Opinion
Mourir en martyre ou
comment offrir une vie digne aux autres?
N. Raad
Photo:
D.R.
Lundi 16 février 2015
Depuis la naissance de la résistance
islamique au Liban (Hezbollah : ndlr)
dans les années 80, les interrogations
sur son rôle et les mises en doute de
son efficacité n’ont jamais tari.
Combattre Israël était considéré comme
un coup de folie à une époque où on
n’osait même pas prononcé le nom de
cette entité usurpatrice !
Les années se sont écoulées et cette
résistance, composée de jeunes
combattants libanais dévoués à la
protection de leur pays et aspirant à sa
libération du joug de l’occupation
sioniste, a réalisé de grandes victoires
historiques.
Ainsi, les multiples opérations
militaires menées par le Hezbollah au
cours des mois et des années ont asséné
des coups durs à l’armée dite invincible
et la plus forte du Moyen-Orient.
Presque vingt ans après le lancement
de l’action de résistance à l’ennemi
sioniste, le premier objectif majeur a
été atteint en 2000, date du retrait
israélien du Liban.
Six ans plus tard, la victoire écrasante
de la résistance après une guerre
israélienne de 33 jours contre le Liban
a instauré une nouvelle équation de la
terreur et un équilibre de force qui a
imposé à l’ennemi de revoir mille fois
sa décision avant de se lancer dans une
attaque contre le Liban.
Aujourd’hui, et surtout après la
dernière opération héroïque de Chebaa
qui fut une riposte à la liquidation
d’un groupe de combattants du Hezbollah
à Qouneitra en Syrie, et au moment où
les combats font rage dans le Golan
syrien occupé, la donne a complètement
changé.
Le projet expansionniste d’Israël qui
aspirait à atteindre les rives du Nil et
de l’Euphrate s’est rétréci en grande
partie. « Israël » s’évertue désormais à
protéger les frontières du territoire
qu’il occupe en Palestine, et les colons
ne se sentent plus en sécurité : pour
eux, le Hezbollah est en train de
creuser des tunnels souterrains sous
leurs maisons et le jour où ses
combattants feront leur apparition au
cœur de leurs régions ne semble pas
lointain !
Voilà donc comment, en moins de trois
décennies, cette résistance a démontré
au monde entier qu’elle est capable de
vaincre l’ogre sioniste et de mettre à
échec la majeure partie de son projet
hégémonique dans la région arabe.
Culture de la mort ou de la
vie ?
Toutefois, les exploits de la résistance
n’ont pas été réalisés facilement : de
grands sacrifices ont été consentis sur
la voie de la libération et de la
protection du peuple libanais. Des
efforts inouïs ont été déployés pour
assurer à cette résistance tous ses
besoins militaires et logistiques, et
l’objectif de vivre en dignité sur le
sol libanais a primé toutes les autres
ambitions des jeunes combattants de la
résistance.
Mettre de côté une vie prometteuse pour
aller au jihad reflète-t-il vraiment une
culture de la mort, comme le prétendent
les adversaires et récalcitrants de la
résistance ?
« Repousser l’ennemi qui usurpe nos
terres et qui veut imposer sa domination
sur les peuples est un devoir et un
honneur. C’est un devoir religieux pour
quiconque obéit aux ordres divins et
croit que le salut de l’Humanité passe
par le respect et la mise en application
des enseignements du Saint Coran et de
la religion islamique pure. C’est aussi
un devoir patriotique pour chaque
citoyen qui aime sa patrie et qui la
défend intuitivement pour protéger sa
famille et ses biens », explique un
jeune combattant, connu pour Jawad, et
père de deux enfants, au site de la
chaine al-Manar.
Pour lui, faire partie de la
résistance qui a réalisé les victoires
successives et qui a concrétisé le rêve
de toute une nation aspirant à la
liberté est un honneur réservé à chaque
combattant ayant participé à ces
exploits.
Pour sa part, le ministre de l’Industrie
au gouvernement libanais Hussein Hajj
Hassan confie à notre site : « Toute
nation aspirant à la gloire et à la
dignité doit suivre la voie de la
résistance, et c’est ce que l’ont fait
les peuples libres à travers l’histoire.
Le prix de la liberté et de la victoire
est le martyre. Dans la religion
islamique, les martyrs sont vivants
auprès de Dieu. On va tous mourir,
certains meurent pour des raisons
banales mais les martyrs jouissent de la
mort la plus honorable ».
Selon lui, les combattants
concrétisent le mieux la culture de la
vie : ils meurent pour permettre à leurs
proches et à leurs concitoyens de jouir
d’une vie meilleure.
« Alors que ceux qui nous accusent de
promouvoir la culture de la mort, sont
ceux qui acceptent l’humiliation et la
vie sous la domination de l’ennemi »,
dit-il.
Des leaders particuliers
Interrogé sur les raisons pour
lesquelles les hauts dirigeants du
Hezbollah prennent part au jihad et
tombent en martyre, alors que dans
d’autres mouvements de résistance, on
les voit rester à l’abri des combats
sous prétexte qu’ils sont essentiels
pour la poursuite de cette résistance,
Hajj Hassan a répondu : « Il est vrai
que le dirigeant d’un mouvement de
résistance a un rôle primordial dans
l’action de la résistance, mais ceci ne
l’empêche pas d’accéder au rang des
martyrs. Dans ce cas, ce dirigeant
devient un partenaire de la victoire et
du martyre, et un symbole à suivre pour
tous les autres combattants ».
Partant de ce principe, l’un des
premiers leaders de la résistance, Sayed
Abbas Moussaoui, n’a pas accepté
d’annuler sa visite prévue dans la Békaa
de l’Ouest en 1992, malgré les menaces
sécuritaires pesant sur lui. Il a
préféré mourir en continuant jusqu’au
dernier souffle à servir l’esprit et
l’action de la résistance.
Pour sa part, cheikh Ragheb Harb a
joué un rôle primordial dans la
promotion de la culture de la résistance
parmi les gens et a défié face à face
les officiers israéliens, refusant de
reconnaitre l’existence de cette entité
usurpatrice occupante. Il a alors
été assassiné la nuit par des agents du
Mossad qui ont tout fait pour étouffer
sa voie, qui avait une grande influence
parmi la population.
Et la liste des leaders martyrs
s’allonge avec le martyre du dirigeant
sécuritaire du Hezbollah Imad Moughniyeh
et récemment de son fils Jihad (dans
l’offensive israélienne de Qouneitra),
du martyre du fils du secrétaire général
du Hezbollah Hadi Nasrallah en 1997 et
de nombreux d’autres dirigeants
pourchassés pendant de longues années
par l’ennemi israélien dans le but
d’affaiblir la résistance.
Cet ennemi semble oublier la fameuse
devise de Sayed Abbas Moussaoui :
« Tuez-nous, notre peuple deviendra de
plus en plus conscient de l’importance
de cette résistance ».
C'est la mort en martyre des leaders
de la résistance islamique libanaise qui
a insufflé donc la vie digne à tout un
peuple, attaché plus que jamais à la
voie du salut dans le monde ici-bas et
dans l'au-delà.
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