L'art de la guerre
Grandes manœuvres autour du
Venezuela
Manlio Dinucci
© Manlio
Dinucci
Mardi 22 août 2017
Les projecteurs
politico-médiatiques, focalisés sur ce
qui se passe à l’intérieur du Venezuela,
laissent dans l’ombre ce qui se passe
autour du Venezuela. Dans la géographie
du Pentagone, celui-ci entre dans l’aire
du U.S. Southern Command (Southcom), un
des six “commandements combattants
unifiés” entre lesquels les USA divisent
le monde.
Le Southcom, qui couvre 31 pays et 16 territoires de l’Amérique latine et
des Caraïbes, dispose de forces
terrestres, navales et aériennes et du
corps des marines, à quoi s’ajoutent des
forces spéciales et trois spécifiques
task force : la Joint Task Force Bravo,
basée dans la base aérienne de Soto Cano
au Honduras, qui organise des exercices
multilatéraux et autres opérations ; la
Joint Task Force Guantanamo, basée dans
la base navale homonyme à Cuba, qui
effectue des “opérations de détention et
interrogatoire dans le cadre de la
guerre au terrorisme” ; la Joint
Interagency Task Force South, basée à
Key West en Floride, avec la mission
officielle de coordonner les “opérations
anti-drogue” dans toute la région.
L’activité croissante du Southcorn
indique que ce qu’a déclaré le président
Trump le 11 août -“ Nous avons de
nombreuses options pour le Venezuela, y
compris une possible action militaire”-
n’est pas une simple menace verbale.
Une force spéciale des marines, dotée d’hélicoptères de guerre, a été
déployée en juin dernier au Honduras
pour des opérations régionales avec une
durée prévue de six mois. Dans le cadre
toujours du Southcorn s’est déroulé en
juin à Trinidad et Tobago l’exercice
Tradewinds, avec la participation de
forces de 20 pays des Amériques et des
Caraïbes. En juillet s’est déroulé au
Pérou l’exercice naval Unitas, avec la
participation de 18 pays, et, au
Paraguay, la compétition-exercice de
forces spéciales de 20 pays. Du 25
juillet au 4 août, des centaines
d’officiers de 20 pays ont pris part à
la Panamax, exercice officiellement
destiné à la “défense du canal de
Panama”. Du 31 juillet au 12 août s’est
déroulé à la Joint Base Lewis-McChord
(Washington) le Mobility Guardian, “le
plus grand et réaliste exercice de
mobilité aérienne” avec la participation
de 3000 hommes et 25 partenaires
internationaux, en particulier les
forces aériennes colombiennes et
brésiliennes qui se sont exercées dans
des missions diurnes et nocturnes avec
des forces étasuniennes, françaises et
britanniques. Le “scénario réaliste” est
celui d’une grande opération aérienne,
pour transporter rapidement des forces
et armements dans la zone
d’intervention. En d’autres termes, la
répétition de l’intervention militaire
au Venezuela menacée par Trump.
La base principale serait la Colombie voisine, reliée à l’Otan en
2013 par un accord de partenariat. “Du
personnel militaire colombien -
documente l’Otan- a pris part à de
nombreux cours à l’Académie de
Oberammergau (Allemagne) et au Nato
Defense College à Rome, en participant
aussi à de nombreuses conférences
militaires de haut niveau”.
Qu’un plan d’intervention militaire au Venezuela existe déjà est confirmé
par l’amiral Kurt Tidd, commandant du
Southcorn : dans une audition au sénat,
le 6 avril 2017, il déclarait que “la
crise humanitaire croissante au
Venezuela pourrait rendre nécessaire une
riposte régionale”. Pour réaliser la
menace de l’”option militaire” de Trump,
pourrait être adoptée, même dans un
contexte différent, la même stratégie
que celle mise en acte en Libye et Syrie
: infiltration de forces spéciales et de
mercenaires qui jettent de l’huile sur
les foyers intérieurs de tension, en
provoquant des affrontements armés ;
accusation contre le gouvernement de
massacrer son propre peuple et l’
“intervention humanitaire” qui en
résulte par une coalition armée conduite
par les USA.
Edition de mardi 22 août 2017 de
il manifesto
https://ilmanifesto.it/grandi-manovre-attorno-al-venezuela/
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