MADANIYA
Diplomatie française en vrille: Olivier
Poivre d’Arvor,
le nouveau résident de Carthage
René Naba
Lundi 20 juin 2016
L’homme est un habitué des Palais
Nationaux. Olivier Poivre d’Arvor, –le
frère de l’autre, mais pas que–, sera le
prochain représentant de la France en
Tunisie, un pays à l’épicentre des
turbulences djihadistes au Maghreb, en
remplacement d’un spécialiste, François
Gouyette.
1 -François Gouyette
François Gouyette, ancien ambassadeur
en Tunisie et en Libye, ancien
conseiller diplomatique de Jean Pierre
Chevènement au ministère de l’Intérieur,
a été affecté d’urgence en Arabie
saoudite pour remplacer au pied levé
Bertrand Besancenot, en poste depuis
2007, atteint du «syndrome de
Stockholm». La relève française en
Arabie saoudite intervient alors que la
France semble avoir parié sur le mauvais
cheval dans la course à la succession de
l’octogénaire Roi Salmane.
Sans doute abusé par les analyses
dithyrambiques de son représentant
auprès de la Cour wahhabite, l’Élysée a
en effet décerné en catimini, en mars
2016, la Légion d’Honneur au prince
héritier Mohammad Ben Nayef, en phase
crépusculaire au profit du propre fils
du Roi, le Prince Mohammad Ben Salmane,
qui vient d’achever une tournée
triomphale aux États-Unis.
2 – Olivier Poivre
d’Arvor en Tunisie.
Titulaire d’un diplôme en
philosophie, lauréat d’une bourse «Villa
Médicis» hors les murs (États-Unis-1987),
Directeur du Centre Culturel Français
d’Alexandrie (1988-1990), directeur à sa
réouverture de l’Institut Français de
Prague, (1990-1994), directeur de
l’Institut Français du Royaume Uni,
Olivier Poivre d’Arvor est, non un homme
de terrain, mais le parfait apparatchik
de la culture, avec une prédilection
pour les belles résidences de fonction.
Frère puîné de Patrick Poivre
d’Arvor, présentateur vedette de la
première chaîne de télévision française
TF1 et coqueluche de la droite bien
pensante pendant trois décennies, le
cadet a pu déployer sa carrière à
l’ombre protectrice de son aîné. Sa
connaissance du Monde, plus tôt des gens
du monde, son entregent et celui de son
aîné, expliquent partiellement ce cursus
doré, rarement égalé dans le monde de la
culture.
Propulsé par Laurent Fabius, l’ancien
ministre des affaires étrangères, au
poste de ministre plénipotentiaire pour
sa proximité avec le néo-conservatisme
pro américain du Quai d’Orsay, le voilà,
sous le terne Jean Marc Ayrault, promu
au rang d’ambassadeur de France en
Tunisie, un pays en pleine recomposition
géopolitique, en butte aux coups de
butoir réguliers de Daech.
La Tunisie n’a décidément pas de
chance avec la France, à en juger par la
liste des ambassadeurs français qui se
sont succédé à Tunis: Olivier Poivre
d’Arvor succède ainsi à Frédéric
Mitterrand, qui obtiendra la nationalité
tunisienne pour acquérir une résidence
secondaire pour ses villégiatures
futures et à Boris Boillon, le «sarko
boy» par excellence de la diplomatie
philo-atlantiste, le body bodybuildé qui
aura laissé un souvenir impérissable en
Tunisie post dictature, terminant sa
carrière en garde à vue, convoyeur de
fonds.
3 – Le Fait du
Prince
Ces nominations quelque peu
étonnantes relèvent du «Fait du Prince»,
survivance d’un droit régalien hérité de
la monarchie. Mais dans un monde en
compétition exacerbée, le «fait du
prince» peut parfois jouer de mauvais
tours même aux plus finauds des hommes
politiques français.
Outre Boris Boillon, Nicolas Sarkozy
avait propulsé Roger Auque, -un espion
israélien de son propre aveu-, au poste
d’ambassadeur de France en Érythrée,
sans qu’il ait été possible de savoir si
l’ancien otage français du Liban et père
biologique de Marion Le Pen-Maréchal
agissait, dans cette zone ultra-sensible
de la Corne de l’Afrique, champ d’action
privilégié des shababs somaliens sur
fond de piraterie maritime, en tant
qu’ambassadeur français pour le compte
de ses anciens employeurs israéliens ou
en tant qu’homme d’influence
pro-israélien au détriment de la France
Président de l’unique pays au Monde à
avoir décerné un certificat de bonne
conduite au groupement terroriste «Jabhat
An Nosra», de l’unique pays au Monde à
avoir décoré de la Légion d’Honneur le
prince héritier d’un pays incubateur du
terrorisme planétaire, François Hollande
expédie pour le représenter en Tunisie,
un pays en butte avec ces mêmes
groupements terroristes, …un mondain
dont l’expérience est avérée dans le
domaine de la versification, le roman ou
la prosopopée, mais non l’analyse lucide
du phénomène terroriste tafkiriste
Comprenne qui pourra. Sans doute une
nouvelle illustration de la rationalité
cartésienne ?
© madaniya.info -
Tous droits réservés.
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
Le dossier
Tunisie
Les dernières mises à jour
|