Monde
L'Italie est entrain d'acquérir 90
chasseurs F-35
Manlio Dinucci
Photo:
D.R.
Jeudi 30 octobre 2014
Les chasseurs F-35 ne sont pas les seuls
à être stealth (furtifs),
c’est-à-dire capables de fuir dès le
repérage. Cette capacité a aussi été
acquise par le gouvernement Renzi. Il
s’est engagé en septembre dernier, sur
la base d’une motion Pd (Partito
democratico), à « réexaminer tout le
programme F-35 pour en clarifier
critiques et coûts dans l’objectif final
de diviser en deux son budget » de 13 à
6,5 milliards d’euros, chiffre avec
lequel -estime-t-on- on pourrait
acheter, en plus des 6 déjà acquis, une
vingtaine de F-35. En même temps la
ministre de la Défense Pinotti s’est
exhibée dans une série de manoeuvres de
diversion : en mars elle a déclaré que
sur les F-35 « on peut réduire, on peut
revoir », en juillet elle a juré que
devant les dysfonctionnements techniques
des F-35 « l‘Italie n’acquerra rien qui
ne soit plus que sûr pour les pilotes »,
et en octobre elle a annoncé
« l’engagement pour l’acquisition de
deux autres F-35 ».
La commande
pour le compte de l’Italie a été faite
par le Pentagone qui, le 27 octobre, a
conclu un accord avec Lockheed Martin
(principal contractant) pour l’achat de
43 autres F-35, dont 29 pour les USA, 4
pour respectivement la Grande-Bretagne
et le Japon, et deux pour respectivement
la Norvège, Israël et l’Italie. On ne
sait pas combien finira par coûter
chaque chasseur : l’accord indique que
« les détails sur le coût seront
communiqués une fois le contrat
stipulé ». L’Italie s’engage ainsi à
acheter d’autres F-35 sans en connaître
le prix. Une estimation maximale peut
être tirée du budget du Pentagone, qui
prévoit pour l’année fiscale 2015
(commencée le 1er octobre 2014) une
allocation de 4,6 milliards de dollars
pour l’achat de 26 F-35, c’est-à-dire
177 millions de dollars -équivalents à
140 millions d’euros- pour chaque
chasseur. Lockheed assure que, au fur et
à mesure que la production augmentera,
le coût unitaire du chasseur diminuera.
Mais se tait par contre sur le fait que,
comme il arrive pour tout système
d’arme, le F-35 subira des
modernisations continues qui feront
gonfler la dépense.
Lockheed
elle-même confirme officiellement,
tandis que nous écrivons, que « l’Italie
recevra 90 F-35, combinaisons de F-35A à
décollage et atterrissage conventionnels
et de F-35B à décollage court et
atterrissage vertical ». Ces derniers,
adaptés au porte-avions Cavour et aux
opérations d’assaut amphibie, sont
notablement plus coûteux. Etant donné
que le communiqué de Lockheed n’est pas
démenti par Rome, il est évident que le
gouvernement italien avance sur deux
plans : d’un côté en conservant sous le
manteau l’engagement auprès de
Washington d’acheter 90 F-35 à un prix
qui reste à quantifier, de l’autre en
s’engageant au parlement à diviser par
deux le budget final pour les F-35, en
misant sur le fait que l’achat viendra à
échéance dans plusieurs années et que
les promesses d’aujourd’hui peuvent
facilement être effacées demain, en
invoquant la nécessité de garantir la
« sécurité » du pays.
Lockheed
Martin encore souligne le fait
(largement ignoré dans le débat actuel
sur les F-35) que l’Italie est non
seulement acquéreur mais, avec plus de
vingt sociétés, productrice des
chasseurs, si bien que « dans chaque
F-35 produit il y a des parties et des
composants made in Italy ». La
participation de l’Italie
au programme F-35 est présentée
comme une grosse affaire, mais on ne dit
pas que, pendant que les milliards des
contrats pour le F-35 entrent dans les
caisses de sociétés privées, ceux pour
l’achat des chasseurs sortent des
caisses publiques. Et on ne dit pas non
plus combien finissent par coûter les
quelques emplois créés dans cette
industrie guerrière. Le site Faco di
Cameri, avec 20 usines et une superficie
d’un demi million de mètres carrés, qui
a coûté à l’Italie presque un milliard
d’euros, donne du travail à moins de
mille employés qui, selon Finmeccanica,
pourraient arriver à 2500 à plein
régime. Mais Lockheed est optimiste :
« Le site de Cameri peut fournir un
appui opérationnel significatif à la
flotte F-35 dans l’aire européenne,
méditerranéenne et moyen-orientale ».
En d’autres
termes, le développement de Cameri est
lié au développement des guerres
USA/Otan dans cette aire.
Edition de jeudi
30 octobre 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/i-tagli-litalia-sta-acquistando-90-caccia-f-35/
Traduit de l’italien
par Marie-Ange Patrizio
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