France-Irak
Actualité
Drones tueurs : des « pilotes »
déprimés,
rongés par les remords…
Lucy Steigerwald
Dimanche 21 juin 2015
Par Lucy Steigerwald
(revue de presse : Extraits -
Antiwar.com – 19/6/15 –
Traduction et Synthèse: Xavière Jardez)*
Mardi dernier, le
New York Times a publié un
dernier aperçu de ce que vivent les
militaires qui pilotent des drones. Les
opérateurs de ces Véhicules Aériens
Sans Pilote souffriraient, au plus
haut degré, d’épuisement et de stress,
de sorte que l’armée de l’air US a été
obligée de réduire le nombre de leurs
« missions » qui était de 65
par semaine. L’autre raison est qu’elle
ne dispose pas de ces pilotes en nombre
suffisant. Il lui en faudrait 500 de
plus...
Bien que ces « pilotes »
mènent leur guerre dans des conditions
de sécurité exemplaires, qu’ils rentrent
dans leur famille tous les soirs, ils
sont sujets à des
Désordres post-traumatiques de stress
(DPTS) à des niveaux équivalents à
ceux des pilotes de combat. Ce stress
provient, pour partie, de ce que ces
1200 pilotes ne sont pas sur un site
d’opérations.
En effet, bizarrement, contrôler un
drone-espion ou servant à tuer à des
milliers de kilomètres, soutenir
efficacement des militaires en opération
au sol, ou plus vraisemblablement, se
demander si vous avez ciblé un présumé
terroriste ou des civils innocents, est
usant, même si vous êtes à l’abri dans
un bunker du Nevada. Voir votre épouse
et vos enfants quelques heures plus tard
attise l’aliénation inhérente à ce
travail. Vous êtes en service, mais à la
maison. Cela doit être déstabilisant.
De plus, il n’y a pas « assez »
de pilotes et donc ceux en poste sont
fatigués et vidés. Pourquoi ? En 2013,
dans le New York Times, un des
coauteurs d’un rapport de la Défense
expliquait que « les pilotes
d’appareils télécommandés fixent ce
morceau de paysage pendant des jours.
Ils voient le carnage. Les pilotes
classiques ne font pas cela. Ils sortent
de là dès que possible ». Depuis
que les avions de guerre, il y a une
centaine d’années, ont, du ciel, déversé
la mort, la pratique veut que vous
exécutez et vous rentrez chez vous
immédiatement. Les drones et les yeux
des opérateurs planent indéfiniment.
(…)
En avril, le site
knowdrones.com a mis sur
Internet des
séquences tv dans lesquelles il
demandait à ces opérateurs de
démissionner. Les activistes animant ce
site, dont d’anciens militaires, ont
également présenté cette demande dans
une lettre où ils déclarent que : «
les attaques de drones sont illégales et
les 6000 victimes de celles-ci « minent
les principes du droit international et
des droits de l’homme ».
L’optimisme n’est pas de mise : il
est quasiment impossible de renverser la
marche en avant des drones militaires.
Ce sont des outils bon marché, très bon
marché, permettant de maintenir une
présence constante dans des pays avec
qui les Etats-Unis ne sont même pas en
guerre. Peut- être qu’un jour, le retour
du bâton viendra quand un terroriste
utilisera un drone, mais, même à ce
moment-là, les Etats-Unis seront
incapables de reconsidérer l’utilisation
de leurs nouveaux jouets. A moins qu’il
n’y ait plus personne pour les faire
voler… et tuer.
C'est un crime. Et c’est peut-être la
raison pour laquelle les « droneurs
» sont si déprimés. On peut espérer
qu’ils savent ce qu’ils font et que cela
a une répercussion sur leur psyché. Le
danger est inhérent au DPTS mais, les
« droneurs » sont peut-être
préoccupés par leurs coreligionnaires
soldats et par le soutien qu’ils doivent
nécessairement leur apporter… Les images
vivaces de l’ombre rose (sur leur
écran – ndlr) de ce qui était un
être humain - peut-être un anonyme,
traqué depuis un signal téléphonique ou
un comportement suspect analysé comme un
groupe terroriste ou un mariage en
marche - semblent suffisantes pour
détruire celui, qui à des kilomètres de
là, appui sur le bouton de tir.
S’il est triste de voir tant
d’individus souffrir de troubles
mentaux, cela est réconfortant pour
l’humanité de constater que la guerre
fait mal. Ni la « vertu » de la
2ème guerre mondiale, ni la sécurité de
la guerre des drones, aujourd’hui,
n’empêcheront un soldat de ressentir
quelque chose quand il prend une vie.
*Lucy Steigerwald collabore
aux sites
Antiwar.com et
VICE.com. On peut la suivre
sur
son blog.
Photo: Drone US
Version originale:
Drone Pilots Are Exhausted and Suffering
From PTSD
Pour info:
RT special report: US drone strike rips
Yemeni community apart (19/11/13)
© G. Munier/X.
Jardez
Publié le 23 juin 2015 avec
l'aimable autorisation de Gilles Munier
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