Opinion
Qui est coupable, Lénine ou Staline ?
Peu importe, si le prolétariat l’emporte
Robert Bibeau

© Robert
Bibeau
Mercredi 9 mars 2016
http://www.les7duquebec.com/...
Le
scripteur idéaliste, dogmatique et
sectaire, suscite des querelles qui
n’intéressent que ses coreligionnaires.
L’intellectuel idéaliste regarde le
monde à l’envers, cul par-dessus tête.
Au lieu d’observer la réalité telle
qu’elle se présente, puis de la
synthétiser afin de l’expliquer et de la
faire comprendre, l’intellectuel
dogmatique amorce son investigation en
lisant les « saintes Écritures
marxistes », et les écrits bolchéviques,
et d’autres sources littéraires ayant
reçu « l’imprimatur » de sa clique
sectaire, et il tente ensuite d’en
trouver les concordances dans le monde
en mouvance.
Il
faut noter que les bolchéviques n’ont
pas agi de la sorte. Étant donné qu’en
1917, ils étaient à la direction d’une
révolution, à la tête d’un gouvernement
au pouvoir, ils ont été contraints de
prendre des décisions pratiques et
d’appliquer ces décisions. Ensuite, les
bolchéviques ont cherché à justifier
théoriquement leurs décisions, quitte à
falsifier, ou à réinterpréter, les
« saintes Écritures marxistes ». C’est
ainsi que les bolchéviques ont prouvé,
une fois de plus, que le mouvement
précède la conscience et jamais
l’inverse.
De nos
jours, quel intérêt y a-t-il pour un
ouvrier d’usine à débattre de la
culpabilité de Lénine, de Staline, de
Boukharine, de Trotski, ou des autres
bolchéviques à propos de la primauté
de l’industrie lourde – productrice des
moyens de production – sur l’industrie
légère, productrice des biens de
consommation ? Pour la classe
ouvrière révolutionnaire, ce procès
d’intention n’a aucun intérêt. Ils sont
tous coupables sans exception.
Cependant, leur culpabilité n’est pas
d’avoir fausser les « saintes Écritures
marxistes ». Marx n’a rien écrit à
propos du drame russo-bolchévique en
Union Soviétique. Leur culpabilité est
d’avoir pensé, puis laissé entendre, que
la société tsariste arriérée, féodale,
paysanne, rurale, chauvine, pouvait
accoucher de la société prolétarienne
moderne, urbaine, industrialisée,
hautement mécanisée, informatisée,
internationaliste, communiste et sans
classes sociales, en esquivant l’étape
nécessaire de la société capitaliste,
industrielle, urbaine et bourgeoise,
incontournable en Russie comme dans tout
autre pays.
La
conscience succède au mouvement, et Marx
n’ayant nullement vécu le mouvement
révolutionnaire anti-tsariste n’a pas pu
l’interpréter. Ce que Marx, le
scientifique, a été capable de décrypter
ce sont les indices, les mouvements,
déjà présents au sein du mode de
production capitaliste de l’Angleterre
du XIXe siècle, qui préfiguraient ce que
serait le mode de production capitaliste
à son apogée, au moment où il
engloberait la Terre tout entière. Ce
n’est pas une mince prouesse que d’avoir
réussi à déchiffrer les indices
économiques, politiques et financiers
pour en dégager la vision complète et
achevée du mode de production
capitaliste exposée dans « Das Kapital ».
Cependant, Marx n’a pas pu traiter de la
question de la révolution
sociale-démocrate – « prolétarienne » –
dans un pays féodal, agraire, paysan,
analphabète, au prolétariat anémique.
Aujourd’hui, ce qui est essentiel pour
la classe prolétarienne moderne c’est de
reconnaitre que le passage direct du
mode de production féodale au mode de
production communiste est impossible et
que la Révolution bolchévique, la
révolution de Démocratie nouvelle en
Chine et toutes les autres révolutions
du XXe siècle ont été des révolutions
bourgeoises pour l’accession de ces
sociétés féodales, ou quasi féodales, au
mode de production capitaliste
industriel urbain (MPC) et qu’il ne
pouvait en être autrement.
Pour
revenir à la question de la primauté
de l’industrie lourde (secteur 1),
il est indubitable que l’accumulation
capitaliste nécessite le développement
prioritaire de ce secteur industriel
afin de développer ensuite le secteur 2,
le secteur de la production des biens et
des services de consommation courants.
Staline, en habile tacticien, a mis ce
principe en pratique et en 20 ans à
peine, le Parti bolchévique a préparé la
Russie soviétique capitaliste à
affronter l’impérialisme allemand.
Staline, à la tête du parti bolchévique,
partant de la féodalité tsariste menant
à la modernité capitaliste industrielle
a dirigé l’édification du capitalisme
monopoliste d’État soviétique. Est-ce
que cette prouesse d’économie politique
tient d’abord à l’intuition de Lénine,
de Boukharine et au groupe des
bolchéviques que Staline a su
diriger mieux que Trotski ? Je laisse le
soin aux historiens de débattre de cette
« énigme ».
Pour
l’heure, le seul point qui importe pour
la classe prolétarienne, c’est de
profiter des conditions créer par la
guerre de classe sur le front
économique, de la crise systémique qui
est en train de faire imploser le mode
de production capitaliste, pour réaliser
une première véritable révolution
prolétarienne communiste.
À
lire : Manifeste du Parti Ouvrier (2014)
Éditions Publibook. Paris.
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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