Iran
Nucléaire iranien
: la France, dindon de la farce...
Nicolas Gauthier
Lundi 11 novembre 2013
Dimanche 10
novembre 2013 Genève. Après trois jours
de négociations intensives entre l’Iran
et le “Groupe 5+1”, USA, Russie, Chine,
Angleterre, Allemagne, France et Union
européenne, en vue de résoudre l’épineux
dossier du nucléaire iranien, le
résultat est mitigé.
A priori, tout
était arrangé pour aboutir à un accord
honorable. L’Occident allégeait les
sanctions économiques qui étranglent
Téhéran, et le régime iranien renonçait
à l’enrichissement de l’uranium à 20 %,
taux au-delà duquel il est techniquement
possible de passer du nucléaire civil au
stade militaire. Et nous voilà devant un
demi-échec – rien n’a été signé – ou un
demi-succès : les discussions devraient
reprendre dès le 20 novembre prochain.
La faute à qui ? À
la France, à l’évidence, et à Laurent
Fabius en particulier. Ainsi, notre
ministre des Affaires étrangères, celui
que Le Nouvel observateur du 12
septembre désignait comme chef de file
des « faucons de Hollande », avec
Bernard Kouchner et Bernard-Henri Lévy
en guise de cerveaux d’appoint,
aura-t-il globalement mis tout en œuvre
pour faire capoter la négociation.
Les observateurs
étrangers ne s’y sont pas trompés. Et
Le Monde du 10 novembre de révéler :
« La détermination de Laurent Fabius
a fini par irriter certains diplomates
qui, sous couvert d’anonymat, n’ont pas
caché leur agacement aux journalistes.
“Les Américains, l’Union européenne et
les Iraniens travaillent intensivement
depuis des mois sur ce processus et il
ne s’agit rien de plus que d’une
tentative de Fabius de se donner une
importance tardivement.” » François
Hollande aurait pourtant dû voir venir
le coup; lui qui, lassé du militantisme
effréné de son ministre sur la question,
avait développé une diplomatie
parallèle, avec l’aide ponctuelle de
Michel Rocard et de Dominique de
Villepin ; voir à ce sujet nos éditions
précédentes. Mais quand on est incapable
de recadrer une Cécile Duflot, comment
rappeler à un Laurent Fabius que le Quai
d’Orsay sert avant tout à défendre les
intérêts français et non pas à faire du
lobbying pour telle ou telle autre
puissance étrangère ?
Résultat, non
content de jouer contre son propre camp,
Laurent Fabius aura ajouté la goujaterie
à la forfaiture. Alors que Catherine
Ashton, haut-représentant de l’Union
pour les Affaires étrangères, était
censée donner la primeur des débats aux
représentants de la presse
internationale, notre ministre a jugé
malin de lui griller la politesse, de
sortir en catimini de la salle des
réunion, juste histoire d’être le
premier à aller faire le beau devant les
caméras et les micros…
Assez logiquement,
les néoconservateurs américains saluent
la position de la France, tandis que les
médias israéliens sortent le champagne.
Tout aussi logiquement, Benyamin
Netanyahu se refait la cerise sur le dos
de la France. Ainsi, Le Figaro du
10 novembre relate-t-il un tête-à-tête
des plus tendus entre le Premier
ministre israélien et John Kerry. Israël
n’est donc « pas tenu par cet accord ».
Rien de neuf sous le soleil du Sinaï,
sachant que l’État hébreu n’a jamais
respecté aucun accord, même ceux qu’il a
signés et qu’il s’assoit de longue date
sur le droit international. Et d’assurer
qu’il « ferait tout le nécessaire
pour se défendre et défendre la sécurité
de son peuple. » Fort bien et il est
là dans son rôle ; au contraire,
peut-être d’un… Laurent Fabius.
Après, comment
croire un Benyamin Netanyahu ? À ce
sujet, reportons-nous sur un autre
article du même Figaro, un peu
oublié. Il remonte au 8 novembre 2011.
Nous sommes le 3
novembre, au G20 de Cannes. « Nicolas
Sarkozy a traité le Premier ministre
israélien, Benjamin Netanyahu, de
“menteur” lors d’une conversation privée
avec le président américain Barack
Obama, qui a répondu devoir “traiter
avec lui tous les jours”, affirme le
site “Arrêt sur images”. “Je ne peux
plus le voir, c’est un menteur”, a lancé
le président français. “Tu en as marre
de lui, mais moi, je dois traiter avec
lui tous les jours !”, a rétorqué Barack
Obama. » Les deux présidents ne
s’étaient pas rendu compte qu’ils
parlaient devant des micros qu’ils
imaginaient coupés.
Le plus grave, dans
cette histoire, c’est que le
rapprochement de l’Occident avec l’Iran
est quasiment acquis. Que les Américains
en seront les premiers bénéficiaires. Et
que nous aurons malheureusement vocation
à en être les principaux perdants. Bravo
Laurent ! Merci Fabius…
Le
dossier Iran
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