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Cuba, Vietnam, Egypte :
relance des bases militaires russes
Mikhail Gamandiy-Egorov
© Fickr/
Lisa Leonardelli
Lundi 10 octobre 2016
Source:
Sputnik
Le monde multipolaire s’impose à grands
pas. Après les nombreuses manœuvres
militaires conjointes, notamment les
récentes manœuvres entre la Chine et la
Russie, place à la suite.
Le ministère russe de la Défense via le
vice-ministre Nikolaï Pankov a récemment
déclaré que la Russie travaille sur
l'éventualité de retour sur les
anciennes bases militaires soviétiques
au Vietnam et à Cuba. Plus récemment, la
Russie a également confirmé avoir lancé
des pourparlers avec l'Egypte pour la
réutilisation de l'ex-base soviétique de
Sidi-Barrani. Toujours d'après le
ministère les pourparlers vont bon train
et les accords seront certainement
trouvés.
Maintenant parlons comme à notre
habitude des perspectives de cette
nouvelle donne et notamment du choix des
pays. Tout d'abord en ce qui concerne
l'Egypte. Selon les experts militaires
russes, notamment le colonel à la
retraite Viktor Litovkine, le choix est
stratégique pour trois raisons: la
première c'est la lutte contre le
terrorisme. Depuis les aventures
guerrières occidentales et notamment la
destruction de l'Etat libyen, pays
prospère dans le passé, la région est
devenue confrontée à une menace
terroriste extrême, avec l'afflux massif
et le renforcement d'extrémistes de tout
bord, y compris liés à
Daech et
Al-Qaïda. Deuxièmement, la présence en
mer Méditerranée doit être rééquilibrée.
Jusque-là, les Etasuniens s'y
comportaient en maitres et se permettent
à partir de là de faire des entrées
provocatrices en mer Noire. Il faut donc
être toujours à leur proximité y compris
justement pour leur rappeler de garder
la distance. Et enfin troisième raison —
notre retour au Proche-Orient et en
Afrique. Selon M. Litovkine, la Russie
se doit d'avoir des bases militaires
pour soutenir les pays-alliés, contrôler
la mer Rouge, et résoudre les nombreux
défis existants.
Passons au cas du
Vietnam. Le pays ayant infligé l'une des
plus grandes gifles de l'histoire à la
machine de guerre étasunienne. Faudrait
le rappeler au prix d'1,2 million de
morts, pour la plupart civils. Un crime
pour lequel les USA ne comptent
d'ailleurs toujours pas s'excuser mais
cela rentre parfaitement dans leurs
habitudes. Le choix est lui aussi
stratégique dans une région où la
présence étasunienne est également très
importante. Et au vu des tensions
existantes actuellement en mer de Chine,
ce positionnement (ou repositionnement)
russe rentrerait parfaitement dans un
cadre de rééquilibrage. Surtout au
moment où l'alliance militaire
russo-chinoise se renforce comme en
témoignent les récentes impressionnantes
manœuvres militaires des deux pays en
mer de Chine méridionale. Et aussi au
moment d'une possibilité de revirement
d'un autre pays de la région en la
qualité des Philippines dont le
président Rodrigo Duterte semble vouloir
« couper le cordon ombilical » avec les
USA. Faudrait-il le rappeler que les
Philippines ont durant des décennies
étaient associés comme étant l'un des
principaux satellites US en Asie du
Sud-Est. Donc avoir une base russe dans
cette région également stratégique,
notamment du point de vue économique, et
côte à côte des bases militaires
étasuniennes, ne serait qu'un point très
positif.
Et bien
évidemment
Cuba. Ici, plusieurs raisons
rentrent en jeu. D'abord la fière île de
la Liberté comme est affectueusement
surnommé ce pays est un allié de longue
date de la Russie, depuis l'URSS. Un
pays qui grâce à sa brave résistance n'a
toujours pas cédé aux énormes pressions
US, y compris économiques, et où les
valeurs véritables de la dignité ne sont
pas des vains mots. La relance d'une
base russe à Cuba permettrait d'une part
de renforcer la sécurité de Cuba
elle-même. Et du côté russe comme je
disais depuis assez longtemps retrouver
un équilibre très nécessaire: alors que
les bases de l'OTAN se trouvent déjà aux
portes de la Russie et que les missiles
US visent le territoire russe, la
réponse de la Russie de viser en retour
les satellites US est-européens en la
figure des pays baltes, de la Pologne,
de la Roumanie et d'autres pays membres s n'est guère suffisante. C'est
d'ailleurs la stratégie étasunienne
depuis des décennies: mettre ses
satellites sous le coup d'actions de
rétorsion éventuelle, tout en restant
soi-même bien loin et en sécurité. Cela
ne pouvait plus se passer ainsi
indéfiniment. Le plein retour russe à
Cuba est donc primordial, sachant
d'ailleurs que ce retour est soutenu par
tout un nombre d'autres pays
latino-américains, dont le Nicaragua, le
Venezuela, la Bolivie ou encore
l'Equateur.
Non, la Russie ne recherche
pas une troisième guerre mondiale. Tout
au contraire. Mais sachant que certaines
têtes chaudes à Washington et chez les
suiveurs sont tellement désespérées et
refusent toujours d'accepter la chute du
monde unipolaire révolu, il est grand
temps de créer un équilibre nécessaire
additionnel qui leur permettra de garder
un minimum de raison. Pour que justement
puisse être évité un grand conflit
d'ordre international, voire mondial. Un
équilibre comme au beau vieux temps.
L'humanité toute entière ne s'en portera
que mieux.
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Tous droits réservés.
Publié le 15 octobre 2016 avec l'aimable
autorisation de l'auteur
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