MADANIYA
L’idylle insolite de Donald Trump, artisan du
«Muslim Ban» avec la dynastie
wahhabite: 2/2
René Naba
Jeudi 6 juin 2019 Dernière minute
Un conseiller du
prince héritier d’Abou Dhabi incuclpé
aux Etats Unis pour détention de
matériel pornographique.
Coup dur pour la stratégie
d’endiguement de l’Iran, un des missi
dominici américain en direction de
l’Arabie saoudite et des Emirats Arabes
Unis, Georges Nader, homme d’affaires
américain d’origine libanaise, a été
inculpé pour détention de matériel
pornographique.
Son arrestation
est intervenue le 4 juin 2019 une
semaine après l’échec du triple sommet
de la Mecque (islamique, arabe et
Golfe), fin mai, et la décision de
Benyamin Netanyahu d’organiser de
nouvelles élections législatives
israéliennes en septmebre, faute de
pouvoir former un gouvernement. Deux
echecs qui ont renvoyé aux calendes
grecques le lancement de la transaction
du siècle, conconctée sous l’égide de
Jared Kusgner, le gendre présidentiel
américain.
Agé de 60 ans,
Georges Nader a été conseiller du prince
héritier d’Abou Dhabi, Mohamamd Ben
Zayed et son chargé de mission auprès de
l’équipe de campagne présidentielle de
Donald Trump, en vue d’établir un
partenariat privilégié entre les Emirats
arabes Unis et les Etats Unis.
L’intermédiaire libano américain
avait entrepris des démarches similaires
auprès d’Israël, la Russie et l’Arabie
saoudite.
Georges Nader avait été entendu par
Robert Mueller chargé de l’enquête sur
les interérecnes russes de la campagne
présidentielle américaine.
Objet d’une première interpellation
en 1987, il a été arrêté le 4 juin 2019
à son arrivée à l’aéroport John F.
Kennedy de New York, en vertu d’un
mandat d’arrêt délivré en 2018, en
raison du fait que «sur son portable, il
conservait des photos de mineurs en
position obscène».
BREAKING: George
Nader, figure linked to Trump
transition, charged with transporting
child pornography
https://www.washingtonpost.com/world/national-security/figure-linked-to-trump-transition-charged-with-transporting-child-pornography/2019/06/03/caee8aca-862a-11e9-98c1-e945ae5db8fb_story.html?tid=ss_tw&utm_term=.86e3ed82509c
…
L’offre globale
saoudienne
- Une paix
permanente au Moyen Orient.
- Une base
américaine sur la Mer Rouge
-
Instrumentalisation de la religion
musulmane et du secteur de
l’information dans la lutte contre
l’extrémisme.
Dès l’élection de
Donald Trump en Novembre 2016, une
équipe saoudienne s’est envolée vers les
Etats Unis. Le prince Mohamad Ben
Salmane n’avait pas de temps à perdre;
pressé de faire acte d’allégeance au
président élu, sans attendre son entrée
en fonction, en janvier 2017.
MBS était porteur
d’un document secret que le journal
libanais «Al Akhbar» s’est réussi à se
procurer, dont les grandes lignes sont
révélées ci-joint.
Riyad n’était pas
l’unique capitale à chercher à s’attirer
les bonnes grâces du nouveau président
américain, mais l’offre saoudienne ne se
limitait pas à un catalogue
d’initiatives visant à renforcer la
coopération saoudo-américaine.
Par son offre
globale, MBS livrait en fait les clés du
Royaume, dans ses deux volets internes
et externes, aux mains de Donald Trump,
jusqu’alors très critique à l’égard du
partenariat stratégique saoudo
américain, avant son élection.
Intitulé «Vision
saoudienne pour un partenariat
stratégique avec les Etats-Unis sur le
plan politique, sécuritaire, militaire,
économique et culturel», le document
préconise de RENFORCER LA POSITION DES
ETATS UNIS DANS SES NEGOCIATIONS AVEC LA
RUSSIE EN FAISANT ALLUSION AUX MENACES
AMERICAINES DE CONTRAINDRE L’ARABIE
SAOUDITE D’ACCROITRE SA PRODUCTION DE
PETROLE JUSQU’A HAUTEUR DE 15 MILLIONS
DE BARILS PAR JOUR.
POLITIQUE :
Engagement de faire usage de son
influence au sein du Monde arabe et
musulman en vue de satisfaire les
objectifs communs, notamment
l’établissement d’une paix permanente au
Moyen orient et le règlement du conflit
israélo-palestinien.
ECONOMIQUE:
Aménagement d’une zone franche
commerciale américaine sur les rivages
de la Mer Rouge qui fasse office de
porte d’entrée des Etats Unis vers
l’Afrique et le Moyen Orient.
-Création d’un fond
d’investissement commun aux
pétromonarchies pour le développement de
l’Afrique au capital de 50 milliards de
dollars.
MILITAIRE:
Aménagement d’une base militaire
américaine sur la Mer Rouge. Faire
pression sur le Soudan en vue de le
contraindre à accepter l’installation
d’une base américaine sur son territoire
et œuvrer en vue de limiter la
coopération militaire entre l’Egypte et
la Russie et entraver l’édification
d‘une base russe sur le territoire du
plus grand pays arabe.
Œuvrer en vue du
développement des relations entre les
Etats Unis st les pays musulmans,
notamment sur le plan militaire avec le
Pakistan.
Riyad promet en
outre d’affecter un budget de 50
milliards de dollars échelonnés sur 4
ans, dans le cadre des efforts visant à
amplifier la coopération saoudo
américaine en matière de défense. En sus
de la contribution financière, le
Royaume s’engage à mettre à la
disposition du président des Etats Unis
un contingent en provenance des pays
arabes et musulmans, dont les effectifs
se situeraient entre 34.000 à 58.000
membres provenant de 37 pays, dans le
cadre de la lutte contre le terrorisme,
sous la conduite des Etats Unis. Ce
contingent déjà disponible est d’ores et
déjà à la disposition du président élu
pour peu qu’il en fasse la demande.
Saoud Al Qahtani
est passé par là
La lune de miel se
déroulait en toute harmonie jusqu’au
surgissement de l’affaire Jamal
Khashoggi.
Une des rencontres
majeures du périple américain du prince
saoudien aura été son entretien avec les
dirigeants du CSIS., au siège de
l’institution.
Le Center for
Strategic and International Studies
(CSIS), basé à Washington DC est un
cercle de réflexion, d’influence et de
conseil américain en matière de
politique étrangère, fondé en 1962 par
l’amiral Arleigh Burke et l’historien
David Manker Abshire, originellement
dans l’enceinte de l’Université de
Georgetown.
Le centre conduit
des études politiques et des analyses
stratégiques sur de nombreux sujets en
relation avec la politique, l‘économie,
la sécurité, la finance la technologie
et l’énergie.
Le centre fut
originellement crée dans le cadre de la
Guerre froide, avec pour objectif
d’encourager et renforcer un lien fort
entre Européens et Américains face à
l’URSS. Il compte dans son conseil
d’administration Zbigniew Brzezinski
(Conseiller sécurité de Jimmy Carter) et
Henry Kissinger (Conseiller sécurité
Richard Nixon).
MBS y rencontra
Frank A. Verrastro, vice-président du
CSIS et John Alterman, directeur des
programmes pour le Moyen Orient. Le CSIS
a fait état d’une requête de Saoud Al
Qahtani.
Saoud Al Qahtani
En sa qualité de
superviseur du «Centre des Etudes pour
les Affaires de Communication auprès du
cabinet royal», Saoud Al Qahtani était
en charge de la bonification de l’image
du prince hériter auprès de l’opinion
internationale, particulièrement
américaine.
Ce titre pompeux
cachait en fait une réalité hideuse.
Chef de la brigade cybernétique royale,
il était chargé de traquer la messagerie
hostile à MBS et au Royaume. Il passe à
ce titre pour être l’ordonnateur des
basses œuvres du Prince.
En collaboration
avec la firme israélienne NSO, Saoud Al
Qahtani avait mis au point un système de
repérage et de traque des opposants
saoudiens au Moyen orient et en Europe
notamment au Qatar, en Turquie, en
France et au Royaume Uni. Opérationnel
depuis fin 2017, ce dispositif
fonctionnait parallèlement au projet
« Dark Matter», mis sur pied par Abou
Dhabi, dès 2015, en collaboration avec
d’anciens fonctionnaires de la CIA.
Le nom de Saoud Al
Qahtani a été mêlé à l’assassinat du
journaliste saoudien Jamal Khashoggi au
consulat saoudien à Istanbul, le 2
octobre 2018.
Objet d’un mandat
d’arrêt de la part de la Turquie, il
sera le premier bouc émissaire de
Mohamad Ben Salmane, sacrifié sur
l’autel de la raison d’état pour
disculper le prince héritier de sa
responsabilité dans l’élimination de
Jamal Khashooggi, point de départ d’un
scandale médiatique mondial qui pourrait
mettre à mal tout l’édifice patiemment
construit par MBS pour hisser l’Arabie
saoudite au rang de partenaire
stratégique des Etats Unis au même rang
qu’Israël.
Pour aller plus
loin sur l’affaire Jamal Khashoggi, cf
ces liens :
https://www.madaniya.info/2018/10/10/la-dynastie-wahhabite-la-version-bedouine-des-borgia-au-21-me-siecle/
https://www.madaniya.info/2018/10/19/arabie-saoudite-jamal-khashoggi-non-un-parangon-de-la-liberte-de-la-presse-mais-un-pur-produit-de-la-matrice-wahhabite-takfiriste/
Epilogue de
cette idylle: Des concessions arabes
sans contrepartie israélienne
La «transaction du
siècle», visant à régler a minima la
question palestinienne pour solde de
tout compte, repose sur un principe
basique: Des concessions arabes sans
contrepartie israélienne, selon le
schéma imaginé par Jared Kushner, un
membre actif du lobby juif américain,
qui en est le maître d’œuvre, selon les
révélations contenues dans l’ouvrage de
la journaliste Vicky Ward «Jared Kushner
and inc: Greed, ambition and
corruption».
https://www.democracynow.org/2019/3/21/kushner_inc_vicky_ward_on_how
La recension de ce
livre en langue arabe paru dans le
journal libanais « Al Akhbar » est parue
sur ce lien
https://www.alakhbar.com/World/268104/
%D8%B5%D9%81%D9%82%D8%A9-%D8%A7%D9%84%D9%82%D8%B1%D9%86-%D8%A7%D9%84%D8%B3%D8%B9%D9%88%D8%AF%D9%8A%D8%A9-%D8%B9%D9%84%D9%89-%D8%AE%D8%B7-%D8%AA%D8%A8%D8%A7%D8%AF%D9%84-%D8%A7%D9%84%D8%A3%D8%B1%D8%A7%D8%B6%D9%8A
La transaction
reposerait sur les principales
articulations suivantes :
- Israël
conservera la totalité des terres
qu’il juge nécessaire à sa sécurité.
- La Jordanie a
refusé l’idée de confédération
tripartite Jordano-
israélo-palestinienne de crainte que
la souche bédouine de la population
originelle de la Transjordanie ne
soit submergée par la densité
démographique palestinienne sur les
deux rives du Jourdain. Le Royaume
Hachémite s’est borné à réclamer une
cogestion des Lieux Saints Musulmans
de Jérusalem (Al Aqsa) et devrait
céder une parcelle de son territoire
aux Palestiniens afin de permettre
l’édification d’un «état
palestinien» sur le reliquat de la
Cisjordanie non annexé par Israël.
(NDLR Curieux procédé qui consiste à
céder à la Jordanie une portion de
la Palestine pour édifier un royaume
hachémite à la solde d’Israël et de
l’Occident, avant de rétrocéder une
parcelle de la terre palestinienne
spoliée aux Palestiniens, ses
propriétaires originels, afin de
consolider la sécurité d’Israël) .
L’Arabie
Saoudite compensera à la Jordanie la
portion de son territoire cédé aux
Palestiniens, par une superficie
équivalente du territoire du Royaume
wahhabite.
Le prince héritier
Mohamad Ben Salmane a proposé à Mahmoud
Abbas la somme de dix milliards de
dollars pour emporter l’adhésion du
président de l’Autorité Palestinienne à
cette transaction ainsi que
l’installation d’une ambassade
saoudienne à Abou Diss, la capitale de
substitution à Jérusalem du futur état
fantoche palestinien.
L’Arabie Saoudite
et les Emirats Arabes Unis s’engagent à
construire un oléoduc reliant Gaza au
Royaume wahhabite ainsi qu’une
raffinerie de manière à y créer des
emplois et à réduire le taux de chômage
élevé dans l‘enclave.
Des dizaines de
milliards de dollars seront déversés par
les pétromonarchies du Golfe notamment à
l’Egypte et à la Jordanie, les deux
autres pays arabes parties prenantes à
la transaction en vue de relancer leur
économie.
Un sommet
économique devrait se tenir le 25 et 26
juin 2019, à Manama, point d’ancrage de
la V me flotte américaine dans la zone
Golfe Océan indien, en vue de dégager la
voie à l’aide économique des
pétromonarchies aux Palestiniens en
compensation de la perte de leur
identité et de leur souveraineté.
GAZA
L’Egypte a refusé
de céder une portion du Sinaï à l’état
palestinien croupion en vue d’élargir la
superficie l’enclave palestinienne de
Gaza pour la rendre viable. L’Egypte a
donné à savoir qu’elle n’était pas
disposée à s’encombrer des Frères
Musulmans Palestiniens, majoritaires
sous le Hamas à Gaza, alors qu’elle
menait un combat sans répit contre les
Frères Musulmans égyptiens.
Sur les suggestions
du premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, Donald Trump a accepté que la
transaction du siècle ne soit pas sous
le parrainage exclusive de l‘Arabie
saoudite, discréditée depuis l’affaire
Khashoggi, mais qu’elle soit coparrainée
par le président égyptien Abdel Fattah
Al Sissi, afin de la rendre acceptable
par la grande majorité des états
sunnites arabes.
Pour une étude plus
détaillée de la «Transaction du siècle»,
cf à ce propos l’analyse de l’influent
journaliste Abdel Bari Atwane.
https://www.madaniya.info/2019/02/01/palestine-la-transaction-du-siecle-a-l-oeuvre/
Au début du XX me
siècle, Abdel Aziz, fondateur du Royaume
wahhabite, à l‘époque sultan du Najd,
avait renoncé à la Palestine la cédant
aux Juifs pour prix de son accession au
trône. Un siècle plus tard, son fils et
lointain successeur, le Roi Salmane en
tandem avec son fils le prince héritier
Mohamad Ben Salmane, bradait la question
palestinienne pour solde de tout compte
à leurs turpitudes: le Roi pour son rôle
de collecteur de fonds du djihad afghan
et du terrorisme islamique, son
héritier, pour son rôle d’exterminateur
de l’opposition saoudienne, glanant au
passage l’un comme l’autre le
qualificatif de porte étendard de
l’«Islam des Lumières».
Auteur de deux
plans de paix du conflit israélo-arabe,
le chef de file du Monde sunnite n’a
jamais pu freiner la colonisation de la
Palestine, en dépit de toutes les
prosternations du meilleur allié des
Etats Unis dans le Monde arabe. La
dynastie wahhabite mérite à ce titre la
«laisse d’or de la servilité». Pour la
postérité.
La dynastie
wahhabite et le bradage de la Palestine
https://www.madaniya.info/2017/12/06/la-dynastie-wahhabite-et-le-bradage-de-la-palestine-1-2/
As Charq al Awsat,
le journal du Roi Salmane, le plus grand
collecteur de fonds du djihad Afghan
https://www.madaniya.info/2016/03/08/salmane-israel-2-3-moujtahed-acte-3/
Pour le lectorat
arabophone, cf les liens suivants:
1 – La correspondance transaction du
siècle
2- La Jordanie et l’OLP face à la
traitrise de l’Arabie saoudite
3- MBS appat pour Abou Mazen: dix
milliards de dollars et une ambassade à
Abou Diss
4- Des personnalités palestiniennes de
Jérusalem rejette la tutelle saoudienne
5- Adel Al Joubeir propose d’abolir
l’Autorité palestinienne: Riposte de
Malki, ministre palestinien des affaires
étrangères
6 – Jordanie Arabie saoudite:
Inquiétudes d’Abou Dhabi à propos de
l’Arabie saoudite
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