Russie politics
Etats Unis: le Russiangate n'a pas eu
lieu
Karine Bechet-Golovko
Mercredi 1er novembre 2017
Depuis la défaite de H. Clinton aux
présidentielles américaines, qui a
entraîné dans sa chute tout le parti
Démocrate, la recherche d'un responsable
était inévitable. Ce responsable devait
tout aussi inévitablement être extérieur
aux Démocrates. Après une brève
réflexion, V. Poutine fut le meilleur
candidat: la Russie et son Président en
personne ont fait élire Trump, qui est
en quelque sorte un agent russe. Mais
l'enquête acharnée tourne court et les
mises en accusation réalisées par le
Procureur spécial Mueller n'ont rien à
voir ni avec la campagne de Trump, ni
avec la Russie. De basses histoires de
corruptions et de détournements de
fonds.
CNN, faisant jouer le suspens, avait
annoncé il y a quelques jours que le
Procureur spécial pour l'enquête russe
Robert Mueller était - enfin - sur le
point d'inculper de hauts responsables
de la campagne de D. Trump. Pour
l'instant, les preuves étaient tenues
secrètes, tout comme le nom des
personnes visées. La presse française,
toujours prompte à diffuser les
bonnes nouvelles, dans toute la
pluralité de sa voix unique, annonce
enfin le dénouement de "l'affaire
russe": ça y est il y a collusion.
Mais l'on sent le
malaise poindre dans l'espace entre les
titres et les contenus: car cette
ingérence russe tant annoncée, tant
attendue, tant espèrée ... n'est pas
prouvée. C'est toute la distance
entre le droit et la politique. Les
services peuvent jeter en pâture des
"rapports indépendants", commandés par
les Démocrates (voir notre
texte ici), un procureur lui doit
chercher des preuves juridiques. Et il
n'en a pas trouvé.
Les accusations
portées contre Manafort et
Gates sont même du plus ridicule, au
regard de la collusion avec la Russie.
Le New York Times a publié l'intégralité
de l'acte d'accusation,
disponible ici, l'on y parle
principalement de détournements de
fonds, de fraude à l'impôt. Comme le
souligne Le
Point, il y a même la piste
ukrainienne:
Paul Manafort
aurait reçu des paiements en provenance
d'Europe de l'Est (...). Le FBI avait
perquisitionné fin juillet une de ses
résidences et avait saisi des documents.
Il serait notamment ciblé pour des
activités non déclarées de lobbyiste et
consultant, notamment auprès de l'ancien
président ukrainien pro-russe Viktor
Ianoukovytch.
Ainsi, les seules
accusations liées à l'Est concerne le
lobbying des intérêts ukrainiens avant
le Maidan et avant la présidence Trump.
A moins de ne considérer l'Ukraine
comme faisant partie de la Russie, la
collusion entre Trump et la Russie n'est
pas juridiquement démontrée.
Un autre figurant,
George Papadopoulos, qui a
largement "collaboré" avec les
enquêteurs, serait ce maillon faible de
la campagne de Trump. Il aurait été en
contact, selon ses dires, avec le
ministère des affaires étrangères russes
et avec l'ambassade de Russie à Londres,
pour organiser des contacts avec
l'équipe de Trump en cas de victoire de
celui-ci aux élections. Même si tel
avait été le cas, il semble on ne peut
plus normal que différents pays et leurs
dirigeants établissent des contacts,
cela fait des siècles que les relations
internationales fonctionnent de cette
manière. Or, G. Papadopoulos n'a pas
été, évidemment, interpellé pour cela,
mais pour avoir menti au FBI sur son
statut et avoir ainsi perturbé
l'enquête. Non pas membre du staff de
campagne, il était un volontaire qui
n'était pas financé, et dont le rôle
était minime.
Par la
presse russe, l'on apprend que selon
les documents du FBI, ses contacts avec
le pouvoir russe n'étaient pas direct,
mais qu'il était entré en contact avec
un de ses amis à Londres, professeur,
qui avait des liens avec l'ambassade de
Russie à Londres, afin d'organiser une
rencontre, qui finalement n'a pas eu
lieu. Il aurait été présenté à une nièce
de V. Poutine, dont l'existence n'a pas
été confirmée.
Comme le précise
cet article de la
presse française:
La porte-parole de
la Maison-Blanche a par ailleurs dit
s'attendre à ce que le procureur spécial
boucle rapidement son enquête,
sans
préciser sur quoi elle fondait cette
conviction.
Peut-être parce
que le dossier est vide? Ce qui
n'empêche pas l'hystérie, dernier
rempart pour masquer l'imposture.
Finalement, cela
ressemble beaucoup à un Americangate.
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