L'art de la guerre
Bombes nucléaires pour l'Italie
Manlio Dinucci
Mardi 26 avril 2016
« Merci, président Obama. L’Italie
poursuivra avec une grande détermination
son engagement pour la sécurité
nucléaire » : c’est ce qu’écrit sur
twitter le premier ministre Renzi, après
avoir participé au sommet de Washington
sur ce thème en avril. « La
prolifération et l’utilisation
potentielle d’armes nucléaires- écrit le
président Obama dans la présentation du
sommet- constituent la plus grande
menace pour la sécurité mondiale. C’est
pour cela, il y a sept ans à Prague, que
j’ai pris l’engagement que les
Etats-Unis cessent de diffuser des armes
nucléaires ». Au moment justement où il
déclare cela, la Fédération des
scientifiques américains (Fas) fournit
d’autres informations sur les B61-12,
les nouvelles bombes nucléaires
étasuniennes en phase de développement,
destinées à remplacer les actuelles B61
installées par les USA en Italie,
Allemagne, Belgique, Hollande et
Turquie. Des tests sont en cours pour
doter la B61-12 de capacité anti-bunker,
c’est-à-dire celle de pénétrer dans le
sous-sol, en explosant en profondeur
pour détruire les centres de
commandement et autres structures
souterraines dans une first strike
nucléaire. Pour l’utilisation de ces
nouvelles bombes nucléaires à guidage de
précision et puissance variable,
l’Italie fournit non seulement les bases
d’Aviano (Frioul) et de Ghedi-Torre
(Brescia), mais aussi des pilotes qui
sont entraînés à l’attaque nucléaire
sous commandement USA. Comme le
démontre, écrit la Fas, la présence à
Ghedi du 704th Munitions
Support Squadron, une des quatre unités
de la US Air Force déployées dans les
quatre bases européennes « où les armes
nucléaires étasuniennes sont destinées
au lancement par des avions du pays
hôte ». Confirmé, toujours depuis les
USA, par le Bulletin of Atomics
Scientists (une des sources les plus
sûres sur les armes nucléaires) qui, le
2 mars 2016, écrit : « On a assigné aux
forces aériennes italiennes (avec des
avions Tornado PA-200) des missions
d’attaque nucléaire avec des armes
nucléaires étasuniennes, gardées sous
contrôle par du personnel de la US Air
Force jusqu’à ce que le président des
Etats-Unis n’en autorise
l’utilisation ». De cette façon
l’Italie, officiellement pays
non-nucléaire, se trouve transformée en
première ligne, et donc en cible
potentielle, dans la confrontation
nucléaire entre USA/Otan et Russie.
Confrontation qui deviendra encore plus
dangereuse avec le déploiement en Europe
des nouvelles bombes nucléaires
étasuniennes, qui abaissent le seuil
nucléaire : « Des armes nucléaires de ce
type plus précises -avertissent divers
experts interviewés par le New York
Times- augmentent la tentation de
les utiliser, et même de les utiliser
les premiers ».
Face au péril croissant qui nous menace, non redouté par la plus grande
majorité à cause du black-out
politico-médiatique, il ne suffit pas de
faire des appels génériques au
désarmement nucléaire, terrain facile de
démagogie. Pensons seulement que le
président Obama, après avoir lancé une
potentialisation nucléaire de 1000
milliards de dollars, déclare vouloir
« réaliser la vision d’un monde sans
armes nucléaires ».
Il faut dénoncer -comme le fait le comité No Guerra No Nato- le
fait que, en recevant et en se préparant
à utiliser des armes nucléaires,
l’Italie viole le Traité de
non-prolifération des armes nucléaires,
ratifié en 1975, qui stipule : « Chacun
des Etats militairement non
nucléaires s’engage à ne recevoir de
quiconque des armes nucléaires, ni le
contrôle sur de telles armes,
directement ou indirectement » (Article
2). L’unique façon concrète que nous
avons en Italie de contribuer à
désamorcer l’escalade nucléaire et à
réaliser l’élimination complète des
armes nucléaires, est celle d’exiger que
l’Italie cesse de violer le Traité de
non-prolifération et, sur la base de
celui-ci, impose aux Etats-Unis de
retirer toute arme nucléaire de notre
territoire national et de ne pas y
installer les nouvelles bombes B61-12.
Y a-t-il quelqu’un au Parlement qui soit disposé à le demander sans
parler à demi-mot ?
Edition de mardi 26 avril 2016 de il
manifesto
http://ilmanifesto.info/bombe-nucleari-per-litalia/
(à voir, au moins pour la photo
souvenir)
Traduit de l’italien par Marie-Ange
Patrizio
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