MADANIYA
Quand Ariel
Sharon projetait d’abattre
un avion
civil transportant Yasser Arafat
René Naba
Lundi 12 novembre 2018
www.madaniya.info publie ce papier à
l’occasion du 14e anniversaire du décès
de Yasser Arafat, chef du combat
national palestinien, le 11 novembre
2004, à l’Hôpital d’instruction des
armées Percy à Clamart (France).
Le trouble
obsessionnel israélien face aux chefs du
Mouvement de Libération Nationale Arabe
Un trouble
obsessionnel du comportement (TOC) agite
les dirigeants israéliens. Un mouvement
irrépressible envers les chefs du
Mouvement de Libération Nationale Arabe,
particulièrement Gamel Abdel Nasser
(Egypte), Yasser Arafat (Palestine) et
Hassan Nasrallah (Liban), illustration
concrète de la phobie israélienne envers
les contestataires de sa suprématie et
de la permanence de la stigmatisation de
la figure de croquemitaine dans la
construction de l’imaginaire israélien,
au-delà l’imaginaire occidental.
De Gamal Abdel
Nasser (Égypte) à Yasser Arafat, Marwane
Barghouti, Cheikh Ahmad Yassine et Abdel
Aziz Rantissi (Palestine) enfin Hassan
Nasrallah (Liban), tous ont eu l’honneur
d’assumer cette fonction sans que jamais
personne n’ait songé à établir un lien
entre l’arrogance israélienne et
occidentale et la radicalisation des
contestataires de sa suprématie.
Pour aller plus
loin sur cette séquence
https://www.madaniya.info/2015/10/26/suez-1956-ou-le-glas-de-la-presence-coloniale-franco-britannique-au-moyen-orient/
Selon Ronen
Bergman, -dans son ouvrage «Rise and
Kill First: The secret History of
Israel’s targeted assassinations», ED.
Penguin Random House-» , le Mossad s’est
livré à 800 assassinats extrajudiciaires
durant la décennie 2000-2010, ciblant
notamment Mohamad Mabhouh, le
responsable des achats d’armes du Hamas,
dont l’élimination à Doubai a été
téléguidée depuis Paris, du temps de la
lune de miel du pro israélien Nicolas
Sarkozy avec les Emirats. Auparavant les
dirigeants de l’OLP à Beyrouth, Kamal
Nasser, Youssef An Najjar, Kamal Adwane,
Abou Hassan ALI Salameh et Wadih Haddad.
En Cisjordanie les chefs du Hamas, le
paralytique Cheikh Ahmad Yassine et son
successeur Adbel Aziz Rantissi.
Le Mossad est même
le service qui compte à son actif le
plus grand nombre d’assassinats ciblés,
plus que tout autre service dans le
Monde depuis la fin de la IIe Guerre
Mondiale (1839-1945). L’exécuteur des
basses oeuvres des services secrets
israéliens est le Kidon(«baïonnette en
hébreu), le «service action» des
services secrets israéliens. Créé dans
la décennie 1970, il a pour mission
d’éliminer les ennemis de l’état hébreu.
Ce service mène par ailleurs des
opérations de sabotage et d’enlèvement.
Le Mossad a même
tenté d’assassiner Yasser Arafat, en
1968, alors que la guerilla
palestinienne prenait son envol. Le
service israélien avait projeté de
liquider le dirigeant palestinien par
l’entremise d’un prisonnier palestinien
dont les Israéliens avaient tenté de
procéder au lavage de son cerveau avec
l’aide d’un psychiatre suédois. Mais
l’opération tourna court. Et «Fathi», le
surnom donné au présumé exécuteur des
basses œuvres israéliennes, une fois
libéré secrètement dans la vallée du
Jourdain pour se diriger vers sa cible,
a préféré se livrer aux autorités
jordaniennes.
Pour aller plus
loin sur ce sujet, la version arabe du
récit de journal britannique Daily Mail
sur les activités du Mossad.
https://www.raialyoum.com/index.php/%D8%AF%D9%8A%D9%84%D9%8A-%D9%85%D9%8A%D9%84-%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%88%D8%B3%D8%A7%D8%AF-%D9%86%D9%81%D8%B0-800-%D8%B9%D9%85%D9%84%D9%8A%D8%A9-%D8%A7%D8%BA%D8%AA%D9%8A%D8%A7%D9%84-%D8%AE%D9%84%D8%A7/
L’invasion
israélienne du Liban en 1982 avait pour
objectif l’élimination de Yasser Arafat
Le 11 novembre 2014
Yasser Arafat, chef de la Résistance
Palestinienne, décédait à Paris dans un
hôpital militaire, mais les conditions
de son décès portent encore à
controverse au point que la veuve du
dirigeant palestinien, Soha Arafat,
avait saisi la justice française d’une
plainte contre X pour empoisonnement
après la découverte sur des effets
personnels de son époux, relançant la
thèse de l’empoisonnement.
Le fait que Wadih
Haddad, chef des opérations de
l’organisation marxiste Front Populaire
pour la Libération de la Palestine et
adjoint de Georges Habbache, chef du
FPLP, ait péri empoisonné par une pâte
dentifrice infectée d’un produit
toxique, a donné crédit à cette
hypothèse, de même que le compte rendu
de cette séquence faite par le
journaliste israélien Amnon Kapeliouk
qui s’est interrogé publiquement sur la
possibilité de l’assassinat de Yasser
Arafat dans les colonnes du Monde
diplomatique de Novembre 2005.
Pour aller plus
loin sur ce sujet
https://www.monde-diplomatique.fr/2005/11/KAPELIOUK/12894
Ronen Bergman dans
son ouvrage «Rise and Kill First: The
secret History of Israel’s targeted
assassinations», ED. Penguin Random
House, revient sur cette séquence, dont
voici le récit :
«L’objectif secret
de l’invasion israélienne du Liban, en
1982, au-delà de l’élection d’un homme
de paille à la solde d’Israël à la
présidence de la République Libanaise,
en la personne du chef phalangiste
Bachir Gémayel, était l’élimination de
Yasser Arafat.
«Menahem Begin
était dépressif. Sous traitement
médicamenteux. De sorte que l’armée
israélienne s’est livrée à toutes sortes
d’actions illégales» de l’usage des
bombes à fragmentation (cluster bomb),
aux bombes à implosion, qui
démolissaient un immeuble en entier par
effet de souffle, aux massacres des
camps palestiniens de Sabra Chatila.
«Lors d’une réunion
d’État Major, Ehud Barack, à l’époque
chef de la planification de l’armée
israélienne, fait à ses interlocuteurs
l’aveu suivant: Il y a dix ans, j’ai
soumis à l’État Major un plan visant à
la liquidation d’Arafat. Mais le pouvoir
politique s’y est opposé justifiant son
refus par le fait que le chef de
l’organisation de Libération de la
Palestine (OLP) était une personnalité
politique et qu’il était impossible à
Israël de se livrer à un tel acte».
«Ariel Sharon,
ministre de la défense, lui rétorque
alors : «Désormais, il convient de
placer Arafat en tête de liste des
personnes à liquider.
Un mois après la
fin de l’invasion israélienne du Liban,
«tout est fin prêt pour liquider Arafat.
Le 22 octobre, le Mossad reçoit une
information de deux sources au sein de
la direction de la centrale
palestinienne l’avisant qu’Arafat
s’apprêtait à prendre un avion privé
depuis l’aéroport d’Athènes ; un vol
spécial à destination du Caire.
«Deux agents du
Mossad se rendent à l’aéroport de la
capitale grecque pour constater de visu
qu’Arafat prendrait bien l’avion. Sharon
met la pression sur son chef d’état
major, le général Raphael Eytan, pour
mettre à exécution le plan visant à
liquider le dirigeant palestinien. «Deux
appareils F16 se tenaient prêts à la
base de Tall Nouf.
L’homme qui bloqua
l’opération est le général David Ephry,
chef de l’aviation, qui intima à l’un
des pilotes de n’ouvrir le feu que sur
ses instructions personnelles : «Vous ne
tirez pas sans mon feu vert. C’est clair
? Même s’il y a un problème de
communication, si vous n’entendez pas
mon ordre, vous n’ouvrez pas le feu».
Fathi Arafat et
non Yasser Arafat
L’avion supposé
transporté Arafat décolla à 16H30 de
l’aéroport d’Athènes. Le général David
Ephry reçu l’ordre de l’État Major
d’intercepter l’avion. Sceptique David
Ephry demanda à l’AMAN, le service de
renseignement de l’armée et au Mossad,
de s’assurer définitivement de
l’identité du voyageur par
identification rétinienne.
À 16H55, vingt cinq
minutes le décollage de l’avion, une
information alarmiste parvient à l’État
Major, assurant sans l’ombre d’un doute
hésitation qu’«Arafat n’est pas à
Athènes» et qu’ «il n’est pas possible
de confirmer sa présence».
L’AMAN et le Mossad
confirment toutefois la présence dans
l’avion de Fathi Arafat, le jeune frère
du dirigeant palestinien, lequel en sa
qualité de directeur du Croissant Rouge
palestinien, s’envolait à destination du
Caire, en compagnie de 30 enfants ayant
survécu aux massacres des camps
palestiniens de Sabra-Chatila, survenus
un mois plus tôt dans la banlieue sud
est de Beyrouth.
La traque s’est
néanmoins poursuivie. De novembre 1982 à
janvier 1983, quatre F-16 et F-15
étaient en état d’alerte permanente au
cas où Arafat serait repéré. Ils ont
décollé en urgence «au moins cinq fois
pour intercepter et détruire des avions
de ligne censés transporter Arafat, pour
être rappelés peu après le décollage»,
écrit Ronen Bergman dans le New York
Times.
Lors d’une de ces
opérations les avions de chasse
israéliens se sont approchés d’un vol
commercial parti d’Amman (en Jordanie) à
destination de la Tunisie avant que la
mission soit annulée in extremis. Dans
un autre cas, ils ont même perturbé les
communications d’un Boeing 707 qu’ils
visaient.
Après 1981, quand
Sharon fut nommé ministre de la défense,
l’opération – qui selon Bergman était
jusqu’alors menée «presque entièrement
sans l’autorisation ou la connaissance»
de l’establishment de la défense ou du
gouvernement – est passé à la vitesse
supérieure. Parmi ses différentes idées:
un plan pour faire exploser une bombe
très puissante dans le stade de Beyrouth
où la direction palestinienne préparait
un événement.
Un officier se
souvient d’avoir dit au Premier ministre
Menahem Begin : «Vous ne pouvez pas tuer
tout un stade. Le monde entier sera
après nous». Begin annula les ordres de
Sharon et décida d’abandonner ce projet
d’attentat qui, selon Bergman, aurait
éliminé leadership palestinien tout
entier.
Cependant, Sharon
ne s’est pas découragé. Après avoir
lancé une invasion du Sud-Liban en 1982,
il a conçu un nouveau plan visant à
pousser les Palestiniens à l’exil vers
la Jordanie, afin d’en finir une fois
pour toutes avec tout idée d’État
palestinien en Cisjordanie. Un des
éléments clés de ce plan, rapporte
Bergman, était de tuer Yasser Arafat.
À noter qu’après
l’assassinat de Abdel Aziz Al Rantissi,
successeur de Cheikh Ahmad Yassine à la
tête du Hamas, le 17 avril 2004, Sharon
revint à la charge avisant Arafat qu’il
ne disposait plus d’«aucune immunité»,
révélant qu’il avait pris «il y a trois
ans, auprès de George Bush Jr,
l’engagement de ne pas porter atteinte à
Arafat. Mais je ne suis pas tenu par cet
engagement.
Comme pour bien
marquer le coup, il claironna, dans une
sorte de fanfaronnade au cours d’ une
interview au journal Haaretz, le 2 avril
2004, soit deux semaines avant
l’assassinat extra judiciaire de
Rantissi : «Je ne conseille à aucune
compagnie d’assurance de délivrer une
police d’assurance sur la vie de Yasser
Arafat».
L’aveu implicite
d’Uri Dan sur l’empoisonnement de Yasser
Arafat
Le livre suggère
clairement qu’Israël a utilisé un poison
radioactif pour tuer Yasser Arafat, le
chef historique palestinien, ce que les
dirigeants israéliens ont toujours nié.
Bergman écrit que la mort d’Arafat en
2004 correspondait à un modèle et avait
des partisans. Mais il évite d’affirmer
clairement ce qui s’est passé,
expliquant que la censure militaire
israélienne l’empêche de révéler ce
qu’il pourrait savoir.
Se référant à une
conversation avec Uri Dan, le biographe
officiel d’Ariel Sharon assura au
journaliste israélien que «Sharon
passera dans l’histoire comme ayant été
l’homme à avoir éliminé Yasser Arafat,
sans l’assassiner».
Son forfait
accompli, Ariel Sharon ne pourra
savourer son triomphe. l’homme à la
voracité légendaire sera victime d’une
attaque cérébrale. Quatorze mois mois
après son crime parfait, celui qui était
alors considéré comme l’un des grands
guerriers d’Israël va plonger dans un
coma et évoluer dans un monde végétatif.
Il décédera en 2014 au terme de huit ans
de dégénérescence neuro végétative, tel
un «légume» avarié, oublié de tous.
((NDA:
L’empoisonnement au plutonium de Sergueï
et Loulia Skripal, un ancien agent
double des services secrets russes et
britanniques a fait grand bruit en mars
2018 dans la presse occidentale
conduisant à l’expulsion de 150
diplomates russes de 22 pays dont 40
diplomates russes du Royaume Uni et 60
des États-Unis et à des mesures
analogues du côté russe.
En contrechamp, le
possible empoisonnement par les
Israéliens de Yasser Arafat , «prix
Nobel de la Paix», n’a donné lieu à
aucune réaction au sein des
chancelleries occidentales et n’a
suscité la moindre curiosité dans la
presse occidentale pourtant avide de
sensationnel.
Les médecins de
l’hôpital militaire français l‘hôpital
d’instruction des armées Percy à
Clamart, région parisienne, où le
dirigeant palestinien est décédé sont
restés muets sur les causes de sa mort.
Ils ont même détruit les échantillons
prélevés sur le corps du défunt.
En 2009, des
prélèvements ont été effectués sur le
cadavre, les experts suisses ont rendu
un rapport de 108 pages soutenant
«raisonnablement à l’empoisonnement» au
plutonium 200.
S‘il est de
notoriété publique que la Russie dispose
de plutonium 200, il est non moins
notoire qu’Israël est toujours
constamment au dessus de tout soupçon.
Il ne possède ni Plutonium, ni armes
atomiques. Seul l’Iran en dispose dans
la zone, selon la fable occidentale.
Israël n’est animé non plus d’aucune
visée expansionniste, d’aucune velléité
belliciste, mais par des intentions
exclusivement pacifiques, un impératif
catégorique pour l’«Unique Démocratie du
Moyen Orient», guidée par son éthique
immuable de la «pureté des armes». Fin
de la note
Avigdor
Lieberman et la hantise de Hassan
Nasrallah, le chef du Hezbollah libanais
35 ans après cette
séquence, une nouvelle obsession hante
le commandement israélien : Hassan
Nasrallah, le chef du Hezbollah
libanais, ce dignitaire chiite qui aura
infligé un double traumatisme à ses
ennemis. En 2000, en obtenant le
dégagement militaire israélien du sud
Liban sans négociations, ni traité de
paix ; en 2006, en initiant une riposte
balistique asymétrique victorieuse à la
plus puissante armée de la Zone.
Mieux, l’opération
de diversion menée en Syrie par le camp
atlantiste avec le soutien des
pétromonarchies du Golfe, pour couper le
ravitaillement stratégique du Hezbollah,
a tourné à la déconfiture des
équarrisseurs de ce pays anciennement
sous mandat français, propulsant la
formation chiite libanaise au rang de
grands décideurs régional, au point
qu’Avidor Liberman, lointain successeur
d’Ariel Sharon, s’est fixé comme ordre
du jour la liquidation de son ennemi
invaincu.
La liquidation de
Hassan Nasrallah avait déjà figuré à
l’ordre du jour lors de la guerre de
destruction israélienne du Liban, en
2006, mais le premier ministre de
l’époque Ehud Olmert et le chef de son
aviation, Dan Haloutz, ont dû payer le
prix de ce revers stratégique.
Avigdor Lieberman
s’est fixé le même objectif. Pourvu que
ce xénophobe patenté ne s’étrangle pas
d’une boulette de falafel, à l’instar de
son lointain prédécesseur, qui le
propulserait dans un monde de
dégénérescence neuro végétative.
Dans une note
liminaire à son livre, Ronen Bergman
fait amèrement remarquer à quel point
Israël évolue vers de plus en plus de
secret et d’opacité :
«La communauté
israélienne du renseignement garde
jalousement ses secrets. Son opacité
presque totale est protégée par un
écheveau complexe de lois et de
protocoles, une censure militaire
stricte, le recours à l’intimidation,
des interrogatoires et mises en
accusation de journalistes et de leurs
sources, ainsi qu’une solidarité
naturelle et la loyauté du personnel des
agences d’espionnage. Tous les coups
d’œil furtifs en coulisses ont, à ce
jour, été partiels dans le meilleur des
cas».
Et Zeev Sternhell,
professeur à l’Université hébraïque de
Jerusalem, de déplorer le fait qu’ «En
Israël pousse un racisme proche du
nazisme à ses débuts». (Le Monde Le 17
Février 2018)
Ci joint la tribune
de Zeev Sternhell au journal Le Monde : http://www.lemonde.fr/idees/article/2018/02/18/zeev-sternhell-en-israel-pousse-un-racisme-proche-du-nazisme-a-ses-debuts_5258673_3232.html
Sharon et le projet
d’abattre l’avion de Yasser Arafat au
dessus de la Méditerranée,
Pour aller plus
loin sur ce sujet
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