MADANIYA
Liban-présidentielles : Remue-méninges
pour lutter
contre l’Alzheimer précoce
des Libanais
René Naba
Dimanche 30 octobre 2016
Quand
Walid Joumblatt pressait le Président
Elias Hraoui de lancer une opération
militaire conjointe libano-syrienne pour
mater le Général Michel Aoun, à l’époque
principal opposant à la présence
militaire syrienne au Liban.
Le
Parlement libanais s’apprête à élire,
lundi 31 octobre 2016, Michel Aoun, à la
présidence de la République libanaise,
au terme de plus de deux ans de vacances
de pouvoir.
Le Chef
du Courant Patriotique Libanais, la plus
importante formation chrétienne
libanaise, allié majeur du Hezbollah, a
bénéficié dernièrement du ralliement à
sa candidature de M. Saad Hariri, le
chef du clan rival de la formation
chiite.
La joie,
réelle, qui a envahi les Libanais à
l’annonce de cet arrangement électoral
ne saurait masquer les turpitudes de la
classe politique et leur volonté à
l’époque de mater le général Aoun.
Ancien
chef du gouvernement transitoire
libanais en sa qualité de commandant en
chef de l’armée, à l’expiration du
mandat du président Amine Gemayel, en
1988, et opposant farouche à la présence
syrienne au Liban, le Général Aoun a dû
s’exiler, en 1990, en France, au terme
d’un combat fratricide inter-chrétien
avec son rival politique Samir Geagea, à
l’époque chefs des Forces Libanaises,
les milices chrétienne; épilogue de
l’arrangement inter libanais de Taef
(1989) qui met fin à la guerre civile.
Dans ses
mémoires, le président Élias Hraoui, le
terne premier Président effectif de la
République post arrangement de Taef,
relate les manigances de Walid
Joumblatt, chef féodal du parti
socialiste libanais, en vue de mâter le
Général Aoun, ainsi que les engagements
de Samir Geagea, l’un des grands
criminels de la guerre libanaise et
allié privilégié d’Israël de mettre une
sourdine à sa campagne anti-syrienne,
sous réserve que «soit mis fin à la
situation anormale représentée par
Michel Aoun».
Ci joint la traduction des
extraits de mémoires en arabe du
Président Hraoui :
Dans son
ouvrage intitulé «La restauration de la
République: Des micro-états à l’état»,
le président Hraoui reproduit deux
lettres l’une de Walid Joumblatt,
l’autre de Samir Geagea, ayant trait à
cette affaire.
L’engagement conditionné de
Samir Geagea.
Page
142, l’ouvrage reproduit une lettre
manuscrite de Samir Geagea dans laquelle
le chef des Forces Libanaises s’engage
auprès du président libanais à «cesser
les campagnes médiatiques contre la
Syrie», à placer ses hommes -officiers
ou simples combattants- sous l’autorité
hiérarchique, de même que la restitution
des armes de sa milice aux autorités
légales».
La
lettre, en date du 14 Février 1990,
stipule que «de telles dispositions
seront mises en vigueur dès qu’il aura
été mis fin à la situation anormale de
Michel Aoun».
La missive de Walid Joumblatt
Page
144, l’ouvrage reproduit une lettre
manuscrite de Walid Joumblatt dans
laquelle, le futur partenaire en
affaires de Rafic Hariri, le
milliardaire libanais saoudien, plaide
ouvertement pour une intervention
militaire libano syrienne contre le
Général Michel Aoun
Ci joint l’intégralité de la
lettre :
«Le
rapport des forces semble évoluer en
faveur de Michel Aoun. Il incombe de le
priver d’une victoire militaire totale,
par le biais d’une opération militaire
conjointe syro-libanaise, depuis Souk Al
Gharb», localité stratégique sur la
route Beyrouth-Damas, dans la montagne
libanaise, située en surplomb de la
capitale libanaise.
«Nous
sommes disposés à y participer. Mais le
temps presse et il importe de passer à
l’offensive dans les heures qui suivent,
avant que Michel Aoun n’élimine Samir
Geagea et ne s’intronise Roi des
Chrétiens ou Gouverneur Suprême».
Epilogue :
26 ans
après cette correspondance, Samir Geagea
faisait alliance avec Michel Aoun pour
barrer la voie à Souleimane Frangieh,
l’unique rescapé de la tuerie d’Ehden
(1978) ordonnée par le chef des forces
libanaises contre le clan Frangieh, pour
éradiquer tout contestataire à son
leadership.
Mais
entre temps, que de deuils, de
destructions, de vies brisées, de
victimes innocentes des guerres
picrocholines de la mafiocratie
libanaise.
Signe du
dysfonctionnement de la démocratie
libanaise, tant célebrée ailleurs par
des thuriféraires intéressés par sa
précarisation, le Général Michel Aoun,
est le 4eme officier supérieur à accéder
à la magistrature en 47 ans
d’indépendance, après le Général Fouad
Chehab (1958-1964), Le Général Emile
Lahoud (1998-2007), Michel Souleimane
(2007-2013). Et le troisième d’affilée
depuis l’invasion américaine de l’Irak,
en 2003, et turbulences djihadistes qui
se sont ensuivies dans la zone.
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Reçu de René Naba pour publication
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