Afrique
Ebola, le Pentagone s’installe en
Afrique
Manlio Dinucci
Jeudi 18 septembre 2014
Washington
annonce
la naissance d’un centre de
commandement militaire au Libéria
Face à l’« épidémie
sans précédent d’Ebola, qui se répand de
façon exponentielle en Afrique
occidentale », le président Obama a
annoncé que « à la demande du
gouvernement libérien », les Etats-Unis
établiront « un centre de commandement
militaire au Liberia ». Il s’agit d’un
« quartier général de commandement de la
force conjointe » spécifie le
Commandement Africa des Etats-Unis (dont
l’ « aire de responsabilité » couvre
tout le continent, sauf l’Egypte). Le
quartier général, aux ordres du général
Darryl Williams (déjà sur le terrain au
Libéria) disposera d’au moins 3000
militaires étasuniens, d’un pont aérien
et d’un centre de tri au Sénégal. C’est
ce quartier général qui exercera la
fonction de « commandement et contrôle »
de l’opération internationale
anti-Ebola, qui prévoit l’envoi de
personnel médical et d’hôpitaux de
campagne. Selon Obama, c’est « un
exemple de ce qui se passe quand
l’Amérique prend le leadership pour
affronter les plus grands défis
mondiaux ». Qu’il a listés dans son
récent discours urbi et orbi,
affirmant que seule l’Amérique a « la
capacité et la volonté de mobiliser le
monde contre les terroristes de
l’Isis », de « battre le rappel mondial
contre l’agression russe », et de
«contenir et anéantir l’épidémie
d’Ebola ».
Même si la
possibilité qu’Ebola se diffuse aux
Etats-Unis est extrêmement basse, a
souligné Obama dans le discours qu’il a
prononcé au Centre de contrôle et de
prévention des maladies[1]
à Atlanta (Georgie), en Afrique
occidentale il a provoqué la mort de
« plus de 2400 hommes, femmes et
enfants ». Evénement certes tragique,
mais limité si on le rapporte au fait
que l’Afrique occidentale a une
population d’environ 350 millions
d’habitants et toute la région
sub-saharienne presque 950 millions. Si
l’on pense que chaque année meurent dans
la région à cause du sida plus d’un
million d’adultes et d’enfants ; que la
malaria provoque chaque année plus de
600 mille morts, en majorité chez les
enfants africains ; que dans l’Afrique
sub-saharienne et dans l’Asie
méridionale la diarrhée tue chaque année
environ 600 mille enfants (plus de 1600
par jour) de moins de cinq ans. Ces
maladies et quelques autres, toutes
« maladies de la pauvreté », qui
provoquent chaque année en Afrique
sub-saharienne des millions de morts
prématurées et de cas d’invalidité, sont
dues à la sous-alimentation et à la
malnutrition, au manque d’eau potable,
aux mauvaises conditions
hygiéniques-sanitaires dans lesquelles
vit la population pauvre, qui (selon les
données de
la Banque
mondiale elle-même) constitue 70% de la
population totale, dont 49% se trouve en
conditions de pauvreté extrême. La
campagne d’Obama contre l’Ebola semble
donc instrumentale.
L’Afrique
occidentale, où le Pentagone installe
son propre quartier général avec la
motivation officielle de lutter contre
l’Ebola, est très riche en matières
premières : pétrole au Nigéria et Bénin,
diamants en Sierra Leone et Côte
d’Ivoire, phosphates au Sénégal et Togo,
caoutchouc, or et diamants au Libéria,
or et diamants en Guinée et Ghana,
bauxite en Guinée. Les terres les plus
fertiles sont réservées aux monocultures
de cacao, ananas, arachides et coton,
destinées à l’exportation. La Côte d’Ivoire est le plus
grand producteur mondial de cacao. De
l’exploitation de ces grandes ressources
quasiment rien n’arrive à la population,
car les revenus sont partagés entre
multinationales et élites locales, qui
s’enrichissent aussi grâce à
l’exportation des bois précieux avec de
graves conséquences environnementales
dues à la déforestation.
Les
intérêts des multinationales
étasuniennes et européennes sont
cependant mis en danger par les
rebellions populaires (comme celle du
delta du Niger, provoquée par les
conséquences environnementales et
sociales de l’exploitation pétrolifère)
et par la concurrence de
la Chine, dont les
investissements sont pour les pays
africains beaucoup plus utiles et
avantageux. Pour conserver sa propre
influence dans le continent les Usa ont
constitué en 2007 le Commandement Africa
qui, derrière le paravent des opérations
humanitaires, recrute et forme dans les
pays africains des officiers et des
forces spéciales locales par
l’intermédiaire de centaines d’activités
militaires. Une base importante pour ces
opérations est celle de Sigonella
(Sicile), où a été déployée
la Task
force du Corps des marine qui,
dotée d’avions hybride Ospreys, envoie
en rotation des escadrons en Afrique,
notamment occidentale.
Là où
commence la campagne d’Obama « contre le
virus Ebola ».
Edition de jeudi
18 septembre 2014 de
il manifesto
http://ilmanifesto.info/ebola-il-pentagono-si-sistema-in-africa/
Traduit de l’italien
par Marie-Ange Patrizio
Selon
http://fr.wikipedia.org/wiki/Centres_pour_le_contr%C3%B4le_et_la_pr%C3%A9vention_des_maladies
« L'origine des CDC
(Centre pour le Contrôle et la Prévention des maladies) est d'abord militaire.
Aux
États-Unis, les institutions
militaires, pour la protection de l'US
Army ont joué un rôle important en
matière de
santé et surtout d’épidémiologie,
via d'abord le suivi et l’étude de la
santé des soldats, puis par l'étude
des épidémies en tant que pouvant être
utilisées par le
bioterrorisme ou comme
arme de destruction massive »
(Note -et italiques- de la
traductrice pour la version française).
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