Opinion
Le nouveau ministre israélien de la
Justice,
une candidate génocidaire
Plate-forme Charleroi-Palestine
Photo:
D.R.
Jeudi 7 mai 2015
« Elles doivent mourir,
et leurs maisons doivent être détruites
de telle sorte qu’elles ne puissent plus
abriter de terroristes. Elles sont
toutes des ennemies, et leur sang
devrait être sur nos mains. C’est aussi
valable pour les mères des terroristes
morts ».
Ayelet Shaked (députée du parti "Le
Foyer Juif")
Le nouveau gouvernement israélien, le
quatrième formé par Benjamin Netanyahou,
est le plus droitier qui ait jamais
gouverné Israël.
Un symbole éloquent de ce nouveau
glissement vers l'extrême-extrême-droite
(sans Avigdor Lieberman !) est
l'attribution du portefeuille de la
Justice et de la présidence de la
Commission des lois de la Knesset
(parlement israélien) au parti fasciste
de Naftali Bennett, "Le Foyer Juif". Et,
au sein de ce parti, celle qui hérite de
ce portefeuille n'est pas n'importe qui
: il s'agit de Ayelet Shaked, députée
qui en juillet 2014, pendant que l'armée
israélienne se livrait à un massacre
aveugle de civils, avait lancé via
Facebook un vibrant appel à
l'extermination de toutes les mères
palestiniennes, et à vrai dire de la
totalité de la population, vieillards et
enfants compris.
C'est le 1er juillet, un jour avant
qu'un jeune Palestinien de Jérusalem
soit enlevé par des extrémistes
sionistes et brûlé vif, que
Ayelet Shaked avait proclamé
que "la totalité du peuple
palestinien est l'ennemi" et
avait appelé à sa destruction "y
compris les vieillards et
les femmes, ses villes et ses
villages, ses propriétés et ses
infrastructures". En d'autres
termes, un génocide accompagné d'une
guerre d'anéantissement digne de "l'opération
Barbarossa".
Cet appel au génocide des
Palestiniens était extrait d'un article
de l'ancien journaliste d'extrême-droite
Uri Elitzur, devenu un des leaders du
mouvement des colons, qui est devenu une
force politique extrêmement puissante en
Israël.
Ce "post" sur Facebook avait
rapidement été "liké" et partagé un bon
millier de fois avant d'être supprimé
par Ayelet Shaked, mais pas assez vite
pour qu'il ne soit pas préalablement
archivé. Des propagandistes
sionistes ont par la suite tenté de
faire croire que ce texte immonde n'a
jamais existé, mais en vain : sur le web
le crime laisse presque toujours des
traces.
On pouvait donc lire sous la
signature de la nouvelle ministre
israélienne de la Justice (traduction
via le site anglophone Mondoweiss) :
« Le peuple palestinien nous a
déclaré la guerre, et nous devons y
répondre par la guerre. Pas une
opération, pas un mouvement lent, pas
une action de bassa intensité, pas une
escalade contrôlée, pas une destruction
d'infrastructures terroristes, pas
d'exécutions ciblées. Ca suffit, les
références obliques. C'est la guerre.
Les mots ont un sens. C'est la guerre.
Pas une guerre contre la terreur, pas
une guerre contre des extrémistes, pas
même une guerre contre l'Autorité
Palestinienne. Tout cela aussi ce sont
des moyens de fuir la réalité. C'est une
guerre entre deux peuples. Qui est
l'ennemi ? Le peuple palestinien.
Pourquoi ? Demandez-leur, c'est eux qui
ont commencé.
Je ne sais pas pourquoi il est si
difficile pour nous de définir la
réalité avec les mots simples que le
langage met à notre disposition.
Pourquoi devons-nous inventer chaque
semaine un nouveau nom pour la guerre,
juste pour éviter d'appeler les choses
par leur nom ? Qu'y a-t-il de si
horrible au fait de comprendre que la
totalité du peuple palestinien est
l'ennemi ? Toute guerre met aux prises
deux peuples,et dans toute guerre le
peuple qui a déclenché les hostilités,
ce peuple-là, est l'ennemi. Une
déclaration de guerre n'est pas un crime
de guerre. Y répondre par la guerre
n'est certaine pas un crime. Pas plus
que l'utilisation du mot "guerre", non
plus qu'une désignation sans ambiguité
de l'ennemi.
Au contraire : la moralité de la
guerre (oui, une telle chose existe) est
basée sur l'hypothèse qu'il existe des
guerres dans ce monde, et que la guerre
n'est pas l'état normal des choses, et
que dans les guerres l'ennemi est
habituellement l'ensemble d'une
population, y compris les vieillards et
les femmes, ses citésd et ses villages,
ses propriétés et ses infrastructures. »
Il faut, à ce stade et puisque Ayelet
Shaked insiste pour dire que "les mots
ont un sens", évidemment rappeler qu'il
n'y a jamais eu de "guerre" entre Israël
et les Palestiniens. Pour qu'il y ait
une guerre entre deux parties, il faut
qu'entre elles existe sinon une égalité,
du moins une commune mesure de forces.
Entre Israël, dont l'armée est l'une des
mieux pourvues en armements de dernière
génération (en grande partie aux frais
des contribuables des Etats-Unis) et les
Palestiniens qui ne possèdent ni
aviation, ni blindés, ni artillerie
lourde, et dont les "missiles" sont pour
une large partie bricolés avec des bouts
de tuyau de récupération, il ne peut
être question de guerre. Il y a d'une
part une force écrasante qui commet des
massacres, et de l'autre une résistance
qui essaie tout juste de ne pas
disparaître et de maintenir un espoir
d'avenir.
La nouvelle ministre, adepte donc du
génocide des Palestiniens et de la
guerre d'anéantissement total,
poursuivait :
« Et la moralité de la guerre sait
qu'il n'est pas possible de ne pas
blesser des civils ennemis. Elle ne
condamne pas la Royal Air Force
britannique, qui a
bombardé et totalement détruit la ville
allemande de Dresde, ou les avions
U.S. qui ont détruit les villes de
Pologne et réduit la moitié de Budapest
en ruines, villes dont les habitants
n'avaient jamais fait quoi que ce soit
contre l'Amérique, mais qui devaient
être détruites pour gagner la guerre
contre le démon. La morale de la guerre
ne requiert pas que la Russie ait été
traînée devant la Justice pour le
bombardement et la destruction de villes
et de faubourgs en Tchétchénie. Elle ne
dénonce pas l'action les forces de
maintien de la paix de l'ONU pour la
mort de centaines de civils en Angola,
pas plus que les forces de l'OTAN pour
avoir bombardé le Belgrade de Milosevic,
alors que la ville était habitée par un
million de civils, vieillards, bébés,
femmes et enfants.
La morale de la guerre admet comme
correct dans son principe, et non
seulement politiquement, ce que
l'Amérique a fait en Afghanistan, y
compris les bombardements massifs de
zones densément peuplées, y compris la
création de ce fait d'un flot de
centaines de milliers de réfugiés fuyant
les horreurs de la guerre, dont des
milliers n'ont aucun foyer vers lequel
ils puissent retourner un jour. »
Ici, on fera simplement remarquer à
Ayelet Sheked - qui établit une sorte de
catalogue de crimes de guerres passés
pour en tirer comme leçon qu'ils
justifient ceux du futur (elle oublie
opportunément les bombardements
nucléaires d'Hiroshima et Nagasaki) -
qu'une des singularités des
bombardements démentiels sur Gaza était
que les populations civiles n'avaient
aucune possibilité de fuir, puisque le
territoire de 6 à 12 km de large,
totalisant 360 km², est pratiquement
hermétiquement bouclé par l'armée
d'occupation depusi des années (et on ne
voit pas comment 1,5 million de
personnes pourraient fuir par quelques
tunnels artisanaux, sans nulle part où
aller que le territoire ennemi ou lamer
où rôdent ses patrouilleurs qui tirent à
vue…). Cette criminelle revendiquée
poursuivait encore :
« Et, dans notre guerre, c'est encore
sept fois plus correct, car les soldats
ennemis se dissimulent parmi la
population, et ne peuvent combattre que
grâce au soutien de celle-ci. Derrière
chaque terroriste il y a une douzaine
d'hommes et de femmes sans le soutien de
qui il ne pourrait mener à bien son
activité terroriste. Les acteurs de
cette guerre sont ceux qui font de
l'incitation dans les mosquées, qui
écrivent des pamphlets pour les
écoles, qui fournissent des abris, qui
procurent des véhicules et tous ceux qui
les honorent des leurs donnent leur
soutien moral. Tous ceux-là sont des
ennemis combattants, et leur sang
retombera sur toutes leurs têtes.
Maintenant, cela inclura les mères des
martyrs, qui les expédient vers l'enfer
avec des fleurs et des baisers. Elles
devraient suivre leurs fils, rien ne
serait plus juste. Elles le doivent, et
les maisons dans lesquelles elles ont
élevé ces serpents doivent être
anéanties,, sans quoi d'autres serpents
encore y grandiront. »
On voit ici le procédé classique de
l'animalisation de l'ennemi, dont
l'humanité est ainsi niée, et dont la
destruction en tant que nuisible est
exemptée de toute culpabilité.
Inutile de préciser que Sheked est
férocement opposée à tout accord de paix
avec l'Autorité Palestinienne sur base
des "frontières" de 1967, un tel accord
ne pouvant selon elle être autre chose
qu'un "suicide national" pour
Israël.
Elle se situe donc dans le droit fil
de la vision politique de Naftali
Bennett, qui alors qu'il était ministre
de l'économie en 2013, avait déclaré au
journal
Yediot
Aharonot : "si
vous attrapez des terroristes, vous
devez simplement les tuer".
Et au journaliste qui objectait que
c'est illégal, Bennet
avait rétorqué : "j'ai tué
beaucoup d'Arabes dans ma vie. Je ne
vois pas où est le problème"
(voir
ICI).
Voilà donc qui Netanyahou (qui
d'ailleurs ne vaut pas mieux) porte au
pouvoir avec son nouveau gouvernement
(qui n'aura qu'une majorité d'une seule
voix au parlement, ce qui va donner à
chaque parlementaire une sorte der droit
de véto sur à peu près tout).
Le prochain qui parle de "processus
de paix" ou de "solution à deux Etats",
que faire sinon lui coller une tarte à
la crème sur la gueule ?
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