MADANIYA
Qatar, Le Livre Noir 4/4. La stratégie
du
lobby du Qatar dans les médias arabes et
occidentaux
René Naba
Lundi 20 novembre 2017
-
Une Étude du Centre
Euro-arabe contre l’Extrémisme
-
Adaptation en version
française par www.madaniya.info
Sur fond
d’une campagne de presse menée par la
chaîne saoudienne «Al Arabiya» et la
chaîne d’Abou Dhabi «Sky News Arabic»,
la cellule de crise du Qatar a pris la
décision d’activer la «soft power» de la
principauté pour lancer la contre
attaque s’articulant sur 4 axes:
-
Cibler Abou Dhabi, notamment le
Prince héritier
-
Amplifier les divergences entre
l’Arabie saoudite et les Émirats
Arabes Unis, en ménageant le Roi
Salmane et en vantant sa sagesse et
son souci de ne pas tomber dans le
piège d’Abou Dhabi.
-
Accentuer les critiques contre
l’Égypte
-
Développer le thème suivant: Le
différend est un mal. La
réconciliation un devoir. Celui qui
attise le mal ne saurait bénéficier
de l’appui de quiconque.
Le
Centre a recensé près de 250 sites,
journaux et hashtag, certains
réactualisés dès le début de la crise du
Qatar avec le quatuor, d’autres plus
anciens auparavant exclusivement
consacrés aux questions de jurisprudence
et de bienfaisance, d’autres enfin
appartenant à des personnes en poste
dans le lobby Qatar. Tous ont été
mobilisés pour la bataille médiatique
tirant à boulets rouges sur le quatuor,
ciblant plus particulièrement «Arabiya»
(Arabie saoudite) et «Sky News Arabic»
(Abou Dhabi).
- Le
site anglais al-bab.com, pro Qatar,
incarnera le mieux cette politique.
- Le
Canal HIWAR (Dialogue), basé au
Royaume Uni, lancera une attaque
frontale contre les 4 pays arabes
anti Qatar, les accusant d’être
hostiles à l’Islam, au Hamas, et à
la Palestine.
- Le
site NOUN diffusera, de son côté,
des vidéos sur les violations des
droits de l’homme aux Émirats Arabes
Unis, accompagnant ses attaques
contre la chaîne saoudienne MBC et
son directeur général Turki Ad
Dakhil, le menaçant de dévoiler les
documents concernant sa corruption
par la famille Al Nahyane, famille
régnante à Abou Dhabi. NOUN mettra
ses menaces à exécution, publiant
ces documents quelques jours plus
tard.
Dernier,
mais non le moindre, l’usage fait à
grande échelle des valises diplomatiques
à grande contenance pour stimuler
l’argumentaire l’effort des faiseurs
d’opinion en Europe et aux États-Unis.
1- Le site al-bab.com: Brian
Whitaker et le torpillage de GNRD.
Fondé
par Brian Whitaker, un doctorant dont la
thèse portait sur le Yémen, ce thésard
longue durée a abandonné ses recherches
universitaires pour se lancer dans le
journalisme.
Après un
passage au quotidien britannique
Guardian, nullement concluant, il se
rend au Qatar en quête d’un financement
pour son site dédié, dans un premier
temps au Yémen, qu’il étendra à
l’ensemble du Monde arabe après son
séjour à Doha.
En 2014,
sur instructions des services des
renseignements du Qatar, il a mené
campagne contre les institutions des
Émirats Arabes Unis et contre ceux qui
étaient en accord avec la politique
hostile d’Abou Dhabi à l’encontre des
Frères Musulmans et du mouvement
salafiste.
Pour ce
faire, il a été en contact avec des
activistes du Hamas et des Frères
Musulmans chargés de alimenter en
informations sa campagne, tels Azzam
Tamimi, Directeur exécutif de la Chaîne
«Al Hiwar» de Londres, Waddah Khanfar,
le frère de ce dernier, chef du Hamas à
Jenine (Cisjordanie).
Waddah
Khanfar, ancien directeur d’Al Jazeera,
au déclenchement du «printemps arabe»
s’installera à Tunis, à la demande du
Qatar, pour lancer le projet de «Davos
Arabe» un forum économique annuel
consacré au Monde arabe qu’il avait mis
en place sous le régime post dictature.
Mais
l’éviction du tandem Mouncef Marzouki,
premier président de la république
Tunisienne post dictature et Rached
Ghannouchi, son mentor néo islamiste, a
fait capoter le projet, conduisant
Waddah Khanfar à prendre la direction du
Huffington Post en langue arabe,
recrutant une équipe à la sensibilité
confrérique marquée, piochée dans le
vivier d’Al Arabiya, à l’instar d’Abdel
Rahman Rached, ou Hakam Al Baba.
Brian
Whiteker a été en outre chargé de mener
campagne contre GNRD. En étroite
collaboration avec l’ambassade du Qatar
en Norvège, le lobby pro-israélien du
pays et les services de renseignements
du Qatar, Whitker a réussi à torpiller
cette organisation non gouvernementale,
qui avait eu l’outrecuidance de vouloir
enquêter sur les conditions de vie de
travail des immigrés népalais sur le
chantier du Mundial. Un crime de lèse
majesté impardonnable.
Les deux
activistes anglais chargés d’enquêter
sur cette affaire pour le compte du GNRD
avaient été arrêtés à Doha, et, fort de
son butin de guerre, le Qatar a réussi à
démanteler le GNRD par des moyens non
juridiques à la faveur d’une transaction
entre le Qatar et la Norvège.
Alternative aux prescripteurs
occidentaux, le GNRD (GLOBAL NETWORK FOR
RIGHTS AND DEVELOPMENT) se posait en
émule de Human Right Watch et d’Amnesty
International.
Fondé en
2008, GNRD disposait d’une importante
infrastructure avec son siège central à
Stavanger (Norvège), de deux sièges
européens, le premier à Genève (Suisse),
la pépinière des ONG, le deuxième à
Bruxelles, siège des institutions
européennes ainsi qu’à Valence (Espagne)
et des bureaux régionaux au Moyen
Orient, à Amman (Jordanie) et à Doubaï
(Émirats Arabes Unis). Le tout secondé
par une armée d’activistes volontaires,
d’informateurs et de bénévoles.
Pour aller plus loin sur
cette affaire GNRD versus Qatar sur ce
lien :
Le
succès de Whiteker dans l’affaire GNRD,
-une ONG qui bénéficiait pourtant du
statut consultatif auprès du Conseil
économique et social (ECOSOC)-, sa
parfaite synchronisation avec
l’ambassade du Qatar en vue de susciter
des problèmes au GNRD devant la justice
économique le destinait tout
naturellement à occuper une place de
choix au sein du lobby Qatar pour
commander la stratégie visant à
l’affrontement avec le quatuor sur le
théâtre européen.
Cf à ce
propos en annexe documentaire en arabe,
le fax simili du courrier adressé par
Hamad Al Khalifa, Ambassadeur du Qatar
en Suède, en charge de la Norvège, à Ali
Ben Fahd Al Hajery adjoint du ministre
pour les Affaires étrangères au
ministère qatari des Affaires
étrangères, dans lequel le diplomate se
félicite de sa parfaite entente avec la
Chef de l’Unité de renseignements du
Norvège et la parfaite compréhension de
cette dernière à l’égard des doléances
du Qatar, demandant à son interlocuteur
diplomatique de veiller à déclencher une
campagne médiatique contre le GNRD lors
du lancement de la procédure judiciaire
afin de lui assurer une couverture
médiatique.
En
compagnie d’Al Jazeera et la chaîne
Hiwar, Brian Whiteker a été chargé en
outre de mener campagne contre des
écrivains et personnalités arabes
critiques à l’égard du Qatar et de son
Mufti Qaradawi, propageant des écrits
hostiles aux Émirats Arabes Unis.
Le
propagandiste anglais du Qatar passe
pour entretenir des contacts suivis avec
les services de renseignements
britanniques, qui ferment l’œil sur les
sommes considérables qu’il reçoit du
Qatar.
2-
Académie de changement: objectif
jeunesse en vue d’une transformation
radicale de la société dans un sens
islamiste.
Il était
évident que l’impact de Qaradawi et de
l’Union Mondiale des Oulémas Musulmans»
avait des effets limités sur la
jeunesse. Le Mufti du Qatar a donc
chargé son gendre, Hicham Morsi, de
mener une action auprès de la jeunesse
en fondant pour ce faire à Londres, en
2006, l’«Académie du Changement».
L’académie déménagera vers le Qatar en
2014.
Disposant d’un budget substantiel,
l’académie a embauché des dizaines de
jeunes notamment Saad Bahar, Ahmad Abdel
Hakim et Wael Adel (Égypte), procédant à
la formation de dizaines de jeunes des
pays arabes: Arabie saoudite, Émirats
Arabes Unis, Égypte, Libye, Syrie, ainsi
que des pétromonarchies du Golfe.
Bras
administratif et intellectuel de la
révolution arabe, bon nombre de cadres
de l’académie ont pris part à la
séquence dite du «Printemps arabe» en
Janvier 2011. Sous des termes vagues,
l’Académie visait, non la réforme de la
société ou son changement, mais la
destruction des sociétés en vue de leur
substituer ds sociétés reposant sur des
fondements islamiques de tendance
confrérique. Autrement dit, former une
jeune génération formatée par
l’idéologie des Frères Musulmans.
3-
L’Institut Al Karama. Un staff figurant
sur la liste d’Interpol ou la liste
international du terrorisme.
Présidée
par Abdel Rahim Ben Omeir Al Neaimi,
l’Institut Al Karama a été fondé en 2004
à Genève, sous le régime juridique de
l’association, transformée aussitôt
après en Institut privé. L’Institut
compte parmi ses membres plusieurs
Algériens, tel l’avocat Rachid Moussali,
et des adhérents au parti islamiste
algérien FIS (Front Islamique du Salut),
figurant la liste Interpol à la demande
de l’Algérie, mais qui bénéficient
néanmoins du droit d’asile en Suisse.
Moussali
a promu deux de ses compatriotes, Mourad
Déhina au poste de directeur exécutif et
Abbas Arwa au titre de superviseur du
programme de travail de l’Institut.
Abbas Arwa a été par la suite missionné
à Doha pour prendre la direction du
Centre des Études d’Al Jazeera durant la
mandature de Waddah Khanfar, avant de
retourner en Suisse en 2012
Khalifa
Ben Rabbane (Qatar) préside le Conseil
de surveillance de l’Institut. Ancien
d’Afghanistan, il a hérité de son père
un lot d’écoles privées et de biens
fonds religieux. Rabbane a servi de
couverture bancaire aux activités
salafistes djihadistes du président de
l’Institut avant que n’établisse une
liaison directe entre Al Karama et les
services de renseignements du Qatar via
le cabinet princier à Doha.
Hamad
Ben Thamer, en quête d’un responsable
financier fiable pour la gestion du
budget d’Al Jazeera, s’était adressé au
président de l’Institut Al Kkarama pour
lui dénicher cette perle rare.
Le nom
d’un jeune salafiste a été proposé: Ali
Souweidi. Ali a officié de nombreuses
années à la tête des finances de la
chaîne avant d’être propulsé à la tête
de la direction générale de «l’Institut
de bienfaisance Eid Al Thani».
Le
Conseil Économique et Social, organisme
de l’ONU habilité à conférer ce genre
d’accréditation, a refusé à l’Institut
Al Karama le statut d’ONG Consultative.
Pour participer aux sessions du Conseil
des Droits de l’Homme, Al Karama achète
les badges de participation aux ONG
accréditées.
Al
Karama concentre ses activités sur les
domaines qui n’entrent pas en
contradiction avec une grille de lecture
salafiste et djihadiste des Droits de
l’Homme: Les arrestations
arbitraires,les enlèvements forcés, la
torture, les assassinats extra
judiciaires.
L’Institut évite d’aborder les sujets
ayant trait à la liberté de croyance, la
liberté religieuse, la peine de mort,
l’égalité entre les sexes, l’égalité
entre les musulmans et les non
musulmans, considérant ces thèmes comme
en contradiction avec la grille de
lecture salafiste de son président et
bailleur de fonds.
L’Institut Al Karama a ainsi soulevé la
question des Droits de l’Homme en Arabie
Saoudite. D’une manière ponctuelle et
sur demande express de ses parrains,
menant une guerre ouverte contre
l’Égypte et les Émirats Arabes Unis
considérant ces deux pays comme des
ennemis de l’Islam et du Salafisme.
Qatar a
abondé la trésorerie de l’Institut de
manière à étoffer son staff en recrutant
des collaborateurs de diverses
nationalités afin de lui donner un
aspect pluraliste et de diluer ainsi la
prééminence au sein de la structure.
Al Karama et la défense du terrorisme
Al
Karama a ainsi réussi à mobiliser le
comité ad hoc chargé de la détention
arbitraire en le conduisant à adopter le
cas de plusieurs personnes ayant commis
des crimes terroristes, de même que le
rapporteur spécial sur la torture.
Il peut
ne pas paraître étrange que le Président
de l’Institut et un membre de son
conseil de surveillance figurent sur la
Liste Internationale du Terrorisme. Mais
ce qui peut paraître extrêmement étrange
est le fait que l’Institut continue de
recevoir une assistance financière de
donateurs terroristes connus, lui
permettent ainsi de poursuivre ses
activités, en toute quiétude, dans le
Grand Saconnex, dans la banlieue de
Genève.
4 – Brookings Institution de Doha
L’un des
centres de recherche parmi les plus
influents au sein du cercle
décisionnaire du pouvoir américain, aux
fortes attaches avec les services
américains, Brookings Institution a
porté son choix sur Doha comme base de
son déploiement régional.
En
partenariat avec le ministère des
Affaires étrangères du Qatar, Brookings
Doha Center a eu pour mission de
rassembler des intellectuels et des
personnalités de Syrie et Égypte,
principalement, des ressortissants du
Golfe à un degré moindre. Sous la
supervision de son premier directeur, le
pakistanais Salmane Al Cheikh, a
multiplié colloques et recherches sur la
Syrie.
Brookings Doha Center a été financé
principalement par le Qatar, mais cette
prééminence du financement qatari a été
occultée par des contributions de la
Suède et la Norvège, avec les
encouragements et la bienveillance des
États Unis, afin de conférer une
certaine crédibilité à ses travaux.
Dans le
choix de ses intervenants, Brookings
Doha a privilégié l’opposition islamique
et les membres de la confrérie des
Frères Musulmans, invitant des
personnalités syriennes résidant dans
les Émirats Arabes Unis, veillant
soigneusement à écarter de ses débats
les démocrates syriens.
Sentant
un virage des Etats Unis à l’égard des
Frères Musulmans, le directeur
pakistanais a démissionné de la
direction de Brookings Doha Center pour
fonder un centre similaire poursuivant
des recherches sur ces thèmes de
prédilection la Syrie, le courant
confrérique.
Brookings Doha a concentré l’essentiel
de ses recherches sur la Syrie et
l’Égypte, à un degré infiniment moindre
les autres pays arabes. Une des
publications du Doha Center a eu pour
thème principal l’armée égyptienne et
ses implications dans la vie politique
et économique du pays.
Brookings Doha Center a accompagné la
bataille constitutionnelle en Égypte qui
s’est déroulée sous le mandat du
président néo islamiste Mohamad Morsi,
de même qu’il a adopté une position
critique à l’égard des modifications
constitutionnelles intervenues après la
chute des Frères Musulmans en Égypte.
Pour aller plus loin sur ce
sujet
5- AZMI BISHARA: Agréger les milieux
laïcs arabes aux «Frères Musulmans», au
service du Qatar.
Azmi
Bishara est venu à Doha à la demande de
l’Émir Hamad Ben Thani pour exercer les
fonctions de conseiller du Prince Hamad
et de son héritier Tamim. Ce palestinien
chrétien a accepté l’offre sous réserve
qu’il puisse disposer d’un centre
d’études doté de gros moyens. Ce qui fut
fait.
Le
Centre Arabe pour les Recherches et les
Études Politiques, fondé à Doha en 2010
par Azmi Bishara avait pour vocation de
se consacrer aux sciences sociales, aux
sciences sociales appliquées, l’Histoire
régionale et la géo stratégie.
(((Originaire de la Palestine dans les
frontières de 1948, diplômé de l’École
baptiste de Nazareth et de l’Université
Hébraïque de Jérusalem, Azmi Bishara est
en outre titulaire d’un doctorat en
philosophie de l’Université Humboldt de
Berlin. A la fin de ses études, il
devint à son retour coordinateur au Van
Leer Institute à Jérusalem Ouest, un
institut israélien pluridisciplinaire.
Fondateur du «Rassemblement National
Démocratique, il a été élu à 4 reprises
à la Knesset pour le compte de ce parti
))).
La mission d’Azmi Bishara au
Qatar
Sa
mission première était d’attirer et de
rapprocher les démocrates arabes du
Qatar, afin de ménager un espace de
liberté et de secouer le joug imposé par
les Frères Musulmans dans les domaines
de l’éducation et de l’information sur
les institutions du pays et au sein même
d’Al Jazeera.
La
feuille de route assignait la mise sur
pied d’un pôle en tandem avec les Frères
Musulmans en vue d’agréger à la
politique du Qatar les milieux laïcs
arabes.
Azmi a
été admis dans le cercle ultra de «La
Chambre noire» d’Al Jazeera, contribuant
à définir la stratégie médiatique de la
chaîne. L’homme a réussi à rallier au
bon nombre d’intellectuels arabes, dans
le but de témoigner de la politique
d’ouverture du Qatar aux réformes et aux
changement dans le Monde arabe.
Azmi
Bishara a été chargé en 2011 par L’Émir
Hamad d’attirer vers Doha l’opposition
syrienne en vue de constituer un pôle
contre le régime syrien. Avisé de
l’existence d’une concertation entre la
Turquie et les États Unis en vue de la
mise sur pied d’un Conseil National
selon le schéma libyen, Azmi s’empressa
d’appâter d’opposants syriens au sein du
Conseil, tels Bourhane Ghalioune, Hazem
Nahar et les Frères Musulmans, regroupés
au sein du «Forum Syrien» afin de
constituer un bloc pro Qatar au sein du
Conseil National Syrien.
Pour aller plus loin à propos
de Bourhane Ghalioune sur ce lien
L’influence d’Azmi Bhishara a pâti de la
décision de l’Émir du Qatar et de son
premier ministre HBJ de prendre
directement en main la gestion du
dossier Syrie.Il a été affecté à Londres
pour prendre en charge l’animation du
dispositif média du Qatar en vue de
faire la promotion des groupements et
personnalités non musulmanes, mais
évoluant dans la sphère financière du
Qatar.
Via le
«Centre Hermon» à Doha, il a fédéré bon
nombre d’opposants syriens émargeant sur
le budget du Qatar et n’appartenant pas
à la confrérie, jouant un rôle notable
dans le ralliement de dissidents
syriens, mais également parmi les
opposants de Libye et d’Égypte, non
membres des Frères Musulmans.
Azmi
Bishara a été le premier défenseur de la
thèse selon laquelle le choix des armes
de la Révolution doit être respecté: Les
révolutionnaires sont maîtres de leur
décision. S’ils optent pour la
militarisation de la révolution et
l’intervention de l’Otan, il importe de
respecter leur choix, soutiendra-t-il.
Principal conseiller de Tamim, Azmi
Bishara a veillé à doter la principauté
de solides structures au service du
Qatar, via «Al Arab Al Jadid» (Les
Nouveaux Arabes), et la chaîne Arabi 21,
deux vecteurs considérés comme relevant
de la soft power du Qatar.
6- Le Projet An Nahda
Lancé de
manière rudimentaire par un médecin
qatari, Jassem Sultan, fondateur de la
première cellule des Frères Musulmans au
Qatar, le projet An Nahd était géré au
départ par la fille du fondateur, de
manière rudimentaire. Bénéficiant de la
caution du pouvoir, il connaîtra une
expansion substantielle en 2000.
Sans
établir le moindre lien de causalité,
Jassem Sultani admettra publiquement
avoir ordonné la dissolution de la
branche FM du Qatar pour la simple
raison que l’État assumait ses
obligations religieuses. Sultani a fait
cet aveu sur la chaîne saoudienne Al
Arabiya dans le cadre du programme
«Éclairages» présenté par le directeur
de la station Turki Ad Dakhil.
Le
projet An Nahda se consacre à la
prédication sur des thèmes portant sur
la renaissance de l’Islam dans le Monde
arabe. An Nahda compte deux publications
à son actif: «Du sursaut au réveil» et
«Les règles du Nahda».
Il anime
des sessions de formation des cadres
d’An Nahda. Son fondateur met l’accent
sur le caractère islamiste mais non
confrérique de son projet. Son action
porte sur la formation au raisonnement,
à la réflexion et à la maîtrise de la
théorie.
An Nahda
ne procède pas de manière directe et
frontale, mais par attaque oblique,
allusive, avec des expressions telles
que «la plupart des régimes», «un pays
du golfe» ou encore «les régimes en
place».
7- La chaîne satellitaire Al Hiwar
(le dialogue), fer de lance de la guerre
de Libye, d’Égypte et de Syrie.
Diverses
versions circulent quant aux conditions
du lancement de la chaîne satellitaire
Hiwar en 2006.
Dans une
conversation enregistrée avec le colonel
libyen Mouamar Kadhafi, l’émir Hamad du
Qatar assume la décision de son
lancement. «Une initiative personnelle
destinée à repartir les tâches entre les
divers vecteurs de la principauté».
Un des
fondateurs de la chaîne soutient que le
capital était varié: Le FPLP (Front
Populaire Pour la Libération de la
Palestine) avait acquis un droit
d’émission de plusieurs sur la chaîne,
de même que le parti tunisien An Nahda,
la branche tunisienne des Frères
Musulmans, le bureau international de la
confrérie, ainsi que le Comité Arabe des
Droits de l’Homme, qui, li avait acquis
les droits de diffusion de ses
programmes pour une heure hebdomadaire.
Abdel
Rahman Abou Diyyeh, un palestinien
résidant au Royaume Uni et proche du
Hamas, était soucieux d’aménager un
espace d’expression non affilié à des
courants islamistes. Il était soutenu
dans sa démarche par Zaher Al Birani,
membre de la confrérie et directeur de
la programmation.
En
revanche, Azzam Tamimi, directeur
exécutif et responsable financier de la
station, y était résolument hostile.
S’employant à minimiser l’influence des
participants non affiliés à la
confrérie, il veillait à maîtriser les
circuits de décision de la station pour
en faire une tribune des courants
islamistes, confrériques et salafistes.
Faisant office de substitut d’Al
Jazerra, il programmait les émissions
que la chaîne vedette du Qatar ne
pouvait diffuser de crainte de
complications régionales.
Al Hiwar et ses démêlés avec le Comité
Arabe des Droits de l’Homme
Le
Comité Arabe a été le premier adhérent
au Hiwar. Il sera le premier à
l’abandonner par suite d’un différend
éditorial. Se rendant compte que le
projet était d’inspiration confrérique
sous contrôle du Qatar, sa participation
était destinée à accréditer l’idée d’une
station pluraliste, ce qu’elle n’était
de toute évidence pas.
La crise
a éclaté lorsque Violette Dagher,
présidente du Comité Arabe avait préparé
un documentaire sur les «Bidouns du
Qatar», ces apatrides frappés de la
déchéance de leur nationalité, au nombre
de 5.000 de la tribu al Mari, ayant fait
l’objet de cette sanction.
Azzam
Tamimi est intervenu directement pour
s’opposer à la diffusion de l’émission,
faisant valoir que la station ne pouvait
«ni de près ni de loin» déplaire au
Qatar qui constituait le ballon
d’oxygène du Hiwar. Le Comité Arabe
décida sur la champ d’interrompre sa
participation aux programmes de la
chaîne.
Désormais sous l’emprise complète et
totale du Qatar et des Frères Musulmans,
Hiwar a été le fer de lance de la guerre
de Libye, d’Égypte et de Syrie. Un canal
complémentaire a été spécialement activé
depuis Doha pour accompagner le
soulèvement libyen en superposition à la
couverture d’Al Jazeera. Il en a été de
même pour l’Égypte dotée elle aussi d’un
canal complémentaire.
Hiwar a
été le premier média à proposer le
recours aux armes en Syrie pour
combattre le régime, puis le jihad au
Levant. Hiwar est en outre la plus
importante chaîne satellitaire vouée à
la promotion au Royaume Uni et dans
l’espace européen aux groupements
qualifiés de terroristes.
Le Qatar
a doté Hiwar d’un important budget; un
flux financier qui s’est poursuivi sous
Tamim. Son rôle est central dans la
riposte du Qatar à l’offensive du
quatuor arabe (Arabie saoudite, Bahreïn,
Égypte et Koweït). Hiwar, Al Jazeera et
les autres vecteurs du Qatar se
repartissent les rôles, Hiwar et Al
Jazeera se concentrant plus
particulièrement sur l’Égypte et
l’Arabie saoudite.
8-Des sites à la demande
Des
dizaines de sites électroniques
subventionnés par le Qatar ont émergé
dans la blogosphère à l’occasion de
l’épreuve de force entre la principauté
et ses 4 rivaux. Ses sites bénéficient
de subsides dans le cadre du financement
des activités médiatiques des Frères
Musulmans et de leurs alliés.
ASRAR ARABIA (Secrets arabes)
http://hournews.net
Secrets arabes qui publie ce que les
autres sites n’ont pas le courage de
dire.
http://noonpost.org
Le dispositif médiatique anti Qatar
s’est débattu dans la confusion en
l’absence de coordination entre les 4
adversaires de la principauté. Cette
confusion a été accentuée par la
faiblesse des preuves contre le Qatar
soumises à l’opinion publique et la
méconnaissance de son réseau
relationnel.
Les médias de l’ombre du
Qatar.
Il n’est pas indifférent de noter à
ce propos le travail du quotidien
saoudien Oukaze, révélateur de
l’ambiance régnant au Royaume face à la
pieuvre qatari. Oukaze a procédé à une
recension des médias soutenant le Qatar,
dans une enquête intitulée «Les médias
de l’ombre du Qatar», déplorant de
n’avoir réussi à mettre à jour la face
immergée de l’Iceberg.
Sur le plan diplomatique, le
Qatar a joué la carte de la
«victimisation».
Le ministre des Affaires étrangères
multiplié les démarches en vue de gagner
la sympathie des capitales occidentales
à la cause du Qatar. Une campagne
diplomatique orchestrée par le lobby
financé par la principauté pour inciter
ses interlocuteurs à prendre position
contre le blocus et les sanctions y
afférentes (fermeture des frontières,
suspension des liaisons aériennes).
Dans un geste de bonne volonté, le
Qatar a proposé une coopération dans le
domaine sécuritaire, ouvrant ses
archives à ses interlocuteurs
occidentaux.
Le Lobby pro Qatar vit une
véritable épreuve en Europe.
L’ami français François Hollande a
lamentablement échoué. Les dernières
élections législatives, en juin 2017,
ont mis fin au rôle moteur du Parti
Socialiste dans la vie politique en
France.
Des voix s’élèvent réclamant la fin
des privilèges accordés au Qatar dans
les domaines fonciers et financiers,
considérés comme des arrangements
inégalitaires.
Le Royaume Uni, qui traverse une
profonde crise économique, cherche via
le rôle de composition de son ministre
des Affaires étrangères Boris Johnson,
de glaner en contrepartie de son
agitation des contrats et des facilités
du Qatar.
L’Allemagne, qui ploie sous le poids
de l’afflux des immigrés du Moyen
orient, a obtenu ce qu’elle recherchait:
les archives des groupements islamistes
dont elle redoute les actions sur son
territoire
Quant à Donald Trump, il ne nourrit,
lui, aucune sympathie particulière pour
le Qatar.
Reçu de René Naba pour publication
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