MADANIYA
Syrie: Abdel Halim Khaddam,
le premier
dans l’ordre de la trahison
René Naba
Mercredi 1er avril 2020 Abdel Halim Khaddan,
ancien vice président de la République
Arabe Syrienne, 88 ans, est décédé le 31
Mars à Paris des suites d’une crise
cardiaque. Retour sur ce sulfureux
personnage.
Le précurseur
dans la traîtrise.
A tour seigneur,
tout honneur. Abdel Halim Khaddam, le
fossoyeur du «printemps de Damas» en
2001, qui vit en exil à Paris depuis
près de vingt ans, est un laquais qui
porte bien son nom.
Grand dignitaire du
régime baasiste sous la mandature
présidentielle de Hafez Al Assad
(1970-2000), dont il fut le
vice-président de la République, Abdel
Halim Khaddam est, chronologiquement, un
précurseur: le premier dans l‘ordre de
la trahison en Syrie, anticipant de six
ans le grand basculement vers le
mercenariat pétromonarchique de la
cohorte des pseudo intellectuels syriens
supplétifs avérés des équipées
islamo-atlantistes contre leur patrie
d’origine.
Pro consul de la
Syrie au Liban, durant la guerre
incivile libanaise (1975-1990), celui
qui présentait un courant nationaliste
et laîc du Monde arabe s’appliquera,
durant son mandat libanais, non à
promouvoir les idéaux du progressisme,
du socialisme et de la laîcité dans un
pays gangréné par le confessionalisme,
mais à consacrer l’affairisme sunnite
tant en Syrie qu’au Liban, via son
allliance avec le chef du clan saoudo
américain au Liban, le milliardaire
saoudo libanais Rafic Hariri, et son
féal féodal, Walid Joumbllatt, le chef
druze du Parti Socialiste progressiste
(PSP)
Nullement
impressionné par les souffrances et les
destructions du Liban, Abdel Halim
Khaddam en amplifiera les épreuves et
les sacrifices. Il prendra prétexte de
la guerre pour transformer le Liban en
dépotoir toxique de type Seveso. Une
transaction de l’ordre de 80 millions de
dollars conclue à l‘époque entre les
belligérants supposés, les milices
chrétiennes libanaises et le futur
transfuge baasiste.
Une transaction
juteuse qui a néanmoins contaminé
l’espace libanais, particulièrement la
chaîne du Mont Liban, déclenchant une
prolifération cancéreuse au sein de la
population.
La caution
sunnite inamovible du pouvoir alaouite
Abdel Halim Khaddam
(Affaires étrangères) et son collègue de
la Défense, le Général Moustapha Tlass,
auront été les deux cautions sunnites
inamovibles du pouvoir alaouite, pendant
trente ans. Ces deux personnalités de
premier plan, présumées socialistes du
régime baasiste céderont finalement aux
sirènes des pétrodollars saoudiens,
avant de se désintégrer.
Le militaire
laissera convoler sa fille Nahed, une
belle tige de la société syrienne, vers
le septuagénaire marchand d’armes
syro-saoudien Akram Ojjeh, avant de
sombrer dans le comique d’un
problématique doctorat universitaire
parisien.
Son fils Firas
ralliera l’opposition syrienne off shore
pétromonarchique, ponctionnant le
cimentier franco suisse Lafarge Holcin
pour s’assurer la protection de Daech
dans le Nord de la Syrie.
Abdel Halim Khaddam,
lui, en diplomate laïc, versera dans
l’affairisme Haririen et l’intégrisme
religieux des «Frères Musulmans», avant
de se carboniser.
Détail piquant: Que
l’homme en charge du dossier libanais en
Syrie pendant trente ans, celui-la même
qui était craint par les diverses
factions libanaises et redouté par les
chancelleries arabes et occidentales,
qui tonnait la foudre et ordonnait les
accalmies, à ce titre responsable au
premier chef des dérives syriennes au
Liban, particulièrement de la
corruption, que cet homme là donc soit
promu comme sauveur suprême de la Syrie
et du Liban, laisse rêveur.
Pis dans le but de
complaire aux Saoudiens, Abdel Halim
Khaddam plaidera auprès du président
Assad la nécessité d’autoriser Rafic
Hairi à mettre la main sur le centre
ville de Beyrouth pour une bouchée de
pains (75 millions de dollars), en vue
de déblayer les destructions et édifier
à la place de luxueux immeubles,
valorisant la fortune de Hariri, d’un
coup, de 7, 5 milliards de dollars. Le
centre Beyrouth est désormais le socle
de la puissance financière du clan
Hariri, qui en font un élément
incontournable de la vie politique
libanaise ..AU PROFIT DE L’ARABIE
SAOUDITE.
Un tel comportement
révèle l’absence de perspicacité des
décideurs arabes, en même temps que leur
cécité politique.
Ci joint la
déposition de Jamil Al Sayyed, ancien
Directeur Général de la sûreté générale
libanaise devant le Tribunal Spécial sur
le Liban (tribunal Hariri) le 6 juin
2018, sur le rôle corrupteur de Rafic
Hariri et le rôle d’Abdel Halim Khaddam
pour l’attribution à son coreligionnaire
sunnite du projet SOLIDERE,
sur ce lien.
De la corruption
comme mode de gouvernement
Outre Abdel Halim
Khaddam et Moustapha Tlass, un troisième
larron, le général Ghazi Kanaan,
commandant des 30.000 soldats syriens au
Liban, ont constitué les trois plus
belles prises de guerre du tandem Hariri
Siniora, en application de la
«diplomatie du carnet de chèques»,
maniée de tous temps par les Saoudiens
pour restaurer le pouvoir sunnite tant à
Beyrouth qu’à Damas. Mais la déconfiture
de ses trois symboles a ainsi démontré
l’indigence et le manque de consistance
des protagonistes et du maître d’oeuvre
saoudien de cette politique.
Abdel Halim Khaddam
se retrouvera relégué aux oubliettes de
l’histoire lâché par tous, y compris par
ses nouveaux alliés, l’organisation des
«Frères Musulmans», celle là même qui
s’était lancée à l’assaut du pouvoir, en
Février 1982, en vue de faire trébucher
le régime baasiste dont il était un des
piliers, à quatre mois de l’invasion
israélienne du Liban.
Sur la
responsabilité d’Abdel Halim Khaddam
dans l’échec du printemps arabe, ce
lien:
Khaddam reniera
singulièrement son militantisme après
avoir abusivement ponctionné le Liban,
opérant par cupidité la plus
retentissante reconversion de l’histoire
politique récente, finissant sa vie en
factotum de son coreligionnaire sunnite
libanais Rafic Hariri.
Cf le lien du
fastueux mariage de la petite fille
d’Abdel Halim Khaddam à l’0péra de Paris
(Palais Garnier), en novembre 2017, aux
frais des contribuables libanais et
syriens qu’il a outrageusement
ponctionné; indice des graves
préoccupations sociales de ce grand
humaniste protégé de la France.
Quant au Général
Ghazi Kanaan, chef des services de
renseignements syriens au Liban pendant
vingt ans 1982-2004 et commensal
régulier de Rafic Hariri, il
s’infligera, lui, la sanction de sa
forfaiture à son bureau de ministre de
l’intérieur syrien pour avoir favorisé,
en contrepartie d’une gratification de
800 millions de dollars, la
naturalisation libanaise de plusieurs
dizaines de milliers de sunnites, en vue
de valoriser la comptabilité
démographique de la 3me grande
communauté libanaise.
Déployés dans la
plaine de la Beka’a, ces naturalisés
serviront de vivier aux groupements
terroristes islamistes Jabhat an Nosra
et Daech, lors de la guerre de Syrie
(2011-2018), conduisant le Hezbollah à
mener six offensives victorieuses contre
les terroristes islamistes en vue de
pacifier la zone et de préserver le
Liban de leurs attentats suicides.
Sur ordre de ses
supérieurs, l’ancien vice roi du Liban
se donnera la mort, le 12 octobre 2005,
se soustrayant du coup à sa comparution
devant le Tribunal Spécial sur le Liban
chargé de juger les assassins de son
soudoyeur.
L’assassinat de
Rafic Hariri, la piste Khaddam Ghazi
Kanaan
Luxe suprême de
perfidie, Abdel Halim Khaddam a même été
soupçonné d’avoir trempé dans la
conjuration visant à liquider son
bienfaiteur, tant sont légendaires et sa
fourberie et sa cupidité.
Le journaliste
Richard Labévière, à l’expertise
reconnue sur le Moyen Orient, soutient
que Rafic Hariri, «l’ami de Jacques
Chirac avait été vraisemblablement tué
par des Syriens, certes, mais pas par
ceux que l’on croit».
«A la mort d’Hafez
Al-Assad, Abdel Halim Khadam est devenu
président par intérim du 10 juin au 17
juillet 2000, puis vice-président avant
de faire brusquement défection et de
s’installer avec sa famille à Paris.
Plusieurs sources
autorisées soupçonnent ce grand
dignitaire sunnite d’avoir préparé un
coup d’État contre Bachar avec l’aide de
Ghazi Kanaan et de plusieurs généraux de
l’armée syrienne…«Avec l’appui de
plusieurs services étrangers, ce cercle
pro-saoudien aurait monté l’assassinat
de Rafic Hariri, persuadé qu’un tel
événement permettrait le renversement de
Bachar al-Assad et leur prise de
pouvoir», écrit Richard Labévière.
Amplement gratifié
de sa forfaiture d’un somptueux cadeau,
-la résidence du nabab pétrolier grec,
Aristote Onassis, sur la plus célèbre
artère de la capitale française,
l’Avenue Foch—le renégat Khaddam devra
livrer bataille devant la justice
française afin de se maintenir dans les
lieux, alors que son pendant français,
l’ancien président Jacques Chirac avait
droit à un appartement avec vue sur
Seine Quai Voltaire à Paris.
Judas a trahi son
Seigneur pour trente deniers. D’autres
trahisons valent certes leur pesant d’or
mais accablent le renégat d’un discrédit
pour l’éternité. Et pour le bien nommé
Khaddam, -dont le patronyme en arabe
signifie littéralement «le laquais»-, le
titre peu envié de «Grand Commandeur
dans l’ordre de la Chevalerie de la
traîtrise».
Pour l’édification
du lecteur et des générations futures,
ci joint la liste non exhaustive des
Judas de Syrie.
Illustration
Abdel Halim Khaddam
– © John Thys (AFP)
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