LE CRI DES PEUPLES
L’Accord du Siècle est la conséquence
logique
de décennies d’hypocrisie de
l’ONU et de l’UE
Jonathan Cook
Vendredi 21 février 2020 Par Jonathan
Cook*, le 18 février 2020
Les efforts
des Nations Unies pour protéger les
terres palestiniennes de l’exploitation
économique ont échoué, et mettent en
évidence l’hypocrisie des États
occidentaux.
Source :
https://www.jonathan-cook.net/2020-02-18/un-business-illegal-israel-settlements/
Traduction :
lecridespeuples.fr
Après de longs
retards, l’ONU a finalement publié la
semaine dernière une liste des
entreprises qui tirent profit des
activités illégales de colonisation
d’Israël en Cisjordanie. La
Haut-Commissaire des Nations Unies aux
droits de l’homme, Michelle Bachelet, a
annoncé que 112 grandes entreprises
avaient été identifiées comme opérant
dans les colonies israéliennes d’une
manière qui viole les droits de l’homme.
Outre les grandes
entreprises israéliennes (banques,
services de transport, cafés,
supermarchés, entreprises de l’énergie,
du bâtiment et des télécommunications),
les entreprises internationales de
premier plan Airbnb, booking.com,
Motorola, Trip Advisor, JCB, Expedia et
General Mills sont désignées [voir la
liste complète ci-dessous].
Human Rights
Watch, un organisme de vigilance
mondial pour le respect des droits de
l’homme, a noté en réponse à la
publication de la liste que les colonies
violaient la quatrième Convention de
Genève. L’organisme a fait valoir que
les activités des entreprises signifient
qu’elles ont aidé « à commettre des
crimes de guerre ».
La présence des
entreprises dans les colonies a
contribué à brouiller la distinction
entre Israël et les territoires
palestiniens occupés. À son tour, cela a
normalisé l’érosion du droit
international et renversé un consensus
international de longue date sur la
création d’un État palestinien viable
aux côtés d’Israël.
Les travaux de
compilation de la base de données ont
commencé il y a quatre ans. Mais Israël
et les États-Unis ont exercé de fortes
pressions sur l’ONU dans l’espoir
d’empêcher la liste de voir le jour.
L’affirmation
tardive de l’organisme onusien ressemble
étrangement à une réprimande à
l’administration Trump pour avoir rendu
public ce mois-ci son plan de « paix »
au Moyen-Orient. Celui-ci donne le feu
vert à l’annexion par Israël des
colonies et des zones les plus fertiles
et les plus riches en eau de
Cisjordanie.
En réponse à la
publication de la liste, le Premier
ministre israélien Benjamin Netanyahou a
menacé d’intensifier l’ingérence de son
pays dans la politique américaine. Il a
noté que ses responsables avaient déjà «
promu des lois dans la plupart des États
américains, qui déterminent qu’une
action ferme doit être prise contre
quiconque essaie de boycotter Israël ».
Il était soutenu
par tous les principaux partis juifs
d’Israël. Amir Peretz, chef du parti
travailliste de centre-gauche, a promis
de « travailler dans tous les forums
pour abroger cette décision ». Et Yair
Lapid, un dirigeant de Bleu et Blanc, le
principal rival de Netanyahou, a
qualifié Bachelet de « Commissaire aux
droits des terroristes ».
Pendant ce temps,
Mike Pompeo, le Secrétaire d’État
américain, a accusé l’ONU de « parti
pris anti-israélien implacable » et de
soutien au mouvement international de
Boycott, Désinvestissement et Sanctions
(BDS).
En fait, l’ONU ne
prend aucune mesure significative contre
les 112 entreprises et n’encourage pas à
le faire. La liste est conçue comme un
outil de stigmatisation, soulignant que
ces entreprises ont toléré, par le biais
de leurs activités commerciales, le vol
de terres et de ressources aux
Palestiniens par Israël.
L’ONU a même adopté
une vision extrêmement étroite de ce qui
constitue une implication dans les
colonies. Par exemple, l’ONU a exclu des
organisations comme la FIFA,
l’association internationale de
football, dont la filiale israélienne
comprend six équipes des colonies.
Cette semaine, il
est également apparu qu’Amazon aidait
les colonies, bien que cette entreprise
ne figure pas sur la liste. Le géant de
la vente en ligne livre gratuitement aux
adresses dans les colonies de
Cisjordanie, tout en imposant des frais
d’expédition élevés aux Palestiniens
vivant à proximité (à moins qu’ils ne
s’identifient comme vivant en Israël).
L’une des
entreprises identifiées, Airbnb, a
annoncé fin 2018 qu’elle retirerait de
son site Web de réservation de logements
toutes les propriétés situées dans les
colonies, sans doute pour éviter d’être
stigmatisée publiquement.
Mais peu de temps
après, Airbnb a fait marche arrière. Il
est difficile d’imaginer que la décision
a été prise pour des raisons strictement
commerciales : l’entreprise ne recense
que 200 propriétés à louer sur son site.
Une conclusion plus
réaliste est qu’Airbnb craignait le
contrecoup de Washington, et a été
intimidé par un déluge d’accusations de
groupes pro-israéliens selon lesquels sa
nouvelle politique était antisémite.
En fait, le moment
choisi par l’ONU ne pourrait pas être
plus tragique. La liste ressemble plus
au dernier soupir de ceux qui, par leur
négligence pendant près de trois
décennies, ont permis à la solution à
deux États de se flétrir.
Le soi-disant plan
de paix de Trump n’a pu se permettre
d’être aussi unilatéral que parce que
les puissances occidentales avaient déjà
permis à Israël d’annuler tout espoir
d’un État palestinien à travers des
décennies d’expansion ininterrompue des
colonies. Aujourd’hui, près de 700 000
Juifs israéliens vivent sur les
territoires palestiniens occupés. Le
gouvernement israélien ne cesse
d’annoncer des plans de construction de
nouveaux logements dans les territoires
occupés.
Lundi, les
ministres des Affaires étrangères de
l’Union européenne se sont réunis pour
répondre au plan, mais comme prévu, ils
ont accepté de reporter toute décision
jusqu’après les élections israéliennes
du 2 mars. Une opposition tiède est
probablement la meilleure à laquelle on
puisse s’attendre.
Les actions de
plusieurs États européens continuent de
parler beaucoup plus fort que n’importe
quels mots.
Vendredi dernier,
l’Allemagne s’est jointe à la République
Tchèque en déposant une requête auprès
de la Cour pénale internationale de La
Haye en soutien à Israël, au moment où
la Cour délibère sur l’opportunité de
poursuivre les responsables israéliens
pour crimes de guerre, y compris pour
l’établissement de colonies.
L’Allemagne ne
semble pas nier que les colonies sont
des crimes de guerre. Mais elle espère
bloquer le dossier pour des raisons
techniques douteuses, à savoir que
malgré le fait que la Palestine ait
signé le Statut de Rome, qui a créé le
tribunal de La Haye, ce n’est pas encore
un État à part entière.
Jusqu’à présent,
l’Autriche, la Hongrie, l’Australie et
le Brésil semblent leur emboîter le pas.
Mais si la
Palestine n’a pas les attributs propres
à un État, c’est parce que les
États-Unis et l’Europe, y compris
l’Allemagne, ont constamment rompu leurs
promesses faites aux Palestiniens.
Ils ont non
seulement refusé d’intervenir pour
sauver la solution à deux États, mais
ont récompensé Israël avec des accords
commerciaux et des incitations
diplomatiques et financières, même si
Israël a érodé l’intégrité
institutionnelle et territoriale
nécessaire à l’autonomie palestinienne.
La position de
l’Allemagne, comme celle du reste de
l’Europe, est hypocrite. L’UE a
revendiqué l’opposition à l’expansion
sans fin des colonies israéliennes, et
maintenant au plan de Trump, mais ses
actions ont ouvert la voie à l’annexion
de la Cisjordanie que le plan tolère et
légitime.
En novembre
dernier, la Cour de justice des
Communautés européennes a finalement
décidé que les produits fabriqués dans
les colonies de Cisjordanie, utilisant
des ressources palestiniennes saisies
illégalement sur des terres
palestiniennes saisies illégalement, ne
devaient pas être étiquetés de manière
trompeuse comme « fabriqués en Israël ».
Et pourtant, les
pays européens continuent à reporter la
mise en œuvre de la décision. Au lieu de
cela, certains d’entre eux légifèrent
contre le droit de leurs citoyens à
exprimer leur soutien au boycott des
colonies.
De même, l’Europe
et l’Amérique du Nord continuent
d’accorder au Fonds national juif (FNJ),
une entité qui finance la construction
de colonies, le « statut d’organisme de
bienfaisance », lui accordant des
allégements fiscaux lorsqu’il lève des
fonds dans leurs territoires.
Les médias
israéliens regorgent d’histoires sur la
manière dont le FNJ aide activement les
groupes de colons extrémistes à expulser
des Palestiniens de leurs maisons à
Jérusalem-Est. Mais la Grande-Bretagne
et d’autres pays bloquent les efforts
juridiques pour contester le statut
spécial du JNF.
Bientôt,
semble-t-il, l’Europe n’aura plus à se
soucier que son hypocrisie soit si
visible. Une fois les colonies annexées,
comme le souhaite l’administration
Trump, l’UE pourra mettre de côté ses
jérémiades inefficaces et traiter les
colonies comme irrévocablement
israéliennes, tout comme elle l’a fait
dans la pratique avec les « quartiers »
israéliens de Jérusalem-Est occupée.
Ensuite, la liste
de stigmatisation de l’ONU pourra
rejoindre les décennies de résolutions
condamnatoires qui ont accumulé de la
poussière dans le silence.
Liste des 112
entreprises œuvrant dans les colonies
illégales répertoriées comme l’ONU (les
françaises sont indiquées en rouge, les
américano-britanniques en vert et les
autres nationalités non-israéliennes en
bleu)
Middle East Eye note que « de
nombreuses entreprises et banques
impliquées, directement ou
indirectement, dans des activités
commerciales dans ou avec les colonies,
ne sont pas encore incluses dans la base
de données », souligne le BDS.« G4S, les
compagnies Hewlett Packard, Elbit
Systems, Caterpillar, Hyundai Heavy
Industries, Volvo, Heidelberg Cement et
Cemex font partie des nombreuses autres
compagnies de premier plan qui sont
irréfutablement impliquées dans
l’entreprise de colonisation illégale
d’Israël, comme cela a été
méticuleusement documenté par des
groupes de défense des droits humains,
le groupe de recherche israélien
WhoProfits et le projet américain de
l’American Friends Service Committee
[quaker] Investigate. »
Entreprises
impliquées dans les activités listées
1 – Afikim Public Transportation Ltd.
Israel
2 – Airbnb Inc. United States
3 – American Israeli Gas Corporation
Ltd. Israel
4 – Amir Marketing and Investments in
Agriculture Ltd. Israel
5 – Amos Hadar Properties and
Investments Ltd. Israel
6 – Angel Bakeries Israel
7 – Archivists Ltd. Israel
8 – Ariel Properties Group Israel
9 – Ashtrom Industries Ltd. Israel
10 – Ashtrom Properties Ltd. Israel
11 – Avgol Industries 1953 Ltd. Israel
12 – Bank Hapoalim B.M. Israel
13 – Bank Leumi Le-Israel B.M. Israel
14 – Bank of Jerusalem Ltd. Israel
15 – Beit Haarchiv Ltd. Israel
16 – Bezeq, the Israel Telecommunication
Corp Israel
17 – Booking.com B.V. Netherlands
18 – C Mer Industries Ltd. Israel
19 – Café Café Israel Ltd. Israel
20 – Caliber 3 Israel
21 – Cellcom Israel Ltd. Israel
22 – Cherriessa Ltd. Israel
23 – Chish Nofei Israel Ltd. Israel
24 – Citadis Israel Ltd. Israel
25 – Comasco Ltd. Israel
26 – Darban Investments Ltd. Israel
27 – Delek Group Ltd. Israel
28 – Delta Israel Israel
29 – Dor Alon Energy in Israel 1988 Ltd.
Israel
30 – Egis Rail France
31 – Egged, Israel Transportation
Cooperative Society Ltd. Israel
32 – Energix Renewable Energies Ltd.
Israel
33 – EPR Systems Ltd. Israel
34 – Extal Ltd. Israel
35 – Expedia Group Inc. United States
36 – Field Produce Ltd. Israel
37 – Field Produce Marketing Ltd. Israel
38 – First International Bank of Israel
Ltd. Israel
39 – Galshan Shvakim Ltd. Israel
40 – General Mills Israel Ltd. Israel
41 – Hadiklaim Israel Date Growers
Cooperative Ltd. Israel
42 – Hot Mobile Ltd. Israel
43 – Hot Telecommunications Systems Ltd.
Israel
44 – Industrial Buildings Corporation
Ltd. Israel
45 – Israel Discount Bank Ltd. Israel
46 – Israel Railways Corporation Ltd.
Israel
47 – Italek Ltd. Israel
48 – JC Bamford Excavators Ltd.
United Kingdom
49 – Jerusalem Economy Ltd. Israel
50 – Kavim Public Transportation Ltd.
Israel
51 – Lipski Installation and Sanitation
Ltd. Israel
52 – Matrix IT Ltd. Israel
53 – Mayer Davidov Garages Ltd. Israel
54 – Mekorot Water Company Ltd. Israel
55 – Mercantile Discount Bank Ltd.
Israel
56 – Merkavim Transportation
Technologies Ltd. Israel
57 – Mizrahi Tefahot Bank Ltd. Israel
58 – Modi’in Ezrachi Group Ltd. Israel
59 – Mordechai Aviv Taasiot Beniyah 1973
Ltd. Israel
60 – Motorola Solutions Israel Ltd.
Israel
61 – Municipal Bank Ltd. Israel
62 – Naaman Group Ltd. Israel
63 – Nof Yam Security Ltd. Israel
64 – Ofertex Industries 1997 Ltd. Israel
65 – Opodo Ltd. United Kingdom
66 – Bank Otsar Ha-Hayal Ltd. Israel
67 – Partner Communications Company Ltd.
Israel
68 – Paz Oil Company Ltd. Israel
69 – P legas Ltd. Israel
70 – Pelephone Communications Ltd.
Israel
71 – Proffimat S.R. Ltd. Israel
72 – Rami Levy Chain Stores Hashikma
Marketing 2006 Ltd. Israel
73 – Rami Levy Hashikma Marketing
Communication Ltd. Israel
74 – Re/Max Israel Israel
75 – Shalgal Food Ltd. Israel
76 – Shapir Engineering and Industry
Ltd. Israel
77 – Shufersal Ltd. Israel
78 – Sonol Israel Ltd. Israel
79 – Superbus Ltd. Israel
80 – Supergum Industries 1969 Ltd.
Israel
81 – Tahal Group International B.V.
Netherlands
82 – TripAdvisor Inc. United States
83 – Twitoplast Ltd. Israel
84 – Unikowsky Maoz Ltd. Israel
85 – YES Israel
86 – Zakai Agricultural Know-how and
inputs Ltd. Israel
87 – ZF Development and Construction
Israel
88 – ZMH Hammermand Ltd. Israel
89 – Zorganika Ltd. Israel
90 – Zriha Hlavin Industries Ltd. Israel
Entreprises
impliquées en tant que sociétés mères
91 – Alon Blue Square Israel
Ltd.Israel
92 - Alstom S.A. France
93 – Altice Europe N.V. Netherlands
94 – Amnon Mesilot Ltd. Israel
95 – Ashtrom Group Ltd. Israel
96 – Booking Holdings Inc. United
States
97 – Brand Industries Ltd. Israel
98 – Delta Galil Industries Ltd. Israel
99 – eDreams ODIGEO S.A. Luxembourg
100 – Egis S.A. France
101 – Electra Ltd. Israel
102 – Export Investment Company Ltd.
Israel
103 – General Mills Inc. United
States
104 – Hadar Group Israel
105 – Hamat Group Ltd. Israel
106 – Indorama Ventures P.C.L.
Thailand
107 – Kardan N.V. Netherlands
108 – Mayer’s Cars and Trucks Co. Ltd.
Israel
109 – Motorola Solutions Inc. United
States
110 – Natoon Group Israel
111 – Villar International Ltd. Israel
Entreprises
impliquées en tant que concédants de
licence ou franchiseurs
112 Greenkote P.L.C. United Kingdom
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