MADANIYA
La
Mondialisation à l’épreuve de la
pandémie du Coronavirus; de quoi la
mondialisation était-elle le nom ?
René Naba
Lundi 4 mai 2020 «La dictature
parfaite serait une dictature qui aurait
les apparences de la démocratie: Une
prison sans murs, dont les prisonniers
ne songeraient pas à s’en évader. Un
système d’esclavage où, grâce à la
consommation et au divertissement, les
esclaves auraient l’amour de leur
servitude».
Aldous Husley
«Le Meilleur des Mondes»
L’auteur dédie ce
papier à tous ceux qui se sont dressés
pour dire «Non à l’Ombre» (Aimé
Césaire), les contestataires de la
pensée dominante agglutinée autour du
«cercle de la raison»: Julian Assange,
Edward Snowden, Chelsea Manning, Yánis
Varoufákis, Podemos, le mouvement
citoyen «Nuit Debout» partisan de la
convergence des luttes, de même que les
«Gilets Jaunes», les «Black Blocs»,
«Occupy Wall Street», Attac … tous les
altermondialistes et les lanceurs
d’alerte anonymes et courageux, qui
n’ont cessé, au péril de leur vie, de
tirer la sonnette d’alarme, dans un
océan de logomachie et de démagogie.
La pandémie du
Covid 19, d’une ampleur inégalée dans
l’histoire moderne, a provoqué le
confinement de plus de 3 milliards de
personnes à travers le monde, soit près
de la moitié de la planète, et impulsé
le plus grand mouvement d’exode de
population.
A la date du 2 mai 2020, correspondant à
la septième semaine de confinement
décrété par la France, le bilan
s’établissait comme suit:
Depuis le début de
l’épidémie, 212 pays ou territoires ou
bateaux (2) ont été affectés par le
virus, pour 3.398.473 cas déclarés, 239.
448 décès; 1 080 101 guérisons et 2 078
924 patients en cours de traitement,
dont 50 956 en état critique.
L’Asie, à
l’exception de la Turquie, de l’Iran, du
Japon, de l’Inde et du Pakistan, est
quasiment sortie de la pandémie.
Les États Unis, qui
ont recensé leur premier décès lié au
coronavirus au début de février, ont
enregistré, à eux seuls, plus du tiers
des cas Covid de la planète, affiche
avec près de 66 000 décès, le bilan le
plus lord au Monde, dépassant désormais
celui des soldats américains tués en
deux décennies lors de la guerre du
Vietnam. Au total, 58.220 militaires
américains avaient perdu la vie lors de
ce conflit (1955-1975), selon le bilan
officiel publié par les Archives
Nationales américaines
A ce bilan, il convient d’ajouter plus
d’un million de cas de contamination
recensés depuis le début de l’épidémie.
Le président Donald Trump a suspendu
l’immigration légale, alors que, sur le
plan économique, 22 millions
d’Américains ont perdu leur emploi.
En deuxième
position vient l’Union Européenne dans
l’ordre suivant:
- Italie:
Premier pays européen par
l’importance de son bilan morbide,
l’Italie a passé le cap des 28.2367
morts.
- Le
Royaume-Uni, en surprenante 2eme
position, avec un nombre total de
décès qui ‘élève à 27.510 morts. Le
nombre de contamination est
désormais de 177.454.
- L’Espagne
25.100 décès au total pour 216.582
cas recensés.
En 4eme position,
la France dont le dernier bilan fait
état de 24.594 morts au total (15.369
décès en hôpital et 9.225 dans b centres
sociaux et médico-sociaux dont les
Ehpad) pour 130.185 cas recensés. Avec
24.594 morts, la France a ainsi surpassé
le bilan de la canicule 2003 (19.000
morts sur le territoire français). «Très
meurtrière», la pandémie a désormais tué
«davantage que toutes les épidémies de
grippe saisonnière, même les plus
sévères, même les plus longues», ainsi
que la canicule de 2003.
En Chine, le
berceau de l’épidémie a enfin rouvert
ses portes, à la mi-avril, et des
milliers de personnes ont quitté la
ville de Wuhan après deux mois et demi
de confinement. Wuhan abrite une
population de 15 millions d’habitants.
Outre un lourd
bilan humain, la crise du Covid-19 a
provoqué une récession économique
inédite depuis la Seconde Guerre
mondiale. Le chômage explose partout
dans le monde. Plus de 3 milliards de
personnes sont concernées par la
fermeture totale ou partielle de leurs
lieux de travail. Les échanges mondiaux
devraient enregistrer en 2020 une
contraction comprise entre 13 % et 32 %
en 2020, selon l’Organisation mondiale
du Commerce.
Sur le plan de l’emploi, l’OIT
(Organisation Internationale du
Travail), a estimé que 25 millions de
personnes risquaient de perdre leur
emploi, venant grossir les rangs
mondiaux des chômeurs estimés à 190
millions.
De l’art de la récupération en
politique:
En une cruelle
ironie du sort, Boris Johnson, le
premier ministre conservateur
britannique, hospitalisé en avril 2020,
pendant une semaine en soins intensifs
en raison de sa contamination au
Coronavirus, a remercié à sa sortie le
système public de santé NHS, créé
pourtant en 1948 par ses rivaux
travaillistes.
Le pouvoir français s’est, lui,
félicité, que le système hospitalier
français ait bien résisté à la pandémie
dont il a pourtant cherché à en
comprimer sa voilure pour réduire son
coût de fonctionnement, occultant le
fait que le système de santé français,
en ville comme à l’hôpital, tient depuis
des années sur la seule résilience des
soignants.
Dans la même veine
qui pourrait définitivement clouer le
bec d’Eric Zemmour, cf à ce propos «ces
toubibs étrangers qui sauvent des vies
françaises», un article de Majed Nehmé,
Directeur du site Afrique Asie :
https://prochetmoyen-orient.ch/dans-la-presse/
Une étude en
deux parties:
- De quoi la
mondialisation était-elle le nom ?
- De quoi la
pandémie du coronavirus sera-t-elle
le nom?
De quoi la
mondialisation était-elle le nom ?
Une idéologie de
domination.
Sous une apparence
de fluidité et la projection dans
l’imaginaire collectif d’une image de
communion universelle, dans l’exaltation
de l’euphorie, la mondialisation s’est
révélée être une idéologie de
domination, comparable par ses effets
corrosifs à l’idéologie de la
colonisation, dont elle constitue la
forme la plus moderne et la plus
sophistiquée de prédation économique. Un
néo colonialisme menée sous l’égide des
États Unis et non plus de l’Europe,
réduite désormais à un rôle de servante
docile.
Dans ce contexte de
mondialisation, le développement de
grands ensembles économiques à
soubassement régional a répondu aux
besoins de la financiarisation de la vie
publique internationale et du pan
capitalisme financier sous impulsion
américaine. Mais s’ils ont aboli les
frontières entre les états membres, pour
en faire des passerelles d’échange, ils
ont dressé des barrages face aux autres
états non membres. Des îlots de
prospérité face à un océan de misère en
somme.
La fin de la
bipolarisation du Monde a ainsi entraîné
la destruction des murs de séparation de
la guerre froide.
L’implosion de
l’Union soviétique a provoqué la
destruction du Mur de Berlin et
l’inclusion de l’Europe de l’Est
ex-communiste dans la sphère
géopolitique de l’Otan, parallèlement à
la constitution d’une Union Européenne
de 28 membres, puis de 27 membres avec
le Brexit.
1979 marque à cet égard une année
charnière, sur le plan économique, avec
l’arrivée quais simultanée au pouvoir,
le 4 Mai 1979, pour une décennie, de
Margaret Thatcher au Royaume Uni,
doublée, l’année suivante, par celle de
son partenaire idéologique américain
Ronald Reagan.
Avec, en corollaire, la montée en
puissance du néo conservatisme et de
l’ultralibéralisme, le triomphe de
l’École de Chicago avec son consensus de
Washington et son équivalent européen le
consensus de Bruxelles.
Le début d’une
décennie de mondialisation heureuse,
selon l’expression du chantre du
pan-capitalisme financier Alain Minc,
«plagiaire servile», mais néanmoins à
l’époque président du Conseil de
surveillance du Journal le Monde et à ce
titre coqueluche de la technostructure
française.
Pour aller plus loin sur Alain Minc cf
ce lien:
https://www.acrimed.org/Alain-Minc-plagiaire-servile-en-1999-serial-plagiaire-en-2013
Multinationales,
paradis fiscaux et Cost Killer.
A l’ombre de la
« mondialisation heureuse », les paradis
fiscaux ont prospéré. Durant cette
période, le nombre des transnationales
dans le monde s’est en effet élevé à
70.000 contrôlant près de 500.000
filiales, s’adonnant à une exploitation
décomplexée de la planète. Des
multinationales qui ont accaparé les
terres, les ressources en eau, génèrent
pollution et déforestation, laminant les
droits des salariés, affectant les
moyens de subsistance de nombreuses
communautés.
En France, les 40 multinationales qui
composent le CAC 40 pèsent aujourd’hui
plus de 1 300 milliards d’euros de
chiffre d’affaires, plus de la moitié du
PIB du pays et les grands groupes,
originaires de France, ont 16 000
filiales à l’étranger, dont 2500 dans
les paradis fiscaux où ils délocalisent
leurs profits
Mieux: 10 % des
ménages détiennent la moitié du
patrimoine total, principalement
constitué de biens immobiliers et
d’actifs financiers. Et le salaire moyen
des patrons du CAC 40 a flambé, alors
que la dette publique dépassait 100 % du
PIB fin septembre 2019, selon l’Insee.
Avant la pandémie, elle s’établissait
plus exactement à 100,4% du produit
intérieur brut (PIB), soit 2.415
milliards d’euros, en hausse de 39,6
milliards par rapport au trimestre
précédent.
Cf à ce propos «Les
dessous pas si chic du CAC 40» Par
Olivier Vilain
https://www.golias-editions.fr/golias-hebdo/
Pourtant durant
cette période, le grignotage des faibles
revenus s’est poursuivi inexorablement
avec la flexibilité du travail et son
corollaire la précarité du travailleur,
le plafonnement des indemnités de
chômage, la réduction des coûts et
l’optimisation de la production, la
compression des services publics et la
réforme des retraites, la suppression de
l’APL (Aide au logement) pour les
étudiants et le gel des pensions pour
les retraités.
Sous l’effet de
slogans trompeurs conçus par des boîtes
à idées sarkozystes, du genre
«Travailler plus pour gagner plus, pour
réfléchir moins, le COST KILLER,
pourtant un des grands pourvoyeurs du
chômage de masse, sera promu au rang du
nec plus ultra de la gestion économique.
Une politique
d’austérité menée impitoyablement, alors
qu’en contrechamps, le train de vie
luxueux de l’état se maintenait,
outrageusement.
Tous les grands ministères parisiens
continuent de disposer en effet d’un
chef pour la restauration des membres
des cabinets ministériels depuis près de
cinquante ans, alors qu’en Suède la
totalité de la haute administration est
astreinte à la cantine, à des prix
variables en fonction des revenus.
L’idéal républicain n’est pas le même en
Suède, qui est une monarchie, et en
France qui a aboli la monarchie mais a
maintenu ses privilèges pour ses élites.
Le consensus de
Washington…..pas si consensuel que cela.
En fait de
consensus, les États Unis ont imposé à
l’Amérique latine le terrible «Consensus
de Washington», –un corpus de mesures
d’inspiration libérale concernant les
moyens de relancer la croissance
économique, notamment dans les économies
en difficulté du fait de leur
endettement avec l’apparition des fonds
vautours.
Bénéficiant du contexte de crise
idéologique globale lié à l’effondrement
du communisme soviétique, à la fin de la
décennie 1980, l’administration néo
conservatrice américaine va généraliser
ce consensus en l’imposant à l’Union
Européenne par le biais du «Consensus de
Bruxelles», son cortège de
privatisation, de déréglementation et de
délocalisation, avec, à la clé, une
considérable destruction d’emploi en
Europe, l’émergence des «tigres
asiatiques» (Inde, Chine, Corée du Sud,
Philippines etc..) et le bouleversement
corrélatif de la géo-économie mondiale.
Le «village
planétaire» et le “cercle de la raison”.
L’implosion du bloc
soviétique, dans la décennie 1990, avec
l’abolition de contrepoids idéologiques,
a induit une synergie capitalistique
entre médias et grands groupes
industriels, faisant du premier le
fleuron du groupe ou son lance flamme en
fonction des besoins de la stratégie du
conglomérat. Tout à leur euphorie de
célébrer l’avènement d’un “village
planétaire” et la «Fin de l’Histoire»
décrétée par Francis Fukuyama, les
éditocrates négligeront les signes
avant-coureurs d’une grave crise. Ils
fouleront ainsi aux pieds les résultats
du référendum sur le Traité
Constitutionnel Européen, rejeté en
France et en Irlande et imposeront
d’autorité des contraintes budgétaires
incompressibles, générant une foultitude
de sans-abris, des échoués de la vie,
exclus de la société d’abondance.
Le «village
planétaire» ou village global, est une
expression de Marshall McLuhan, tirée de
son ouvrage «The Medium is the Massage»
paru en 1967, dans lequel le sociologue
canadien (1911–1980) soutenait que les
médias de masse fonderaient l’ensemble
des microsociétés en une seule et même
«famille humaine», un «seul village» où
«l’on vivrait dans un même temps, au
même rythme et donc dans un même
espace», signifiant par-là la synergie
opérée par la mondialisation entre
médias et technologies de l’information
et de la communication.
La “Fondation Saint
Simon”, imbue de la prétention de ses
membres, ira jusqu’à se féliciter
d’avoir conduit la France, à marche
forcée, vers la modernité par son
adhésion à l’Union Européenne. Sa
mission remplie, elle décrétera en
conséquence sa dissolution en dépit du
fait que la validation de la conception
technocratique de la construction
européenne avait pourtant été désavouée
en France par le triomphe du NON au
référendum de 1995 sur le Traité
Constitutionnel.
Fait symptomatique, aucun des pontifes
de la Fondation Saint Simon ne battra sa
coulpe. Le «cercle de la raison» est
ainsi apparue comme une
instrumentalisation élitiste de la
raison, une dérive anti-démocratique de
la raison. Autant d’événements dont les
conséquences se font encore sentir de
nos jours.
Sur la
responsabilité des éditocrates, dans ce
naufrage du pluralisme, cf ce lien
https://www.acrimed.org/Au-nom-du-pluralisme-taisez-vous
Depuis le début de
la mondialisation, alors que les
édictocrates se pâmaient devant
l’avènement d’un “village planétaire” et
la “Fin de l’Histoire”, la planète
présentait la facture de son saccage
inconsidéré tant dans le domaine
sanitaire que le domaine climatique:
SIDA: 74,9 millions de personnes ont été
infectées par le VIH, dont 32,0 millions
de personnes décédées de suite de
maladies liées au sida depuis le début
de l’épidémie dans la décennie
1980-1990.
Canicule 2003: La
canicule européenne de 2003, un
événement climatique d’ampleur
exceptionnelle survenu de juin à août
2003, écourtait la vie à plus de 19 000
morts en France et 70 000 en Europe de
Juin à Août 2003.
Tsunami 2004: le Tsunami a provoqué la
mort de 225.000 morts le 24 décembre
2004, dans une zone allant de la
Thaïlande à l’Indonésie à l’Océan Indien
(Inde-Sri Lanka)
Crise des subprimes
2008: La crise des subprimes a provoqué
la destruction de 25.000 milliards de
dollars de capitalisation boursière, une
somme amplement suffisante pour
reconstruire la totalité de la planète
sur de bases écologiques et éradiquer
les pandémies. Rien qu’en France, le
coût du sauvetage des établissements de
l’Hexagone s’est élevé à 30 milliards
d’euros en 2008/2009.
Pour aller plus
loin sur ce thème, cf: En 2008, un virus
financier qui avait terrassé l’économie
mondiale:
https://www.liberation.fr/france/2020/03/19/le-covid-19-agit-comme-une-metaphore-de-la-demondialisation_1782306
La liste n’est pas limitative qu’il
importe de compléter avec les
gigantesques incendies de Californie et
de la forêt amazonienne, du Portugal et
d’Espagne.
2020: Le
coronavirus doublé d’une guerre du prix
de pétrole.
L’épreuve de force
entre le président russe Vladimir
Poutine et le prince héritier saoudien,
Mohamad Ben Salmane, deux des grands
producteurs de pétrole, sur le niveau de
production consécutif au ralentissement
de l‘économie mondiale du fait de la
pandémie du Coronavirus, a provoqué une
perte de capitalisation boursière de
l’ordre de 2,3 trillions de dollars,
lundi 9 mars 2020, et l‘ARAMCO, le géant
pétrolier saoudien, a subi une
dépréciation de 320 milliards de
dollars.
Du jamais vu dans
les annales de l’économie mondiale, le
prix du brut a atteint une cotation
négative, tombé à 0 dollars, c’est à
dire que les producteurs offraient une
ristourne à leurs clients pour alléger
les considérables stocks, qu’ils ont
accumulé en six semaines de
surproduction et de sous consommation.
Sur le plan arabe,
le fait de confier la gestion des Fonds
Souverains Arabes à des experts
occidentaux, formatés dans le moule du
FMI, a occasionné une perte sèche de 1,5
trillions de dollars lors de la crise
boursière de 2008, sans parler de
l’acquisition de bons du trésor
américains d’une valeur de près de 2.000
milliards de dollars (pour l’Arabie
saoudite et le Koweït). A cela s’ajoute,
le placement dans les banques
américaines de près de 2 mille milliards
de dollars (2 trillions) dans les
banques américaines. Autant de sommes
soustraites au développement économique
arabe.
Le dogme
ultra-libéral en question.
Si la crise des
subprimes résultant des emprunts
toxiques alloués dans des prêts
hypothécaires a révélé la face hideuse
du capitalisme sauvage en même temps que
la supercherie de l’ultralibéralisme
avec l’injection massive de fonds
publics pour le sauvetage des grandes
entreprises, contraire aux vertus
régulateurs du marché du “Laisser Faire
Laisser Aller”, la pandémie du Covid 19
a fait voler en éclat le corset
budgétaire de l’Union Européenne, dont
la rigueur avait eu pour conséquence de
privilégier l’austérité à la relance du
pouvoir d’achat.
Ah ces fameux
«critères de convergences de Maastricht”
qui ont contraint les états membres à
réduire leurs dépenses publiques au
détriment des dépenses d’investissement,
gages d’un développement futur; de
privilégier les économies de
fonctionnement sur les services publics,
sur la relance de la consommation par le
pouvoir d’achat.
Coup sur coup, les
pays membres du G20 ont annoncé jeudi 26
Mars 2020 leur intention d’injecter
«plus de 5000 milliards de dollars» dans
l’économie mondiale pour «contrer les
répercussions sociales, économiques et
financières de la pandémie» du nouveau
coronavirus, lors d’un sommet virtuel
d’urgence, une réunion en
visio-conférence présidée par le roi
Salmane d’Arabie saoudite.
La veille, les
États Unis avaient mis en œuvre, le 25
Mars 2020, « le plus vaste plan de
sauvetage de l’Histoire américaine », en
adoptant un plan de relance de 2 000
milliards de dollars (1 800 milliards
d’euros).
La Banque Centrale
Européenne a, elle, débloqué la somme de
750 milliards de dollars pour faire face
aux dépenses exigées par la pandémie,
alors que la présidente de l’Union
Européenne, Ursula Von der Leyen,
annonçait vendredi 20 Mars 2020 la
suspension inédite des règles de
discipline budgétaire de l’UE, afin de
donner aux États membres la possibilité
d’investir lourdement dans la lutte
contre le coronavirus et dans la réponse
aux conséquences socio-économiques de la
crise. « Aujourd’hui – ceci est nouveau
et n’a jamais été fait auparavant – nous
activons la clause dérogatoire
générale », a-t-elle annoncé dans un
message vidéo sur Twitter. « Cela
signifie que les gouvernements nationaux
de l’UE peuvent injecter dans l’économie
autant qu’ils en auront besoin», a
insisté Mme Von der Leyen.
Lui faisant écho,
Emmanuel Macron, qualifié du «président
des ultra-riches» par son prédécesseur
socialiste François Hollande, évoquait
timidement la possibilité d’une
renationalisation de certaines
entreprises françaises et suspendait-
renonçait?- à la réforme controversée
des régimes de retraites en France,
rendant hommage aux établissements
hospitaliers que sa ministre de la santé
Agnès Buzyn a cherché à démanteler.
Le message
subliminal des pays occidentaux au reste
du Monde: «Oui aux capitaux exotiques,
non à l’immigration basanée». La
Mondialisation génératrice de barrages
de séparation.
Plutôt que
d’entraîner une abolition des frontières
à l’espace planétaire, la dynamique de
la mondialisation des flux a généré au
XXI me siècle, une multiplication de
barrages de séparation même au sein
d’états associés; voire même à des
démembrements d’états, contraire au
principe de l’intangibilité des
frontières issues de la colonisation
(Soudan), auparavant en Europe l’URSS et
Yougoslavie, et en riposte, l’Ukraine
par rattachement de la Crimée à la
Russie.
Muraille à la
frontière entre les États Unis et le
Mexique pour freiner la migration
clandestine quand bien même les États
Unis et le Mexique font partie de
l’ALENA. Le message subliminal qui
résume le mieux les intentions des pays
occidentaux à l’egard du reste du Monde
se définit par cette formule lapidaire:
«Oui aux capitaux exotiques, non à
l’immigration basanée».
La dislocation de
la Libye du fait occidental et de la
déstabilisation du Mali, du fait de
leurs alliés pétro monarchiques, via
leurs affidés Ansar Eddine lors de la
séquence dite du “printemps arabe” va
révéler l’inanité d’un tel principe.
L’arrivée de plus
d’un million de migrants et de réfugiés
en Europe a eu raison des grands
principes. Cinq ans après le printemps
arabe, l’Europe payait ainsi le prix de
sa démagogie et de son bellicisme. Un
nouveau “rideau de fer” s’abattait sur
l’Europe, pour reprendre l’expression de
l’ancien premier ministre britannique
Winston Churchill.
Pour se prémunir
contre un débordement des peuples
basanés, l’Union Européenne a veillé à
ce que la Grèce ne se transforme en un
gigantesque camp de réfugiés sur le
territoire de l’Europe, sur le modèle de
la Cisjordanie et de Gaza en Palestine.
Elle a procédé à la
fermeture de la «Route des Balkans» par
la promotion de la Turquie, le principal
pourvoyeur de djihadistes vers la Syrie
et de réfugiés vers l’Europe, au rang de
vigile de la forteresse Europe face à
une nouvelle invasion barbare. Une
démarche qui a constitué tout à la fois
une prime à la fourberie turque et une
concession au populisme rampant de
l’opinion d’un continent en crise
systémique.
En contrepartie de
son rôle de garde-frontière, le
président Recep Tayyib Erdogan obtint de
considérables avantages à l’effet de
consolider sa posture autocratique et
liberticide. Une aide financière
importante (environ 6 milliards
d’euros), une levée de l’obligation de
visa pour les Turcs et une reprise des
négociations d’adhésion à l’Union
Européenne. Un satisfecit en dépit du
fait que la Turquie continue d’occuper
la partie nord de Chypre et que le
sultan d’Ankara bafoue les libertés de
la presse et la justice de son pays.
La colonisation
le plus grand bouleversement
démographique de la planète
Une lecture
diachronique de l’actualité, conjuguant
une analyse englobant l’espace et le
temps de cette séquence, aboutirait
pourtant à cette surprenante conclusion
que l’Europe a été le fossoyeur de sa
propre cause, victime de ses turpitudes
passées et présentes en ce que le flux
migratoire du XXI siècle de l’hémisphère
sud, particulièrement le flanc
méridional de l’Europe, apparaîtra
rétrospectivement comme le lointain et
ultime avatar du «fardeau de l’homme
blanc».
Il fut un temps,
pas très loin, où le «seuil de
tolérance» ne faisait pas poids face à
la furie colonisatrice de l’Europe, son
besoin incompressible d’assumer «le
Fardeau de l’Homme blanc» et sa «chargé
d’ainesse», en vue d’accomplir sa
mission civilisatrice. Cinquante-deux
(52) millions de personnes se sont ainsi
expatriées du «Vieux Monde», en un peu
plus d’un siècle (1820-1945), à la
découverte des nouveaux mondes,
lointains précurseurs des travailleurs
immigrés de l’époque moderne.
Au rythme de 500
000 expatriés par an en moyenne pendant
40 ans, de 1881 à 1920, 28 millions
d’Européens auront ainsi déserté
l’Europe pour peupler l’Amérique, dont
20 millions aux États-Unis, 8 millions
en Amérique latine, sans compter
l’Océanie (Australie, Nouvelle Zélande),
le Canada, le continent noir, le Maghreb
et l’Afrique du sud ainsi que les
confins de l’Asie, les comptoirs
enclaves de Hong Kong, Pondichéry et
Macao.
52 millions
d’expatriés, soit le double de la
totalité de la population étrangère
résidant dans l’Union Européenne à la
fin du XX me siècle, un chiffre
sensiblement équivalent à la population
française. Principal pourvoyeur
démographique de la planète pendant 120
ans, l’Europe réussira le tour de force
de façonner à son image deux autres
continents, l’Amérique dans ses deux
versants ainsi que l’Océanie et
d’imposer la marque de sa civilisation à
l’Asie et l’Afrique.
«Maître du monde»
jusqu’à la fin du XXe siècle, l’Occident
fera de la planète son polygone de tir
permanent, sa propre soupape de
sécurité, le tremplin de son rayonnement
et de son expansion, le déversoir de
tous ses maux, une décharge pour son
surplus de population, un bagne idéal
pour ses trublions, sans limitation que
celle imposée par la rivalité intra
européenne pour la conquête des matières
premières.
La schizothymie
américaine
Interventionniste à
tout crin, avec l’invasion de l’Irak en
2003, puis contre les régimes à
structure républicaine arabe lors de la
décennie 2010 (Libye, Syrie);
unilatéraliste frénétique avec son
double retrait de l’accord sur le climat
et de l’accord sur le nucléaire iranien,
ainsi qu’avec la reconnaissance
unilatérale de Jérusalem comme capitale
d’Israël, les Etats-Unis se barricadent
néanmoins derrière de nouvelles
frontières qu’elles veulent hermétiques.
Puissance militaire planétaire, les
États-Unis disposent de plus de 800
bases militaires hors de leur territoire
national, servis par près 200.000
soldats représentant 10 pour cent des
effectifs militaires globaux américains
en un maillage global. Mais,
paradoxalement, dans une démarche
schizothymique, le fer de lance de la
Mondialisation de même que ses vassaux
se sont barricadés derrière des murs de
séparation, particulièrement dans le
Monde arabe où la contestation de leur
hégémonie est parmi les plus vives en
dépit de la présence de bon nombre
d’états vassaux:
- Muraille de
sécurité à Bagdad autour de l’ancien
palais présidentiel de Saddam
Hussein, la fameuse zone verte, le
siège de l’ambassade américaine,
espace de démarcation entre les
libérateurs américains et leurs
supposés alliés, les anciens
opposants à Saddam Hussein.
- Mur
d’apartheid entre Israël et la
Palestine autour de Jérusalem
- Muraille de
sécurité entre l’Arabie saoudite et
l’Irak et le Yémen. L’Arabie
Saoudite a bâti un mur anti-migrants
de 75 km à sa bordure avec le Yémen,
et un autre de 965 km l’isolant de
l’Irak. En 2010, l’Iran a amorcé la
construction d’un mur de 700 km de
long sur la frontière afghane.
Si Da’ech, l’Etat
Islamique, a voulu abolir les frontières
héritées de l’accord Sykes Picot portant
démembrement de l’Empire ottoman, dans
la foulée de la défaite de la triplice
lors de la 1 ère guerre Mondiale
(1914-1928), ses anciens incubateurs
érigent en réplique des murs de
séparation.
Il en est de même
en Afrique du nord où les projets de
murs de séparation se multiplient: La
Tunisie a annoncé vouloir bâtir un
rempart à sa frontière avec la Libye. Et
le Maroc, qui a déjà érigé 6 murs pour
repousser les indépendantistes du Sahara
Occidental, est aussi en train d’en
construire un autre pour se séparer de
l’Algérie, sans compter la barrière de
barbelés de l’enclave espagnole de
Melilla qui la sépare du Maroc.
Europe: Le retour à la guerre froide
avec le méga projet du «Mur européen».
Inconsolable de la
perte de la Crimée du fait de sa
turpitude, l’Ukraine construit en effet
un mur à sa frontière avec la Russie
afin de «rendre visible l’exclusion de
la Russie hors de l’Europe.» Le
processus de confinement de la Russie
développé par les membres de l’OTAN en
Europe orientale va jusqu’à la
construction d’un mur de séparation qui
nous ramène au temps de la guerre froide
avec le Mur de Berlin.
Au total, de l’Arabie Saoudite aux
Etats-Unis, 40 000 kilomètres de murs.
Le nombre de barrières censées protéger
les populations d’une menace supposée ou
réelle s’est envolé depuis trente ans :
jusqu’à soixante-dix sur la planète.
Terrorisme et
migrations sont d’ailleurs partout les
deux épouvantails agités par les
dirigeants qui s’emploient à transformer
leurs pays en châteaux forts. C’est au
nom de ces deux «menaces» que l’Europe
est ainsi en passe de devenir une vaste
«community gate» du terme de ces
résidences fermées où se calfeutrent les
plus riches.
Ce concept apparu
aux Etats-Unis et en Amérique latine
tend à s’étendre à tous les pays marqués
par un écart grandissant des richesses.
Depuis 2007, le Brésil s’emploie, lui
aussi, à dresser des murailles avec tous
ses voisins pour freiner les migrants et
les trafiquants.
Efficaces à court terme peut-être, les
remparts ont vocation à être contournés
par des trafiquants, contrebandiers et
clandestins migrants…. à la manière de
l’école buissonnière des élèves
impertinents. Comme un pied de nez aux
puissants et à leurs poncifs.
Suivra
Mondialisation
et Coronavirus, 2ème partie le 8 mai
2020 :
De quoi le
coronavirus sera-t-il le nom ?
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