Russie politics
Fillon / Macron: la presse a
l'indignation sélective
Karine Bechet-Golovko
Jeudi 2 février 2017
Ces derniers temps, pas une journée ne
passe sans une "nouvelle" soi-disant
révélation sur l'activité de F. Fillon
ou de sa femme ... il y a 15 ans. Je ne
reviendrai pas sur les faits qui doivent
être établis par la justice, le schéma
particulièrement sélectif de réaction
m'intéresse beaucoup plus. Car aucune
question sérieuse n'est posée à E.
Macron, qui profite largement de la
situation. Etrange indignation choisie
de la presse, étrange complaisance aussi
qui permet de constituer l'opinion
publique dans le sens voulu à quelques
mois de l'échéance présidentielle.
Il est possible que
F. Fillon ait profité du système des
assistants parlementaires pour faire
rémunérer sa femme et ses enfants
quelques temps, ce système est
condamnable et inadmissible. Il faut le
réformer. Les faits remontent à une
quizaine d'année et sortent ...
maintenant. Etrange quand même.
Surtout que, du
coup, l'on apprend que le grand favori
devient E. Macron, candidat sans parti,
sans programme, sans transparence dans
le financement. Depuis le scandale,
alors que Fillon était donné grand
gagnant, il serait éliminé au premier
tour ce qui nous amènerait à une
formule Macron / le Pen permettant
la victoire de Macron à 65%.
Fillon est
extrèmement critiqué, car il se veut
honnête. Et, ça, on ne lui pardonne pas,
on ne lui pardonne rien. Macron n'a
jamais invoqué cette qualité, ce qui lui
permet manifestement de faire passer
beaucoup de couleuvres avec la
complicité de la presse.
Par exemple, le
fait qu'il ait sous-estimé son
patrimoine de 200 000 euros pour ne pas
payer
l'ISF a été dévoilé, mais sans
suite. Il devra payer ses impôts et tout
s'arrête là: il n'a pas pu faire exprès,
voyons. Donc il n'a pas fraudé le fisc,
du tout.
Le fait qu'il ait
utilisé pour ses besoins personnels la
quasi totalité de l'enveloppe
ministérielle lors de son bref -
mais lucratif - passage à Bercy pour ses
dîners permettant le lancement de son
mouvement politique n'a eu aucune suite:
"Il y a des choses
importantes qu'on a apprises hier
(lundi), notamment au niveau des frais
de bouche, puisque 120.000 euros des
crédits du ministre à Bercy (ont été
utilisés) pour des agapes En marche!,
pour réunir tel ou tel, pour préparer sa
campagne présidentielle", a lancé
Philippe Vigier. (...) Selon cette
enquête, "Emmanuel Macron a utilisé à
lui seul 80% de l'enveloppe annuelle des
frais de représentation accordée à son
ministère par le Budget".
Et malgré cela, les
journalistes continuent à lui laisser
dire qu'il ne fonctionne pas sur
l'argent du contribuable. Même s'il
refuse de donner la liste de ses
donateurs sous prétexte qu'il ne s'agit
que de petites contributions, pour
l'essentiel."L'essentiel", et le reste?
Sans compter tous ses déplacements à
l'étranger "pour se donner une stature
internationale". A quels frais? Et
a-t-il reçu des financements étrangers?
Pourquoi les journalistes n'enquêtent
pas plus avant sur cette voie?
Et avec tout cela,
il se veut candidat "hors système".
C'est-à-dire le candidat qui fonctionne
contre les institutions de la Ve
République, de l'Etat, mais le candidat
de l'UE, du marché ouvert à tous vents,
du Migrants Welcome qui coûtent
moins cher à employer. Un candidat qui
se veut Président sans même avoir encore
présenté de
programme. Un candidat qui prétend
gouverner sans parti, donc sans le
Parlement?
Et avec cela, il
réussit à obtenir des intentions de
vote. A ceux qui veulent voter pour lui,
j'aimerais demander combien de fois dans
leur vie ils ont signé un chèque en
blanc à un inconnu dans la rue?
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