Opinion
La vice-présidente du Parlement allemand
accuse le régime islamiste d’Erdogan de
financer Daech
Rafik Meddour
Claudia
Roth - D.R.
Lundi 13 octobre 2014
La vice-présidente du Parlement
allemand, l’écologiste Claudia Roth, a
violemment chargé le régime islamiste
d’Ankara qu’elle accuse, preuves à
l’appui, de soutenir sur tous les plans
des groupes terroristes de l’Etat
Islamique (Daech) qui combattent au nord
de la Syrie le régime de Bachar Al-Assad.
Dans une interview accordée au site
Rudaw, Claudia Roth a descendu en
flammes le régime turc dirigé par Recep
Tayyip Erdogan qualifié d’«allié
dangereux» des terroristes de l’Etat
Islamique. Elle considère comme
«inacceptable» l’attitude hypocrite
d’Ankara par rapport aux groupes
terroristes qu’il accueille sur son sol
en leur offrant les soins, le gîte, la
nourriture et les armes au nom de la
soi-disant lutte pour le renversement du
régime syrien. Pour cette députée
allemande, le président turc Erdogan
joue un «jeu trouble» en déclarant d’un
côté son soutien à l’offensive
occidentale contre l’Etat islamique et
en continuant, de l’autre, à aider les
groupes terroristes du nord de la Syrie
à poursuivre leur «combat» contre le
régime syrien en massacrant au passage
les Kurdes. D’ailleurs, Ankara a
autorisé aujourd’hui les Etats-Unis à
utiliser ses bases aériennes pour lutter
contre l'organisation Etat Islamique.
Claudia Roth interpelle l'Otan pour
forcer Erdogan à cesser son soutien «non
déclaré» à l'Etat Islamique et à changer
sa politique envers le Parti des
travailleurs du Kurdistan (PKK), qu’il
veut décimer. «Erdogan poursuit sa
politique trouble en Syrie parce qu'il
veut affaiblir les Kurdes et anéantir
leurs combattants», dénonce-t-elle. «Ce
que nous avons appris, c'est que M.
Erdogan a passé un accord tacite avec
les groupes terroristes en leur
promettant de ne pas les déranger si
Kurdes ont été affaiblis et anéantis»,
a-t-elle relevé. Un fait grave qui ne
doit pas, selon elle, rester sans suite.
La vice-présidente du Parlement allemand
ne croit pas au démenti d’Ankara qui nie
toute transaction ou relation avec
l’Etat Islamique. «Les relations de M.
Erdogan avec cette organisation sont
inacceptables. Je ne pouvais pas croire
que la Turquie abrite un camp de l’Etat
Islamique à Istanbul», a-t-elle fulminé,
assurant que le régime turc a permis
l’acheminement des armes en Syrie à
travers ses frontières et aidé l’Etat
Islamique à vendre sur le marché noir le
pétrole pompé en Irak. C’est pour elle
hallucinant d’entendre Erdogan parler de
la lutte contre le terrorisme. Car, sur
le terrain, il fait, affirme-t-elle,
tout le contraire en soignant les
«djihadistes» avant de les renvoyer,
avec escorte, au «front» juste dans
l’espoir de les voir exterminer la
rébellion kurde. «C'est dévastateur de
voir comment une population entière est
exterminée sous nos yeux à Kobané,
région habitée par les Kurdes syriens»,
a-t-il condamné. Des massacres qui
n’auraient pas pu être perpétrés sans
l’aide d’Ankara. «Je ne comprends
vraiment pas pourquoi M. Erdogan et son
gouvernement considèrent le PKK comme
l'Etat Islamique, à savoir une
organisation terroriste», s’est-elle
demandé, affirmant que «certes, le PKK
n'a pas de fondement démocratique, mais
il n'est pas une organisation
terroriste». Claudia Roth appelle son
pays à faire pression sur le régime
islamiste turc afin qu’il cesse
d'alimenter le terrorisme dans la
région. «L'Allemagne doit faire pression
sur la Turquie pour changer de cap et
réévaluer ses politiques. Il convient
également de demander aux membres de
l'Otan à faire de même. L'Allemagne doit
aider le processus de paix en Turquie et
protéger les minorités kurdes», a-t-elle
demandé, mettant ainsi à nu le régime d’Erdogan
et ses liaisons dangereuses avec le
terrorisme.
Rafik Meddour
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