Al Manar
A quoi servent les attaques
chimiques en Syrie ?
Leila Mazboudi

Lundi 9 avril 2018
Depuis le lancement
de la bataille de libération de la
Ghouta orientale, le scénario de
l’attaque chimique présumée était prévu.
De nombreuses fois, des responsables
russes en ont mis en garde. Les
autorités syriennes aussi, y percevant
des tentatives de les empêcher de
continuer leur travail. En libérant au
fur et à mesure la Ghouta, l’armée
syrienne a découvert des dépôts dans
lesquels étaient stockées des agents
chimiques dont certains étaient de
provenance allemande. Plusieurs scénarios
de mises en scène chimiques étaient
plausibles. Celui que les miliciens le
commettent eux-mêmes contre certains
d’entre eux. Ou qu’ils le commettent
contre les personnes enlevées qu’ils
séquestraient. Ou qu’ils jouent tout
simplement la mise en scène.
Les habitants qui
ont été évacués de la Ghouta ont eux
aussi assuré que ce sont les miliciens
qui préparaient ces mises en scène. Ils
ordonnaient aux gens de rester chez eux
lorsqu’ils décidaient de le faire.
Un autre scénario
était aussi possible : celui que l’armée
syrienne bombarde le dépôt dans lequel
les agents chimiques sont stockés, comme
cela est arrivé à Khan Cheïkhoune dans
la province d’Idleb en 2017.
Dans les médias
occidentaux, on ne peut plus s’étonner
de leur empressement à diffuser à
profusion les dépêches qui accusent les
forces gouvernementales de gazer la
population syrienne. Ils font certes
partie de la guerre menée par les
monarchies wahhabites du Golfe et leurs
alliés des puissances occidentales
contre la Syrie : l’un des piliers de
l’Axe de la résistance.
Aucun sens
critique, qui avait pourtant fait la
réputation de la « Raison occidentale
cartésienne » ne transpire de la
couverture de ces médias. La Syrie n’est
pas un cas à part. Dans leurs conquêtes
expansionnistes, les puissances
occidentales s’alignent aux normes
sournoises de la propagande, au mépris
des règles du professionnalisme
journalistique.
Le cas syrien est exemplaire pour
étudier les différentes aspects qu’elles
ont mises au point, à l’ère du
numérique.

Dans la guerre en
Syrie, force est de constater que les
scénarios chimiques ont été
essentiellement suggérés dans les cas
suivants.
Lorsque l’équipe de
l’Onu venait d’arriver en Syrie pour
enquêter sur des accusations d’attaques
chimiques dans le nord syrien, notamment
dans la province d’Alep. C’était en
2013. Damas accusait les groupes
terroristes et vice-versa. Le lendemain,
il y a eu une attaque à Douma, dans la
Ghouta orientale. Sans tarder, elle a
été attribuée aux forces régulières. Les
médias occidentaux l’ont relayé sans
broncher. Par la suite, ils auront du
mal à relayer les résultats d’une
enquête onusienne qui suppose l’origine
de tirs des zones occupées par les
rebelles.
La deuxième attaque
qui a fait parler d’elle est de celle de
Khan Cheïkhoune dans la province d’Idleb.
L’armée ne s’est pas caché d’avoir
bombardé un dépôt d’armements. Rien
n’explique pourquoi elle a besoin de
recourir à un armement chimique dans un
cas pareil. En tout cas, il a été le
prétexte pour une attaque américain via
des missiles mer-sol Tomahawks contre
une base aérienne dans la province de
Homs, qui servait de base de lancement
des raids aériens contre Daech lors de
la bataille pour la libération de Tadmor-Palmyre
et ses suites.
Maintenant dans la
Ghouta, au moment où l’accord est
conclu, voilà qu’une nouvelle mise en
scène est postée sur la Toile. Elle est
d’autant plus douteuse que sa source
n’est autre que les Casques Blancs, une
équipe de soi-disant défense civile,
financée par les Occidentaux et qui
s’était fait remarquer par les mises en
scènes fallacieuses.Jamais les médias
occidentaux n’y font allusion.
Dans ces trois cas
primordiaux, la spécificité militaire
des armes chimiques n’est d’aucune
utilité pour l’armée syrienne. On l’a vu
lorsque l’ex-président irakien Saddam
Hussein a gazé les kurdes à Halabja,
lors de la guerre irako-iranienne. Se
trouvant dans une position difficile
dans cette région, il a voulu la vider
et punir une population qui lui était
farouchement hostile.
Le président syrien
n’est certes pas dans cette
perspective-là. L’évacuation des civils
des zones rebelles se font sans
embûches. Quant aux miliciens rebelles,
ils sont soit escortés en toute sécurité
jusque dans le nord syrien, soit ils se
rendent et jouissent de l’amnistie
présidentielle.
Le temps est révolu
où les Syriens se faisaient avoir par
ces magouilles médiatiques. En revanche,
elles semblent surtout être adressées à
l’opinion publique occidentale et arabe
des monarchies du Golfe.
Elles permettent
devant elle de justifier des attaques,
qui ne changent désormais plus
l’équilibre des forces et aussi de
ternir l’image de l’armée syrienne et
d’entacher l’exploit militaire réalisé.
Les Occidentaux avaient omis de le faire
pour la libération d’Alep. Ils le font
maintenant de trop. L’affaire Skripal en
est aussi un spécimen.
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