conservateur et autres
droitistes) est une guerre au sein de la
classe des riches scindée en factions
comme on a pu le constater lors du
dernier sommet sur la guerre à Munich et
qui les mènera à une nouvelle guerre
mondiale meurtrière (2).
Admettons que la
classe prolétarienne, ne possédant aucun
pouvoir politique, et bien peu de
pouvoir économique dans cette société
capitaliste, assiste en dilettante à
cette confrontation interpuissances sur
laquelle elle n’a aucune prise, mais
dont elle fera les frais, elle le sait.
Bref, la classe prolétarienne ne pourra
empêcher cette guerre nucléaire
mortifère qui pointe à l’horizon, et que
la nouvelle politique militaire
américaine ne fait qu’accentuer (3).
Mais alors
direz-vous, Monsieur Buffet se
trompe en prétendant qu’une lutte de
classe se déchaine ? Il ne se trompe
nullement. Le financier expérimenté voit
loin et il perçoit que le pouvoir
(économique, politique, idéologique) de
sa caste est immense et que la populace
se dirige là où on lui ordonne. Ainsi,
sa classe a déjoué tout le monde en 2016
et elle a placé un « mondialiste
va-t-en-guerre agressif » à la
Maison-Blanche après l’avoir présenté
frauduleusement comme un populiste,
isolationniste et pacifiste, fourberie
que nous avions éventée (4). Le pire
c’est que Warren Buffet croit
vraiment que sa classe a berné les
ouvriers. Il n’en est rien. Il y a
longtemps que la classe ouvrière
américaine a fait son deuil des
mascarades électorales bourgeoises.
C’est la bourgeoisie, la
petite-bourgeoisie pléthorique, le
sous-prolétariat en croissance, et les
retraités qui votent au carnaval
électoral. Les ouvriers ont refusé de
voter à 60 pour cent et ils attendent
leur heure pour se manifester. La classe
ouvrière, expérimentée, a appris à ne
pas s’exposer à la répression policière,
militaire, et judiciaire de façon
précipitée, c’est-à-dire, avant que les
conditions de l’insurrection puis de la
révolution ne soient réunies, car alors
des milliers d’ouvriers risqueraient d’y
rester : Commune, Révolution russe,
révolte allemande, hongroise, guerre
d’Espagne, soulèvement chilien,
répression indonésienne, les
exemples ne manquent pas.
Sous le lustre
scintillant
Il est vrai que
présentement tout indique que la classe
capitaliste (la classe des riches)
semble toute puissante et que rien ne
parait pouvoir entraver son hégémonie.
C’est leur système économique, fondement
de leur pouvoir politique qui les
entrainera au fond des abysses, et ils
le savent, le saviez-vous ? Les
financiers et leurs politiciens
stipendiés comprennent bien qu’avec
226 000 milliards USD de dettes
souveraines ça ne peut plus durer (5).
Les boursicoteurs et les banquiers,
comprennent bien que le Dow-Jones
à 25 259 points, en hausse de 20 000
points depuis 2008, ce ne sont pas un ou
deux secteurs qui sont sous bulles
spéculatives, c’est le marché boursier
en entier, ce qui signifie que le jour
de l’éclatement de la bulle, le jour où
le premier chacal financier s’élancera
pour une prise de profit, tout le
système s’effondrera, car il n’y aura
pas de secteurs de repli, les premiers
encaisseront un immense profit illusoire
– à quoi bon détenir mille-milliards de
capitaux quand le capital ne vaut plus
rien ? – et les autres aussi seront
floués dans cette pyramide de Ponzi
qu’est devenue le marché financier. La
seule et unique préoccupation qui
devrait tarauder les ouvriers ce sont
les larbins politiciens ; parviendront
nous à les empêchés de déclencher l’Amaguédon
nucléaire suite de l’Apocalypse
financier ? Warren Buffet
vainqueur de quoi au juste ?

NOTES
-
https://fr.wikipedia.org/wiki/Warren_Buffett
-
http://www.rfi.fr/europe/20170216-conference-munich-europeens-otan-politique-etrangere-trump-etats-unis-securite-rex-t
-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-nouvelle-politique-militaire-des-etats-unis-attention-danger/
- Quelques-uns
des 100 articles portant sur Trump
entre 2016 et 2018
http://www.les7duquebec.com/?s=trump
- « L’ensemble
des dettes accumulées dans le monde
représente désormais 226.000
milliards de dollars (192.000
milliards d’euros), un montant
record qui équivaut à plus de trois
fois l’activité économique annuelle
de la planète »
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs/la-meteorite-de-l-hyperinflation-fonce-sur-la-planete/
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