RussEurope
L’armée russe en transition
Jacques Sapir
Photo:
D.R.
Lundi 24 novembre 2014
Héritière de l’armée soviétique, l’armée
Russe a été, à ses débuts, largement
surdimensionnée. De cet héritage, elle a
tenté de se dégager progressivement par
une réduction de son format (processus
accéléré par la crise économique des
années 1990), par une
professionnalisation croissante mais
aussi par une modernisation. Cette
modernisation passait par un
démantèlement du secteur spécifiquement
militaire de l’industrie et la
reconstruction de relations différentes
entre le secteur « militaire » et le
secteur « civil » , mais aussi la
consolidation du secteur militaire dans
un nombre réduits d’entreprises . Les
conflits dans lesquels elle fut engagée,
que ce soit à l’intérieur de la Russie,
comme en Tchétchénie, ou à l’extérieur
(comme en Ossétie du Sud et en Abkhazie)
permettent de lire le processus, long et
douloureux, de cette marche vers une
armée professionnalisée et modernisée.
Mais, il est incontestable que ce
processus à porté ses fruit. A cet
égard, il est important de revenir aussi
sur les opérations de l’été 2008 contre
la Géorgie. Ces opérations permettent de
comprendre tant les résultats du
processus de modernisation de l’armée,
que le climat particulier dans lequel
nous nous trouvons depuis plusieurs
années.
L’héritage soviétique.
Le système militaire soviétique était en
crise pour de nombreuses raisons. Il
connaissait tout d’abord une crise de sa
doctrine opérationnelle . Celle-ci était
basée sur l’idée qu’à travers la
production de nouveaux concepts
d’opération, l’innovation doctrinale, il
était possible à la fois de rendre
inopérante la supériorité technologique
des forces occidentales et de rendre
inutile les armes de destruction
massive. De fait, entre 1982 et 1989, il
y a eu un profond bouillonnement
intellectuel du côté soviétique . La
seconde raison de sa crise résidait dans
l’inadaptation radicale de ses
procédures de gestion (les priorités, le
cloisonnement) avec les exigences des
nouvelles technologies. Le retard allait
croissant, non seulement parce que
l’économie avait de moins en moins de
ressources à offrir aux militaires, mais
surtout parce que, même dans le secteur
de la défense, ces ressources étaient
utilisées de manière de plus en plus
inefficiente. Dans cette situation, il
était inévitable que se développe une
crise de la politique de défense, ou de
la Doctrine Militaire, au sens que les
soviétiques donnent à ce terme.
Mais, en même temps que se développaient
les facteurs d’une crise «interne»,
c’est-à-dire située au cœur du
dispositif de légitimation du système
militaire, celui-ci subissait de plein
fouet l’impact de la crise sociale que
l’URSS traversait. Le contraire eut été
étonnant : une armée de masse, une armée
de conscription, reflète toujours les
qualités et les défauts de la société
dont elle est issue. Cette crise sociale
prenait, dans les années quatre-vingt,
des aspects multiples. Ils comprennent
les mauvais traitements infligés par les
«anciens» (i.e. ceux qui finissent leur
service militaire) aux «nouveaux», que
l’on appelle la Dedovshina et qui fait
des dizaines, voire des centaines de
morts par an. A cela on doit ajouter les
conflits interethniques, ou Gruppovshina,
parmi les conscrits. Cette violence
considérable au sein des forces armées a
été révélée au public à travers de
nombreux articles publiés depuis
1987/1988 . Bien entendu, une telle
situation a eu des effets négatifs
considérables sur l’image de l’armée
dans la population. Les très mauvaises
conditions d’existence des appelés, dont
on sait que près du tiers développent
alors une primo-infection durant les six
premiers mois de service, jouent aussi
un rôle important dans la dégradation de
cette image. La fin des années
quatre-vingt a apporté aussi son lot de
témoignages sur l’usage de la drogue,
l’alcoolisme, la corruption et le
népotisme dans l’institution militaire.
On aurait d’ailleurs tort de croire que
les problèmes ne concernent que les
appelés. A l’exception des généraux, les
officiers et en particulier les plus
jeunes d’entre eux, connaissent des
conditions d’existence très difficiles.
L’écart entre leur situation et celle de
leurs supérieurs a nourri un antagonisme
dont on a eu de nombreux exemples durant
le débat sur la réforme militaire.
L’idée qu’une réforme générale du
système militaire était nécessaire s’est
progressivement imposée de 1988 à 1991.
Son ambition était clairement de
liquider le militarisme paradoxal à la
fois comme politique et dans ses
conséquences matérielles et
institutionnelles.
Une réforme impossible ?
La naissance de l’armée russe en 1992
n’a pas été le produit de la naturelle
transformation des forces armées
soviétiques. Il a fallu un processus
douloureux pour que commence à émerger
une institution tiraillée entre des
continuités différentes, marquée par des
ruptures politiques, économiques et
stratégiques. Cette naissance est aussi,
et même avant tout, celle d’une nouvelle
perception stratégique. La Russie
n’était pas seulement en 1992 une nation
en quête d’un État; c’était aussi un
pays qui devait redéfinir son espace et
les modes de gestion de ce dernier. La
nouvelle perception stratégique qui
s’est progressivement mise en place dans
les autorités russes a dû inclure trois
catégories d’éléments. En premier lieu,
il a fallu que les dirigeants russes
comptent avec les contraintes issues du
redimensionnement de leur pays, et de la
crise qui en découle. Les dirigeants
russes ont aussi dû se positionner face
aux pays issus de la désintégration de
l’URSS. S’il s’est agi d’un problème
général, ce dernier a pris des
dimensions particulières suivant les
zones géographiques..
Au moment même où les responsables
politiques et militaires entamaient le
processus de redéfinition des espaces et
des modes d’action souveraine de la
Russie, l’environnement géopolitique du
pays évoluait donc rapidement. La
question des relations avec les
Etats-Unis, si elle est restée centrale
dans les priorités politiques, a
profondément évolué durant toute la
période. En 1992, les relations avec les
Etats-Unis sont clairement marquées par
le souhait des autorités russes de
maintenir le statut de “Grande
Puissance” du pays à travers de bonnes
relations avec Washington. L’appui
direct et indirect apporté par les
dirigeants américains aux responsables
russes de l’époque (soutien officiel aux
opérations menées contre le Parlement en
1993 et approbation de la Guerre de
Tchétchénie en 1994) va créer les
conditions d’une “empathie” politique.
Elle se traduit au sein du secteur
militaire par des coopérations
techniques et militaires relativement
poussées dans le domaine des armes de
destruction massive. L’aide américaine
et occidentale au démantèlement d’une
partie des forces nucléaires
ex-soviétiques en est un exemple. Le
développement de programmes visant à
harmoniser les doctrines et procédures
de la dissuasion, et à co-gérer les
risques de prolifération nucléaire et
biologique en est un autre. La volonté
d’établir des coopérations industrielles
et techniques avec les industries
américaines est alors très marquée.
Cependant, les relations avec les
Etats-Unis vont commencer à se dégrader
dès le début de 1997.
Trois étapes doivent ici être rappelées.
La première, certainement la moins
connue publiquement, est liée au
développement d’un activisme islamiste
de type Wahabite en Tchétchénie et au
Daguestan. Les autorités russes, dès
l’automne 1997, rendent les Etats-Unis
directement responsables d’une montée
des tensions dans le Caucase du Nord et
accusent Washington de jouer ici un
double jeu. La seconde étape, marquée
par une publicité bien plus grande, est
liée aux événements des Balkans et aux
opérations du Kosovo. Il se fait que ces
opérations ont lieu quelques mois après
la grande crise financière de 1998 qui a
vu le poids politique des libéraux
russes s’effondre et un doute envahir
les élites russes quant aux
responsabilités des autorités
américaines dans la non-gestion de cette
crise par le FMI. Le printemps 1999 voit
alors pour la première fois s’exprimer
un conflit public entre la Russie et les
Etats-Unis et l’Otan. Les relations
entre les deux pays se dégradent et vont
rester relativement mauvaises jusqu’au
11 septembre 2001. Les attentats du 11
septembre marquent le début de la
troisième phase. les autorités russes
vont tenter d’utiliser le choc
psychologique ainsi créé pour rétablir
un contact avec les Etats-unis.
L’objectif était ici de proposer une
aide substantielle de la Russie aux
Etats-Unis dans la lutte contre le
terrorisme islamiste en échange de la
reconnaissance par les Etats-Unis de la
zone d’intérêts prioritaires de la
Russie, soit le Caucase du Nord et
l’Ukraine. Or, dès l’été 2002, les
autorités russes sont convaincues de
l’échec de cette tentative. Ils
considèrent que les autorités
américaines sont incontrôlables et
imprévisibles, constituant par là même
un danger potentiel pour la Russie.
L’opposition russe à l’intervention en
Irak n’est donc pas une cause du nouveau
refroidissement des relations
russo-américaines mais en réalité la
conséquence de ce dernier. La suite
devait démontrer le bien fondé de la
position russe, qui vise à maintenir la
stabilité dans une zone qui a été
profondément déstabilisée par
l’intervention américaine en Irak de
2003. En un sens, l’émergence de
l’organisation dite « Etat Islamique »
n’est que la conséquence de la
destruction de l’Etat Irakien en 2003.
Le renouvellement de la
doctrine, la guerre de Tchétchénie et
les progrès accomplis.
Plusieurs éléments ont directement pesés
sur les réflexions doctrinales des
années 1992-2005.
Le premier est indiscutablement le
traumatisme suscité par la 1ère Guerre
de Tchétchénie. Un peu plus d’un an
après la bataille du parlement à Moscou,
les forces armées russes étaient donc à
nouveau engagées dans des opérations
qui, du point de vue légal, sont des
opérations intérieures. Leur coût humain
a été bien entendu sans commune mesure
avec les journées d’octobre 1993. Le
déroulement des opérations n’a validé ni
les proclamations optimistes du Ministre
de la Défense, ni celles, bien plus
pessimistes, de certains observateurs
qui s’attendaient à un statu-quo
rappelant l’Afghanistan. Les opérations
du premier semestre 1995 ont cependant
souligné les problèmes politiques et
militaires qui étaient déjà présents
dans l’évolution conduisant à la
décision de l’usage direct de la force.
Les opérations de décembre 1994 à juin
1995 ont mis en évidence un certain
nombre de caractéristiques des forces
armées russes. Il est tout d’abord
évident que les déficiences en matière
d’organisation et de planification, qui
étaient prévisibles et même mentionnées
dans la presse russe, ont été lourdement
révélées, en particulier dans la phase
initiale du conflit. La seule exception
que l’on peut faire en ce domaine porte
sur l’efficacité du transport aérien. En
même temps, la capacité à s’adapter à la
situation, à tirer parti des moyens
disponibles, à improviser sur la base de
ce qui existe est très forte. Ceci n’est
pas sans rappeler le fonctionnement de
l’Armée soviétique en 1942/1943. Il faut
alors noter que la mise en place de ces
comportements d’adaptation est largement
dépendante de l’existence d’un état
d’esprit au sein des unités. Ce sont
celles qui sont le pus vite entrées dans
la logique de guerre, qui ont fait
preuve de l’agressivité la plus grande,
qui ont aussi tiré parti le mieux
possible de leurs moyens. En ce sens,
dans un conflit qui serait perçu comme
légitime, il convient de ne pas exagérer
l’impact des déficiences
organisationnelles que l’on peut
identifier. En même temps, il convient
de remarquer que l’adaptation et
l’improvisation ont été possibles grâce
à l’existence de stocks importants dont
certains sont aujourd’hui épuisés.
Les opérations en Tchétchénie n’ont pas
abouti, comme on aurait pu le croire fin
1994/début 1995 à une sorte
d’insurrection militaire. Il a
probablement manqué un dirigeant
charismatique capable d’occuper ce
terrain. La poursuite des combats a
tendu à isoler les protestataires. Les
unités au combat, et en particulier
celles qui ce sont le mieux adaptées à
la nouvelle situation expriment une
fierté d’avoir “gagné” la guerre. Cette
dernière a donné naissance à une
nouvelle “culture de la guerre” au sein
des unités les plus engagées dans les
opérations.. Ce sont ces éléments qui
l’ont emporté en 1999 dans un contexte
politique marqué par des manipulations
nombreuses. Une première conséquence
cependant des conflits en Tchétchénie
est d’avoir pesé sur les budgets
militaires et recentré les perceptions
des risques vers les conflits dits “à
basse intensité”. De ce point de vue, le
bilan à long terme de cette guerre a été
positif en ceci qu’elle a joué le rôle
d’un révélateur cru des déficiences de
l’armée et qu’elle a accéléré le
processus de réformes.
Le second élément important est celui
que l’on vient de présenter, c’est le
basculement des relations avec les
Etats-Unis, que l’on a déjà évoqué. La
question du régime de dissuasion revient
à l’ordre du jour dès la fin de 1997. Si
la probabilité d’un conflit avec l’OTAN
ou avec une alliance particulière
dominée par les Etats-Unis n’est pas
considérée comme importante, la
possibilité d’un tel conflit n’est plus
écartée. Dès lors, il devient impératif
pour les autorités russes de maintenir
des capacités de dissuasion même face
aux Etats-Unis, avec ce que cela
implique comme renforcement et
“durcissement” du C3I stratégique. On
assiste lors à une remontée des crédits
de R&D dans ce domaine. La modernisation
des forces stratégiques va constituer
une priorité du gouvernement russe.
Cette modernisation visant à assurer la
stabilité du système de dissuasion
nucléaire et non plus, comme du temps
soviétique, une quelconque « supériorité
» nucléaire qui n’a guère de sens.
L’Armée et la guerre d’Ossétie
du sud.
La guerre d’Ossétie du Sud a suscité
quant à son déroulement, autant de
commentaires que quant à son
déclenchement. On peut la qualifier de «
sale petite guerre » non seulement en
raison des exactions qui furent
commises, que ce soit par les troupes
géorgiennes ou par certaines des troupes
irrégulières Ossètes, mais surtout en
raison de ses conséquences politiques.
Au-delà des opérations militaires, la
guerre d’Ossétie du Sud portait déjà en
elle un risque d’une dégradation de la
situation internationale sans commune
mesure avec les enjeux réels du conflit.
De ce point de vue, il est clair que cet
épisode annonce 2014, et qu’il marque le
début d’un conflit latent entre les
Etats-Unis et la Russie. Un instant mis
en sommeil du fait de la grave crise
financière que les Etats-Unis ont connu
en septembre 2008, ce conflit latent
s’est réactivé à partir de 2011 sur la
Libye et surtout la Syrie. Il est devenu
aujourd’hui un élément majeur des
relations internationales.
Le contexte tactique des combats doit
néanmoins être rappelé. La zone des
combats, pour l’essentiel Tskhinvali et
ses environs, comprend la vallée de la
Grande Liakhvi, une rivière qui coule
nord-sud de Tskhinvali à Gori, villes
séparées par environ 25 km, et les
collines qui entourent la vallée. Le
terrain devient rapidement escarpé et il
faut attendre de s’approcher de Gori
pour déboucher sur une véritable plaine.
On est dans une région de collines, où
le contrôle des crêtes est décisif. Les
routes sont souvent mauvaises et les
axes de manœuvre limités. Ceci favorise
l’emploi de troupes de forces spéciales
et de parachutistes, dont l’entrainement
et les conditions physiques permettent
d’exploiter parfaitement la topographie.
La réaction russe a en effet commencé
dès la matinée du 8 août à la suite du
bombardement meurtrier de Tskhinvali par
les forces du gouvernement géorgien.
Alors que le Premier Ministre Vladimir
Poutine va écourter son séjour à Beijing
pour rentrer en Russie, le Président
Medvedev convoque une réunion du Conseil
de Sécurité Nationale. Dès les premières
heures de la matinée, des unités
blindées et mécanisées de la 58e Armée
vont franchir le tunnel de Roki et se
diriger vers le sud. Il faut souligner
que si les forces géorgiennes avaient
fait sauter ce tunnel, les troupes
russes n’auraient pu intervenir avec la
facilité qu’elles ont eu. Des avions
russes vont commencer à bombarder les
bases arrières des forces géorgiennes à
partir de 10h30, essentiellement les
dépôts de munitions et de carburant de
Kareli et Gori. Au fur et à mesure de
leur arrivée sur le théâtre des
opérations, les forces russes seront
impliquées dans des combats violents, à
Tskhinvali même et dans les collines.
Les forces mécanisées russes recevront
aussi le soutien d’éléments de la 76e
Division Parachutiste basée à Pskov, qui
sera utilisée comme une infanterie
légère dans les collines pour reprendre
les crêtes saisies par les forces
géorgiennes dans la nuit du 7 au 8.
D’autres forces aéroportées seront
déployées en Ossétie du Sud et en
Abkhazie durant le 10 et le 11 août,
dont la 98e Division Parachutiste. La
combinaison des actions russes, sur
terre, dans les airs, sur mer (avec une
opération limitée de débarquement des
troupes au sud de l’Abkhazie), mais
aussi dans le domaine de la guerre
électronique , vont conduire à un
effondrement des forces géorgiennes à
partir de la fin de matinée du 10 août.
Démoralisées par les pertes subies (qui
ont affecté les unités les plus
combatives par ailleurs), privées de
soutien d’artillerie et soumis à des
bombardements aériens constants ainsi
qu’à un meurtrier tir de contrebatterie
des l’artillerie russe, isolées de leur
commandement en raison de l’effondrement
du système de transmission, les troupes
géorgiennes vont brutalement refluer
vers le sud, parfois en cherchant à
s’empare de force de tous les véhicules
disponibles.
Les leçons de 2008.
Cette guerre a mis en évidence la
situation transitoire de l’armée Russe
en 2008. Si elle continue d’utiliser
très largement du matériel datant de la
période soviétique, elle a su progresser
au-delà de la doctrine de cette époque.
Elle utilise pleinement la guerre
électronique et informatique pour
paralyser son adversaire. Certes, la
disparité des forces était immense. Mais
la victoire russe en août 2008 indiquait
bien que l’armée était en train
d’effectuer une transition au moins
aussi importante que ne l’avait fait le
reste du pays, et qu’elle était engagée
dans un processus qui devait la faire
parvenir à une armée moderne. Ce
processus s’est poursuivi depuis. La
rapidité de réaction dont l’armée russe
fait preuve aujourd’hui sur différents
terrains témoigne de ce que, au-delà de
problèmes persistants au niveau le plus
élevé (corruption de certains, rigidité
doctrinale pour d’autres), une nouvelle
génération d’officiers a émergé qui
s’est pleinement adaptée aux changements
de l’art de la guerre dans la période
actuelle. Bien entendu, l’armée russe
reste encore déficiente au niveau de son
équipement, mais pas plus que l’armée
française, voire l’armée américaine.
Elle bénéficie désormais d’une relative
priorité budgétaire, ce qui devrait
permettre l’acquisition d’un nombre
limité de systèmes d’armes modernes.
Surtout, elle ne vise plus la «
suprématie » mais recherche une liberté
d’action locale qu’aujourd’hui les
Etats-Unis ne semblent plus capables de
réellement contester.
D’une manière peut-être plus profonde,
ce qui est survenu alors en 2008 portait
en lui la dégradation ultérieure des
relations avec la Russie. Le reset voulu
lors de la première Présidence d’Obama a
échoué avant tout parce qu’il était
destiné à consolider la position
dominante des Etats-Unis alors qu’il
était clair que la Russie ne tolèrerait
plus cette position. L’administration
américaine a cru que de belles paroles
arriveraient à faire passer une position
qui était sur le fond inacceptable pour
les dirigeants russes. Elle fait face
aujourd’hui à la révélation explicite de
ce différend.
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