MADANIYA
Profil bas de la France à Genève aux
pourparlers préparatoires de la
Conférence sur la Syrie
René Naba
Samedi 16 janvier 2016
La France paraît faire profil bas aux
pourparlers préliminaires de la
conférence de paix de Genève sur la
Syrie, qui doit théoriquement s’ouvrir
le 25 janvier dans la cité helvétique, à
en juger par le compte rendu publié
vendredi 15 janvier par le journal en
ligne «Al Rai Al Yom», édité par
l’influent journaliste Abdel Bari Atwane,
ancien propriétaire du journal
trans-frontière «Al Qods Al Arabi».
Pour le locuteur arabophone, le récit
des coulisses des pourparlers
préliminaires de la conférence de Genève
sur le lien,
http://www.raialyoum.com/?p=374422,
dont voici la substance en version
française pou le lectorat francophone.
Dans ce récit, il n’est pas fait
mention de la moindre démarche ou de la
présence française, mais une vive
critique de Haytham Manna, chef de
l’opposition démocratique et laïque
syrienne, à l’encontre de Laurent
Fabius, selon le compte rendu du journal
arabe:
«Laurent Fabius a cessé de se
comporter d’une manière qui sied au
statut de son pays en tant que membre
permanent du Conseil de Sécurité,
porteur de l’oriflamme de la démocratie
et de la laïcité».
«J’ai du présenter mes excuses au
Parti Communiste Français, au parti des
Verts et au Front de Gauche de ne pas
être en mesure de rencontrer les députés
au sein de la commission des Affaires
étrangères de l’Assemblée nationale
française en raison d’un calendrier
chargé, mais il était important que
j’expose aux députés français les vues
du Président du Conseil Démocratique de
Syrie sur le fait que Laurent Fabius a
cessé de se comporter d’une manière qui
sied au statut de son pays en tant que
membre permanent du Conseil de Sécurité,
porteur de l’oriflamme de la démocratie
et de la laïcité», a déclaré M. Manna,
un homme réputé pour son comportement
habituellement réservé.
http://www.madaniya.info/2015/12/13/haytham-manna-president-de-l-opposition-democratique-laique-syrienne/
Divergences
russo-américaines: Samir Aita, Jamil
Kadri et le groupe Haytham Manna,
proposés pour se joindre à la délégation
de l’opposition syrienne.
Les divergences russo-américaines ont
porté sur la composition de la
délégation de l’opposition syrienne. Les
Russes avaient une préférence pour des
négociations multilatérales englobant
diverses composantes autonomes de
l’opposition syrienne. Les Américains
avaient instruction de privilégier la
délégation constituée par l’Arabie
saoudite, admettant toutefois qu’elle
souffrait de «déséquilibre» et qu’il
importait d’«élargir sa
représentativité».
Les noms des personnalités suivantes
ont été proposées: Samir Aita, Directeur
de la version arabe du mensuel «Le Monde
Diplomatique», Jamil Kadri, ancien
membre du gouvernement syrien ainsi que
le groupe de Haytham Manna.
Les Européens
proposent à Haytham Manna un voyage à
Riyad pour régler son différend avec le
pouvoir wahhabite
«Deux médiateurs européens ont
proposé à Haytham Manna de lui organiser
un voyage à Riyad en vue d’aplanir les
différends. Le chef de l’opposition
démocratique et laïque a subordonné son
acceptation à la présence de l’Égypte à
ses pourparlers avec les Saoudiens.
L’Égypte et l’Arabie saoudite étaient
absents de Genève et la Turquie a mis un
veto à la présence du chef du parti de
l’Union Démocratique du Peuple Kurde,
Saleh Moslem, menaçant de saborder la
conférence.
A moins qu’un des médiateurs ne soit
de nationalité française ou que la
France continue en coulisses son soutien
à la frange extrémiste du djihadisme
erratique en synchronisation avec
l’Arabie saoudite, pas une seule fois un
éventuel rôle français n’est mentionné
dans ce compte rendu exhaustif d’ «Al
Rai Al Yom».
Pas la moindre déclaration
tonitruante ou triomphaliste du genre «Jabhat
An Nosra fait du bon travail en Syrie»
ou «Bachar Al Assad ne mérite pas d’être
sur terre». Sans doute l’effet Charlie
Hebdo et Paris Bataclan et la
perspective d’une prochaine sortie de
scène du diplomate en chef de la France
hollandaise.
Quiconque aura aperçu le spectacle
offert par la délégation française à la
reprise des travaux de Vienne 2, le 14
novembre, le lendemain des attentats de
Paris-Bataclan, aura mesuré en même
temps que le désastre subi par la
France, l’accablement de ses décideurs.
La tête entre les deux mains, les
regards baissés, Laurent Fabius et son
adjoint pour les affaires de Syrie,
Bruno Delaye, ne mouflaient mot pendant
toute la durée de la séance. Ils ne
relèveront la tête que pour recevoir les
condoléances compatissantes des autres
délégations dans une transposition
symbolique et anticipée de l’oraison
funèbre de la diplomatie française sur
la Syrie, le prélude au dégagement de
son chef. La discrétion française de
Genève tendrait accréditer l’hypothèse
d’une possible dégagement de Laurent
Fabius du Quai d’Orsay à l’occasion d’un
prochain remaniement ministériel.
Au diapason des partenaires de son
pacte sunnite (Arabie saoudite, Qatar,
Turquie), la France, se singularisant, a
accueilli à Paris le candidat de Riyad
aux pourparlers de Genève Ryad Hijab,
ancien premier ministre dissident
intronisé chef de la délégation de
l’opposition wahhabite à la conférence
de Genève.
En revanche, l’Ambassadeur du Royaume
Uni, le partenaire de la France dans la
guerre de Syrie a rencontré à Genève M.
Haytham Manna. M. Gareth Bayle, est-il
souligné, a procédé à un échange de vues
avec le chef de l’opposition
démocratique syrienne «extrêmement
positif tant sur la préparation de la
conférence de Genève que sur les
problèmes géopolitiques ayant des
répercussions sur l’accentuation de la
violence dans la zone».
De même, la totalité des ambassadeurs
des pays scandinaves se sont rendus au
siège de l’Institut Scandinave des
Droits de l’Homme (SIHR) pour des
entretiens avec son président Haytham
Manna, qui est dans le même temps le
chef de l’opposition démocratique
syrienne.
Jihad Makdessi, the
former handsome spokesman, en tandem
politique avec Haytham Manna.
Une révélation surprise, la présence
de Jihad Makdessi aux préparatifs de
Genève; une recrue de choix pour le chef
de l’opposition démocratique syrienne.
Fidèle à ses convictions, l’ancien porte
parole du gouvernement syrien a décliné
une proposition d’une rencontre séparée
avec l’émissaire américain, insistant
pour se présenter en compagnie de M.
Haytham Manna auprès de l’émissaire
américain.
«Jihad Makdessi a insisté auprès de
Michael Rutney de se présenter en
compagnie de M. Haytham Manna «et non
séparément» lors de son entretien avec
l’ambassadeur américain en charge des
affaires de la Syrie, écrit «Al Rai Al
Yom». «La conférence du Caire, en juin
2015, est la matrice d’un règlement
politique en Syrie en ce qu’elle en est
la promotrice». «Le Peuple syrien
n’a-t-il pas droit de se reconnaître
dans une délégation responsable et
équilibrée représentant effectivement la
majorité du peuple syrien», a fait
valoir M. Makdessi à son interlocuteur
américain, selon «Al Rai Al Yom.
La présence de Jihad Makdessi a
Genève a fait sensation en ce qu’elle a
levé le un halo de mystère entourant cet
homme discret et efficace depuis sa
défection. D’un flegme tout britannique.
La prestance aussi. Un calme olympien.
Une urbanité extrême. Une courtoisie
exquise. En tandem avec le diplomate
chevronné Bachar Al-Jaafari, dans les
enceintes des Nations unies, l’homme
aura servi de brises glaces aux bouffées
délirantes de l’opposition off shore
syrienne.
Impassible face aux assauts répétés
des mercenaires du Qatar. Impavide dans
l’épreuve. Au plus grand désespoir des
détracteurs du régime baasiste. A la
plus grande satisfaction de tous ceux
que révulsaient l’affligeant spectacle
de ces supplétifs de l’ancienne
puissance mandataire de la Syrie,
artisan de son démembrement, cloportes
binationaux de l’administration
française, version moderne des nouveaux
«Bourgeois de Calais», vautrés poings et
pieds liés, devant le dieu pétrodollar
et ses paillettes médiatiques.
L’homme tranquille de la
communication de crise en Syrie brisera
en douceur les chaînes qui risquaient de
le river, inexorablement, à un régime
qu’il ne pouvait cautionner outre
mesure. Dans la dignité. Sans propos
vindicatifs. Sans promesses
tonitruantes.
Protestation muette d’une répression
de plus en plus féroce. Sans marchander
sa défection, à l’instar de tant
d’autres enrichis par la guerre de Syrie
sur les débris de leur pays, sur le
malheur de leur peuple. Sa défection
gouvernementale en pleine bataille de
Syrie a donné naissance à un torrent de
spéculations, nullement désintéressées.
Titulaire d’un master en diplomatie
et renseignement en 2009 de l’Université
de Westminster (Royaume-Uni), diplomate
en poste à l’ambassade de Syrie à
Londres pendant dix ans, il retourne à
Damas au début de la guerre civile pour
devenir porte parole du Ministère des
Affaires étrangères. Il fera défection
le 30 novembre 2012.
The Guardian, artisan de deux gros
bobards médiatiques de la guerre de
Syrie, assurera que Jihad Makdessi se
serait réfugié aux États-Unis où,
d’après le journal londonien, il
coopérerait avec les services secrets
américains.
L’autre bobard majeur du «Guardian»
aura été l’annonce de la liquidation du
général Ali Mamlouk, le chef des
services de renseignement syriens,
-reprise par le quotidien français
Libération-, fuité à la mi mai 2015, en
pleine reprise de l’offensive djihadiste
soutenue par la triplice sunnite
(Turquie, Arabie saoudite Qatar) contre
le régime baasiste dans une campagne
d’intoxication destinée à saper le moral
des troupes gouvernementales après la
percée de l’Etat islamique dans l’Est et
le Nord du pays (Idlib et Jisr Al
Choughour).
Contre-productive, la fuite du
Guardian a quelque peu écorné sa
crédibilité en ce que qu’elle a coïncidé
avec le séjour à Damas d’une importante
délégation iranienne couronnée par une
longue interview télévisée de ce même
Ali Mamlouk, dégageant aux
téléspectateurs syriens les résultats de
la visite des hommes de Téhéran.
En fait, l’ancien spokesman syrien se
situe aux antipodes des États Unis.
Pétri de culture anglo saxonne, Jihad
Makdessi ne se voue pas pour autant à un
destin de serpillière aux menées
atlantistes.
Membre actif de la conférence de
l’opposition démocratique syrienne du
Caire, qui s’est tenue en juin 2015,
Jihad Makdessi, désormais consultant
international, était déjà présent à
Genève, à la mi mai 2015, pour
participer aux consultations de
l’émissaire des Nations Unies pour la
Syrie, Staffan Di Mistura, en sa qualité
d’un expert qualifié des affaires de
Syrie. Pour avoir observé de l’intérieur
les rouages du pouvoir et non en qualité
de bi-national exotique ou d’un
orientaliste de pacotille en mission
commandité.
La délégation du Conseil Démocratique
de Syrie aux pourparlers de paix de
Genève sur la Syrie est de constitution
paritaire. Co-présidée par Haytham Manna
et Mme Ilham Ahmad, elle comprend en
outre, le militant activiste de la
société ivile syrienne Maram Daoud,
Battar Al Chareh, Saleh Al Noubouani,
Abel Karim Oum et Hathane Faraj,
titulaire d’un diplôme des relations
internationales et de géostratégie.
Les ministres des affaires étrangères
des États Unis (John Kerry) et de Russie
(Sergueï Lavrof) devraient se retrouver
le 20 janvier à Zurich pour la suite de
leur marathon diplomatique.
Affaire à suivre.
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