Opinion
La crise économique systémique
démystifiée (2)
Robert Bibeau
Mercredi 8 octobre 2014
La première partie de ce texte a été
publié sur :
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/contradictions-dans-la-reproduction-du-capital-1/
Le paradoxe du mode de production
capitaliste
Le paradoxe
provient du fait que l’économie «
souffre » d’une sous-consommation
relative. Il y a capacité de produire de
plus en plus de marchandises (biens et
services), en variétés et en quantités
illimitées, avec de moins en moins de
force de travail par unité produite.
Plus le système capitaliste produit
massivement et à bon compte, plus il
éprouve des difficultés à tout vendre,
bien que les besoins les plus
élémentaires de milliards d’êtres
humains ne soient jamais satisfaits.
C’est que le but de la production
capitaliste n’est pas de satisfaire les
besoins des humains, mais de satisfaire
les besoins des actionnaires. Les êtres
humains pauvres ou semi-pauvres,
salariés, n’ont pas assez d’argent pour
acheter, consommer et ainsi concrétiser
la plus-value et le profit.
Pire, à ce premier
paradoxe s’ajoute un second à savoir que
le capitaliste dans sa quête de profits
maximums est amené à réduire les coûts
salariaux, mais paradoxalement moins le
produit coûte cher en salaire, et moins
il est profitable pour le capitaliste,
application mécanique de la loi de la
hausse de la composition organique du
capital, avec pour corollaire, une
baisse tendancielle du taux de profit
(Cc/Cv).
Bref, le
capitaliste ne trouve aucun avantage à
produire davantage. C’est ici que
l’apparition du
capital financier et boursier –
fusion du capital industriel productif
et du capital bancaire parasitaire est
apparue comme la panacée permettant aux
capitalistes financiers – aux rentiers –
aux créanciers – de poursuivre leur
accaparement du capital, leur
accumulation futile et stérile puisque
ne reposant sur aucune valeur mercantile
réelle et utile jusqu’à l’éclatement de
la bulle spéculative. Du capital
bancaire et boursier, cette immensité du
crédit,
non adossé à des marchandises
tangibles et concrètes n’a pas de
véritable valeur commerciale. Ce n’est
qu’un immense nuage spéculatif (160 000
milliards de produits dérivés inscrits
en bourse dit-on dans le New York
Times) qui n’est que valeur de
pacotille que l’on a vu s’évaporer lors
du dernier krach boursier et que l’on
verra bientôt se transformer en fumée
lors du prochain krach financier (11).
La contradiction antagoniste
On le constate, il
ne s’agit pas de disproportions
quantitatives entre branches de
production différentes dues à
l’aveuglement anarchique des producteurs
privés ou publics (corporations
étatiques capitalistes comprises). Ce
n’est pas non plus qu’il se produit trop
de valeurs d’usage, puisque l’ensemble
des besoins sociaux n’est jamais
satisfait. C’est que le système produit
trop de valeurs d’usage dans un système
économico-social qui ne les reconnaît
que comme valeurs d’échange marchand. Le
système produit trop de marchandises
sous forme de valeurs d’échange, c’est à
dire des marchandises prétendant se
vendre à un prix réalisant une
plus-value. C’est cette plus-value qui,
se posant en capital additionnel
(virtuel), est le nœud du paradoxe entre
surproduction et sous-consommation
spécifique au capitalisme.
Envisagez ici que
la vente et la consommation des
marchandises, sous leurs différentes
formes (biens et services) n’est que la
façon pour les capitalistes de récupérer
l’entière valeur marchande des produits,
portion travail (salaire) et portion
surtravail (plus-value).
La contradiction
fondamentale du mode de production
capitaliste repose sur l’inadéquation
des
rapports sociaux de production
(privé, bourgeois) et du développement
de la force de travail et des
forces productives (collectives).
Une vérité fondamentale révélée par Marx
et que les économistes pseudo marxistes
ont totalement oublié, nié ou travestis,
préférant stigmatiser l’iniquité dans la
répartition de la richesse qui n’est
qu’une conséquence de la précédente.
Pour résoudre l’injuste distribution des
ressources, il faut d’abord
résoudre l’injuste appropriation
des moyens de les produire. Il faut
mettre fin à l’exploitation privée du
travail. Il faut cesser l’appropriation
du surtravail et l’expropriation privées
de la plus-value. Il faut abolir le
salariat, la plus-value et le profit, et
abolir l’État qui a pour mission de
maintenir autoritairement en place cette
superstructure catastrophique (12).
Trop de moyens de production à exploiter
On introduit ici
dans l’analyse des crises une
détermination concrète supplémentaire et
fondamentale par rapport au schéma le
plus abstrait de l’échange marchand,
M-A-M (Marchandise-Argent-Marchandise),
auquel nous en étions restés
précédemment. C’est celle de l’échange
pour l’argent, A-M-A, qui devient
nécessairement échange pour
l’accroissement de l’argent, A-M-A’
(sinon autant ne pas risquer A dans des
investissements périlleux), via le
commerce mercantile d’abord ; puis dans
le mode de production capitaliste par le
moyen de l’extorsion de travail non payé
(la
plus-value), différence entre la
quantité de travail social fournie par
l’ouvrier et celle dont il reçoit
l’équivalent sous forme de salaire.
Cette plus-value apparaît concrètement,
on le sait, sous les formes du profit.
Et le taux de profit, ou le taux
d’exploitation, rapport de la plus-value
au capital engagé (noté Pl/C), s’établit
comme « la force motrice de la
production capitaliste et on n’y produit
que ce qui peut être produit avec profit.
» Tout ceci est assez connu (quoique
travesti et mésinterprété par les
économistes pseudo-marxistes). Il en
ressort évidemment que
si le profit s’effondre la production
aussi. La crise apparaît dès lors
toujours comme effondrement de la
production et du profit, ce qui est la
même chose s’agissant d’une production
de (pour le) profit (13).
Marx résume très
bien la relativité du phénomène : «
On ne produit pas trop de subsistances
proportionnellement à la population
existante. Au contraire. On en produit
trop peu pour satisfaire décemment et
humainement la masse de la population.
Mais on produit périodiquement
trop de moyens de travail et de
subsistances pour pouvoir les faire
fonctionner comme moyens d’exploitation
des ouvriers à un certain taux de profit…
» (14)
Ainsi, dans le
phénomène de sous-consommation, ou de
surproduction,
la
mystification consiste à éluder cet
objectif de la production capitaliste
:
le profit. On occulte alors que la
surproduction est uniquement celle de
marchandises (valeur d’échange) qui ne
peuvent pas être vendues avec profit
maximum, réalisant ainsi une plus-value
maximale, étant donné la quantité de
travail non payé qu’elles contiennent.
Sous le mode de production capitaliste,
on préférera détruire les marchandises
plutôt que de les donner, car alors on
épuise le marché. Attention cependant,
dans une société capitaliste,
nationalisé une entreprise, ou une
banque ne constitue pas une
socialisation des moyens de production,
d’échanges et de communication. Il
s’agit tout au plus d’une prise en
charge étatique d’un canard boiteux
capitaliste, ou la prise en charge d’une
mission de reproduction de la force de
travail destinée au capital.
Impossible de reproduire sans détruire
du capital
La disproportion
entre production et consommation sociale
se résume ainsi : l’unité inévitable
production-consommation ne peut se
réaliser sous le capitalisme que dans la
détermination ultime de ce système, soit
la profitabilité privée.
Production et consommation sont les deux
faces de la même médaille que l’on
appelle le procès de
valorisation-reproduction du capital.
Mais si on considère qu’il s’agit non
pas de production en général, mais de
production de plus-value, laquelle est
accaparée par le capital privé et vient
s’ajouter au capital initial, reproduit
pour s’incorporer à un nouveau cycle de
valorisation-reproduction-accumulation.
On constate que ce procès n’est pas
destiné à la consommation en soi, pour
satisfaire les besoins des êtres
humains, mais qu’il
est procès de reproduction
sociale élargie, tout comme l’animal
humain n’accumule pas pour le plaisir
d’accumuler, mais il produit et accumule
des biens de consommation afin d’assurer
sa reproduction élargie (sa descendance,
assurance de sa pérennité sociale). Le
mode de production capitaliste, en tant
qu’organisme vivant, n’est pas
différent. Il tente de se reproduire
pour sa postérité. Le problème est que
par sa nature (génétique pourrait-on
dire par analogie) le mode de production
capitaliste privé a atteint son seuil «
d’incompétence », son seuil
d’incapacité, où il ne peut se
reproduire sans s’autodétruire, sans
détruire du salariat et du capital.
C’est cette impérative nécessité de
détruire du salariat et du prolétariat
qui poussera la classe ouvrière à la
révolte contre le patronat – contre le
capitalisme – même s’il n’y paraît pas
pour le moment. La tâche des communistes
authentiques sera alors de faire en
sorte que cette révolte ne soit pas une
révolte pour des « réformes », ou un «
Printemps arabe » pour la forme, mais
devienne une révolution sociale
fondamentale.
C’est la
reproduction organique élargie qui est
le principe qui engendre l’accumulation
du capital, sa valorisation et sa
reproduction, qui est nécessairement
accroissement conjoint de la production
et de la consommation. Mais pas au même
rythme et c’est là une contradiction
systémique. Car ce mouvement inexorable
d’accumulation pour la reproduction
capitaliste fonde les mécanismes
généraux qui amènent effectivement à une
surproduction de marchandises, de moyens
de production, brefs, de capital sous
différentes formes, en même temps qu’à
une sous-consommation relative, à une
paupérisation relative (pouvant se
transformer en misère absolue) des
masses ouvrières, puis populaires. Mais
dans ce rapport de force entre travail
et capital c’est la classe ouvrière qui,
par sa position objective comme enjeu
central de la contradiction
fondamentale, détient le destin de
mettre fin à ce nœud gordien.
C’est de
reproduction élargie et non
d’accumulation que nous discutons ici.
La preuve en est qu’au milieu du présent
approfondissement de la crise systémique
impérialiste, l’accumulation du capital
va bon train et les fortunes des
milliardaires s’accroissent et se
concentrent chaque jour avec entrain
dans un petit nombre de mains. Le hiatus
dans ce processus est que la
reproduction élargie ne se produit pas.
Il y a accumulation sans reproduction.
Le capital financier qui s’accumule
entre si peu de mains est de l’argent de
pacotille n’ayant jamais fructifié et ne
s’étant
jamais reproduit de manière
élargie – par le procès de reproduction
de la plus-value. L’amas de papiers
actions – le tas de fausses monnaies –
l’amoncellement de valeurs évanescentes
– de produits dérivés – disparaîtra
parce qu’il n’a jamais été fructifier
par le travail salarié, seule source de
richesse socialisée.
La concurrence les enrégimente
À ce stade de
l’exposé, nous voyons déjà que la
possibilité concrète de la crise de
surproduction est induite par cette
nécessité où se situe chaque capitaliste
individuellement, non seulement de
limiter la quantité salariale de ses
employés, et donc la consommation
ouvrière globale, autant qu’il le peut,
afin de produire le maximum de
plus-value pour lui-même, en comparaison
de ses concurrents chinois, indiens,
brésiliens ou russes. Le capitaliste
individuel est tenu de convertir cette
plus-value en moyens de production
supplémentaires (pour une reproduction
élargie) plutôt que de la consommer en
solitaire. S’il ne travaille pas à faire
exister le capital en le reproduisant
(ce n’est pas l’accumulation qui donne
vie au capital, mais sa reproduction),
la concurrence viendra le rappeler à ses
devoirs sociaux en l’éliminant comme
agent économique.
Faute d’élargir
sans cesse sa production, de
gagner en productivité en
investissant dans les technologies de
pointe, d’atteindre les meilleurs
rendements, il disparaîtra sous les
coups de ses concurrents. Le capital
qu’il représente ira s’investir ailleurs
dans de meilleures conditions et pour de
meilleurs rendements. Ou alors il sera
dévalorisé et racheté à bas prix par des
concurrents plus puissants, ou encore il
sera carrément éliminé. C’est pourquoi
l’analyse des rapports concrets entre
production et consommation doit faire
intervenir la concurrence qui oblige
chaque capitaliste à développer au
maximum ses forces productives et à
réduire au maximum sa masse salariale,
ce qui à terme lui sera fatal.
Ce faisant,
chaque capitaliste participe
activement au drame du capital social,
général, puisqu’il consacre ses efforts
à diminuer sans cesse la part
du travail vivant, la
masse salariale, relativement à
celle consacrée au
capital mort, au capital
constant, dans le procès de
reproduction du capital qu’il
administre. Il voudrait bien que les
autres ne l’imitent pas pour que leurs
ouvriers continuent de consommer. Mais
peine perdue, ils doivent tous agir de
la sorte, et le
gendarme concurrence le leur
rappelle de façon pertinente.
Des hausses de productivité pour spolier
les salariés
La diminution de la
part relative du produit social qui est
consacrée aux salaires nécessaires (Cv)
contre celle qui est attribuée au
capital constant (investissement et
amortissement) est une observation que
ressassent les économistes de la gauche
bourgeoise pour critiquer le
néolibéralisme (expression vaseuse
pour ne pas condamner le capitalisme,
mais seulement sa mauvaise gestion par
l’État des riches que l’altermondialiste
aimerait administrés pour leurs
bénéfices). Mais il est pourtant
évident, néolibéralisme ou pas, que plus
croît la part du capital constant (Cc)
dans la valeur produite, plus doit
augmenter aussi la part du produit qui
lui revient, pour le renouveler comme
pour maintenir le taux de profit. Ce que
Marx avait noté : « Avec le progrès
de la
productivité du travail social,
accompagné qu’il est d’un
accroissement du capital constant,
une partie relativement toujours plus
grande du produit annuel du travail
échoira aussi au capital en tant que tel
et par là même la propriété du capital
(indépendamment du revenu) augmentera
constamment et la proportion de la
valeur créée par l’ouvrier individuel et
même la classe ouvrière diminuera de
plus en plus par rapport au produit de
leur travail passé qui leur fait face en
tant que capital » (15).
C’est là une
tendance qui se manifeste avec
constance.
La recherche permanente de gains de
productivité s’accompagne évidemment
d’un accroissement plus rapide du
capital constant (machineries et moyens
de production) et de la consommation de
matières premières que du capital
variable (salaire). Il n’y a donc rien
qui puisse être considéré comme anormal,
sous le système capitaliste du moins,
dans le fait qu’en France « la part
des salaires dans la richesse nationale
a chuté de 76,6% en 1980 à 68%
aujourd’hui ». Aux États-Unis, elle
est passée de 54% du PIB en 1968 à 43%
en 2012 (16).
La guerre de classes trahie
Mais ce constat
n’est que la manifestation d’une
croissance des forces productives plus
rapide que celle de la masse salariale.
Le capitalisme, par la
course de chaque capitaliste aux gains
de productivité et à l’augmentation de
la production en vue de maximiser ses
profits induit une tendance au
développement illimité de la production
face à un accroissement limité, voire
même à un rétrécissement de la
consommation finale, et donc, également
par contrecoup de la consommation de
moyens de production. Ceux-ci se
trouvent périodiquement inemployés,
dévalorisés en tant que capital, et même
envoyés massivement à la casse lors des
crises (où il y a destruction brutale de
moyens en état de fonctionnement, ce qui
est différent d’un renouvellement
progressif dû à l’usure). La destruction
massive la plus brutale survenant
pendant les guerres que l’Occident
repousse vers l’Orient, l’Afrique, le
Proche-Orient, mais qui de temps en
temps s’invite en Ukraine, dans le
Caucase, dans les rues des mégalopoles
occidentales, à Fergusson ou dans la
banlieue parisienne (17). Ces guerres
urbaines ne sont pas des affrontements
interraciaux, interethniques,
interlinguistiques, intercommunautaires,
mais véritablement des confrontations
interclasses entre riches (par police
interposée) et travailleurs ; entre le
capital (par l’État interposé) et le
travail, que la bourgeoisie et ses
affidés de la gauche bourgeoise tentent
de présenter comme des batailles au sein
des classes
laborieuses.
D’où cette
observation de Marx : « La raison
ultime de toute véritable crise demeure
toujours la pauvreté et la limitation de
la consommation des masses, en face de
la tendance de la production capitaliste
à développer les forces productives
comme si elles n’avaient pour limite que
la capacité de consommation absolue de
la société » (18).
« Ce passage a été
mille fois cité par tous ceux qui
voulaient s’autoriser de Marx pour
expliquer la crise par la seule avidité
de capitalistes refusant d’augmenter les
salaires pour relancer la consommation,
l’investissement et l’emploi. C’est
toujours la même ineptie qui
prétend isoler la sous-consommation, du
rapport dans lequel elle se trouve avec
le mode de production. Marx avait
d’ailleurs déjà répondu clairement à ce
genre de « marxistes » que c’est une
tautologie que de dire que les
marchandises se vendraient mieux s’il y
avait plus d’acheteurs capables de les
payer. Il ajoutait qu’il est d’autant
plus stupide de prétendre que « cet
inconvénient (le manque d’acheteurs)
serait pallié dès que s’accroîtrait
son (la classe ouvrière) salaire
qu’il suffit de remarquer que
les crises sont chaque fois préparées
justement par une période de hausse
générale des salaires… Du point de
vue de ces chevaliers qui rompent des
lances en faveur du « simple » (!) bon
sens, cette période devrait au contraire
éloigner la crise… la production
capitaliste implique des conditions qui
n’ont rien à voir avec la bonne ou
mauvaise volonté » (19).
Du rapport dialectique entre
surproduction et sous consommation
Répétons que pour
Marx la limitation de la consommation
n’est pas le motif ultime de la crise
relative à la tendance illimitée du
capitalisme au développement des forces
productives, finalement inemployées. Que
cette raison ultime de la crise tient à
ce
développement paradoxal des forces
productives fondé sur la production de
plus-value. Ce développement
anarchique se heurte de façon
contradictoire au moyen même qu’il
utilise pour en produire toujours
davantage. Prenons par exemple les
gains de productivité obtenus par le
remplacement du travail vivant (Cv) par
du travail mort (Cc), de la machinerie
de plus en plus automatique,
performante, automatisée et
sophistiquée. Bref, le terme, «
raison ultime » renvoie ici aussi bien à
la surproduction de moyens de production
qu’à cette sous-consommation finale qui
l’accompagne invariablement.
Il renvoie donc au rapport
d’appropriation de la plus-value, au
mode de reproduction du capital, de
chaque capital privé particulier, comme
course à la reproduction-accumulation
que ce rapport implique. Le scandale du
capitalisme à son stade impérialiste
réside dans cette sous-consommation
parce que, contrairement aux modes de
production antérieurs, elle n’a
strictement rien de « naturel » ni
d’inévitable. Elle n’est pas une limite
imposée par les forces de la nature ou
par les forces productives à l’homme
condamné à la simplicité volontaire ou
involontaire. Cette limite est au
contraire forgée et sociale.
À contrario, cette
contradiction croit avec la production
des richesses et avec la facilité à
accumuler cette richesse sans parvenir à
la reproduire, ce qui rompt le cycle de
valorisation-reproduction-accumulation
sociale du capital. C’est la raison pour
laquelle nous disons que les rapports
sociaux de production ne parviennent
plus à « contenir », c’est-à-dire à
faire fructifier et faire croître les
forces productives. C’est le mode de
production capitaliste et l’esclavage
salarié qui sont alors condamnés
puisqu’ils ne parviennent plus à faire
ce pour quoi ils ont été édifiés au
siècle dernier en remplacement du mode
de production féodal et du servage.
Ainsi, la
condamnation pratique qu’appelle la
crise de
sous-reproduction du capital est
bien celle de la
sous-consommation de biens et de
services, parce qu’elle est purement
artificielle (sociale), et non pas celle
du développement limité des forces
productives qui grâce aux progrès
scientifiques et technologiques
pourraient être démultipliées. Bien que
relative à la surproduction, c’est la
sous-consommation qui condamne le
capitalisme à sa destruction en
alimentant la lutte de classe du
prolétariat, le fossoyeur du salariat,
du moment qu’il perçoit que ce système
économique ne lui permet plus de se
reproduire en tant que classe sociale.
Nous y reviendrons.
Tandis que le
développement des forces productives, de
la science et des
technologies, est le côté positif
du capitalisme, une condition
potentiellement réalisée pour abolir la
sous-consommation (la pénurie),
c’est-à-dire en fait pour abolir le
rapport d’appropriation privée qui est à
la racine de la contradiction insoluble
entre forces productives et rapports
sociaux de production. Ce n’est pas en
s’opposant à la consommation, à la
mondialisation, à la globalisation, à
l’internationalisation du processus de
production que nous trouverons la
solution à la contradiction du
capitalisme, mais en s’opposant à
l’expropriation de la plus-value,
à la privatisation du fuit de la
productivité accrue, et à la destruction
des moyens de production (20).
La solution de la contradiction
antagoniste
Ceci signifie que
la classe ouvrière se mettra un jour en
marche pour l’insurrection. Elle sera
motivée par le désir de préserver les
conditions de reproduction de son
esclavage salariée. Ce sera l’ultime
lutte de la classe ouvrière « en soi »,
gréviste et instinctive pourrait-on
dire, pour son autoreproduction en tant
que classe sociale. Le passage à la
phase révolutionnaire du processus de
changement radical de la trame sociale
consistera pour la classe
ouvrière à conscientiser que l’ancien
système économique ne peut pas être
sauvé, le retour vers le passé est
trépassé, et un nouveau mode de
production socialisée est exigé, et il
est de sa vocation de classe « pour soi
» de l’édifier mettant fin, une fois
pour toutes, à la succession des
sociétés de classes.
À LIRE EN COMPLÉMENT POUR QUI VEUT
APPRENDRE L’ÉCONOMIE :
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782924312520
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