Syrie
Août 2017 : Discours du Président
Al-Assad
devant le corps diplomatique syrien
Samedi 26 août 2017
Mesdames et Messieurs les
diplomates et administrateurs du
ministère des Affaires étrangères,
Je suis
heureux de vous rencontrer en ce jour de
l’inauguration de votre congrès, lequel
offre une importante occasion de
partager les points de vue et
expériences, de discuter des politiques
futures de l'État et de lui proposer des
idées novatrices qui pousseraient ce
ministère à remplir ses missions avec
encore plus d’efficacité.
Cette
rencontre tire son importance du fait de
l’accélération de la dynamique des
événements dans le monde et dans la
région, particulièrement en Syrie,
d’autant plus que les moyens
traditionnels ou modernes de
communication ne peuvent pas remplacer
ces réunions directes destinées à la
configuration de visions unifiées et à
la formulation des positions adoptées.
C’est aussi une rencontre
particulièrement importante vu la
complexité de la situation actuelle en
Syrie.
Plusieurs
guerres parallèles se déroulent sur le
sol syrien
En effet,
cette guerre que nous vivons depuis des
années a prouvé que plusieurs guerres
parallèles se déroulent sur le sol
syrien. Des guerres mondiales et
régionales menées par des mains
syriennes, arabes et étrangères ; ce qui
ne signifie absolument pas que c’est par
hasard que les belligérants sont venus
s’affronter sur cette terre. Tout au
long de son histoire, la Syrie fut une
cible, celui qui la maîtrise gagnant une
importante influence sur la scène
mondiale ou l’équilibre international.
Pour ne pas
donner dans la vantardise comme certains
pourraient le croire, rappelons encore
une fois la Bataille de Qadesh vers l’an
1274 av. J.-C. Elle a abouti au premier
traité de paix rédigé entre les Pharaons
et les Hittites qui se sont rencontrés
au sud-ouest de Homs. Dès cette époque,
les Pharaons pensaient que la sécurité
de leur royaume passait par la
domination de cette région. De nombreux
autres exemples de cette lutte pour le
contrôle de la Syrie s’étendent sur
toute la période de l’occupation
ottomane et celle qui a suivi le départ
de l’occupant français. Et, aujourd'hui,
nous sommes partie prenante dans cette
lutte.
C’est
pourquoi il est très superficiel de dire
que cette guerre est la conséquence des
positions adoptées par la Syrie,
l’Occident ayant décidé de corriger
l’État syrien. Bien que ce soit
absolument vrai, ce n’est qu’une partie
d’une réalité plus large liée au conflit
international et aux tentatives de
changement, ou de stabilisation, des
équilibres internationaux, par le biais
du militaire ou du politique et en
fonction de leurs conséquences
économiques ou géographiques ; autrement
dit, par la création de nouveaux États,
la disparition d’autres États ou la
modification de leurs frontières.
Pour
l’Occident, ce conflit est une occasion
précieuse de régler ses comptes et de
soumettre nombre de pays qui se sont
rebellés contre son hégémonie ces
dernières décennies. Parmi ces pays : la
Syrie, l'Iran, la République populaire
démocratique de Corée, la Biélorussie
etc. Même la Russie, une superpuissance
et non un pays émergent, n’est pas
autorisée à se révolter contre
l'hégémonie occidentale.
L’Occident
politique et le conflit mondial entre
deux forces
Quand je
parle d’« Occident » c’est dans le sens
politique du terme. Je ne nommerai pas
les États qui le constituent, nous
savons tous qui le dirige, comme nous
savons qu’une grande partie de cet
« Occident politique » -dont
probablement des États situés en extrême
Asie- n’a rien à voir avec la politique,
mais marche avec lui. C’est donc de cet
Occident que je parlerai dans mon
discours d’aujourd’hui.
Cet Occident
vit aujourd’hui une lutte existentielle,
non pas parce qu’un ennemi chercherait à
le démolir -un tel ennemi n’existe
absolument pas- mais parce qu’il pense
que la période jouissive de son
hégémonie depuis le démantèlement de
l’Union soviétique est sur le déclin ;
un déclin qui s’accélère à chaque fois
que des États se rebellent contre son
hégémonie ; une hégémonie qu’il pense
pouvoir prolonger indéfiniment par la
répression des États rebelles.
Et,
aujourd’hui, l’Occident vit un état
d'hystérie à chaque fois qu’il sent
qu'un État se veut partenaire dans la
prise d’une décision internationale,
dans n’importe quel domaine et n’importe
où dans le monde ; ce qui témoigne de
son manque de confiance. Mais un manque
de confiance qui se traduit par encore
plus de recours à la force et, par
conséquent, par moins de politique,
moins de raison ou pas de raison du
tout.
Car pour
l’Occident, le partenariat est refusé
d’où qu’il vienne. La dépendance est la
seule option possible. Dans ce cas, les
États-Unis ne sont même pas les
partenaires de leurs alliés occidentaux.
Ils leur désignent des rôles, précisent
les orientations, chacun de leurs pas
étant strictement posé dans le sillage
de la ligne américaine. Et, en
récompense, les États-Unis leur jettent
des miettes économiques.
Ajoutez à la
scène qu’aux États-Unis, le président
n’est pas le faiseur des politiques,
mais l’exécuteur ; ce qui paraît encore
plus évident aujourd’hui. Les véritables
faiseurs des politiques sont les
lobbies, les banques, les grandes
entreprises de l'armement, du pétrole,
du gaz, de la technologie, et d’autres
lobbies, lesquels dirigent l’État via
des agents élus démocratiquement mais
qui gouvernent dans l’intérêt de l’élite
dirigeante. Donc, les lobbies, l’État ou
le régime, et ici, je parlerai plutôt
« du régime des États-Unis » et non
d’État -ce dont on nous accuse-, car
l’État respecte les valeurs de son
peuple, respecte ses obligations,
respecte les lois internationales,
respecte la souveraineté des nations,
respecte les principes de l'humanité, et
finalement se respecte ; tandis que le
« régime » ne respecte rien de tout
cela, mais travaille uniquement pour
l’élite dirigeante, qu’elle soit une
élite financière ou autre chose.
Par
conséquent, « le régime profond » aux
États-Unis ne gouverne pas en
partenariat avec le président, mais lui
laisse une marge ; le président et son
administration ne travaillent pas en
partenariat avec les Européens, mais
leur laissent une marge ; et les
Européens réunis ne sont pas partenaires
de leurs agents et clients dans notre
région et dans le Monde, ils leur
laissent juste une marge, tout en
n’étant pas eux-mêmes des partenaires
pour le reste du Monde.
D’où,
actuellement, un conflit entre deux
forces. La première travaille pour les
intérêts des élites dirigeantes, même si
cela l’amène à violer toutes les lois et
les normes internationales ainsi que la
Charte des Nations Unies, même si cela
l’amène à assassiner des millions de
personnes n’importe où en ce Monde. La
deuxième force lui fait face et
travaille à préserver la souveraineté
des États, le droit international et la
Charte des Nations Unies, voyant en cela
son propre intérêt et la stabilité pour
le Monde.
Telle est
donc la résultante des forces actuelles.
Et si nous devions parler de la
situation arabe au sein de cette
résultante, nous dirions que son poids
est nul et qu’elle est inexistante sur
la scène politique internationale. C’est
pourquoi, je ne vois absolument pas la
nécessité d’en parler.
Le projet
occidental a échoué, mais la guerre
continue
Abstraction
faite des forces et des équilibres du
moment, et abstraction faite du gagnant
et du perdant, ce sont toujours les plus
petits pays qui paient le prix dans ce
type de conflit. En Syrie, nous avons
payé très cher cette guerre, mais la
contrepartie est l’échec du projet
occidental en Syrie et dans le monde.
En ce qui
nous concerne, ce « projet occidental »
revêt évidemment plusieurs aspects, mais
son essence consistait à ce que les
Frères Musulmans gouvernent notre région
arabe et le Moyen-Orient. Du fait qu’ils
sont des représentants de la religion,
ils étaient censés s’en servir comme
couverture pour dominer une société et
une rue croyantes et les mener dans le
sens des intérêts occidentaux ; ce qui a
toujours été le rôle de cette confrérie.
Cependant,
parler de l’échec du projet occidental
ne veut pas dire que nous avons remporté
la victoire. En réalité et sans
exagération : ils ont échoué, mais la
guerre continue. Où est-ce que cela nous
mènera et quand est-ce que nous pourrons
parler de victoire ? C’est un autre
sujet. C’est pourquoi il nous faut
rester précis : ils ont échoué jusqu’ici
et nous n’avons toujours pas triomphé,
les signes annonciateurs de la victoire
étant une chose et la victoire autre
chose.
D’aucuns
diraient qu’ils ont quand même atteint
leur objectif puisqu’ils ont détruit la
Syrie. Je dis tout simplement que leur
but n’était pas la destruction de la
Syrie. Leur but était de la saisir
intacte mais subordonnée et soumise, de
telle sorte qu’elle était condamnée à se
décomposer et à disparaître. Et c’est
pourquoi, concernant les pertes et les
profits, je répète ce que j’ai déjà dit
en 2005 : le prix de la résistance est
très inférieur à celui de la
capitulation.
À l’époque,
ils parlaient de l’arbre qui plie devant
la tempête pour se redresser une fois
qu’elle est passée. Je leur avais
répondu que lorsqu’il s’agit, non d’une
tempête, mais d’un bulldozer qui fonce
dans la terre pour frapper les racines,
plier est inutile. La seule solution est
que les racines soient suffisamment
solides pour briser le bulldozer.
À notre grand
regret, douze années sont passées et
certains utilisent toujours ce même
langage sans avoir tiré les leçons, bien
que la prétendue tempête ne se soit pas
déchainée avec la guerre d’Irak, mais
avec la guerre Iran-Irak en 1980, suivie
de l'entrée au Koweït, puis de
l'invasion de l'Irak en 2003, et souffle
toujours sur notre région et en Syrie.
Par
conséquent, il ne s’agit ni d’une
tempête, ni d’un arbre, ni d’un
bulldozer. En réalité, il s’agit d’une
guillotine dressée au dessus de toutes
les têtes en notre région, une
guillotine qui a déjà fonctionné et
récolté des millions d’âmes. Dans ce
cas, plier est donc inutile. Il faut
soit retirer les têtes d’en dessous la
guillotine, soit la détruire. Il n’y a
pas d’autre solution.
Un tel
langage répété à la manière des
perroquets n’a donc pas sa place ici.
Les événements l’ont prouvé. Je donnerai
un simple exemple : en 2002, lorsque
nous avons pris position contre la
guerre d’Irak, ce n'était pas uniquement
une position de principe contre son
invasion, mais contre ce qui se
préparait d’encore plus dangereux du
point de vue confessionnalisme et
fédéralisme et que nous retrouvons
aujourd’hui, en Syrie.
L’arme
sectaire
Dès cette
époque, nous avions vu que ce qui se
passait en Irak n’était pas une simple
invasion du pays ou une tempête
passagère, mais un plan différent,
lequel se poursuit depuis au moins trois
décennies pour atteindre bientôt la
quatrième. Face aux slogans sectaires et
fédéralistes, nous avions compris que
nous incliner par « pragmatisme
politique » revenait à placer notre tête
sous la guillotine. C’est pourquoi, nous
nous sommes opposés à cette guerre.
Maintenant,
si nous comparions les répercussions
actuelles de la guerre d'Irak avec
celles qui l’ont immédiatement suivie,
nous constaterions qu’elles sont de loin
plus dramatiques. Elles prennent de
l’ampleur, non l’inverse, parce qu’il
s’agit d’un plan. Quand nous
comprendrons cette image, nous
comprendrons que les tactiques et le
pragmatisme superficiel, suggérés par
certains, n'ont pas leur place dans
notre réalité actuelle.
Je
souhaiterais que nous comprenions que ce
que nous vivons n’est pas une étape
isolée, mais liée à celles qui l'ont
précédée depuis plusieurs décennies.
Nous avons perdu les meilleurs de nos
jeunes et une infrastructure qui nous a
coûté beaucoup d'argent et de sueur sur
plusieurs générations. Mais en retour,
nous avons gagné une société plus saine
et plus harmonieuse. C’est la vérité,
non de simples paroles dites pour plaire
aux uns et aux autres. Cette harmonie
est aux fondements de la cohésion
nationale quelles que soient les
croyances, les idées, les traditions,
les coutumes, les conceptions et
opinions. L’harmonie n’implique pas leur
homogénéité, mais la complémentarité
entre les unes et les autres. C’est
cette complémentarité qui aboutit à une
couleur nationale unique, laquelle fonde
l’union nationale fédératrice de tous
les enfants d’une même patrie.
Certains
pourraient rétorquer : « De quelle union
nationale parlons-nous alors que nous
entendons toujours un discours
sectaire ? ». Je le leur répondrais que
c’est là un discours déjà entendu suite
aux crimes des Frères Musulmans dans les
années quatre-vingts et qu’il n’a pas
duré. L’important n’est pas ce qui se
dit mais ce qui réside dans l’âme. En
effet, si cette « dimension
séparatiste » d’un langage entendu dans
différents milieux de notre société
résidait dans les âmes, la Syrie serait
tombée depuis longtemps et la prétendue
guerre civile ressassée par les médias
occidentaux serait un fait accompli.
C’est la
première année de la guerre qui fut la
plus dangereuse car une « dimension
sectaire », bien que limitée, était
quelque part présente dans les âmes
comme le feu sous la cendre. Si elle
avait pu se propager parmi les Syriens
quelques années de plus après le
déclenchement de cette guerre, nous
aurions peut-être vécu une réalité
encore plus dangereuse.
Par
conséquent, la cohésion de la société
telle que nous la voyons est notre
réalité d’aujourd’hui. La société y
tient le rôle essentiel, un rôle cumulé
tout au long de l’Histoire. Quant aux
vérités et à l’État, ils ont sans doute
leur rôle à jouer en fonction des leçons
que nous avons tirées de la guerre. Il
n’empêche que si la société n’avait pas
été anti-confessionnelle, par nature, la
Syrie n'aurait pas résisté comme elle
l’a fait.
Dans ce
contexte, ce qui se passe correspond
donc à une situation temporaire, et nous
devons distinguer entre les réactions et
les convictions. Il y a une réaction
confessionnelle, c’est vrai, mais il n’y
a pas de conviction en la matière et la
différence est grande entre la première
et la seconde.
Le meilleur
exemple tiré de cette guerre est la
réaction consécutive à un projet de
Constitution parlant d’une République
syrienne et non plus de la République
« arabe » syrienne. Or, que de fois
l’arabité n’a-t-elle été insultée au
cours de cette guerre, parce que
certains arabes, et même une grande
partie des arabes, ont trahi, alors que
d’autres n’ont pas été d’un grand
secours. Il a suffi que les médias
parlent de la suppression du mot
« arabe » pour que ces mêmes arabes en
fassent toute une histoire. Ce qui
confirme que la plupart du temps nous
avons affaire à des réactions et que
vous devez, en tant que diplomates et
administrateurs du ministère des
Affaires étrangères, rester vigilants
quant à la terminologie utilisée et ne
pas vous laisser tromper par les
apparences.
Les
tactiques et revirements de l’Occident
Le résultat
de cette résistance et du prix que nous
avons payé fait que les revirements
récents au niveau des déclarations
occidentales ne sont pas dus au réveil
soudain de leur conscience humaine face
à une Syrie qui aurait été injustement
maltraitée, ou une quelconque autre
raison de ce genre. Ils ont changé leur
discours à cause de la résistance de
notre peuple, de la résistance de notre
État, de la résistance de nos Forces
armées, et évidemment à cause du soutien
de nos amis. Ils ont changé, non pour
des raisons morales que nous n’avons
jamais eu à constater avant cette
guerre, mais à cause des réalités sur le
terrain syrien et dans leurs pays, sur
leur propre terrain.
En effet,
aujourd’hui, il ne se passe pas une
semaine ou un mois sans que survienne un
événement résultant directement de leurs
décisions stupides et de leur soutien au
terrorisme dans cette région. Ce sont
ces réalités qui les ont obligés à
modifier leurs déclarations, même
partiellement avec une certaine gêne et
sans conviction. Des vérités qui se sont
imposées d’elles-mêmes. Mais, ce
changement de positionnement ne signifie
pas changement des politiques car, tel
le serpent, l’Occident change de peau en
fonction de la situation.
Au début, ils
disaient soutenir « le mouvement
populaire » ; lequel, au mieux, ne
comptait pas plus de 200 000 personnes
dans un pays qui en compte 24 millions.
Lorsque toutes leurs tentatives ont
échoué, ils sont ouvertement passés au
soutien des milices armées sous
couverture du terme politique
« opposition » et de l’adjectif
« modérée », suggérant qu’ils sont une
« opposition politique », ni des
extrémistes, ni des terroristes. Cette
deuxième tactique ayant échoué à son
tour et leur comportement scandaleux
découvert par l’opinion publique
internationale et leur propre opinion
publique, ils sont passés à la tactique
de la raison humanitaire toujours en
vigueur à ce stade de la guerre.
Le résultat
de leur positionnement humanitaire est
le silence total tant que les
terroristes avancent dans n’importe
quelle direction et massacrent des
civils, mais dès que l’Armée prend le
pas sur les terroristes fusent les cris,
les suppliques et les lamentations
réclamant une trêve pour prétendument
arrêter l’effusion du sang, acheminer
les aides humanitaires et d’autres
raisons que nous, Syriens, connaissons
bien ; le véritable objectif de toutes
ces tactiques étant de permettre aux
milices armées de se réorganiser et de
se réarmer tout en leur envoyant encore
plus de recrues, continuer à les
soutenir et leur permettre de poursuivre
leurs actions terroristes.
En vérité,
toutes ces tactiques n’ont absolument
pas réussi à nous berner. Dès le début
et à chacune des trois étapes précitées,
nous avons frappé le terrorisme et nous
continuerons tant qu’il restera un seul
terroriste en Syrie. Quant à la guerre
médiatique et psychologique
ininterrompue depuis des années, elle
n’a jamais pu nous détourner de cet
objectif de lutte contre le terrorisme,
pas plus qu’elle n’a suscité notre peur
ou nos doutes.
Les
initiatives partant de mauvaises
intentions et les traitres
Cet objectif
de lutte contre le terrorisme n'a jamais
été un obstacle à l'action politique.
Toute action, toute initiative, toute
proposition qui ne se fondrait pas sur
cet objectif n’a aucune valeur. Par
conséquent, la lutte contre le
terrorisme est l’objectif et, en même
temps, la base de chacune de nos
actions. Et tant qu’il en sera ainsi,
cette base sera la référence et la
boussole qui nous guident. Ce qui
signifie que toutes leurs manœuvres
n’ont eu aucun effet.
C’est
pourquoi, partant de cette base et de
cette conviction, nous avons traité avec
une grande souplesse les diverses
initiatives proposées depuis le premier
jour de la crise, bien que nous savions
déjà que la plupart partaient de
mauvaises intentions.
Le but de ces
initiatives était de parvenir à des
résultats précis qu’ils n’ont pas pu
obtenir par le terrorisme. Et, comme
chacun le sait, elles ont abouti à des
résultats modestes ou, si nous parlions
en langage non diplomatique,
inexistants. Pourquoi ? Parce que nos
interlocuteurs étaient soit des
terroristes, soit des agents, soit les
deux à la fois. Ceux-là touchent de
l’argent de leurs maîtres et chaque mot
qui sort de leur bouche est approuvé par
ces derniers, et peut-être même
estampillé sur leur langue.
Autrement
dit, en pratique nous dialoguions avec
des esclaves. Que pouvions-nous espérer
d’un tel dialogue ? Que pouvions-nous
espérer quand à chaque réunion et à
chaque dialogue, direct ou indirect, ils
proposaient tout ce qui correspondait
aux intérêts des États étrangers,
ennemis de la Syrie, et allait contre
les intérêts du peuple syrien et contre
l'unité territoriale de la patrie ?
Ces groupes à
la solde des étrangers - aujourd’hui je
parle très franchement, car au bout de
presque sept années, il n'y a plus moyen
d’user d’un langage diplomatique, même
s’il s’agit ici d’une réunion de
diplomates. Naturellement, nous, nous
connaissons cette vérité. Nous savons
que ces personnages et que ces groupes
sont des fantômes imaginaires qui
n’existent pas et qui ne pèsent pas -
ont découvert récemment qu’ils ne pèsent
pas grand-chose et qu’ils sont de
simples instruments destinés à être
utilisés une seule fois avant d’être
jetés à la poubelle ; c'est-à-dire,
qu’ils sont tel le matériel médical à
usage unique, qu’on ouvre, qu’on utilise
et qu’on jette, avec la différence
essentielle qu’ils ne sont pas
stérilisés au départ et contaminés au
point de ne pas être recyclables.
Ce qui est
charmant est que récemment ils ont
commencé à parler des erreurs de la
révolution. Au cours de l’année écoulée,
des articles et des déclarations ont
parlé de cette révolution pure et
immaculée, eux-mêmes étant purs et
immaculés, mais salis tantôt par la
militarisation de la révolution, tantôt
parce qu’ils ont ouvert leur espace à
des extrémistes, etc.
Je suis en
désaccord avec eux sur ce point et je
pense que vous êtes d’accord avec moi.
Ils ne se sont pas trompés. Ils ont fait
leur devoir. Ils ont été chargés de
collaborer et ont rempli leur rôle de
collaborateurs. Dans ce domaine ils ont
presque atteint l’infaillibilité en
termes de discipline, de dévouement et
de loyauté, avec un professionnalisme
irréprochable. Mais ils ont fait
quelques erreurs : la première
lorsqu’ils ont cru que le maître accorde
de l’importance à son esclave, je veux
parler de leurs maîtres ; la deuxième
lorsqu’ils ont cru qu’un peuple maître
de lui-même, tel le peuple arabe syrien,
accepte de se soumettre à des
collaborateurs et des traitres de leur
espèce. Quant à la troisième erreur
c’est lorsqu’ils ont dit que la
révolution avait échoué.
La vérité est
que la révolution n’a pas échoué. Elle a
été un modèle de réussite et nous en
sommes fiers. Mais je ne parle pas de
leur révolution. Je parle de la
révolution de l’Armée syrienne face aux
terroristes et de la révolution du
peuple syrien face aux collaborateurs et
aux traîtres.
Ils ont cru
avoir monopolisé le terme
« révolution », devenu un titre collé à
d’autres titres et dont l’usage était
interdit à quiconque : le Professeur
révolutionnaire untel, le Docteur
révolutionnaire untel, etc. Face à cela,
nombre de patriotes syriens ont pris ce
terme en aversion, juste parce qu’ils se
l’étaient accaparé. Non… le terme
révolution fait partie de notre langage,
nous en sommes toujours fiers et nous ne
l’avons remis à personne. Qu’ils aient
été qualifiés de révolutionnaires, ne
signifie pas qu’ils le sont et ne change
rien à ce qu’ils sont vraiment. Que de
personnes portent des noms de Prophètes,
paix et bénédiction soient sur eux, sans
rien posséder de la foi ? Il en est de
même en ce qui les concerne. Qu’on les
présente comme révolutionnaires ne
signifie pas qu’ils le sont. Nous leurs
disons maintenant : les véritables
révolutionnaires sont l’élite patriote,
l’élite humaine et l’élite morale ; mais
vous, humainement, moralement et
patriotiquement, vous n’êtes pas plus
que des déchets.
Les
initiatives d’Astana, Erdogan et les
zones de désescalade
Tout comme
nous avons répondu avec souplesse aux
initiatives en faveur du dialogue, nous
avons accueilli positivement celles
portant sur la cessation des hostilités,
même si nous n’avions aucun doute sur le
fait qu’ils profiteraient de ces
initiatives pour nous berner, comme ils
l’ont fait à maintes reprises. Mais nos
forces armées étaient à l’affût.
D’où la
question : si les résultats des réunions
sont inexistants et s’ils ne respectent
pas leurs accords, pourquoi perdre notre
temps, alors que depuis le début de la
crise nous n’avons laissé passer aucune
occasion d’arrêter l’effusion du sang
des innocents, même quand l’espoir était
minime ?
Partant de
là, d’une vision nationale claire, et
d'une grande confiance en nos amis, en
Iran et en Russie, nous avons participé
aux réunions d’Astana. Mais qu’en est-il
du troisième partenaire : la Turquie ?
En ce qui
nous concerne, il est présent sur le
papier. Nous ne le considérons pas comme
garant ni associé dans le processus de
paix et, bien sûr, nous ne lui faisons
pas confiance. Il est garant, mais pour
les terroristes. La véritable raison de
la participation de la Turquie aux
congrès d’Astana est qu’Erdogan n’a plus
d’autres options devant lui. Les
terroristes tombent partout, les
défaites se succèdent, les scandales
aussi du fait de ses relations avec les
terroristes. Par conséquent, entrer dans
le processus d’Astana est d’une part une
sorte de couverture, et d’autre part lui
permet de protéger les terroristes.
C’est ce qu’il a fait et, comme vous le
savez, le blocage de nombre de sessions
a eu lieu.
D'un autre
côté, la participation d’une délégation
d'Erdogan aux réunions d’Astana lui
confère un rôle en Syrie, un rôle qu’il
cherche et dont le but est de légitimer
la présence des unités turques en Syrie,
c'est-à-dire de légitimer l'occupation,
alors que notre position était d’emblée
très claire : tout individu turc présent
sur le sol syrien sans le consentement
du gouvernement syrien est un occupant.
Ce qui
signifie qu’Erdogan est pratiquement
devenu une sorte de mendiant politique
sur le bord de la route suppliant pour
qu’on lui accorde n’importe quel rôle,
parce qu'il sent le déséquilibre qui
sévit en Turquie et que le scandale de
sa relation avec les terroristes est
clairement découvert.
Et, s’il est
resté au pouvoir, ce n’est pas pour son
ingéniosité comme certains tentent de le
présenter, mais parce qu'il a encore un
rôle à jouer dans le soutien des
terroristes en Syrie. Mais si jamais la
situation syrienne se soldait en faveur
du terrorisme ou d’autres forces
soutenant le terrorisme, il deviendrait
inutile. Il est donc resté au pouvoir à
cause de son rôle du moment en Syrie :
un rôle destructeur.
L'un des
résultats d'Astana correspond aux
« zones de désescalade ». Elles ont
suscité nombre d’interrogations.
Correspondent-elles à un fait accompli
en direction de la partition ?
Bénéficieront-elles aux terroristes ?
Seraient-elles équivalentes aux zones
sécurisées ?
La vérité est
que dans les grandes lignes elles ne
sont pas fondamentalement différentes
des initiatives précédentes concernant
la cessation des hostilités. Les
différences sont dans la forme et
concernent la géographie, la formulation
et, dans une certaine limite, les
procédures légèrement différentes par
rapport aux initiatives précédentes,
mais leur essence est la même : stopper
l’effusion du sang, permettre le retour
des déplacés, acheminer les aides
humanitaires, donner une chance aux
terroristes pour qu’ils quittent la
chape terroriste et régler leur
situation afin qu’ils reviennent dans le
giron de l’État. Tels sont l’aspect
général et le but ultime, lequel inclut
naturellement la réconciliation
nationale, la restauration de l’autorité
de l’État, la sortie des terroristes qui
déposeraient les armes ; autrement dit,
le retour à l'état normal sur tout le
territoire.
Concernant le
« fait accompli » : il n’y a pas de fait
accompli tant que nous n’arrêtons pas le
combat. Nous parlons d'une seule arène,
d’un même terrorisme quelles que soient
ses différentes bases passant d'un
groupe à un autre et d'un gang à un
autre. Tant que nous continuerons de
frapper le terrorisme dans cette même
arène, il ne pourra que s’affaiblir
partout ailleurs. Nous le frappons en un
endroit, il s’affaiblit dans tous les
d’autres. Et, tant que les combats se
poursuivent, la situation demeure
limitée dans le temps, non l’inverse.
Cela signifie qu’il n’y a pas de fait
accompli et qu’il n’est pas question
qu’en tant que gouvernement syrien nous
acceptions une proposition de partition
sous n’importe quel titre. Ceci au cas
où une telle proposition aurait été
avancée, ce qui n’est pas le cas.
Quant à la
question de savoir si les zones de
désescalade bénéficieront aux
terroristes, il n’y a pas de souci à se
faire à cet égard. Ils ont déjà essayé,
mais nos forces armées étaient à l’affût
et les ont écrasés plus d’une fois.
Enfin, les
« zones sécurisées » signifient que
l’aviation de la coalition menée par les
États-Unis crée une zone de couverture
aérienne des terroristes, permettant
leurs déplacements et leur expansion,
allant jusqu’à frapper quiconque avance
pour les combattre. La situation est
différente pour les « zones de
désescalade », car le survol de ces
zones est interdit pour toutes les
parties, mais les terroristes seront
frappés au cas où ils se déplacent dans
n’importe quelle direction, et s’ils
violent l’accord, en tant que
gouvernement syrien nous avons le droit
d’en faire les cibles de nos opérations
militaires.
Et maintenant
que va-t-il se passer ? En pratique,
nous ne faisons que participer à la
formation de comités de dialogue
représentant l’État syrien, d’autres
comités seront formés par les parties
résidant dans ces zones [de
désescalade], afin de discuter des
points de l’accord cités plus haut, dans
le but ultime d’aboutir à la
réconciliation nationale ; laquelle ne
pourra se concrétiser que par le départ
des terroristes et la restauration de
l’autorité de l’État sur tout le
territoire. Rien de moins, car cela
signifiera que nous n’avons pas atteint
notre objectif.
C’est
pourquoi, il est de notre intérêt que
cette initiative soit un succès, et nous
ferons tout ce que nous pourrons pour
qu’elle réussisse. Mais cela dépend
aussi des capacités et de la sincérité
des autres parties, qu’elles soient
présentes à l’intérieur de ces zones ou
à l’extérieur des frontières syriennes,
les parties étrangères pouvant influer
négativement ou positivement sur les
parties locales.
Ce que
retiendra l’Histoire de nous-mêmes, de
nos frères et de nos amis
Mesdames et
Messieurs, malgré plus de six années
d’une guerre féroce menée contre la
Syrie par les plus redoutables des
organisations terroristes soutenues par
les pays les plus puissants et les plus
riches du monde, nos Forces armées
réalisent quotidiennement un exploit
après l’autre malgré l’intensité des
combats, écrasant les terroristes,
purifiant les régions qu’ils ont
souillées, et continuent.
L’héroïsme et
les sacrifices consentis par l’Armée
syrienne, nos Forces armées et les
Forces alliées, sont un modèle dans
l’Histoire des guerres et un phare qui
guidera les générations futures dans le
sens de la dignité nationale, de l’amour
de la patrie, et du dévouement à la
patrie et au peuple. En effet, ils ont
été le véritable levier du processus de
réconciliation nationale commencé il y a
trois ans et ont motivé tous ceux qui
hésitaient à revenir dans le giron de la
patrie.
En d’autres
termes et sans exagération, les
réalisations militaires de nos Forces
armées ont fait la guerre et la
politique. En cela, elles ont été
soutenues par la résistance de tout le
peuple syrien, chacun à son poste :
l'élève, l'enseignant, le travailleur,
le fonctionnaire, le diplomate, le
professionnel, etc., sans lesquels la
Syrie n’aurait pu résister jusqu'à
aujourd'hui.
Quant aux
frères et aux amis, ils ont grandement
participé à ces réalisations. Les
combattants du Hezbollah, lequel se
passe de présentation, n’ont pas été
moins concernés par le sol syrien que
leurs frères dans l’héroïsme : les
combattants des Forces armées syriennes.
Nous en parlons avec la même fierté que
nous inspire n’importe quel combattant
syrien ayant défendu sa patrie. Nous
sommes aussi fiers de leurs martyrs, de
leurs blessés et de leurs familles
héroïques.
L'Iran n'a
cessé de se tenir à nos côtés dès le
premier jour. Il nous a fourni des armes
et des équipements sans limite, nous a
envoyé des conseillers et des officiers
pour nous aider dans la planification,
nous a soutenus économiquement face aux
conditions très difficiles que nous
avons traversées, s’est associé à tous
nos combats politiques devant tous les
forums internationaux, et a prouvé
objectivement qu’il est maître de ses
décisions, fidèle à ses principes,
respectueux des pactes conclus.
Quant à la
Russie, elle a utilisé son veto à
plusieurs reprises dans des conditions
sans précédent historique, pour défendre
l'unité et la souveraineté de la Syrie,
la Charte des Nations Unies et le droit
international. La Chine a fait de même.
Et la Russie
n'a pas arrêté de soutenir l'Armée
syrienne, lui fournissant tout ce dont
elle avait besoin pour s'acquitter de sa
mission de lutte contre le terrorisme,
puis a envoyé sa force aérienne
participant directement à cette lutte
jusqu’à offrir des martyrs sur le sol
syrien.
Si les
exploits sur le terrain militaire ont
été réalisés par la détermination de
tous ces héros réunis ; le soutien
direct, politique, économique et
militaire de nos amis, a permis une
progression plus rapide, tout en rendant
les pertes et les charges de la guerre
moins lourdes. Ils sont donc nos
partenaires effectifs sur la route de la
victoire contre le terrorisme et du
rétablissement de la sécurité et de la
stabilité en Syrie.
Et si le
peuple arabe syrien et ses Forces armées
sont en train d’écrire une nouvelle
Histoire de la Syrie et de la région,
certains chapitres parleront de nos
amis, de l’Iran et de l’Imam Khamenei,
de la Russie et du Président Poutine, du
Hezbollah et de Sayed Hassan Nasrallah.
Des chapitres qui parleront de leur
fidélité à leurs principes, de leurs
qualités morales et de la noblesse de
leurs comportements. Des chapitres qui
seront lus par les générations futures.
La feuille
de route
Quelles sont
les orientations futures de la politique
syrienne ? Nous commencerons par la
règle classique que nous avons adoptée
depuis les premiers jours de la guerre,
laquelle repose sur deux points. Le
premier : continuer à combattre et à
écraser les terroristes, partout où il
se trouve, en coopération avec les
Forces alliées et les amis. Le
deuxième : poursuivre la réconciliation
nationale, partout où il le faut, car
elle a fait preuve de son efficacité et
c’est une chance pour arrêter
l’hémorragie et reconstruire le pays.
Deuxièmement : Améliorer notre
communication extérieure. Le fait est
que l'opinion publique internationale,
notamment en Occident, a beaucoup
changé. Et vous, au ministère des
Affaires étrangères, vous êtes les mieux
placés pour en suivre les détails. Elle
a changé surtout parce qu’elle a
découvert, après des années, que le
roman n’était pas bien ficelé. Sept ans
qu’on lui raconte le même mensonge à
propos de l’État qui tue son peuple, du
monde qui soutient le peuple contre
l’Etat, lequel est resté debout. Un
discours voué à l’échec et illogique
même pour des enfants. Elle a aussi
découvert que ses responsables mentaient
et que ses médias traditionnels
s’étaient associés aux mensonges de ses
fonctionnaires et de son État. Mais si
elle a découvert que l’histoire racontée
est fausse, cela ne signifie pas
nécessairement qu’elle connaît la vraie
histoire ; ce qui est de votre ressort
et au cœur de votre travail de
diplomates. Maintenant que les portes de
la vérité ont été ouvertes, nous devons
la présenter à l’opinion publique et
plus particulièrement en Occident.
Troisièmement : Promouvoir l’économie,
d’autant plus que votre congrès coïncide
avec la « Foire internationale de
Damas », laquelle donne un grand signal
dans cette direction. Promouvoir les
opportunités économiques déjà
disponibles et celles qui pourraient
l’être dans un proche avenir. À ce
stade, permettez-moi de dire que
l'économie syrienne est entrée dans une
phase de reprise, lentement mais
sûrement, bien que nous soyons en état
de siège presque total. Cela aussi fait
partie des missions de la diplomatie
syrienne.
Quatrièmement : Nous orienter
politiquement, économiquement et
culturellement vers l’Est. Et c’est un
point important, l’Est étant pris en
grande partie au sens politique. Sans
définir les pays qui le composent, ce
qu’en tant que diplomates vous
définissez parfaitement, l’Est possède
tous les éléments du développement. Il
n’est plus dans le « Second monde »
comme par le passé, mais fait partie du
« Premier monde » dans tous les sens du
terme. En tant que pays en
développement, nous n’avons pas besoin
du dernier cri en matière de sciences.
L’Est possède assurément tout
l’essentiel dont nous avons besoin. Il
possède les éléments de la science, de
l’économie et de la civilisation, nous
traite d’égal à égal avec respect, sans
diktats, sans orgueil et sans arrogance.
Autant de comportements pratiquement
absents du côté de l’Occident, lequel ne
nous a rien offert même dans les
meilleures périodes. Les choses les plus
simples, telles les missions
scientifiques, nous ont été refusées.
Ainsi, quand il pense qu’une
spécialisation pourrait avoir un impact
significatif sur le développement en
Syrie, il refuse nos étudiants. Par
conséquent, nous ne devons pas compter
sur l’Occident. Je parle d'une
expérience de plus de quatre décennies,
et notamment depuis la Guerre d'Octobre
en 1973.
À propos
de la réouverture de certaines
ambassades
L'Occident
d’aujourd’hui est atteint de paranoïa.
S’il parle de Communauté internationale,
il parle de lui-même, le reste du monde
étant probablement composé de troupeaux
de bétails et non de sociétés. S’il
coupe ses relations avec nous, il pense
nous avoir coupé l’oxygène. Et s’il
ferme ses ambassades, il dit que nous
sommes isolés même si nous avons
conservé nos relations avec des dizaines
d'autres pays. Nous sommes donc un pays
isolé, mais combien de nos ambassadeurs
à l’étranger sont aujourd’hui présents
dans cette salle, et combien
d’ambassadeurs de l’étranger sont
présents en Syrie ? Nous ne sommes pas
isolés comme les Occidentaux le croient.
C’est leur orgueil qui les amène à
penser de cette façon.
Dernièrement,
nous avons commencé à entendre parler de
la possibilité de réouverture des
ambassades de certains pays occidentaux
qui se sont comportés en ennemis de la
Syrie et qui se sont tenus du côté des
terroristes. Certains disent qu’ils
ouvriront leurs ambassades en échange de
notre coopération en matière de
sécurité, ou prétendent que nous
n’accepterions la coopération
sécuritaire qu’à condition qu’ils
ouvrent leurs ambassades ; en dépit du
fait qu’il ne nous a pas été demandé si
nous accepterions cette réouverture.
Ce discours
suggère que nous attendrions ce jour
avec impatience, comme si nous étions
assis sur le côté de la route attendant
le jour de la délivrance où ces
ambassades étrangères nous ouvriraient
leurs portes ; et sinon toutes, au moins
une. Alors, peut-être que nous pourrions
nous sentir en notre être, peut-être que
nous pourrions ressentir notre
légitimité perdue du fait de leur
absence, et plus encore, peut-être que
nous éprouverions le sentiment d’avoir
retrouvé notre honneur et notre dignité
nationale. C’est ainsi qu’ils pensent.
La vérité est
que n’avons jamais évoqué ce sujet de
cette façon. Nous n’avons jamais dit que
nous acceptons une coopération en
matière de sécurité en échange de
l'ouverture des ambassades. Nous disions
qu’aucune relation n’était possible, y
compris en matière de sécurité, qu’en
cas de « couverture politique »,
laquelle suppose une relation politique
saine, rendue impossible tant que les
pays en question soutiennent le
terrorisme.
C’es pourquoi
nous serons clairs : il n’y aura ni
coopération sécuritaire, ni ouverture
des ambassades, ni même de rôle pour
certains pays ayant récemment commencé à
dire qu’ils voudraient participer à la
résolution du problème en Syrie, tant
qu’ils n’auront pas coupé leurs
relations avec le terrorisme et les
terroristes, de manière claire,
explicite et sans ambiguïté. Ce n’est
qu’alors qu’il sera possible de parler
de l’ouverture des ambassades.
Le système
politique occidental incapable de
produire des hommes d'État
Cette
stupidité occidentale n'est pas
nouvelle. J’ai toujours en mémoire le
sujet des désertions que je n’ai jamais
évoqué dans mes discours et lequel a
juste fait l’objet d’une question à
laquelle j’ai répondu. Ce sujet étant
désormais tombé dans l’oubli, il n’est
pas inutile de le rappeler, d’autant
plus que nous avions dit qu’il n’était
pas d’une grande importance, alors qu’il
l’est. En effet, imaginez si pendant
toutes ces années une cinquième colonne
d’une centaine - certains diront de
milliers, peu importe- de
fonctionnaires, à la solde de
l’étranger, était dissimulée dans les
différents services administratifs de
l’État. Où en serions-nous aujourd’hui ?
Comment aurions-nous pu les déceler ? Et
comment aurions-nous pu leur dire : vous
êtes des non-patriotes indignes de
confiance, sortez des services de cet
État pour que nous puissions travailler
correctement ? Nous ne pouvions pas,
mais les fonctionnaires de l’Occident
l’on fait. Ils ne les ont pas simplement
sortis des services de l’État, mais de
toute la patrie. Autrement dit, ils ont
fait une opération de nettoyage, sans
précédent, que nous n’aurions pas pu
faire. Comme quoi, quels que soient les
points de divergence entre les pays, il
y a toujours des points de convergence.
La preuve, nous pouvons dire aujourd’hui
que l’Occident soutenait ces désertions
tout autant que nous !
D’un autre
côté, l'Occident a pensé punir la
Russie, mais a perdu plus qu’elle n’a
perdu. Au final, cette grande puissance
a immédiatement compensé ses pertes par
ses relations avec d’autres pays et
l’augmentation de sa production locale
grâce à son économie diversifiée, à son
vaste territoire et à la grande variété
de ses ressources naturelles. C’est donc
la Russie qui a gagné.
C’est ainsi
que depuis au moins une vingtaine
d’années, l'Occident n’a cessé de
témoigner de sa stupidité, conséquence
de l’arrogance qui l’a frappé. Il
dispose d’énormes ressources et
d’excellentes capacités dans tous les
domaines, mais son manque de sagesse
fait qu’il n’en tire pas profit. C’est
pourquoi il passe d’une erreur à
l’autre, d’un problème à l’autre, d’une
impasse à l’autre, et se couvre avec des
mensonges.
Il semble que
le système politique occidental ne soit
plus capable de produire des hommes
d'État. Quant à la société occidentale,
il est certain qu’elle est riche, en
avance dans tous les aspects de la vie
et capable de produire encore. C’est un
fait que nous ne nions pas. C’est le
système politique qui n’autorise qu’à
ceux qui servent les élites politiques,
financières ou autres, d’accéder aux
commandes. D’où les résultats que nous
constatons aujourd'hui.
Les bases
de la politique syrienne
Quelles sont
les bases sur lesquelles repose la
politique syrienne et particulièrement à
cette étape, l’étape de la guerre ?
Premièrement : Tout ce qui concerne le
destin et l’avenir de la Syrie dépend à
100% des Syriens, et nos amis adoptent
clairement ce discours. Nous acceptons
les conseils d’où qu’ils viennent, mais
la décision finale ne peut-être que
syrienne.
Deuxièmement : L'unité territoriale de
la Syrie fait partie des évidences qui
n’admettent aucune discussion.
Troisièmement
: L’identité nationale syrienne est
incontestable, mais l’essence de cette
identité est l’arabité dans son sens
civilisationnel fédérateur de tous les
enfants de la patrie et de toutes les
franges de la société.
Quatrièmement
: Nous ne permettrons pas aux ennemis,
aux adversaires ou aux terroristes
d’obtenir, par le biais de la politique,
ce qu’ils n’ont pu accomplir sur le
terrain par le biais du terrorisme.
Le dernier
point : La guerre ne modifiera en rien
nos principes. La cause palestinienne
est toujours essentielle à nos yeux,
Israël est toujours l’ennemi qui occupe
nos territoires et nous soutenons
toujours toute résistance dans la région
à partir du moment où elle est vraie et
non falsifiée, comme c’est le cas de
certaines résistances.
Mesdames
et Messieurs,
Dans cette
guerre que nous menons sur plusieurs
fronts et dans plusieurs domaines afin
de défaire le projet terroriste et de
rétablir la paix et la sécurité, nous
devons réaliser que sa prolongation est,
d’un certain côté, liée à la crainte de
nos ennemis et adversaires de voir la
Syrie se relever beaucoup plus forte
qu’elle ne l’était.
C’est
pourquoi nous devons dès à présent
travailler sérieusement à la
construction de la Syrie de l’avenir sur
des bases solides : une Syrie libre,
forte, indépendante, où le terrorisme,
l’extrémisme, les traîtres et les agents
de l’étranger n’ont pas de places.
Et, c’est
pourquoi nous devons réaliser que ce
travail accompli sera le gage de notre
fidélité aux valeurs, aux traditions et
aux intérêts de la Syrie et des Syriens.
Je vous
souhaite tout le succès dans vos
missions et pour votre congrès.
Que la paix
soit sur vous.
Dr Bachar
al-Assad
Président de la
République arabe syrienne
20/08/2017
Source :
vidéo SANA (Syrian Arab News Agency)
https://www.youtube.com/watch?v=Qw_E-dNXnsA
Transcription et traduction par Mouna
Alno-Nakhal
Le sommaire de Mouna Alno-Nakhal
Le
dossier Syrie
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