MADANIYA
Égypte : Les lignes de force de la
diplomatie égyptienne en direction du
Moyen-Orient
René Naba
Lundi 17 août 2020 Les services de
renseignements égyptiens ont rédigé un
memorandum consignant les lignes de
force de la diplomatie égyptienne en
direction du Moyen orient. Destiné au
ministère des Affaires étrangères et aux
médias égyptiens, ce mémorandum traite
de sept pays arabes.
Rédigé par le
général Abbas Kamel, chef des Services
de renseignement, sous la supervision de
la présidence égyptienne, le mémorandum
ne traite pas de la Palestine car ce
sujet est directement traité par les
services de renseignements égyptiens en
ce que la Bande de Gaza, limitrophe de
l’Égypte, est dirigée par le Hamas, la
branche palestinienne des Frères
Musulmans, bête noire du régime
égyptien.
Le mémorandum,
dont le journal libanais «Al Akhbar» en
a publié les principaux extraits, le 10
juin 2019, concerne 7 pays arabes:
- Trois pays
arabes, en proie à la guerre civile,
(Syrie, Yémen, Libye)
- Deux en pleine
révolte populaire (Algérie, Soudan)
- Deux (La
Turquie et le Qatar) en
confrontation directe avec l’Égypte
en raison de leur soutien à la
confrérie des Frères Musulmans. et
au gouvernement Fayez Serraj en
Libye
Rédigé par le
général Abbas Kamel, chef des Services
de renseignement, sous la supervision de
la présidence égyptienne, le mémorandum
ne traite pas de la Palestine car ce
sujet est directement traité par les
services de renseignements égyptiens en
ce que la Bande de Gaza, limitrophe de
l’Égypte, est dirigée par le Hamas, la
branche palestinienne des Frères
Musulmans, bête noire du régime
égyptien. Le mémorandum ne mentionne pas
non plus Israël, qui relève du domaine
réservé présidentiel.
Al Akhbar avertit
ses lecteurs que le contenu du
mémorandum est susceptible de
modifications en fonction de l’évolution
de la conjoncture régionale de manière à
servir les objectifs de la stratégie
égyptienne.
Voici les
principaux éléments de ce document
- Syrie: Mettre
l’accent sur les ambitions de la
Turquie et de l’Iran et sur les
modifications démographiques sur le
terrain.
- Yémen: Pas de
critique des Houthistes ni des
Émirats Arabes Unis
- Turquie Qatar:
Pointer l’Islamisation de l’état
turc et dénoncer le rôle du Qatar
dans le financement du terrorisme.
- Soudan, Libye,
Algérie: Neutralité au Soudan,
soutien au Maréchal Khalifa Haftar
en Libye et soutien au plan de
l’armée en Algérie
1- Syrie: Mettre
l’accent sur les ambitions de la Turquie
et de l’Iran et sur les modifications
démographiques sur le terrain.
«Mettre l’accent
sur l’importance que revêt la Syrie pour
l’Égypte en remettant en mémoire leur
histoire commune et les relations
stratégiques entre les deux pays (qui
ont mené conjointement quatre guerres
contre Israël (1948, 1956, 1967, 1973).
Plaider pour la
préservation de l’intégrité territoriale
de la Syrie et de la prise en compte des
aspirations du peuple syrien.
Rejet de toute
intervention étrangère. Retrait de
toutes les forces étrangères de Syrie,
quelque soit la forme que revêt cette
présence.
Mettre en relief
les efforts de l’Égypte tant sur le plan
régional qu’international pour favoriser
un règlement politique sur la base des
résolutions internationales notamment la
Conférence Internationale de Genève sur
la Syrie.
Soutenir les
efforts visant à mettre sur pied un
comité chargé de la rédaction d’une
nouvelle constitution.
REFUS DES MENÉES
SÉPARATISTES en soulignant le rôle des
puissances étrangères en faveur des
minorités, LA FRANCE ET LES ÉTATS UNIS
EN FAVEUR DES KURDES, LA TURQUIE EN
FAVEUR DES TURKMÈNES.
Se féliciter de
l’accueil par l’Égypte de réfugiés
syriens et du rôle du Caire en faveur de
leur retour en Syrie, une fois assurée
la stabilisation de la situation dans ce
pays.
IGNORER LES PROPOS
DES MÉDIAS SYRIENS SUR LE RÔLE DE
L’ÉGYPTE DANS LA CRISE DES CARBURANTS EN
SYRIE
Dans le
prolongement de la position de l’Égypte
sur le rôle de l’armée nationale dans la
guerre contre le terrorisme, faire
l’éloge du rôle du régime syrien en ce
domaine, en spécifiant que l’armée
nationale est une ligne rouge
infranchissable.
Se féliciter de la
convergence entre l’Égypte et la Syrie
dans le domaine de la lutte
anti-terroriste, notamment dans la
perspective du retour des combattants
étrangers dans leur pays d’origine à la
suite de leur strangulation en Syrie.
Mettre l’accent sur
la nécessité de la réintégration de la
Syrie dans le giron arabe afin de couper
la voie aux puissances régionales
soucieux de s’implanter en Syrie, comme
c’est le cas de la Turquie et de l’Iran.
Souligner le RÔLE
NÉGATIF DE LA TURQUIE EN SYRIE,
notamment SON SOUTIEN AUX GROUPEMENTS
TERRORISTES, EN SUPERPOSITION AUX
AMBITIONS HISTORIQUES DE LA TURQUIE SUR
LA SYRIE, comme en témoignent ses
efforts en vue de MODIFIER L’IDENTITÉ
DES ZONES SYRIENNES SOUS SON AUTORITÉ,
EN RENFORÇANT LA POSITION DES TURKMÈNES
DANS LE SECTEUR SOUS SON CONTRÔLE.
Mettre en garde
contre L’INFLUENCE GRANDISSANTE DE
L’IRAN dans la zone; Son AMBITION DE
CONSOLIDER LES VOIES DE RAVITAILLEMENT
ENTRE TÉHÉRAN ET BEYROUTH, FAVORISANT LA
CONVERSION AU CHIISME DES POPULATIONS
DANS LA PERSPECTIVE D’ÉDIFIER UN
CROISSANT CHIITE EN PROCÉDANT A LA
MODIFICATION DÉMOGRAPHIQUE SUR LE
TERRAIN, NOTAMMENT DANS L’AGGLOMÉRATION
DE DAMAS ET LE SECTEUR D’AL- QALAMOUN.
NDLR à propos d’Al
Qalamoun
Commune libanaise
située sur la côte méditerranéenne, dans
le district de Tripoli, dont elle est
distante de 5 kilomètres, la localité a
été le théâtre de violentes batailles,
le 6 mai 2015, du Hezbollah libanais,
secondé par l’armée syrienne, contre les
combattants islamistes du Front An
Nosra, franchise d’Al Qaida en Syrie.
Une semaine après le début de la
bataille, le tandem Hezbollah armée
syrienne réussissait, le 15 Mai, à
prendre le contrôle du tiers du
territoire aux mains des rebelles, les
faisant refluer vers ERSAL, écartant
ainsi toute menace sur l’autoroute
reliant Damas et HOMS en coupant les
voies de ravitaillement des islamistes à
Zabadani.
Fin de la note.
-Passer sous
silence les succès des forces kurdes,
mais mettre plutôt sur le leur
contentieux avec Damas, à propos de
leurs intentions séparatistes.
-Focaliser sur les
craintes que suscitent les nouvelles
sanctions américaines et européennes sur
la Syrie à l’effet de provoquer un
nouveau flux migratoire vers l’Europe et
les pays limitrophes de la Syrie.
-Éviter de faire
état des critiques de la Syrie à l’égard
de l’Égypte, notamment à propos des
informations des médias syriens rejetant
sur l’Égypte LA RESPONSABILITÉ DE LA
CRISE DE CARBURANTS DONT PÂTIT LA SYRIE
DU FAIT DE LA DÉCISION DU CAIRE
D’INTERDIRE AUX PÉTROLIERS IRANIENS LE
PASSAGE DU CANAL DE SUEZ EN VUE DE
RAVITAILLER LA SYRIE EN PÉTROLE.
-Ne pas évoquer
franchement la position de l’Égypte
concernant la réintégration de la Syrie
au sein de la Ligue Arabe, mais
valoriser la position de neutralité
égyptienne de soutenir les choix du
peuple syrien en faveur d’un règlement
du conflit.
S’abstenir de commenter la décision de
Donald Trump de retirer les troupes
américaines de Syrie. De même S’ABSTENIR
DE COMMENTER LE RÔLE NÉGATIF DE CERTAINS
PAYS ARABES -TELS L’ARABIE SAOUDITE ET
LA JORDANIE- DANS LEUR SOUTIEN AUX
GROUPEMENTS ARMES EN SYRIE.
Yémen: Pas de
critiques des Houthistes ou des Émirats
Arabes Unis
L’Égypte, qui a
mené un combat aux côtés des
Républicains contre l’Imamat du Yémen,
dans la décennie 1960, au plus fort de
la rivalité entre Gamal Abdel Nasser et
le Roi Faysal d’Arabie, considère que
«l’intégrité territoriale du Yémen, dans
ses deux provinces -nord et sud-, comme
faisant partie intégrante de la sécurité
de l’espace national arabe».
Mettre l’accent sur
le rôle de l’Égypte dans la protection
de la liberté de navigation sur le Canal
de Suez et en Mer Rouge.
Mettre l’accent sur
la justesse et la clarté de la position
égyptienne à l’égard de ce conflit
notamment son soutien aux armées
nationales dans le combat contre le
terrorisme en vue de parvenir à une
solution politique
Valoriser le rôle
de neutralité de l’Égypte matérialisée
par son accueil des réfugiés, sans la
moindre discrimination, les soins
qu’elle leur prodigue, l’assistance
humanitaire qu’elle fournit aux
nécessiteux.
Dans un soutien
implicite à la guerre d’agression des
pétromonarchies contre le Yémen, le
mémorandum invite le ministère des
Affaires étrangères et les médias
égyptiens à «soutenir que la
participation à la coalition
internationale vient en application des
résolutions internationales y
afférentes».
Éviter de révéler
les aspects négatifs de cette alliance
en dépit du fait qu’elle a contribué à
la détérioration sur la situation au
Yémen.
Plaider pour
confier la responsabilité de la lutte
contre les groupements terroristes -Al
Qaida et Da’ech – aux organismes
gouvernementaux aussi bien l’appareil
sécuritaire que l’armée.
Mettre en garde
contre les conséquences négatives
résultant de la présence de forces
étrangères au Yémen au prétexte d’y
maintenir la paix, en raison de
l’importance stratégique que revêt ce
pays riverain du Détroit de Bab El
Mandeb et de la Mer Rouge.
L’Égypte participe aux côtés de l’Arabie
saoudite et des Émirats Arabes Unis au
blocus du Qatar, qu’ils accusent d’être
le parrain de la Confrérie des Frères
Musulmans, une organisation inscrite sur
la liste noire des pétromonarchies.
MENTIONNER LE
PROJET DES FRÈRES MUSULMANS AU YÉMEN ET
LEUR INSTRUMENTALISATION DE LA CRISE AU
SERVICE DES AMBITIONS MONDIALES DE LA
CONFRÉRIE EN VUE D’EXERCER SON EMPRISE
POLITIQUE SUR LE YÉMEN. Cette position
est conforme à celle des Emirats Arabes
Unis.
S’ABSTENIR DE
CRITIQUER LE RÔLE DU GOUVERNEMENT
LÉGITIME (pro saoudien), NOTAMMENT SON
INEFFICACITÉ DANS LES PROVINCES
LIBÉRÉES.
S’ABSTENIR DE
CRITIQUER LE RÔLE DES ÉMIRATS ARABES
UNIS DANS LES PROVINCES SUD ET SON
SOUTIEN AUX MILICES ARMÉES OPÉRANT HORS
CONTRÔLE DE L’ÉTAT.
SE LIMITER A
MENTIONNER LE RÔLE NÉGATIF DE L’IRAN SUR
LE PLAN DE L’INFORMATION
S’ABSTENIR DE
CRITIQUER DIRECTEMENT LES HOUTHISTES. DE
MÊME VEILLER A NE PAS AMPLIFIER LE RÔLE
DE L’ARABIE SAOUDITE ET DES ÉMIRATS
ARABES UNIS. Mais TRAITER LA SITUATION
SUR LE PLAN FACTUEL sans trop de
précisions, ni mentionner la position
des divers protagonistes.
TURQUIE: Les
droits des Kurdes et l’islamisation de
l’État.
Dénoncer le rôle du
Qatar dans le financement du terrorisme
en Égypte et en Afrique (Libye, Soudan,
Somalie).
Les relations de l’Égypte avec la
Turquie et le Qatar sont traitées
exclusivement sous l’angle des rapports
qu’entretiennent ces deux pays avec la
Confrérie des Frères Musulmans, déclarée
hors la loi en Égypte, contre laquelle
le pouvoir égyptien mène une guerre sans
répit.
Mettre l’accent sur
les facilités octroyées par le président
Erdogan aux Frères Musulmans, alors que
la confrérie continue sa campagne
hostile contre le régime égyptien.
En contrechamps,
mettre en relief les vexations et les
privations auxquels sont soumis les
Kurdes en Turquie, les atteintes à leur
droit en tant que minorité avec son lot
de privations de liberté, de
licenciement arbitraire, d’incarcération
au prétexte d’appartenance à la mouvance
Gulen (mouvement islamiste rival du
parti d’Erdogan).
La stratégie égyptienne face à Ankara
repose sur la dénonciation du PROCESSUS
D’ISLAMISATION DE L’ÉTAT TURC SOUS
L’ÉGIDE DU RÉGIME NEO ISLAMISTE EN DÉPIT
DE LA LAÏCITÉ DE L’ÉTAT CONSACRE PAR LA
CONSTITUTION. DE MÊME QUE LES AMBITIONS
D’ERDOGAN AVEC SA DIPLOMATIE NEO
OTTOMANE.
DÉNONCER LA
COOPÉRATION ENTRE TÉHÉRAN ET ANKARA et
leurs ambitions respectives en Syrie;
une HYPOTHÈQUE A L’INTÉGRITÉ
TERRITORIALE DE LA SYRIE, prélude à son
démembrement.
Mettre l’accent sur
le soutien de la Turquie au terrorisme,
en tirant profit de sa proximité avec
les pays en proie à la guerre civile
(Irak, Syrie) tout en se posant en DIGUE
DU TERRORISME MOYEN ORIENTAL FACE A
L’EUROPE.
Une fonction en contradiction avec son
rôle de voie de passage des combattants
islamistes, sa collaboration avec ces
groupements notamment dans la
commercialisation des pièces
d’antiquités pillées des sites
archéologiques de Syrie et d’Irak et
dans l’écoulement du pétrole pompé sur
les champs pétrolifères des zones sous
le contrôle des groupements islamistes.
S’abstenir de tout
commentaire concernant les prises de
position d’Erdogan vis à vis du
leadership égyptien.
Crise des
pétromonarchies du Golfe:
S’abstenir de tout
commentaire concernant les activités du
groupe quadripartite (Arabie saoudite,
Émirats Arabes Unis, Bahrein et Égypte).
Réaffirmer
l’attachement du groupe quadripartite à
la stratégie de maintien du blocus du
Qatar, aussi longtemps que Doha n’aura
pas souscrit aux 13 conditions posées
par ses adversaires, concernant son
soutien aux groupements terroristes et
ses ingérences dans les affaires
intérieures des autres états, d’autant
que Doha a tiré profit de la mollesse
des réactions internationales pour se
soustraire à ses conditions.
S’abstenir de
mentionner les démarches du Qatar auprès
des instances internationales (Cour
Pénale Internationale, Union Postale
Internationale) contre le groupe
quadripartite.
Dénoncer le rôle
subversif du Qatar en Afrique, son
soutien aux groupements terroristes
notamment au Soudan et en Somalie
Mettre en avant
l’efficacité des mesures de coercition
adoptées par le groupe quadripartite en
vue de réduire le rôle du Qatar dans la
zone et ses repercussions sur le plan
intérieure qatari.
Mettre en avant
l’ingérence du Qatar en Égypte à la
faveur du soulèvement populaire de 2011
(élection de Mohamad Morsi, membre des
Frères Musulmans), ainsi que la
contrebande des armes à laquelle se
livre le Qatar à destination de la Libye
en violation de l’embargo international
sur les armes qui frappe ce pays.
Mettre en avant le
rôle négatif du Qatar en Syrie par son
soutien aux groupements islamistes,
provoquant la mort de plusieurs milliers
de personnes, et forçant à l’exil autant
de personnes. Faire assumer au Qatar la
responsabilité des destructions
infligées du fait de ce comportement au
peuple syrien.
Soudan-Libye-Algérie: neutralité à
l’égard du Soudan; soutien au Maréchal
Khalifa Haftar en Libye; soutien au plan
de l’armée en Algérie.
Le Soudan figure en
tête des préoccupations de l’Égypte. Le
Mémorandum souligne le souci permanent
de l’Égypte envers la stabilité du
Soudan en raison des relations
stratégiques et historiques qui lient
ces deux pays du bassin du Nil.
Soutenir les
options du peuple soudanais en
conformité avec la politique constante
de l’Égypte fondée sur la non ingérence
dans les affaires intérieures des autres
pays.
Soutenir les
efforts déployés sur le plan régional et
international en vue d’aider le Soudan à
surmonter la crise.
Le ministère des
Affaires étrangères doit observer une
neutralité et faire preuve de
professionnalisme afin de ne porter
atteinte à aucun des protagonistes du
conflit soudanais.
Entreprendre
progressivement une démarche visant à
faire entendre les opinions des divers
protagonistes soudanais dans les médias
égyptiens en respectant le principe du
débat contradictoire en vue de dégager
la voie à la possibilité de la tenue en
Égypte d’une conférence du dialogue
inter-soudanais.
S’abstenir
d’évoquer les sujets qui prêtent à
controverse avec l’Égypte (Halayeb et
Chalatine). Port situé sur la Mer rouge,
le triangle de Halayeb est une région
frontalière administrée par l’Égypte et
revendiquée par le Soudan. Chalatine
fait partie du triangle de Halayeb avec
une 3eme ville, Abou Ramad. Ce dossier
constitue une bombe à retardement entre
les deux pays.
S’abstenir de
mentionner le déplacement des
personnalités égyptiennes au Soudan dans
les circonstances présentes.
Libye
Valoriser le fait
que les opérations militaires de l’armée
nationale libyenne, notamment les forces
du Maréchal Khalifa Haftar dans le
secteur occidental du pays (région de
Tripoli) viennent en complément des
efforts visant à réduire le terrorisme
en vue de favoriser une solution
politique.
-Valoriser le bien fondé de la position
égyptienne qui plaide pour conférer une
priorité absolue à la restauration à
l’État libyen et la préservation de
l’intégrité territoriale et la
stabilisation de ce pays limitrophe, en
poursuivant la guerre contre le
terrorisme et les milices extrémistes.
Mettre en relief le rôle du Qatar et de
la Turquie dans la déstabilisation de la
Libye ainsi que le rôle dangereux assumé
dans ce domaine par les milices
extrémistes confrériques.
NDLR: Le mémorandum
passe complètement sous silence le rôle
de la France, (le président Nicolas
Sarkozy en tandem avec le philosophe
Bernard Henry Lévy), en coordination
avec Hillary Clinton, secrétaire d’Etat,
dans ce désastre.
-Faciliter les
interventions du Maréchal Haftar et de
son porte-parole, le général Ahmad al
Mismari sur les chaînes satellitaires
égyptiennes.
-Mettre en valeur le rôle de Akila
Saleh, Président de l’Assemblée
libyenne, en considérant que le
parlement libyen constitue la seule
instance légitimement élue. Mettre
l’accent sur les dangers résultant de
l’accroissement de l’aide de la Turquie,
du Qatar et de l’Iran aux extrémistes du
secteur occidental (Région de Tripoli),
ainsi que sur l’importance du transit
des combattants étrangers via la Turquie
en vue de transformer la Libye en un
champ de bataille comparable à la Syrie.
- Souligner le
lien qui existe entre les milices du
Gouvernement d’Entente Nationale
(Sarraj) avec des groupements
terroristes.
- Amplifier les
communiqués du Maréchal Haftar en
assurant leur publication dans la
presse quotidienne égyptienne.
- Éviter de
qualifier de «légitime» les milices
relevant de l’autorité du
Gouvernement d’Entente Nationale
(gouvernement Sarraj).
S’ABSTENIR DE MENTIONNER L’ AIDE
ETRANGERE DONT BENEFICIE L’ ARMEE DU
MARECHAL HAFTAR, NOTAMMENT L’ AIDE
DE LA FRANCE ET DES ÉMIRATS ARABES
UNIS.
- Pointer la
responsabilité des milices de
Tripoli et de Misrata dans
l’aggravation de la situation du
fait de leur emprise sur les
ressources de l’état et de leur
hostilité résolue envers l’Égypte.
Algérie
Le mémorandum des
Services de renseignements égyptiens
donne des consignes très strictes sur la
couverture des événements d’Algérie,
intimant que les comptes rendus soient
favorables aux positions de l’armée
algérienne.
Mettre l’accent sur l’insistance de
certains courants politiques à dégager
une solution hors des normes
constitutionnelles.
Soutenir les mesures prises par l’armée
pour aménager la période transitoire, en
faisant valoir qu’elles sont d’autant
plus pertinentes qu’elles prévoient
l’organisation d’élections dans un court
délai.
- Souligner le
fait que l’impasse est génératrice
d’anarchie.
- Souligner le
fort intérêt de l’Égypte
(leadership, peuple et gouvernement)
à la stabilité de l’Algérie en
particulier, la stabilité du Maghreb
d’une manière générale, en raison
des répercussions de cette zone sur
la sécurité nationale égyptienne.
Renouveler la
confiance de l’Égypte dans la capacité
de l’armée et du peuple algériens à
surmonter cette crise par la
satisfaction des aspirations du peuple
algérien.
Mettre en garde contre le risque de
mettre en doute la légitimité des
aspirations du peuple algérien,
-aspirations justes et légitimes-, ainsi
que contre les tentatives visant à se
servir des revendications populaires
pour renverser le régime ou pour
précipiter le pays dans l’anarchie.
Ne pas commenter
les prises de position des personnalités
égyptiennes concernant l’Algérie afin
que ces commentaires n’influent pas sur
les relations bilatérales, notamment au
niveau populaire.
Note de la
rédaction de https://www.madaniya.info/
L’Algérie à la
recherche d’une nouvelle visibilité
diplomatique
A la recherche
d’une nouvelle visibilité diplomatique
après une longue période de léthargie
correspondant à la phase terminale de
l’ère Bouteflika, l’Algérie a subordonné
la tenue d’un sommet arabe en Algérie à
la réintégration de la Syrie au sein de
la Ligue Arabe, dont elle est un membre
fondateur.
Alliée
inconditionnelle de la Syrie en raison
de la contribution du pouvoir baasiste à
sa guerre d’indépendance, l’Algérie
s’était opposée à l’expulsion de la
Syrie de l’organisation pan arabe,
s’attirant le courroux du lilliputien
Qatar, dont le ministre des affaires
étrangères Hamad Ben Jassem avait menacé
d’un sort identique l’Algérie, pourtant
unique pays au monde doublement
victorieux tant dans sa guerre de
libération contre le pouvoir colonial
français que dans sa guerre de contre le
terrorisme. En écho, son partenaire
français Nicolas Sarkozy avait
surenchéri, répétant tel un saut de
cabri: «Dans un an l’Algérie, dans trois
ans l’Iran».
La suite est
connue. Tant Hamad Ben Jassem que
Nicolas Sarkozy ont été projetés sans
ménagement dans les poubelles de
l’histoire, alors que la Syrie et
l’Algérie résistaient victorieusement à
leur environnement djihadiste.
Pour aller plus
loin sur ce thème, cf ce lien
https://www.algerie360.com/le-plan-sarkozy-pour-le-machrek-maghreblalgerie-dans-un-an-liran-dans-trois-ans/
L’alliance
Syrie-Algérie ne s’est jamais relâchée
même au plus fort de la guerre de
destruction de la Syrie où la
coopération sécuritaire entre Alger et
Damas a neutralisé un afflux des
terroristes algériens vers la Syrie. Les
islamistes algériens qui y ont pris part
sont ceux venus dans leur très grande
majorité d’Europe et non d’Algérie, à
l’instar de Mehdi Nemmouche.
Libye:
diplomatie erratique française à
l’arrière plan du risque d’implosion
L’Otan.
Co-belligérant de
la Syrie avec la Turquie, la France se
retrouve, en Libye, l’alliée de la
Russie, le pays qui lui a fait mordre la
poussière en Syrie, illustration
erratique de la diplomatie française.
Désormais reléguée
au rang de «pays affinitaire» en Syrie,
alors qu’elle était chef de file du
projet de la destruction du régime
baasiste, la France est une fois de plus
reléguée en Libye au profit de nouvelles
puissances, notamment la Turquie, son
ancien alliée, Russie son adversaire en
Syrie.
L’affaire libyenne met d’ailleurs à rude
épreuve l’alliance atlantique au point
de faire planer le risque de son
implosion. Conséquence inéluctable de
tant d’incohérences, la France a
suspendu, le 1er juillet 2020, sa
participation à une opération de l’OTAN
en Méditerranée après des tensions avec
la Turquie. Une décision destinée à
obtenir un soutien plus franc de
l’alliance dans ses frictions avec la
Turquie, qui se multiplient
dangereusement depuis des mois.
La crise latente
entre Alger et Paris.
Latente depuis
l’élection du président Abdel Majid
Tebboune à la présidence algérienne, la
crise entre Alger et Paris a éclaté au
grand jour à la suite de la diffusion,
le 26 mai 2020 sur une chaîne de
télévision française, d’un documentaire
sur le Hirak, intitulé «Algérie mon
amour». Œuvre du «Français d’origine
contrôlée», Moustapha Kessous, ce
documentaire a déclenché, dès sa
diffusion, de vifs débats sur les
réseaux sociaux.
« Le caractère
récurrent de programmes diffusés par des
chaînes de télévision publiques
françaises, dont les derniers en date
sur France 5 et La Chaîne Parlementaire,
le 26 mai 2020, en apparence spontanés
et sous le prétexte de la liberté
d’expression, sont en fait des attaques
contre le peuple algérien et ses
institutions, dont l’Armée nationale
populaire (ANP) », affirme le ministère
algérien des Affaires étrangères dans un
communiqué.
« Cet activisme où
l’inimitié le dispute à la rancœur,
dévoile les intentions malveillantes et
durables de certains milieux qui ne
souhaitent pas l’avènement de relations
apaisées entre l’Algérie et la France,
après 58 ans d’indépendance, et ce dans
le respect mutuel et l’équilibre des
intérêts qui ne sauraient faire l’objet
de concession ou de marchandage »,
poursuit le ministère dans le
communiqué.
Pour aller plus
loin sur ce thème
https://www.madaniya.info/2020/07/01/qui-sont-les-tenors-autoproclames-du-hirak-algerien/
Sur le jeu trouble
de la France en Algérie, cf ce lien: La
France prépare-t-elle une insurrection
en Algérie?
https://blogs.mediapart.fr/albertfarhat/blog/141219/la-france-prepare-t-elle-une-insurrection-en-algerie?fbclid=IwAR1kV6ZFPp6xv07zCa-JENjq7vG4c-J6vBpxGRfXlITsFrFBJ-Fe7zEuaR4
Pour calmer le
courroux algérien, -avec selon toute
vraisemblance la volonté sous-jacente de
faire bénéficier le président Tebboune
d’un effet d’image face au Hirak-, Paris
a décidé de restituer à l’Algérie à
l’occasion de la célébration du 58 me
anniversaire de son indépendance des
dépouilles de 24 chefs de la Résistance
populaire «privés de leur droit naturel
et humain d’être enterrés depuis plus de
170 ans», selon l’expression
d’Abdelmadjid Tebboune.
Parmi ces
combattants, figure notamment cheikh
Bouziane, le chef de la révolte de
Zaâtcha (est de l’Algérie) en 1849.
Capturé par les Français, il avait été
fusillé puis décapité. Sont également
cités les noms de Bou Amar Ben Kedida et
Si Mokhtar Ben Kouider Al Titraoui, tous
considérés comme des martyrs des
premiers temps de la résistance à la
colonisation française. Ces restes
mortuaires étaient conservés au Muséum
national d’histoire naturelle. Réclamés
depuis des années par Alger, ces restes
mortuaires -des crânes, plusieurs
dizaines au total- étaient conservés
dans les collections du Muséum national
d’histoire naturelle.
Dans une démarche
parallèle, sans qu’il ait été possible
de savoir s’il s’agit d’une pure
coïncidence ou d’une préméditation, la
justice algérienne décidait le
lendemain, jeudi 2 juillet, de relâcher
quatre militants, parmi lesquels Karim
Tabbou, figure emblématique du mouvement
populaire anti-régime du Hirak. Un geste
qui pourrait annoncer d’autres
libérations d’opposants à la veille de
l’anniversaire de l’indépendance. Karim
Tabbou, Amira Bouraoui, Samir Benlarbi
et Slimane Hamitouche ont bénéficié
d’une remise en liberté provisoire,
après plusieurs mois de répression menée
par le pouvoir pour tenter d’empêcher un
retour du mouvement de contestation,
suspendu en mars en raison de la
pandémie de Covid-19
On prête également
à l’Algérie le projet de proposer une
réforme du fonctionnement du secrétariat
général de la Ligue arabe en vue de
mettre un terme à la monopolisation de
ce poste par l’Egypte, pays du siège de
l’organisation pan arabe, afin que cette
responsabilité soit assurée par rotation
entre les divers états membres.
Dans le
prolongement de cette démarche,
l’Algérie a opéré un recentrage de sa
politique vis à vis de la Libye dans la
foulée du Congrès de Berlin tenu le 20
janvier 2020 sous l’égide des Nations
Unies. Les trois pays occidentaux
destructeurs de la Libye ont en effet
concédé à l’Algérie, -«pôle de
stabilisation de paix», selon
l’expression du ministre français des
Affaires étrangères Jean Yves Le Drian-,
le rôle de stabilisation de ce pays
central, à la charnière du Machreq
(Levant) et du Maghreb (Ponant), du
Monde arabe et du Monde africain.
Le président
algérien paraît réservé tant vis à vis
de l’intervention de la Turquie en Libye
qu’ à l’égard du soutien de l’Égypte, de
l’Arabie saoudite et des Émirats Arabes
Unis au Maréchal Khalifa Haftar,
craignant qu’une telle ingérence
multiforme n’accentue la déstabilisation
de la zone.
L’Algérie face à
un double foyer intégriste.
L’Algérie fait face
à un double foyer intégriste, à l’est en
Libye et au sud dans la zone sahélo
saharienne.
Près de huit ans
après sa constitution, le G5 apparaît
comme une force supplétive de la France
et pâtit d’un handicap majeur, l’absence
de l’Algérie, puissance militaire
majeure de la zone, qui occupe de
surcroît une position centrale de par
son positionnement limitrophe du Mali,
principal champ de la confrontation.
Faute d’une coopération avec Alger,
l’efficacité du G5 paraît d’autant plus
aléatoire que l‘Algérie a une solide
expérience de lutte contre les
terroristes acquise lors de la «décennie
noire» (1990-2000) et que les premiers
combattants djihadistes du Sahel
proviennent d’Algérie.
Ramtane Lamamra,
ancien ministre algérien des Affaires
étrangères et ancien Commissaire au
département paix et sécurité de l’Union
africaine (UA), devait succéder à
Ghassane Salamé en tant qu’émissaire de
l’ONU pour la Libye. Le quotidien
français Le Monde qualifiait même ce
diplomate chevronné de «Rolls Royce» de
la diplomatie algérienne, elle-même
riche et crédible de décennies
d’expériences.
La candidature de
M. Lamamra s’est heurtée à l’obstruction
de trois pays arabes (Égypte, Émirats
Arabes Unis, Maroc), qui redoutent
l’extension de l’influence de l’Algérie
dans la zone, état pivot de la région
chevauchant le Maghreb et le Sahel,
frontalier de sept pays (Libye, Maroc,
Mauritanie, Mali, Niger, Tunisie, Sahara
occidental). Redoutant de prendre
ombrage du retour de l’Algérie sur la
scène diplomatique, Le Caire, Abou Dhabi
et Rabat se sont livrés à un intense
lobbying à l’ONU pour faire capoter la
nomination algérienne. Alger a retiré la
candidature de son ancien ministre des
Affaires étrangères, réclamant toutefois
que le prochain titulaire du poste soit
choisi parmi les états africains.
Soucieux de
refréner le bellicisme des
pétromonarchies du Golfe, le nouveau
président Tebboune a conditionné la
tenue du prochain sommet arabe en
Algérie, en juin 2020, à la
réintégration de la Syrie, pays clé du
conflit israélo-arabe, en vue de
procéder à un rééquilibrage du centre de
gravité politique du Monde arabe au
profit des régimes républicains, dont
ils avaient été dessaisis par les
Monarchies à la faveur de l’arme du
pétrole et de l’irruption des
pétrodollars dans la financiarisation de
la vie internationale.
Le chef des
services de renseignements égyptiens, le
général Abbas Kamel, a effectué à la mi
Mars 2020, une visite à Damas en vue de
relancer la coopération avec la Syrie à
la suite du coup de poignard que lui a
planté dans le dos l’administration
américaine dans ses négociations avec
l’Éthiopie à propos de la répartition
des eaux du Nil. Cette visite a été
suivie d’un représentant du Maréchal
Khalifa Haftar, le contestataire du
gouvernement pro islamiste de Tripoli
Fayez Sarraj. Damas et Benghazi sont
convenus d’établir des relations
diplomatiques entre elles, matérialisées
par l’ouverture d’un consulat syrien à
Benghazi et d’un consulat libyen à
Damas.
La Libye, tout
comme la Syrie, sont les théâtres d’une
guerre de substitution. En Syrie, contre
l’Iran en vue de couper les voies de
ravitaillement stratégique du Hezbollah
libanais, afin de libérer Israël de
toute menace sur son front nord en
désarmant la milice chiite, consolidant
au passage la position du clan
saoudo-américain au Liban.
En Libye, la
Turquie et le Qatar, principaux soutiens
du gouvernement Fayez Sarraj,
internationalement reconnu, cherchent à
édifier à Tripoli un régime islamiste en
substitution à la perte du bastion
confrériste représenté par la présidence
de Mohamad Morsi, le premier président
néo islamiste de l’histoire égyptienne.
Dix mille djihadistes transportés par la
Turquie par la voie des airs du nord de
la Syrie vers la Libye participent aux
combats.
Face à une
coalition disparate regroupant autour du
Maréchal Haftar, -l’ancien vaincu de la
bataille de Wadi Doum, de la guerre
tchado libyenne, de la décennie 1980-,
les Emirats Arabes Unis, l’Arabie
saoudite, l’Égypte, ainsi que la France
et la Russie, l’échec du duo turco
qatari signera le glas de la présidence
Erdogan en même temps que son projet de
diplomatie néo ottomane d’état
islamique.
Prélude à un
apaisement entre Paris et Alger,
Emmanuel Macron a confié à l’historien
Benjamin Stora, le 25 juillet 2020, une
mission sur « la mémoire de la
colonisation et de la guerre d’Algérie »
L’historien devra,
d’ici la fin de l’année, « formuler
librement des recommandations » en vue
de favoriser « la réconciliation entre
les peuples français et algérien »
Pour le lectorat
arabophone, ci joint les liens du
papiers
Cairo leaks la stratégie de l’Egypte
dans 7 pays arabes.
1 Syrie:
Mettre l’accent sur les ambitions de la
Turquie et de l’Iran et les
modifications démograhiques
2 -Yémen:
Pas de critique des Houthistes ni des
Emirats Arabes Unis
3 -Turquie Qatar:
Islamisation de l’état du Qatar et le
rôle de soutien de ces deux pays aux
Frères Musulmans
4 -Soudan, Libye,
Algérie
Neutralité au Soudan, soutien à Haftar
en Libye et soutien au plan de l’armée
en Algérie
Pour aller plus
loin sur l’Egypte
Le sommaire de René Naba
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Egypte
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