Algérie Résistance
Dr. Kevin Barrett : « Bennabi est l’un
des penseurs-clé
de la renaissance islamique »
Mohsen Abdelmoumen
Le Dr.
Kevin Barrett. DR.
Dimanche 28 février 2016
English version here:https://mohsenabdelmoumen.wordpress.com/2016/02/27/dr-kevin-barrett-bennabi-is-one-of-the-key-thinkers-of-the-islamic-revival/
Mohsen Abdelmoumen :
Vous êtes un grand penseur américain
converti à l’islam, comment faites-vous
pour vivre votre foi aux États-Unis ?
Dr. Kevin Barrett :
« Grand » ? Je ne suis pas sûr de ça et
je ne pense pas voir mon buste sur le
mont Rushmore de sitôt. Quoi qu’il en
soit… l’islam est la religion à la plus
forte croissance aux États-Unis, mais
aujourd’hui, les musulmans américains
sont sur la défensive. Les
néoconservateurs sionistes ont orchestré
une guerre de propagande énorme et bien
financée sur l’Islam, et ils ont réussi
à répandre l’islamophobie. Aujourd’hui,
il est plus difficile de « vivre votre
foi » en public que dans les années
1990. Je me suis converti à l’islam en
1993.Au
niveau personnel, les contraintes de
temps de la vie américaine et le manque
de compréhension des Américains rend
plus difficile de prier salaat à temps
et de jeûner pendant le Ramadan que dans
les pays islamiques. Les musulmans
américains doivent faire plus d’efforts
en cela, et cela devient une épreuve
plus sérieuse (imtihan). J’ai vécu au
Maroc, où il est relativement facile de
prier chaque fois que vous entendez
l’adhan et de jeûner comme tout le
monde. Aux États-Unis, vous devez prêter
plus d’attention aux temps de prière,
trouver un moyen de prendre le temps
pour salat même quand ceux qui vous
entourent sont tous en train de faire
pression pour vous garder occupé. Et
vous devez lutter contre la pression
publique plutôt que de la suivre quand
vous jeûnez.
C’est devenu plus facile pour moi de
pratiquer depuis je me suis déplacé hors
ville et suis devenu indépendant. Ma
femme, nos deux fils et moi prions tous
les cinq prières quotidiennes, jeûnons
ensemble pendant le Ramadan, prions
jumuah dans notre petite mosquée, une
cabane dans les bois, et connaissons
relativement peu d’exposition à l’alcool
et à d’autres comportements haram. Mais
je ne veux pas me couper complètement de
la socialisation avec mes voisins qui
sont tous des non musulmans. Alors, je
regarde des événements sportifs avec eux
dans la taverne locale, je commande des
boissons non alcoolisées, y compris la
« Vierge Marie », dont ils pensent que
c’est un drôle de nom pour la boisson
préférée d’un musulman… jusqu’à ce que
j’explique que les musulmans vénèrent
Marie, la mère d’Isa, tout autant que
les chrétiens. Je sais que certains
musulmans diraient que je devrais rester
loin de tavernes, point final. Ce serait
certainement vrai si j’avais encore
quelque désir pour l’alcool. Mais ce
n’est pas le cas, alhamdulillah, mon
corps reconnaît maintenant
instinctivement que c’est du poison. Je
pense donc qu’il est préférable d’être
un voisin amical, non menaçant, et de
participer à la socialisation locale
pour donner une bonne impression de
l’Islam, que de me retirer complètement
de tout le monde autour de moi. À long
terme, je pense que l’islam va grandir
et devenir une partie beaucoup plus
importante de l’Amérique – peut-être
éventuellement la religion numéro un en
Amérique – si nous nous engageons avec
nos voisins, trouvons un terrain
d’entente avec eux, et communiquons avec
eux de manière positive, amicale,
raisonnable et sans jugement.
Toutes les informations
récoltées auprès de différentes sources
nous mènent aux États-Unis concernant la
création de Daech, comme ce fut le cas
avec Al-Qaïda, d’après l’aveu de Mme
Clinton elle-même. Si l’Empire nous
détruit avec une doctrine wahhabite,
salafiste, etc. qu’avons-nous fait,
nous, les musulmans, pour nous protéger
des complots de l’Empire ?
Je pense que l’Empire a encouragé les
versions wahhabites et salafistes
extrémistes de l’Islam parce que ces
approches tendent effectivement à saper
l’islam de deux manières : premièrement,
le wahhabisme fonctionne comme une sorte
d’école néo-Khawarij qui dépense la
plupart de son énergie à combattre
d’autres musulmans et à propager la
fitna au sein de l’Oumma, et,
deuxièmement, les approches
wahhabo-takfiristes à l’Islam ont
tendance à être rigides,
ultra-puritaines et obscurantistes, et
donc aliénant un grand nombre de
personnes musulmanes et non musulmanes
mal adaptées à l’essor et à la diffusion
dans le monde d’aujourd’hui. En tant que
musulmans, nous devons reconnaître cela
et trouver un moyen de neutraliser ces
tendances. Nous devons éduquer les
jeunes et rééduquer ceux qui ont été
induits en erreur. Et nous pourrions
aussi envisager d’essayer de diriger le
salafisme dans une meilleure, ou en tous
cas moins dangereuse, direction. Le
concept de base du salafisme, à mon
avis, n’est pas intrinsèquement toxique.
Même si je ne m’y identifie pas
personnellement, l’idée de se concentrer
directement sur le Coran et la sunna
plutôt que d’adhérer à une école de
droit unique n’est pas nécessairement
déraisonnable en soi. Cela devient
seulement déraisonnable quand c’est
pratiqué à partir d’une perspective
takfiri extrémiste et obscurantiste.
Aussi, peut-être devrions-nous offrir
des encouragements aux « salafistes
raisonnables » et nous engager vis-à-vis
d’eux. Je sais que de telles personnes
existent parce que j’ai rencontré
plusieurs d’entre elles.
Vous m’avez envoyé un support
vidéo de l’un de vos débats où vous avez
évoqué la pensée de Mohamed Arkoun, le
penseur algérien et non marocain,
avez-vous croisé la pensée de Malek
Bennabi qui a rayonné sur tout le monde
musulman ?
Oui, je l’ai lu, mais pas beaucoup,
et j’ai un grand respect pour lui. En
particulier, je pense qu’il a raison sur
la nécessité d’une renaissance
intellectuelle des idées, pas seulement
d’un progrès matériel. Cette idée
illustre pourquoi l’obscurantisme des
takfiris est si dangereux et
destructeur. Bennabi est l’un des
penseurs-clé de la renaissance islamique
et je me réjouis de lire son œuvre
davantage, inch’Allah.
Pourquoi, dans le monde
musulman, nous sommes-nous éloignés de
la pensée de Malek Bennabi pour nous
figer dans la matrice des Frères
musulmans, wahhabite, salafiste, des
bédouins du Golfe qui nous a plongés
dans les ténèbres de Daech ?
C’est une très bonne question. Je
pense que la réponse courte est que les
Bédouins du Golfe ont tellement d’argent
du pétrole et tellement de soutien de
l’Empire, qu’ils ont été capables de
coloniser mentalement une grande partie
du monde islamique.
Pourquoi a-t-on laissé
l’impérialisme jouer avec nos clivages
sunnites-chiites et transformer la terre
musulmane en play-station où les
multinationales pillent nos richesses ?
L’ennemi extérieur est-il seul fautif ?
Pourquoi n’avons-nous pas construit des
États forts avec des institutions fortes
qui nous immunisent de l’impérialisme ?
Le monde d’aujourd’hui avec son
activité économique frénétique, le vide
spirituel et l’idolâtrie des
États-nations, ne convient pas
idéalement à un Islam construisant un
État puissant. Dajjal est sorti de la
bouteille depuis 500 an, de sorte que
les outils du pouvoir dans le monde
moderne – l’usure, les gros mensonges et
l’amoralité machiavéliques, la guerre
technologique qui est en soi une forme
de terrorisme, le culte de l’État et de
ses dirigeants plutôt que Dieu, et ainsi
de suite – sont des outils que les
musulmans pieux ne peuvent pas utiliser.
Ces outils shaitani de puissance sont
tous des cancers sociaux qui ont créé
une explosion malsaine de la croissance
économique, technologique et de la
population qui devient de moins en moins
soutenable plus elle grossit. Donc, j’ai
tendance à être d’accord avec Sheikh
Imran Hosein, qui est sceptique
concernant les possibilités « d’États
islamiques » forts aujourd’hui. Mais en
dépit de cette sombre situation, nous
avons vu une résurgence de l’islam parmi
les gens et quelques succès avec la
construction de l’État islamique en Iran
(et peut-être quelques succès plus
petits ailleurs). Je pense que nous
devons nous rappeler de célébrer le côté
positif, en particulier la résilience de
l’islam dans un monde moderne envahi par
Dajjal, plutôt que de simplement nous
sentir mal de ne pas avoir des États
puissants comme ceux des Shaitani qui
dominent une dunya toujours plus
corrompue aujourd’hui.
Dans la vidéo très
intéressante que vous m’avez envoyée
avec l’intervention du professeur
Anthony J. Hall, j’ai constaté qu’il y a
une grande similitude dans
l’extermination des peuples autochtones
d’Amérique par les colons britanniques
et le colonialisme français qui a
exterminé en masse le peuple algérien
avec les mêmes procédés. Ne pensez-vous
pas que l’empire américain est dans la
continuité historique des ses
prédécesseurs britanniques et français ?
Absolument. Comme le dit Sheikh Imran
Hosein, l’Empire britannique a cédé la
place à l’Empire américain au 20ème
siècle; puis l’Empire sioniste a succédé
à l’Empire américain dans le coup d’État
du 11 Septembre 2001. Ces trois Empires
ont exterminé les peuples indigènes de
façon similaire. Comme l’ont fait les
Français en Algérie et ailleurs.
Vous avez travaillé sur le
11/9, sur les opérations stay behind
et Gladio, sur Charlie Hebdo,
etc. et le concept du false flag. Est-ce
que sans les médias alternatifs et avec
seulement les médias de masse tels CNN
dans laquelle vous êtes déjà intervenu,
on aurait su la vérité, ou du moins une
partie de la vérité sur ce qui s’est
vraiment passé ?
La vérité sur les « événements
profonds » a été largement bannie des
médias américains traditionnels depuis
de nombreuses décennies. Par exemple,
les Américains n’ont pas été informés au
sujet du coup d’État contre le président
Roosevelt dans les années 1930 qui a été
planifié par les plus riches familles
d’Amérique, et exposé par le général
Smedley Butler. Ils n’ont appris la
vérité sur l’assassinat de JFK en 1963
que par la lecture de journaux et de
magazines underground, tels que
le travail du journaliste
d’investigation Warren Hinckle publié
dans le magazine Remparts. Et
aujourd’hui, ils ne peuvent apprendre la
vérité sur le 11/9, les opérations
Gladio, Charlie Hebdo et ainsi
de suite, qu’à partir des médias
alternatifs basés sur Internet.
Malheureusement, de nombreux Américains
ont été endoctrinés pour voir les médias
alternatifs comme moins crédibles que
les médias traditionnels. J’ai essayé
d’aider à résoudre ce problème en
trouvant des stratégies pour obtenir des
informations véridiques dans le courant
dominant (telle la provocation de la
couverture grand public à laquelle je
suis arrivé en 2006). Et je tente
également d’obtenir des informations
véridiques qui sont publiées dans des
livres comme We are not Charlie
Hebdo (Nous ne sommes pas Charlie
Hebdo) et Another French False Flag
(Un autre false flag français), afin de
mettre la vérité dans un ensemble plus
digne de foi, respectable, raisonnable
et savant.
L’Histoire de l’humanité est
faite de complots et de conspirations,
comment expliquez-vous que l’Empire et
ses chiens de garde ont un besoin vital
d’étiqueter les gens qui proposent une
autre vision de certains évènements
majeurs en les traitant de
conspirationnistes et autres termes
péjoratifs ?
La CIA a lancé le terme « théoricien
du complot » dans les années 1960 avec
sa directive 1035-60, une note de
service à l’intention des médias de
masse leur disant d’étiqueter de manière
péjorative avec ce terme les gens qui
mettaient en doute la version officielle
de l’assassinat de JFK. Depuis lors, ce
« terme militarisé » est devenu l’une
des armes les plus puissantes de
l’Empire contre la vérité. Chaque fois
que les dirigeants de l’Empire sont sur
le point d’être exposés pour avoir
commis un crime que leur peuple ne
tolérerait pas, les dirigeants
diabolisent les diseurs de vérité comme
« théoriciens du complot ». Donc, la
définition correcte de « théorie du
complot » est « une vérité qui, si elle
était exposée en temps opportun,
changerait radicalement le monde ».
Comment expliquez-vous cette
nécessité pour l’impérialisme US de
toujours désigner un ennemi et de
conditionner sa population à vivre dans
la peur ?
Je pense que c’est un trait humain
universel, et pas seulement américain.
René Girard, l’un des penseurs les plus
importants du 20e siècle, a démontré que
transformer un « ennemi » en bouc
émissaire est la façon la plus simple
qu’ont les sociétés pour conjurer la
fitna et se maintenir unies. Et Karl
Schmitt, le philosophe politique le plus
influent du 20e siècle, a fait valoir
que ce genre d’ennemis boucs émissaires
est l’essence même de la politique. Mais
les États-Unis le font aujourd’hui de
manière plus évidente et destructive que
toute autre nation, sauf Israël.
Pourquoi ? Peut-être parce que les
États-Unis se sont construits sur la
désignation des Natifs américains en
tant que boucs émissaires qui a mené à
leur extermination, ainsi que
l’asservissement ou l’appauvrissement
des Afro-américains par cette même
identification à des boucs émissaires.
Le professeur Anthony Hall a fait valoir
cet argument dans son livre Bowl
with one spoon (Un bol avec une
cuillère). En outre, les États-Unis ont
constitué un empire de plus en plus
puissant jusqu’à récemment, sans ennemis
réels susceptibles de lui nuire, de
sorte qu’il a fallu travailler
particulièrement dur pour créer des
ennemis imaginaires.
Quand on voit la matrice
idéologique d’Al-Qaïda ou Daech, qui
sont des succursales de l’impérialisme,
peut-on supposer que le monstre finira
par se retourner contre son concepteur ?
L’impérialisme US a-t-il encore le
contrôle sur les hordes de fascistes
islamistes ?
Je suis d’accord avec Cheikh Imran
Hosein qu’il peut y avoir assez de
jeunes endoctrinés pour rejoindre les
groupes takfiris de sorte que l’Empire
n’aura pas, à l’avenir, à employer des
tueurs professionnels de type forces
spéciales dans ses événements sous
fausse bannière, mais il sera en mesure
d’utiliser des takfiris réels pour
commettre les meurtres. En ce sens, le
« monstre va se retourner contre son
créateur ». Mais savoir si Daech ou
Al-Qaïda seront jamais capables de
causer des dommages à l’Empire que
celui-ci n’approuve pas est une autre
question. Compte tenu du « progrès »
dans la technologie WDM (ndlr: armes
de destruction massive), une telle
perspective ne peut être exclue.
Avec les horreurs que vit au
quotidien le monde musulman et ce bain
de sang qui n’en finit pas, peut-on
encore rêver d’Al-Andalus (Andalousie) ?
Après l’âge actuel de riba dévorant
tout, les conflits, la technologie hors
de contrôle et le désastre écologique se
terminant (ou préférablement « se
calmant »), nous pouvons nous approcher
beaucoup plus près d’un nouvel âge d’or
dans le sens d’Al-Andalus. En
travaillant pour atteindre cet objectif
aujourd’hui, « la persistance dans la
vérité, persistant patiemment », nous
pouvons au moins savoir que nous faisons
de notre mieux dans les yeux de Dieu, le
seul regard de l’Autre qui compte. Donc,
si nous arrivons à Al-Andalus dans cette
vie, nous aurons un voyage intéressant
et, inch’Allah, un avant-goût d’al-nafs
al-mutmainnah, l’âme en paix.
Interview réalisée par Mohsen
Abdelmoumen
Qui est le Dr. Kevin Barrett
?
Le Dr. Kevin Barrett est docteur en
études islamiques et arabes, il est
diplômé en littérature anglaise,
française et africaine, et est l’auteur
de trois livres dont:Questioning the
War on Terror: A Primer for Obama Voters
(Interrogation sur la guerre contre
le terrorisme : un livre élémentaire
pour les électeurs d’Obama) – 2009, qui
analyse la « guerre contre le
terrorisme » par le questionnement
socratique ; le Dr. Barrett a été aussi
le rédacteur principal avec John Cobb et
Sandra Lubarsky de 9/11 and American
Empire v.2: Christians, Jews and Muslims
Speak Out (Le 11/9 et l’Empire
américain v.2 : des chrétiens, juifs et
musulmans se prononcent). Il a enseigné
la langue française et arabe, la
littérature africaine, l’anglais, les
sciences humaines, et les études
religieuses dans des collèges et des
universités aux États-Unis et à
l’étranger.
Le Dr. Barrett s’est converti à
l’islam en 1993. Il siège au Conseil de
la société religieuse Khidria Inc. à but
non lucratif qui parraine une mosquée à
Madison dans le Wisconsin consacrée « à
la diffusion de la vérité pour
construire un avenir durable ». Sa thèse
de doctorat a porté sur les légendes des
saints médiévaux nord-africains. Il est
cofondateur de l’Alliance Musulmane,
Juive, Chrétienne pour la vérité sur le
11/9 et des Musulmans pour la vérité sur
le 11/9.
Mis sur liste noire et interdit
d’enseigner à l’université de Wisconsin
depuis 2006, le Dr. Barrett travaille
comme animateur de radio, auteur,
orateur public et a été candidat au
Congrès pour le 3è District du Wisconsin
en 2008. L’un des critiques les plus
connus sur la guerre contre le
terrorisme, le Dr. Barrett est apparu
dans Fox, CNN, PBS, ABC-TV,
Unavision, et Russia Today,
PressTV, il est rédacteur dans
Veterans Today, et dirige son site
web Truth Jihad. Il a été le
sujet d’éditoriaux et de reportages dans
le New York Times, Chicago
Tribune, Christian Science
Monitor et d’autres publications.
Le Dr. Barrett anime deux émissions de
radio. Il vit à McFarland dans le
Wisconsin.
Published in English in AH
Tribune, February 26, 2016:http://ahtribune.com/religion/579-kevin-barrett-bennabi.html
In Oximity:https://www.oximity.com/article/Dr.-Kevin-Barrett-Bennabi-est-l-un-des-1
Reçu de l'auteur pour
publication
Le sommaire de Mohsen Abdelmoumen
Le dossier
Religion musulmane
Les dernières mises à jour
|