Opinion
Manifeste contre le féminisme réformiste
Robert Bibeau

© Robert
Bibeau
Mercredi 16 mars 2016
http://www.les7duquebec.com/...
Le féminisme
est une tendance politique réformiste
Le féminisme est une tendance
politique réformiste petite-bourgeoise,
sans perspective révolutionnaire,
dissimulant ses desseins réactionnaires
sous couvert de soi-disant promouvoir la
« libération de la femme ». Le féminisme
divise la classe prolétaire sur une base
sexiste grégaire. Il ne peut y avoir de
libération des femmes prolétariennes
sans libération de la classe
prolétarienne de l’esclavage salariée et
de ses conditions d’aliénées.
Sous le mode de production
capitaliste, la main-d’œuvre est une
marchandise comme une autre, et comme
toute marchandise elle s’achète et se
vend à sa valeur moyenne. La valeur
sociale de la marchandise main-d’œuvre
est fonction de quelques paramètres dont
le prix de sa reproduction sociale, ce
qui comprend le cout des aliments, des
vêtements, du logement, des soins de
santé, et des frais d’éducation et de
formation.
Au début du capitalisme, au moment où
la mécanisation, la robotisation,
l’informatisation et la taylorisation
des postes de production étaient
rudimentaires ou inexistantes, la force
de travail physique était requise pour
accomplir de nombreuses tâches de
fabrication. Pour ce motif
anthropologique, la force de travail
masculine était recherchée. Lors des
grandes guerres mondiales, la force de
travail masculine étant réquisitionnée
pour s’entretuer sur les champs de
bataille, les capitalistes furent
contraints d’embaucher de la force de
travail féminine. Pas d’autres
alternatives que de chercher à mécaniser
les postes de travail afin d’alléger les
tâches. Après la guerre, quand les
hommes revinrent en usines, la
mécanisation amorcée se poursuivit, les
capitalistes appréciant que la
mécanisation – la robotisation – la
taylorisation et plus tard
l’informatisation – des postes de
travail améliorent la productivité et la
profitabilité.
Cependant, la mécanisation –
l’informatisation n’allait pas sans
formation plus poussée d’une
main-d’œuvre de plus en plus
spécialisée. Moins d’ouvriers embauchés,
mais des ouvriers mieux formés, donc
plus chers à produire et à acheter.
Pire, la spécialisation et le
perfectionnement grandissant d’une
main-d’œuvre mieux qualifiée réduisaient
d’autant l’offre d’esclaves salariés,
créant des conditions favorables à
l’augmentation des salaires pour toute
la classe. Le capital ne se compta pas
pour battu et il entreprit aussitôt de
diversifier son approvisionnement en
main-d’œuvre spécialisée. Deux sources
de force de travail concurrentes
s’ouvraient au capital,
l’immigration professionnelle
et la féminisation
professionnelle. Les emplois
non traditionnels furent promus par les
féministes syndicalistes, par les ONG
subventionnées, par les intellectuels
petits-bourgeois et par la go-gauche au
service du patronat, friand de
main-d’œuvre abondante, bon marché,
pouvant accroitre la concurrence entre
ouvrières et ouvriers « machos »,
prétendent les féministes de service.
Afin de libérer davantage de forces
productives pour les entreprises, l’État
bourgeois « libéra » la femme des
contraintes anthropologiques de la
procréation par la contraception et
l’avortement libre, gratuit et sur
demande.

Concordance
de deux tendances économiques
Parallèlement à l’entrée des femmes
dans les ateliers, les sweat shops, les
manufactures, les bureaux, les
laboratoires et les institutions,
l’inflation et l’augmentation du cout de
la vie rendirent nécessaire le cumul de
deux salaires dans les foyers d’ouvriers
paupérisés. Fini les temps anciens où un
ouvrier pouvait subvenir aux besoins de
la maisonnée. La modernité capitaliste
exige que les deux conjoints – esclaves
salariés – courent bosser toute la
journée, cumulant parfois deux emplois
chacun, sous les hourras des féministes
de service. La famille devint une tare
que tous ne pouvaient se payer. Qu’à
cela ne tienne, justement, la
« libération » féministe appelait la
castration des époux et la fin des
conjoints, une valeur ringarde et
antibourgeoise. Sous les coups du labeur
prolétarisé, généralisé, la famille
monoparentale devient la norme et le
symbole de la dégénérescence des mœurs
petites-bourgeoises d’une fin d’époque
délurée. Les féministes, ardemment
soutenues par les médias « mainstream »,
par l’État bourgeois et par la go-gauche
éplorée obtinrent des facilités de
garderies et des services pour les
couples qui s’acharnaient à procréer
malgré les difficultés. Plus aucun motif
de ne pas s’échiner dix heures par jour,
le samedi et le dimanche si requis pour
celles et ceux qui souhaitaient grimper
l’escalier de l’esclavage salarié.
Aucune limite à l’expropriation de la
plus-value, orchestrée par le capital,
soutenue par l’État des riches et les
féministes de service.
La femme plus éduquée et mieux formée
fournit aujourd’hui une force de travail
plus cher à produire et à reproduire,
son salaire a donc tendance à augmenter
en vertu de la loi capitaliste de la
valeur. L’équité est atteinte et bientôt
les filles plus éduquées gagneront
davantage que les garçons « dropout ».
La justice féministe s’étend à toute la
classe prolétarienne et parmi les
dizaines de millions de chômeurs que
comptent les États-Unis, et parmi les
centaines de milliers de saqués que
compte le Canada, il y a autant de
prolétaires féminines que d’esclaves
salariés masculins.
L’équité de
la misère populaire
Comme résultat de cette évolution de
la production capitaliste, la force de
travail féminine se vend de plus en plus
à sa valeur de reproduction ce qui
permet à l’esclave salariée féminine de
contribuer aux nécessités du foyer
exsangue, endetté, malgré le cumul des
revenus parentaux anémiés. Les
féministes petites-bourgeoises clament
la « libération » de la femme qui,
enfin, peut accéder aux postes dans
l’armée pour tuer et se faire tuer ;
peut laisser son foyer pour aller
s’éreinter dans la sweat shop du
quartier, devenir matrone de prison ou
flic de profession pour matraquer les
manifestantes sans discrimination ;
patronne responsable de saquer les
malpayées ; infirmière aux horaires
précaires ; enseignante en burnout ;
conducteur de camion de jour comme de
nuit ; plombier sur les chantiers de
construction délabrés ; juge,
responsable d’emprisonner les
manifestantes féministes agitées ;
député charger de voter les lois
matraques, d’enfumer les payeurs de
taxes, d’entériner les subventions et
les déductions fiscales
généreusement octroyées aux entreprises
milliardaires dissimulées dans les
paradis fiscaux, où une femme présidence
orchestre la danse des millions.
Bienvenue au paradis capitaliste des
féministes de service.
Le féminisme
et la crise économique systémique du
capitalisme
Selon madame Christine Lagarde,
Présidente du FMI, l’une des dirigeantes
de l’oligarchie féministe
internationale, face à la crise
économique du capitalisme le dernier
levier restant, à l’économie mondiale
pour s’en sortir, serait de mettre les
femmes des « sociétés traditionnelles »
(les pays émergents) sur le marché du
travail pour en faire des esclaves
salariées paupérisées et aliénées au
même titre que leurs camarades des pays
industrialisés et que leurs compagnons
de misère.
Effectivement, le mode de production
capitaliste pour survivre est tenu
d’harnacher toutes les forces
productives qu’il est assez large pour
contenir, afin de leur faire produire de
la plus-value qu’il lui faudra ensuite
réaliser, c’est-à-dire faire consommer
par les mêmes esclaves salariés, pour la
réinvestir et pour produire d’autre
plus-value remplie de profits, et ainsi
de suite. Sortant du mode de production
féodale, le mode de production
capitaliste a d’abord soumis – exploité
– la force de travail animale masculine
– laissant à la femme le rôle d’assurer
la reproduction de la force de travail
générale (reproduction biologique, mais
aussi reproduction sociale). Les besoins
des autres « animaux » salariés en
devenir (femmes et enfants) étaient
assurés pour une part par le salaire de
l’ouvrier spolié, et pour une autre part
par les services sociaux fournis par
l’État, qui en Occident sera appelé
« providentiel » par les féministes et
la gauche bourgeoise.
Le mode de production capitaliste
évoluant en se détériorant – composition
organique du capital en hausse et baisse
tendancielle du taux de profit moyen –
il a besoin d’un second souffle, que
Christine Lagarde et les féministes de
service ont trouvé chez les femmes
prolétaires des pays sous-développés qui
ont le droit – le devoir aurait-elle pu
écrire – d’être exploitées et aliénées
comme les prolétaires masculins et comme
leurs camarades des pays avancés. Choses
en cours de réalisation, ce qui marque
le dernier chapitre de l’expansion du
mode de production capitaliste sur la
Terre tout entière.
Il ne peut y avoir de libération des
femmes prolétariennes sans libération de
la classe prolétarienne de l’esclavage
salariée et de ses conditions
d’aliénées. La libération de la classe
prolétarienne sera l’œuvre de la classe
prolétarienne elle-même. Comme le mode
de production capitaliste est globalisé
et mondialisé, la classe prolétarienne
est internationalisée et elle renversera
l’impérialisme déclinant dans le monde
entier, abolissant l’État bourgeois,
l’esclavage salarié et l’aliénation de
classe mondialement. C’en sera terminée
de l’oppression de la femme.
ANNEXE
Les statistiques du « marché
» des travailleurs et travailleuses
salariées au Québec
À l’occasion de la Journée
internationale de la femme (8 mars
2016), l’Institut de la
statistique du Québec
publie un portrait du marché du travail
et de certaines conditions de travail
des Québécoises à partir des données de
l’Enquête sur la population active.
Les transformations observées sur le
marché du travail se sont faites dans un
contexte où les femmes ont accru
grandement leur niveau de scolarité
en dépassant même les hommes.
Par conséquent, elles sont devenues de
plus en plus actives et leur nombre
d’emplois a augmenté pour se rapprocher
de celui des hommes. Quant aux
obligations familiales, elles n’ont pas
freiné l’accès au marché du travail des
mères (…) Les femmes
n’apparaissent pas être plus affectées
que les hommes par le chômage
(…) La croissance de l’emploi des femmes
au cours des 35 dernières années s’est
donc faite essentiellement dans l’emploi
à temps plein. En outre, les femmes
occupent plus souvent des emplois
permanents que temporaires. On constate
que les femmes sont de plus en plus
présentes dans le secteur des services à
la faveur de la tertiarisation
de l’économie. C’est en grande
partie dans le secteur privé que ces
dernières ont investi le marché du
travail. Ces dernières
détiennent près de la moitié de
l’ensemble de l’emploi en 2015
comparativement à moins de 40 % il y a
35 ans. Les travailleurs ont aussi
vu leur taux de scolarité supérieure
s’accroitre de façon importante au cours
de la période, mais ils
demeurent moins scolarisés que les
travailleuses. Ces dernières
apparaissent, depuis un certain nombre
d’années, moins touchées par le chômage.
En 2015, on compte environ 100 000
cumulards chez les travailleuses. Ces
dernières ont ainsi dépassé les
travailleurs à ce chapitre. Les
longues heures de travail (plus de 40
heures par semaine) sont peu observées
chez les travailleuses salariées (du
rattrapage est à prévoir de ce côté pour
une plus grande équité dans
l’exploitation salariée. NDLR).
Références
http://www.les7duquebec.com/7-dailleurs-invites/femmes-et-travail-cest-50-50/
http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/travail-remuneration/annuaire-v12.pdf
Annuaire québécois des statistiques
du travail, 2005-2015. 2 mars 2016
Le sommaire de Robert Bibeau
Les dernières mises à jour

|