Opinion
Nous n'irons pas en guerre pour Charlie
hebdo
Robert Bibeau
Vendredi 6 février 2015
(Note : Nous nous excusons par
avance. Nous exposons quelques
ex-voto du Charlie hebdo afin de
montrer la puérilité du propos des
charlots).
Paru sur
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/nous-nirons-pas-en-guerre-pour-charlie-hebdo/
Le défaut dans
l’analyse
Quel est le défaut
dans l’analyse de la saga du
Charlie Hebdo, par ailleurs fort
appliquée de la part d’un ex-député
respectueux de la légalité bourgeoise ?
(1) Son article est paru ici sur
Les 7 du Québec :
http://www.les7duquebec.com/actualites-des-7/lhumour-peut-il-etre-serieux-irresponsable/
Son erreur, comme
celle de tous les autres analystes de la
chose politique, est d’obvier une
question obsédante, récurrente, et
immanente. Expliquons-nous. Monsieur
Charbonneau, très prudent, écrit ceci :
« [l’éditorialiste de Charlie Hebdo]
tout en prenant soin de définir son
point de vue – je dirais son filtre –
particulier – qui est celui de « La
défense et de la promotion de la laïcité
», d’une laïcité intégrale,
militante, omnibus. (Voir le texte de
Gérard Biard, p. 2 du dernier numéro).
Dans le contexte franco-français, cette
ligne de fond renvoie aux idéaux
fondateurs de la République française
au point d’en être devenue, en 1958,
partie intégrante du socle
constitutionnel » (2).
La question est
donc, quel besoin pour la revue
Charlie Hebdo sponsorisée, et, à
la vérité, quel besoin pour ses
créanciers, les grands financiers, de se
lancer à ce moment précis dans une
campagne d’hystérie et de propagande
haineuse et tapageuse à propos de la
laïcité, de la liberté d’expression
(galvaudée et outragée, par ceux-là
mêmes qui la proclament, allant même
jusqu’à emprisonner un enfant de 8 ans
pour soi-disant « Apologie du terrorisme
») ? (3).
La réponse est dans
le « Socle constitutionnel bourgeois,
partie intégrante de la Constitution de
l’État capitaliste français »,
auquel fait référence l’ex-ambassadeur.
Le socle de l’État bourgeois menacé par
la résistance populaire et ouvrière en
France comme ailleurs en Europe doit
être remis en état.
Comme en Mai-68,
les politiciens français sont
idéologiquement et politiquement à
l’avant-garde de leur classe mondiale,
et les premiers ils ont compris que leur
dernier rempart contre la populace en
souffrance – et contre la classe
ouvrière révolutionnaire – contrainte et
muette pour l’instant – c’est
l’État policier, craint à défaut
d’être respecté, dont ils (les riches)
doivent défendre la légitimité – le
socle constitutionnel bourgeois « bras
séculier des libertés en tout genre »
(pour les riches exclusivement,
évidemment)
Photo:
D.R.
C’est le motif qui
explique ces références, ces accents de
propagande, ces tambours de guerre, ces
appels aux principes hypocrites de la
République bourgeoise intouchable,
lesquels ils n’hésitent pas – tout en
proclamant leur inviolabilité (Liberté,
Égalité, Fraternité) à les outrager
ouvertement, constamment et
concurremment.
Rameuter le
petit-bourgeois en émoi, le
porte-plume et le larron
Toutes ces
jérémiades politiciennes concernant la
liberté de vociférer contre l’étranger,
contre l’immigrant différent, contre le
réfugié de la guerre et l’exilé de la
misère venus d’outre mers, visent à
reconstruire l’unité de la petite
bourgeoisie effilochée, effrayée,
frustrée de voir s’amenuiser ses
indemnités jadis assurées et aujourd’hui
en voie de se volatiliser emmenées par
l’austérité.
Photo:
D.R.
Le grand patronat,
voyant s’affaiblir les petits-bourgeois
– la courroie de transmission entre lui
et le prolétariat – sonne le ralliement
de la garde impériale pour qu’elle
l’entoure et le protège – en prévision
du grand effroi, du grand émoi des
barricades, quand harassé de peiner et
de crever à travailler – ou à chômer –
se lèvera le prolétariat pour poser la
question qui tue – l’unique. Comprenez
que tout ce salmigondis de propagande à
propos de Charlot le nabot
ne vise aucunement la classe ouvrière,
mais bien la petite bourgeoisie que le
grand capital stipendie et qui rechigne
à se mobiliser pour batailler du crayon,
de l’ordinateur, du microphone et de la
caméra.
La question qui
tue
La question qui tue
est celle-ci : « Vous n’êtes pas tanné
de crever bande d’ouvriers ? » Que font
ces gens tout là-haut, au sommet de la
pyramide sociale, incapable de vous
employer – ni d’administrer leur système
économique, politique, étatique,
idéologique déglinguer ? Ils vous
proposent de vous chamailler et de vous
entretuer à propos de billevesées, de
futilités religieuses, scatologiques, ou
sexistes n’ayant aucune incidence sur
votre existence désespérante –
paupérisée et aliénée.
La nullité et
l’incapacité des grands financiers doit
être dissimulé par le petit capital
local, et par tous ces petits salariés
de la publicité, conseillers et
scribouilleurs stipendiés – à la solde
de ceux qui exproprient la plus-value et
qui doivent de temps en temps être
rappelés à leur devoir de bon voisinage
– les grands capitalistes – les
milliardaires d’affaires – doivent
laisser tomber quelques miettes de la
table des agapes du partage entre
riches, la table des tout puissants,
qu’écorniflent des insignifiants à leur
solde. Au partage, il doit en rester
pour chacun messieurs les milliardaires,
sinon ceux chargés d’embrigader, d’enfirouaper,
et de vous protéger, laisseront les
lions prolétaires vous déchirez la
chair.
Quant à nous
révolutionnaires, nous disons aux
ouvriers – laisser braire et laisser
passer la caravane des affidés sans
broncher. Pendant ce temps, serrons les
rangs pour le véritable affrontement qui
ne saurait tarder. Nous n’irons pas au
front de guerre pour plaire aux bobos de
Charlie hebdo (4).
Quelle
insignifiance juvénile Il n’y a pas d’«
enfants de la patrie » qui tienne, nous
sommes la grande classe ouvrière
internationale, et nous n’avons jamais
bénéficié de la liberté d’expression
(qui nous entend dans les mines et dans
les usines ?) et nous avons toujours
souffert de la liberté d’exploitation et
d’aliénation non fraternelle et
inégalitaire (5).
Pour ces conquêtes
non éphémères, nous monterons aux
barricades, mais pas avant.
Prolétaires du
monde entier unissez-vous !
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