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La Libye détruite. Obama fait son « mea
culpa »
Mikhail Gamandiy-Egorov
© AFP 2016
Andrew Caballero-Reynolds
Mercredi 13 avril 2016
Source:
Sputnik
Lorsqu’on approche
la fin de son mandat présidentiel, il
devient toujours plus facile de tenter
de se donner bonne conscience. On avait
beau à parler « d’exceptionnalisme » et
de « mission particulière » des USA
envers l’humanité, à un moment ou un
autre, il faut bien se rendre à
l’évidence.
Ou du moins tenter
de se donner bonne conscience, voire
sauver la face. Le président
US sortant Barack Obama a déclaré
tout dernièrement dans un entretien à la
chaine Fox News, que « la pire erreur de
sa présidence avait été le manque de
suivi après l'intervention militaire de
l'OTAN en
Libye en 2011 ». Bien que
considérant toujours (avec tout de même
moins d'ardeur qu'avant) l'intervention
« justifiée ».
Obama : quelques regrets sur la Libye
Justifiée? Oui,
bien sûr. Le pays ayant été l'un des
plus stables de la région et du
continent, leader en termes de niveau de
vie en Afrique d'autant plus avec une
politique sociale unique et où
l'extrémisme était combattu avec succès,
tout cela aujourd'hui n'est que du
passé. Inflation constamment en hausse,
pays divisé entre chefs de guerre,
salaires des fonctionnaires payés avec
beaucoup de retard, les ressources
naturelles n'étant plus propriété du
peuple libyen mais des multinationales
occidentales, système de santé en
déroute et Daech qui progresse
rapidement (encore plus rapidement
depuis les défaites en Syrie). Sans
oublier l'immigration de masse (et pas
seulement des migrants non-libyens qui
transitent mais aussi les Libyens
eux-mêmes qui fuient leur pays)…
Justifiée
dites-vous? Alors que la Libye était
durant l'ère du Guide Kadhafi un pays
d'accueil des migrants, venants de
différentes régions d'Afrique (et pas
seulement), est aujourd'hui un Etat où
les personnes à peau sombre font l'objet
d'attaques racistes (aussi bien les
ressortissants d'Afrique subsaharienne
que les Libyens à peau sombre)… Mais
tout cela les élites occidentales
préfèrent faire semblant de ne pas voir.
Bref, que dire de
ce semblant de mea culpa (ou de demi mea
culpa) d'Obama? Sagit-il d'un regret
sincère? Ou d'une simple tentative de
sauver la face dans un monde ayant
beaucoup changé? Probablement le second.
Surtout au vu qu'il ne lui reste que
quelques mois de présidence et surtout
peut-être aussi en vue de redonner de la
dynamique au camp « démocrate », loin
d'être optimiste de remporter la
prochaine présidentielle US.
De toute façon, après le chaos exporté
en Libye, comme dans tellement d'autres
pays du monde, peut-on parler de pardon?
Il est à penser que non. Lorsque les
élites d'un pays, accompagné de leurs
satellites, continueront de penser avoir
« un rôle spécial » pour l'humanité,
cette même humanité ne pourra guère
dormir tranquille. Lorsque un groupe de
pays, communément appelés l'Organisation
du traité de l'Atlantique nord, qui
aurait dû disparaitre parallèlement au
Pacte de Varsovie (ne parlait-on pas de
la fin de la guerre froide?), continuera
à faire, ou du moins essayer de
continuer à faire sa loi, le pseudo mea
culpa occidental ne restera que dans le
cadre de paroles hypocrites.
Obama regrette les conséquences de la
chute de Kadhafi
Faut-il le rappeler
également, Obama n'avait pas manqué de
critiquer le mois dernier Cameron et
Sarkozy pour ce même manque de « suivi »
d'après-guerre (ou plutôt après
destruction de l'Etat libyen): « Lorsque
je me demande pourquoi cela a mal
tourné, je réalise que j'étais convaincu
que les Européens — étant donné leur
proximité de la Libye — seraient plus
impliqués dans le suivi », déclarait
Obama. Mais cela n'a rien de nouveau et
ne fait que confirmer une fois de plus
l'état de servitude des dirigeants
ouest-européens envers Washington: le
maître ordonne, les sous-traitants
appliquent et en cas d'échec doivent en
assumer la responsabilité.
Heureusement et une
bonne partie de l'humanité le sait, le
monde a effectivement changé depuis. Et
a vu apparaitre des forces qui ont su
prendre (ou reprendre) le rôle
d'opposition au diktat néocolonial
incontrôlé. La Russie et la Chine
portent aujourd'hui ce rôle. Et avec
eux, les peuples et les nations ayant
décidé eux aussi de s'opposer à ce
diktat. La Syrie, bien que martyrisée
énormément, a malgré tout évité jusqu'à
maintenant ce fameux scénario libyen. Et
il est à croire qu'elle l'évitera et se
lavera de ses souffrances, des
souffrances importées de force eux
aussi.
Obama a beau
parler. L'effet d'Obamania n'est bien
qu'un vieux souvenir. Nombre de ses
citoyens, comme de personnes à
différents endroits du globe, avaient
espéré à voir en lui un président US qui
cherchera la paix. Il n'en fût rien. La
politique extérieure étasunienne n'est
pas prête à changer.
Mandat Obama: plus d'ingérence, moins de
résultats?
La Libye est dans
le chaos et rien ne prédit une
amélioration de son état à court-moyen
terme. La Syrie martyrisée mais sauvée
jusqu'à maintenant du scénario
catastrophe grâce à la résistance de son
président, son armée, son peuple et ses
alliées. Reste à espérer que désormais,
d'autres pays encore seront sauvés des
appétits criminels de ceux qui se
présentent en « bienpensants » de
l'humanité et qui prétendent promouvoir
des « valeurs universelles ». Des
valeurs tellement lointaines de ce qu'il
en advient vraiment.
Ce n'est pas de vos
mea culpa que le monde a besoin. C'est
surtout que vous le laissiez en paix.
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Publié le 14 avril 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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