L'art de la guerre
La puissance de Rome sur les mers
Manlio Dinucci
Mardi 28 octobre 2014
Le porte-avion Garibaldi, remis à neuf
dans l’Arsenal de Tarente, restera en
service pendant au moins 7/8 autres
années. Les travaux de modernisation,
qui ont concerné la quasi totalité des
postes et des structures du navire, ont
coûté plus de 10 millions d’euros. Il
semble donc que soit renvoyée la vente
du navire à l’Angola, dont le
gouvernement, dans un pays où environ la
moitié de la population vit sous le
seuil de pauvreté, aspire à devenir le
premier en Afrique à posséder un
porte-avions. Le vrai business, dans la
vente du Garibaldi, consisterait dans
les contrats que l’acquéreur stipulerait
avec des entreprises italiennes pour
gérer ses systèmes sophistiqués.
Le Garibaldi, long de 180 mètres et avec un
équipage de 600 militaires, réalisé dans
les années 1980 comme
porte-hélicoptères, est devenu
porte-avions dix ans après avec
l’embarquement de chasseurs Harrier,
destinés à être remplacés par les futurs
F-35B du nouveau porte-avions Cavour. Le
Garibaldi -indique
la Marine
militaire- a joué un rôle fondamental,
comme navire amiral de la flotte, dans
toutes les principales « missions
internationales », de la Somalie à la Yougoslavie, de
l’Afghanistan au Liban, jusqu’à
l’ « Opération Unified Protector » en
Libye en 2011. Il a ainsi contribué à
« élever l’Italie à un rang et à un
prestige international qui auparavant
avaient été l’apanage exclusif de
quelques rares autres pays ».
Le
Garibaldi, aujourd’hui modernisé,
continue à être « un précieux instrument
stratégique de capacités opérationnelles
élevées, en mesure de se mobiliser avec
un préavis minimal ». Pour certaines
opérations il est préférable au Cavour,
le nouveau porte-avions avec un pont
d’envol de 220x34mètres et un grand
hangar pour accueillir aussi bien des
bombardiers que des véhicules d’assaut
terrestres.
Le Cavour,
dont le coût (futurs F-35 compris) se
monte à 3,5 milliards d’euros, coûte
200mille euros par jour en navigation et
100mille quand il est à quai. C’est pour
cela aussi que pour les bombardements en
Libye, en 2011, fut utilisé le Garibaldi
dont le coût journalier en navigation
est de 130mille euros, à quoi s’ajoute
celui des chasseurs embarqués qui
coûtent environ 10mille euros par heure
de vol. A la guerre contre
la Libye
participèrent aussi le lance-torpilles
Andrea Doria, le navire ravitailleur
Etna, les navires amphibies San Giusto,
San Giorgio et San Marco ; plus 2
submersibles, 3 frégates, 5 corvettes et
7 patrouilleurs. Certaines de ces unités
ont été ensuite utilisées dans
l’opération Mare Nostrum, que l’amiral
De Giorgi, s’adressant aux équipages, a
défini comme « une guerre que nous
sommes en train de mener contre la mort
en mer, contre les malheurs qui se sont
abattus sur les peuples et les gens que
vous sauvez ». Malheurs qu’on aurait en
grande partie évités si l’Italie n’avait
pas participé à la démolition de l’Etat
libyen par la guerre.
Pour
d’autres guerres on est en train
d’outiller
la Marine
militaire, qui « contribue à la défense
des intérêts vitaux du pays » dans la
« Méditerranée élargie » qui, dans le
cadre de la stratégie USA/Otan s’étend
de l’Atlantique à la Mer Noire et, au sud, jusqu’au Golfe persique et à
l’Océan Indien. La nouvelle flotte,
qu’on est en train de planifier grâce
aux 6 milliards d’euros garantis par
la Loi de stabilité et
à d’autres financements, aura comme
structure portante le porte-avions
Cavour, ainsi qu’un nouveau grand navire
d’assaut amphibie porte-hélicoptères qui
remplacera le Garibaldi, 10 frégates
lance-missiles Fremm réalisées avec les
fonds du Ministère du développement
économique (8 déjà financées), plus une
vingtaine de nouvelles unités réalisées
avec des financements ad hoc.
Même si
pour les travailleurs « le poste fixe
n’existe plus », comme l’a annoncé Renzi,
les préposés à la machine de guerre
peuvent être tranquilles. Leur avenir
est garanti par d’autres guerres.
Edition de mardi 28 octobre 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/la-potenza-di-roma-sui-mari/
Traduit de l’italien par
Marie-Ange Patrizio
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