Ecologie
Pari réussi : blocage du sommet de Pau
par les militants climat
Mardi 12 avril 2016
Du 4 au 7 avril, plus de 450 activistes
déterminés à protéger les océans et le
climat ont fortement perturbé le sommet
MCEDD sur les forages pétroliers en
haute-mer, multipliant les actions de
blocage et de désobéissance civile. Des
rassemblements citoyens (die in, chaîne
humaine, concert) ont réuni largement
plus d’un millier de personnes au cours
des 3 jours. Ce jeudi 7 avril, les
militant·e·s sont parvenu·e·s à bloquer
les entrées du sommet et à organiser un
die-in géant devant le Palais Beaumont.
Ce matin, alors que devait se tenir
la dernière journée du sommet MCEDD, 150
activistes sont parvenus à bloquer à
partir de 7 h 30 les différentes entrées
du Palais Beaumont où devaient se réunir
les membres des plus grosses compagnies
pétrolières et gazières mondiales. Cubes
gonflables, percées spectaculaires des
barrages policiers, menottage des
militant·e·s aux attachés-case des
congressistes ou au camion logistique de
l’entreprise organisatrice du sommet,
occupation des différentes voies d’accès
ont contraint plus de 70 congressistes à
rester à l’extérieur, tandis que
d’autres enjambaient les corps étendus
des militant·e·s sur la voirie. La
journée avait débuté par le blocage
symbolique d’un hôtel où dormaient
certains congressistes, une sirène
mazoutée placée au cœur d’une scène de
crime climatique rappelant que les
entreprises participant à ce sommet
organisent un crime climatique avec
préméditation.
A 12 h 30, près de 500 personnes ont
symbolisé un die in géant devant les
portes du Palais Beaumont pour
représenter les victimes du dérèglement
climatique, tandis qu’étaient annoncés
les degrés supplémentaires qui
menaçaient la planète si aucune mesure
n’était mise en oeuvre pour enrayer la
trajectoire actuelle. Cette dernière
journée d’action marquait l’achèvement
de trois jours et trois nuits de
mobilisation continuelle lors desquels
les militants climat sont parvenus à
créer une situation d’anormalité
perturbant très fortement la tenue du
MCEDD.
Ils répondaient à l’appel lancé par
350.org, Action Non-Violente COP 21,
Alternatiba, les Amis de la Terre
France, Attac France, Bizi !,
Chrétiens Unis pour la Terre, Emmaüs
Lescar-Pau, Friends of the Earth
International, Nation Océan et Surfrider
Foundation Europe. Objectif : dénoncer
la véritable provocation consistant à
organiser un tel sommet, moins de 4 mois
après la COP 21, sans aucune référence à
l’impératif climatique et à l’Accord de
Paris.
Les multinationales pétrolières et
gazières, ainsi que les entreprises
spécialisées dans les forages en mer,
avaient en effet rendez-vous au Palais
Beaumont de Pau, fief de Total, pour
faire en sorte que l’exploration et
l’exploitation offshore restent « compétitives »,
comme si les engagements pris à Paris
n’avaient jamais existé. En toute
connaissance de cause, les promoteurs de
ce sommet climatique cherchent à
repousser toujours plus loin et toujours
plus profond la frontière des
combustibles fossiles, en contradiction
flagrante avec les objectifs fixés par
l’article 2 de l’Accord de Paris visant
à contenir le réchauffement climatique
bien en dessous de 2 °C.
Pour Malika Peyraut, des Amis de la
Terre France, « Le
sommet de Pau rassemblait de véritables
criminels climatiques, c’est-à-dire des
entreprises multinationales comme Total,
BP, ou Shell qui sont en train de
provoquer un réchauffement climatique
très largement supérieur à + 1,5 °C,
dont les populations les plus démunies
paient déjà un lourd tribut ».
« Ce
sommet illustre les limites des
engagements volontaires et non
contraignants tels que ceux qui sont
consignés dans l’Accord de Paris, alors
que maintenir le réchauffement
climatique bien en dessous des +2 °C
implique de geler la quasi totalité des
réserves prouvées d’énergies fossiles »,
a poursuivi Maxime Combes, d’Attac
France. « L’océan
est la nouvelle frontière de la ruée
vers le gaz et le pétrole, dénonce
Olivier Dubuquoy, de Nation Océan. 78 %
de la production d’hydrocarbures de
Total provient de l’offshore, dont 30 %
de l’offshore profond »
Puisque aucune institution n’est chargée
de juger et rendre conformes à
l’impératif climatique les décisions des
acteurs privés, cette responsabilité est
de facto transférée à l’opinion publique
mondiale. « Nous
devons donc prendre nos responsabilités,
explique Txetx Etcheverry, du mouvement
Bizi !, ce
que nous avons fait ici, en organisant
des actions de désobéissance civile et
des manifestations publiques pour
empêcher la tenue de ce sommet et
interpeller l’opinion publique ».
« Nous,
nous tenons l’engagement que nous avons
pris le 12 décembre, à la COP 21 : faire
barrage à la destruction du climat,
veiller à ce que les lignes rouges d’un
futur juste et durable ne soient jamais
franchies. À Pau, nous avons honoré
cette promesse »,
explique Nicolas Haeringer de 350.org.
Cette mobilisation est une première :
ces sommets se déroulent habituellement
loin des projecteurs, loin des media de
masse, sans publicité et sans
mobilisation citoyenne. Une première qui
en appelle d’autres. Pour Cécile
Marchand, du mouvement Action
Non-Violente COP 21 « Le
message que nous envoyons depuis Pau est
clair : ils ne pourront plus se réunir
sans que nous les en empêchions ;
ils ne pourront plus se lancer dans de
nouveaux projets climaticides sans que
nous n’intervenions par des actions
non-violentes et déterminées pour sortir
de l’état d’urgence climatique et
engager la transition vers un monde
vivable et solidaire ».
Prochaines mobilisations :
-
Le 21 avril, à
Paris, pour bloquer le Oil
International Summit
- Du 4 au
16 mai prochain, partout dans le
monde, pour les journées d’actions « Breakfree
- Libérons-nous des combustibles
fossiles »
- avec, notamment, des actions de
blocage d’une mine de charbon en
Allemagne, du 13 au 16 mai.
À l’automne, pour de nombreuses
actions de blocages
d’infrastructures liées aux
combustibles fissiles et une journée
de mobilisation contre l’EPR de
Flamanville.
Reçu de Maxime Combes
pour publication
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