MADANIYA
Merci pour ce mandat François Hollande
René Naba
Lundi 8 mai 2017
De la capitulation en rase campagne du
foudre de Guerre de Syrie à la
capilotade du socialo motoriste face au
Monde de la Finance.
«Notre ennemi, c’est le monde de la
finance» : un slogan trompeur
François
Hollande, candidat socialiste aux
élections présidentielles françaises de
2012, avait désigné à la vindicte
publique le monde de la Finance.
Mais à l’épreuve des faits, ce slogan
s’est révélé trompeur, tout comme celui
de son prédécesseur Nicolas Sarkozy :
«Travailler plus pour gagner plus».
«Dans
cette bataille qui s’engage, je vais
vous dire qui est mon adversaire, mon
véritable adversaire. Il n’a pas de nom,
pas de visage, pas de parti, il ne
présentera jamais sa candidature, il ne
sera donc pas élu, et pourtant il
gouverne. Cet adversaire, c’est le monde
de la finance. Sous nos yeux, en vingt
ans, la finance a pris le contrôle de
l’économie, de la société et même de nos
vies. Désormais, il est possible en une
fraction de seconde de déplacer des
sommes d’argent vertigineuses, de
menacer des États», avait-il tonné
pointant un doigt accusateur sur ce
monde opaque dans son mémorable discours
fondateur du Bourget (26 janvier 2012).
La vérité par les chiffres
En deux
ans, 407 usines ont été fermées en
France (2014-2015), alors que 55,7
milliards d’euros étaient distribués
rien qu’en 2016 sous forme de dividendes
aux actionnaires du CAC 40, alors qu’en
contrepoint, près de 660 cas de
corruption ont été recensés à travers
toute la France dans une base de données
collaborative par les bénévoles de
Transparency International France, la
branche française de l’association
Transparency International.
La
finance est notre ennemi tout comme
travailler plus pour gagner se sont
révélés des slogans trompeurs, qui
cachent en fait un objectif pernicieux :
Travailler plus pour penser moins pour
enrichir plus les grands capitalistes.
Sur fond
de Loi El Khomri, à coups d’article
49.3, le paysage social français
présente un panorama dévasté par une
considérable destruction de l’emploi
industriel, de l’ordre de 1,4 millions
d’emplois en 25 ans, et de 407 usines
fermés en deux ans : 217 en 2014, 190
usines en 2015.
«Le PS a
zappé le peuple». L’admonestation de
Pierre Mauroy lors de la présidentielle
2002, fatale à Lionel Jospin, demeure
d’actualité : De l’hémorragie du vote
ouvrier vers le Front National, à la
préemption démagogique des mots d’ordre
sécuritaire de l’extrême droite sous
l’effet d’une panique nationale
(déchéance de nationalité), la fonction
de la gauche depuis le début du XXIe
siècle a surtout consisté à servir
d’appoint électoral à la droite, sans
renvoi d’ascenseur. Un marche pied.
En 2016, les entreprises du CAC 40 ont
distribué pas moins de 55,7 milliards
d’euros sous forme de dividendes et
rachat d’actions, selon les spécialistes
financiers de Vernimmen. Une somme qui
approche le record atteint en 2007, il y
a dix ans, juste avant la crise bancaire
mondiale, de l’ordre de 57,1 milliards
d’euros.
Près de
la moitié des dividendes ont été versés
aux investisseurs étrangers qui
détiennent 45 pour cent du CAC 40. Le
podium se compose de SANOFI, en pôle
position avec 6,66 milliards d’euros de
retour aux actionnaires, suivi de TOTAL
(5,9 milliards d’euros) et de VIVENDI
(3,57 milliards d’euros). À eux trois,
ils représentent le tiers des
versements.
Mieux :
Les dividendes ont augmenté plus vite en
France qu’aux États-Unis ou dans le
reste de l’Europe. Ainsi en Allemagne
les «coupons» (dividendes) ont augmenté
de 6,9 % seulement, alors qu’en France,
le taux grimpait à 11,8 en un an, soit
presque le double.
Meilleure encore : La fortune totale des
milliardaires français a bondi de 21%
par rapport à 2016, à 245 milliards de
dollars, selon le magazine Forbes.
En tête du palmarès, Bernard Arnault, le
patron du groupe de luxe LVMH, avec ses
41,5 milliards de dollars dans le
portefeuille, se hisse à la 11e place
mondiale. Il détrône Liliane Bettencourt,
l’héritière du groupe de cosmétiques
L’Oréal, qui figure à la 14e place des
fortunes planétaires. Elle reste malgré
tout la femme la plus riche du monde.
Suivent ensuite dans le classement
version française, le PDG du groupe
aéronautique Dassault, Serge Dassault,
le fondateur de Kering, François Pinault
et le magnat des télécoms, Patrick Drahi.
Ces cinq
premières fortunes françaises
représentent à elles seules près de
125,8 milliards de dollars. Alain et
Gérard Wertheimer, les actionnaires
majoritaires de Chanel, Emmanuel Besnier,
le PDG du groupe Lactalis, Xavier Niel,
le patron d’Iliad (Free), et Carrie
Perrodo, la veuve du fondateur du groupe
pétrolier Perenco, complètent le top 10.
En
contrechamps, les «Resto du Coeur» ont
accueilli, en 2017, 926.000 personnes et
distribué 136,5 millions de repas dans
2112 centres et antennes, apportant leu
aide à 30.500 bébés de moins de 12 mois
; indice flagrant de la précarisation de
la population française.
Évasion fiscale et paradis fiscaux
De
surcroît les vingt plus grandes banques
européennes déclarent un quart de leurs
bénéfices dans des paradis fiscaux, avec
une préférence pour le Luxembourg,
Hong-Kong et l’Irlande, selon une étude
de l’ONG britannique Oxfam publiée le 27
mars 2017. Ces banques «déclarent 26% de
leurs bénéfices dans les paradis
fiscaux, soit 25 milliards d’euros en
2015, mais seulement 12% de leur chiffre
d’affaires et 7% de leurs employés», un
«décalage flagrant», remarque l’ONG, qui
publie cette étude avec le réseau Fair
Finance Guide International.
Ces
résultats «qui dépassent parfois
l’entendement, montrent l’étendue du
problème et l’impunité totale qui
entoure les pratiques des plus grandes
banques européennes dans les paradis
fiscaux», commente Manon Aubry,
co-auteure du rapport. Le Luxembourg,
l’Irlande et Hong-Kong font partie des
paradis fiscaux privilégiés par les
établissements étudiés.
En
Irlande, cinq banques –la britannique
RBS, la française Société Générale,
l’italienne UniCredit et les espagnoles
Santander et BBVA– «ont même obtenu une
rentabilité supérieure à 100% et
dégagent plus de bénéfices qu’elles ne
font de chiffre d’affaires», souligne
Oxfam.
Les cinq
plus grandes banques françaises –BNP
Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit
Mutuel-CIC et Société Générale– «ont
déclaré 5,5 milliards d’euros de
bénéfices dans les paradis fiscaux».
Quatre d’entre elles sont notamment
présentes aux Iles Caïmans, où elles ont
réalisé «174 millions d’euros de
bénéfices bien qu’elles n’y emploient
personne».
Neuf ans
après le crash bancaire de 2007-2008,
qui a entraîné une perte de
capitalisation boursière de l’ordre de
25.000 milliards de dollars -de quoi
remettre à neuf l’ensemble de la
planète, éradiquer toutes les pandémies
(Sida, Ebola) et reconstruire la
totalité des pays sinistrés par les
guerres de prédation économique-, les
grandes banques multinationales,
anglo-saxonnes ou européennes,
reprennent les commandes de l’économie
mondiale du fait de la frilosité des
pouvoirs publics, au mépris des
enseignements du passé.
28
banques détiennent, en effet, malgré la
crise et des efforts de régulation bien
insuffisants de la part des
gouvernements, un pouvoir démesuré, au
point de constituer un oligopole mondial
de fait d’une extrême dangerosité pour
la stabilité financière mondiale.
Dans
cette optique, le scandale de la FIFA
(Fédération Internationale du Football
Association) n’est que l’illustration de
la métamorphose générale de pans entiers
de l’économie, qui emprunte au modèle de
la mafia ses outils de gestion. Les
méthodes de la mafia s’étendent aussi
bien à l’économie légale qu’à l’économie
informelle.
Les
banques systémiques appartenant à ce
cartel sont au nombre de 11.
-
Quatre banques américaines :
Bank of America, Citigroup, Goldman
and Sachs, JP Morgan Chase
-
Trois banques britanniques :
Barclays, HSBC (Hong Kong
and Shanghai Banking Corporation) et
Royal Bank of Scotland
-
Deux banques de la zone euro :
BNP Paribas et
Deutsche Bank
-
Deux banques suisses :
Crédit Suisse et
USB
Des pénalités record
190
milliards de dollars de pénalités ont
été infligées du fait des fraudes par
les régulateurs financiers depuis
bientôt neuf ans, soit en moyenne dix
milliards de dollars par an, dont plus
de la moitié des sanctions intervenues
en 2014. Les autorités américaines ont
infligé 97 % des amendes (environ 185
milliards de dollars). Sur le Vieux
Continent, c’est la City qui a la main
la plus lourde.
En
France, l’amende infligée à BNP Paribas
en Mai 2014 pour avoir violé l’embargo
sur le commerce du pétrole a constitué
un pic (9 milliards de dollars),
d’autres institutions ont dû débourser
des sommes bien plus importantes.
Les
Américains sont en première ligne avec
plus de 200 amendes et les banques
américaines les plus sanctionnées : 141
amendes, contre 57 pour les banques
britanniques et 6 pour les banques
françaises. Bank of America se détache
du lot des banques pénalisées avec plus
de 87 milliards de dollars d’amendes,
suivi de JP Morgan avec 33,5 milliards
de dollars de pénalités. Puis, une autre
américaine, Citigroup (14,5 milliards de
dollars en neuf ans)
En 2015,
6 milliards de dollars (5, 4 milliards
d’euros environ) de pénalités ont été
infligées à 6 banques par les autorités
britanniques et américaines pour des
pratiques illégales sur le marché des
changes. Leur condamnation intervient
dans le cadre d’un accord qui marque
sans doute le point culminant de la
répression internationale de cette
fraude à grande échelle.
Au
total, Londres et Washington ont infligé
plus de 10 milliards de dollars (8,9
milliards d’euros) de pénalités
financières à 7 établissements, dont
Citigroup, JP Morgan, UBS, Barclays et
Royal Bank of Scotland.
Ces
derniers sont accusés de n’avoir rien
fait pour empêcher leurs traders de
partager des informations
confidentielles, sur les ordres de
certains clients, dans le but
d’augmenter leurs profits sur le marché
des devise.
Pour
optimiser leur rendement par une
compression des dépenses et une
accentuation des profits, les banques
françaises envisagent d’ailleurs une
baisse drastique de leur personnel.
Tous les
grands réseaux bancaires sont lancés
dans une réduction de leur nombre
d’agences et des effectifs : BNP
Paribas, qui comptait 1.964 agences fin
2016, va fermer 200 agences d’ici 2020.
BPCE (Banque populaire+Caisse d’épargne)
«un peu plus de 400 points de vente»
d’ici 2020 et ne pas remplacer un départ
sur trois.
Société
Générale avait lancé fin 2015 un plan de
fermeture d’environ 20% de ses agences
jusqu’en 2020 (soit environ 400 de ses
2.200 agences), tandis que LCL (Crédit
Lyonnais) a l’intention de fermer de 250
à 280 points de vente.
Pis, au
delà de leurs activités spéculatives sur
la faim dans le tiers monde, les banques
françaises participent à l’entreprise de
colonisation de la Palestine au mépris
des résolutions de l’ONU.
Le
système bancaire israélien constitue
un outil essentiel de la politique de
colonisation, et les entreprises
israéliennes contribuent au maintien et
au développement des colonies
israéliennes.
En 2013
déjà, une mission d’enquête
indépendante des Nations Unies
dénonçait le rôle primordial des
banques israéliennes dans la
colonisation et les conséquences en
termes de violations des droits de
l’homme. Une enquête menée en France par
plusieurs ONG dont AFSP (Association de
Solidarité France Palestine et CFDT
Quart Monde) révèle que 7 entités
bancaires ont établi une coopération
financières avec des établissements
israéliens, participant indirectement à
la colonisation de la Palestine. Les
groupes bancaires français sont les
suivants : BNP Paribas, Société
Générale, Crédit Agricole et sa filiale
LCL, PBCE et la filiale Natixis ainsi
qu’AXA.
«La
finance est notre ennemi», qu’il disait.
À croire sur parole.
Fait
symptomatique, aucun des candidats à
l’élection présidentielle française se
réclamant de la sensibilité socialiste
pas plus Benoît Hamon, le candidat
officiel du PS, qu’Emmanuel Macron,
ancien secrétaire général adjoint de
l’Élysée et ministre de l’économie,
encore moins son ancien camarade de
parti Jean Luc Mélenchon s’est dévoué
pour défendre le bilan du président
sortant, un fait sans pareil dans les
annales des campagnes présidentielles.
Propulser un ultra minoritaire de son
propre parti à la tête du gouvernement
de la France expose l’auteur de cette
manœuvre qui se voulait machiavélique à
de graves déconvenues. Ah l’humiliante
offre de service de Manuel Valls à son
ancien subordonné hiérarchique mais
néanmoins vainqueur au 1er tour des
présidentielles françaises, Emmanuel
Macron. À vous vacciner à jamais de la
traîtrise.
Le
spectacle offert par Benoît Hamon, digne
dans l’adversité, stoïque devant
l’abattoir, transpercé des coups de
poignards des traîtres socialistes en
une véritable conjuration de cloportes
qui ont pour nom : Manuel Valls, Jean
Yves Le Drian, Bertrand Delanoë, Jacques
Attali, a signé à jamais l’imposture des
pseudo-socialistes.
En 2012,
le PS avait tous les pouvoirs
politiques, de l’Élysée jusqu’au Sénat,
en passant par l’Assemblée nationale et
la majorité des régions et des grandes
villes. Cinq ans plus tard, il n’a plus
rien ou presque, balayé jusque dans ses
bastions historiques.
Pis, le
seuil de 6,2%, le pire score d’un
candidat socialiste au premier tour
depuis 1969, demeurera à jamais une
stigmate sur le front du socialo
motoriste de la Rue du Cirque, François
Hollande, l’émollient premier secrétaire
d’un parti qu’il a été pendant plus
d’une décennie (1997-2008) et
l’évanescent président qu’il aura été
pendant cinq ans (2012-2017).
La
capitulation en rase campagne du foudre
de guerre de Syrie s’est couplée d’une
capilotade devant «la Finance, notre
ennemi».
Merci
pour ce mandat François Hollande. On
s’en souviendra.
Sur François Hollande
Sur Manuel Valls
Pour aller plus loin sur un autre aspect
des activités bancaires
Les scandales politico financiers en
France
Scandales politico-financiers :
l’impunité de caste, une histoire
française par Jean Garrigues Historien,
spécialiste d’Histoire politique.
Avec
leur prolongement : Les Balkany, Chirac,
Sarkozy, Cahuzac, Tiberi, François
Fillon etc….
Illustration :
@
REUTERS
Reçu de René Naba pour publication
Le sommaire de René Naba
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