Lecture
Manifeste du Parti ouvrier (4)
Robert Bibeau
Mercredi 2 juillet 2014
Nous poursuivons la
publication d’une série de neuf (9)
articles portant sur quatre questions
fondamentales pour le mouvement ouvrier
mondial :
1)
D’abord nous avons traité des questions
du
sectarisme-entrisme-dogmatisme cette
maladie sénile du gauchisme. Paru ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-1/
et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-2/
Et ici
http://www.les7duquebec.com/7-au-front/manifeste-du-parti-ouvrier-3/
2)
En prolongement du sujet précédent –
nous abordons aujourd’hui la question de
l’unité du mouvement ouvrier.
3)
Nous présenterons ensuite les trois
instances de la lutte de classe
4)
Enfin, à l’approche du 97e
anniversaire de la Révolution d’Octobre
nous présenterons nos réflexions.
*********
CHAPITRE 2 : L’UNITÉ DU MOUVEMENT
OUVRIER
L’unité des
révoltés
En ces temps
politiques difficiles, en cette période
où la crise économique étale ses ravages
parmi la classe au travail, les
«militants» de la ‘Réserve’ s’éveillent
à la lutte de classe.
Plusieurs, après
avoir répudié la classe des ouvriers,
après avoir renié Marx, le Capital,
Lénine, Que Faire?, après avoir
célébré l’éternité du régime capitaliste
des exploités, avaient décidé, il y a
des années, de se planquer dans un
emploi bien payé; d’autres, de retourner
à l’université ou dans une ONG
subventionnée; de redécouvrir la Terre
et l’éco-vert; de se retraiter, ou de
devenir fonctionnaires engagés ou
intellectuels brocardés dans ses
pensées, tout en haut des «Tours
d’argent» universitaires. Quelques-uns
sont même devenus curés, marguilliers,
illuminés, ou encore porte-parole de
Québec Solidaire, du NPD, du NPA, de
Lutte Ouvrière, ou des Verts, etc.
La reprise soudaine de la crise les a
pris au dépourvu et les a éveillés,
sinon réveillés de leur torpeur. Les
revoici donc, telles des fleurs
printanières sur Cythère, de retour dans
l’arène et sur la scène, comme du temps
de leur gloire passée (1970-1985), ces
affreux oublieux, comme si de rien
n’était, de leurs reniements et de leurs
méfaits. Surmontant le sectarisme, le
dogmatisme et l’entrisme peut-on et
doit-on reconstruire l’unité de la
«gauche» éclectique?
Les questions
pertinentes et importantes
Les questions
sous-jacentes à cette lutte pour l’unité
sur le front idéologique de la lutte de
classe sont : 1) Doit-on s’unir? 2) Dans
quel but doit-on s’unir? 3) Avec qui
doit-on s’unir? 4) Sur quels principes
idéologiques et politiques doit-on
s’unir? Abordons chacune de ces
questions par un tour d’horizon.
Doit-on s’unir ?
Il va de soi que
l’on doive unir les forces militantes
avec le mouvement ouvrier. Unis et
nombreux nous serons plus valeureux pour
affronter l’adversité, dont la
dominatrice classe capitaliste
monopoliste qui commande la classe
bourgeoise en entier, y compris ses
sous-fifres petits-bourgeois qui
trainent de ci de là. La fraction
monopoliste financière de la classe
bourgeoise commande à la police, à
l’armée, à la justice, aux prisons, aux
nervis, en bandes armées-privées, aux
politiciens affidés, aux parlements et
aux gouvernements d’État.
N’importe quel
militant est bien conscient que, réunis,
nous saurons mieux riposter à leurs
menées. Quand la réponse à une question
paraît si évidente qu’elle fait
l’unanimité, alors que bien peu de gens
l’ont pratiqué, c’est probable que nous
nous sommes gourés. Nous n’avons pas
posé la bonne question en premier.
Dans quel but et
avec qui doit-on s’unir ?
Si notre camarade,
juste à côté, souhaite s’unir pour
réformer le système capitaliste afin
d’alléger la peine des déshérités,
d’atténuer les souffrances des
paupérisés, de faciliter le calvaire des
ouvriers, au milieu de cette société
d’opprimés, vous comprendrez que nous ne
pouvons nous associer. Pourquoi peiner
et militer pour prolonger cette vie de
dégénérer aliéné, cette vie d’ouvrier
spolié? Nous le voudrions que nous ne le
pourrions. La crise économique emportera
le «wagon» de la dépression jusqu’en
enfer et qu’est-ce que le «réformiste»
pourra y faire, sinon comme les curés,
jadis, supplier le désespéré d’endurer
son sort jusqu’à la mort pour gagner
l’éternité. Loin de nous ce calice que
nous ne saurions boire.
Tous auront compris
que c’est le but visé, l’objectif du
projet collectif de classe, qui
impose ses règles d’unité. Si je
souhaite la révolution prolétarienne, le
reversement total du système
impérialiste et son remplacement par le
projet socialiste planifié, je ne puis
m’unir avec les membres du Parti
Libéral, du Parti Conservateur, du Parti
Québécois, de Québec Solidaire, du NPD,
de l’UMP ou du PS. Il en est de même
pour les camarades de France,
d’Allemagne, d’Italie, de Tunisie, du
Maroc et d’Algérie, etc. car les
militants de ces partis politiques
bourgeois n’ont pas du tout les mêmes
objectifs que moi.
Un camarade
convaincu que «l’union fait la force»
répliquera qu’il faut unir toute la
gauche progressiste. Un projet
impossible à réaliser car en réalité
c’est l’union des révolutionnaires qui
fait la force des révolutionnaires. Unir
des révolutionnaires avec des
réactionnaires ne fait que les affaiblir
réciproquement. Unir des militants
ouvriers qui veulent en finir avec
l’exploitation, l’oppression,
l’aliénation de leur classe et en finir
avec ce régime social qui ne fonctionne
plus, unir ces gens avec des partisans
électoralistes-utopistes qui souhaitent
réformer le système capitaliste pour lui
donner un nouveau souffle et pour lui
faire exprimer plus de «justice» et plus
d’«équité» sociale (sic) ne pourra
jamais fonctionner.
Les militants pour
l’«unicité concertée» ne sont jamais à
bout d’arguments, tant ils tiennent à
être nombreux dans leur camp
(électoralement parlant). Ils argueront
que l’on doit unir les «masses
populaires» derrière le char des
«révolutionnaires», et alors solidaires
(sic), tous ensembles, ils remporteront
les élections et le contrôle des
organisations ouvrières, syndicales,
associatives, populaires, populistes,
sportives et caritatives (!) Rêve
chimérique qui chaque fois qu’un parti
de gauche s’est approché du pouvoir ce
fut pour s’y brûler les doigts et
dégénérer dans la fosse aux élections,
au compagnonnage et aux prébendes
payantes.
Pour s’unir il
faut se démarquer. Ceci signifie que
le révolutionnaire résiliant doit
patiemment et pour longtemps s’assurer
que les ouvriers (la seule classe
authentiquement révolutionnaire jusqu’au
bout car il en va de son intérêt bien
compris) aient eu le temps de comparer
et de se faire un jugement parmi toutes
les idées qui lui sont présentées au
combat, à propos de la nature et des
objectifs ultimes de la Révolution
socialiste et de ceux qui la préparent
et la défendent.
Il est facile de
comprendre que le NPD et
Québec-Solidaire ne sont pas des
regroupements révolutionnaires mais il
est beaucoup plus difficile de percevoir
que certains groupuscules de la
soi-disant gauche radicale et libertaire
ne le sont pas davantage même quand il
porte le nom de socialiste ou de
communiste. Il est compliqué de séparer
le bon grain de l’ivraie, considérant
toutes ces étoiles filantes qui
surgissent au firmament de l’agitation
des «masses populaires, étudiantes et
ouvrières». Le temps du moins que la
bourgeoisie ait ordonné à son État
policier et à ses infiltrés au sein des
associations de quartiers et des
groupuscules d’agités d’écraser ces
velléités des révoltés. Ceci ne
surviendra qu’a l’approche de
l’insurrection alors il deviendra aisée
de se départager. D’ici là, ceux qui ont
compris que le mode de production
impérialiste en est à son terme
définitif et qu’il ne peut que
péricliter jusqu’à nous entraîner dans
la guerre mortifère et la misère en sont
quitte pour poursuivre leur propagande
et leur agitation ouvrière sans le
soutien des opportunistes, des
réformistes, des anarcho-syndicalistes
et des socialistes utopistes.
Les principes
qui fondent l’unité des ouvriers
Ce n’est qu’à ce
moment et pas avant, quand l’État aura
choisi de sortir son artillerie contre
les «malappris» que la classe ouvrière
se rapprochera de ceux qui offriront
l’unique solution à toute cette misère,
la voie révolutionnaire. La classe
ouvrière se cherchera alors des meneurs
disposés à tout sacrifier pour changer
le monde entier. L’État des riches le
sait et il se croit prêt à affronter la
marée des insurgés. Âmes éplorées,
prière de dégager. Ce que l’État
bourgeois ne sait pas c’est qu’au moment
de l’insurrection son état de
gouvernance aura changé et qu’il n’est
pas du tout assuré qu’il aura encore la
capacité de gouverner et de réprimer.
Nous y reviendront au chapitre sur la
Révolution d’Octobre en Russie.
La question
fondamentale n’est donc pas de «diriger»
les révoltés mais de savoir où leur
conseiller d’aller, pourquoi, et pour
quoi faire? Si la révolution doit nous
diriger vers une nouvelle société
d’exploiteurs et d’exploités, alors
pourquoi changer? Pourquoi tous ces
atermoiements qui nous attendent pour
simplement changer de maître et
retourner à nos souffrances?
Seuls les principes
du socialisme scientifique et du
marxisme révolutionnaire peuvent nous
guider dans cette odyssée – et l’unité
des insurgés doit et devra se forger sur
ces principes scientifiques et sur nul
autre. Sans théorie révolutionnaire, pas
de révolution, disait un auteur célèbre.
C’est tout simplement l’expérience du
mouvement ouvrier révolutionnaire qui
nous l’a enseigné. Réformer et tenter de
réchapper le capitalisme, ou le
renverser pour édifier une nouvelle
société, un nouveau mode de production
et d’échanges, collectif et planifié,
voilà le dilemme qui devra servir de
fondement à l’unité de la classe et des
militants avancés. Comme disait Lénine,
le prolétariat doit «faire sienne cette
idée que le mouvement de la dialectique
historique nous impose de réfléchir sur
ce principe fondamental du marxisme
voulant que seul le parti politique de
la classe ouvrière, c’est-à-dire le
parti communiste, soit en mesure de
grouper, d’éduquer et d’organiser
l’avant-garde du prolétariat et de
toutes les masses laborieuses. Cette
avant-garde est seule en mesure de
résister aux inévitables oscillations
petites-bourgeoises de ces masses, aux
inévitables traditions et récidives de
l’étroitesse corporatiste ou des
préjugés corporatistes dans le
prolétariat, et de diriger toutes les
activités de l’ensemble du prolétariat,
c’est-à-dire le diriger politiquement et
par son intermédiaire, diriger toutes
les masses laborieuses» (1).
L’unité ne peut se
forger qu’entre ceux qui, ici et
aujourd’hui, prennent l’engagement
sincère, pérenne et résiliant de marcher
avec les ouvriers sur les sentiers de
traverse jusqu’au sommet des barricades
où les insurgés auront levé le drapeau
rouge de la liberté de classe. Que
jamais l’oubli – second linceul des mots
– ne recouvre ce serment.
À SUIVRE…
VIENT DE PARAÎTRE
MANIFESTE DU PARTI OUVRIER
http://www.publibook.com/librairie/livre.php?isbn=9782753900073
(1) V.
Lénine (1921)
Avant-projet de résolution au
Xe Congrès du parti communiste de Russie
sur les déviations syndicaliste et
anarchiste dans notre parti. Œuvres
complètes. Moscou.
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