Les 7 du Québec
Quel avenir pour le Moyen-Orient
après la guerre de Syrie ?
Robert Bibeau

Mercredi 6 novembre 2019
Le Liban dans l’œil de l’aigle
Qui aurait pu
prévoir que deux conséquences de la
victoire de l’impérialisme russe dans la
guerre syrienne seraient le renforcement
de l’occupation militaire américaine en
Irak (qui avait pourtant amorcé son
retrait), et une tentative de fomenter
une guerre civile au Liban? Sans compter
l’impasse électoraliste en Israël (le
porte-avion américain abandonné au
Levant); la déconfiture saoudienne au
Yémen; l’effritement de la coalition
militaire du prince héritier Ben
Salman (MBS); l’éviction des
puissances européennes de l’échiquier
moyen-oriental, et l’abandon du centre
de recrutement de mercenaires kurdes au
Rojava; le réalignement de
la Turquie dans le camp russo-chinois;
et le renforcement du gouvernement en
Iran.
Comment expliquer
qu’une guerre somme toute régionale et
sans grande incidence sur le commerce et
l’économie financière mondiale entraine
de telles conséquences internationales ?
C’est que
justement, cette région du globe est
particulièrement sensible et stratégique
dans la guerre – pour le moment
commerciale – que se mène la vieille
puissance hégémonique déclinante (USA)
et la puissance hégémonique montante
(chine). (1) Depuis l’amorce politique,
annonçant le déclin économique du camp
impérialiste occidental, le 11 septembre
2001 à New York, ce camp n’en finit plus
de se déchirer, leur suzerain frappant
de ses tarifs douaniers outranciers
aussi bien ses alliés que ses
concurrents (chaque puissance
impérialiste étant à la fois alliée et
concurrente de la suivante), tandis que
le camp impérialiste aspirant au trône
n’en finit plus de se renforcer.
Le choix du
terrain de guerre
C’est le camp
américain qui a choisi la région
stratégique du Moyen-Orient pour mener
sa guerre réactionnaire visant à bloquer
l’expansion du camp russo-chinois. Nous
verrons pourquoi. C’est qu’en ce XXIe
siècle naissant ce n’est plus le
contrôle formel – militaire et physique
– des ressources et des moyens de
production – le contrôle des puits de
pétrole et des gisements de gaz – qui
est décisif, mais le contrôle des voies
de transports et de communication, et
donc, l’accès aux marchés de
consommation – là où se réalise la
plus-value et le profit. La Chine
impériale là parfaitement comprise,
aussi leur nouvel empereur Xi
Jinping a-t-il lancé un défi à
son rival américain : encercler la Terre
entière d’un réseau de transport moderne
(routes, voies ferrées, aéroports, ports
en eau profonde, oléoducs, et réseau
électrique) et de voies de communication
(fibre optique, satellite, réseaux
télématiques) qu’il a outrageusement
appelé les « Nouvelles Routes de
la soie » en mémoire de l’époque
où la Chine était la première puissance
économique mondiale, ce qu’elle est en
voie de redevenir au grand dam de
l’empire en déclin.
Si l’on observe une
mappemonde on constate rapidement que le
point de convergence des « Nouvelles
Routes de la soie » reliant la Chine
et le Sud-Est asiatique – première zone
d’expansion de la Chine impériale – à
l’Afrique – deuxième zone d’expansion de
la Chine impériale – et à l’Europe –
troisième zone d’expansion de la Chine
impériale, passe par le Moyen-Orient,
l’Afghanistan, le Pakistan, l’Iran,
l’Irak, la Turquie, la Syrie, le Liban
et la Méditerranée où l’alliée russe est
déjà solidement implantée.
Donald l’homme
du cartel étatsunien
Donald Trump,
le président américain, pas du tout
imprévisible ni incontrôlable comme le
prétendent les médias menteurs, a été
placé à ce poste non pas par « l’État
profond », ou par le « Nouvel
ordre mondial », ces fadaises
conspirationnistes cogitées par des
intellectuels petits-bourgeois
romantiques, mais par le clan
militariste « Républicain » bien
déterminé à stopper les avancées du
chalengeur chinois. Comme nous l’avions
prédit dans notre livre « La
démocratie aux États-Unis. Les
mascarades électorales »
(2018), de manière constante et
obstinée, Donald Trump a mené à
bien l’assaut américain pour bloquer
l’avancée du camp impérial chinois au
confluent des routes commerciales
internationales d’abord en déchirant
l’accord de capitulation sans condition
qu’avait signé son prédécesseur avec l’Iran,
et en regroupant ses vassaux régionaux
derrière son drapeau. (2)
Pour mener à bien
son plan visant à stopper les avancées
de son concurrent chinois et pour
préparer la reconquête de ses marchés,
le grand capital américain n’a pas
besoin d’occuper militairement le
terrain, ni de mener la guerre militaire
perpétuelle contre son rival, il lui
suffit de contrôler les flux financiers
libellés en dollars US (comme il le fait
contre l’Iran qu’il étrangle de ses
sanctions), et de soutenir les milices
de mercenaires à sa solde qui, à partir
de sanctuaires bien protégés (comme le
furent l’État islamique, Idlib et le
Rojava), peuvent menés des raids armés,
faire exploser des pipelines, des quais,
des infrastructures, des voies ferrées,
des aéroports, maintenant ainsi une
pression constante et menaçante sur le
commerce marchand entre l’Orient
chinois, l’Occident européen et le
continent africain.
Voilà pourquoi, les
États-Unis ont entrepris depuis des mois
l’exfiltration de leurs recruteurs
d’Al-Qaïda et de l’EI,
ainsi que du chef recruteur et des
mercenaires terroristes de Daech
pour les exfiltrés vers le Yémen du Sud,
la Libye, vers les zones tribales du
Nord Pakistan et vers l’Afghanistan où
ils combattent déjà les talibans qui se
refusent à devenir les barbouzes des
Américains sur les « Nouvelles routes
de la soie ». (3) Pendant ce temps,
la Turquie et le
Liban risquent d’être le cadre
des prochaines malversations du clan
impérialiste américain moribond. Pendant
que l’avenir de l’État théocratique de
tous les juifs assiégés ne semble plus
préoccuper son mentor historique, ce que
nous prédisions lors de l’élection de
Donald Trump à la Maison blanche.
Malheureusement, d’ici à ce que le
centre de gravité des rivalités et de
l’affrontement entre ces deux géants se
déplace vers la Mer de Chine
(où ils se feront face pour le plus
grand danger), les peuples du
Moyen-Orient subiront guerres et
tourments que seul l’effondrement de ce
mode de production déclinant pourra
calmer définitivement. (4)
NOTES
- L’avenir du
Moyen-Orient
http://www.les7duquebec.com/7-de-garde-2/baghdadi-mort-le-decodage/
- Robert Bibeau
(2018)
La démocratie aux États-Unis.
Les mascarades électorales.
L’Harmattan. Paris. Disponible en 5
langues.
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/la-democratie-aux-etats-unis-les-mascarades-electorales/
Commandé sur
- AMAZON :
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-
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/un-film-de-la-cia-il-est-mort-comme-un-chien-en-vedette-trump-et-al-baghdadi/
-
https://lesakerfrancophone.fr/devons-nous-entrer-en-competition-avec-la-chine-est-ce-meme-possible
?
- Après Saad
Hariri quel avenir pour le Liban ? :
https://www.mondialisation.ca/liban-quoi-dautres-apres-la-demission-de-saad-hariri/5638401
Et aussi René Naba
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/liban-un-soulevement-au-parfum-de-revolution/
Reçu de Robert Bibeau pour
publication
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