Analyse
Guaido, président du Bélarus
Israel Adam Shamir
Israel
Adam Shamir
Lundi 17 août 2020 Ce n'est pas encore
fini, mais Loukachenko peut-il survivre
à la tempête ? Depuis les élections
présidentielles du 9 août 2020, le
Bélarus a connu une vague de
protestations en bonne et due forme. Les
manifestants affirment que les élections
ont été truquées, tout comme les dames
aux chapeaux de chatte en accusaient
Trump en 2016. Les protestations sont
présentées au monde entier à travers la
loupe de la machine à fake news
mondiale. Il existe des douzaines de
canaux médiatiques, qui traitent tous du
thème du truquage des élections et de la
répression des manifestations.
Mais la répression
biélorusse n'est pas un sujet brûlant,
sur place. La foule n'est pas nombreuse,
car les Biélorusses sont des gens très
civils et obéissants, ils attendent même
que les feux passent au vert (une
qualité rare à l'Est). Malgré les
provocateurs et les révolutionnaires
formés par Soros, il y a peu de blessés,
bien moins que n'en fait la
confrontation moyenne entre vos
manifestants dans l'air du temps et la
police locale, qu'ils s'appellent Gilets
Jaunes ou Black Lives Matter.
Un manifestant a
essayé de lancer une grenade à main dans
les rangs de la police ; il a raté son
coup, la grenade lui a explosé dans la
main et il est mort de ses blessures.
Cet incident est déjà présenté par les
médias comme un "meurtre de masse" et
même un "génocide". Les ambassadeurs de
l'UE sont venus déposer des fleurs sur
le lieu de son martyre. Ce dernier héros
médiatique est devenu le nouveau George
Floyd, une comparaison pertinente car le
malheureux artilleur bélarussien avait
également un riche casier judiciaire.
Ils sont en train de produire un
autocollant BLM où le B désigne la
Biélorussie. Faut-il parler de
"détournement culturel" ou de "non
respect des règles d'utilisation" ?
YouTube pourrait leur taper sur les
doigts automatiquement, pour le
copyright.
Les présidents de
Pologne et de Lituanie ont
proposé leur médiation, impliquant
que Loukachenko devrait se retirer.
Cette offre n'est guère tentante. En
2014, le président ukrainien de l'époque
avait accepté l'offre de médiation
européenne et en quelques jours, il
s'était vu contraint de fuir en Russie.
Loukachenko est
d'une autre trempe ; ses policiers ont
réussi à faire taire les protestations,
qui n'étaient de toute façon pas si
fortes. Il est encore trop tôt pour
parier si la révolution de couleur va
définitivement échouer ou gagner. Mais
quelle donc est la cause des
protestations, au-delà des plaintes
commme quoi la vie est injuste ? Qui
finance et organise ces manifestations ?
La Biélorussie,
richement dotée, a un certain nombre de
prétendants. Les ennemis de la Russie au
sein de l'OTAN veulent déplacer leurs
chars à portée de tir de Smolensk ; la
Pologne veut retrouver son ancienne
dépendance (la Biélorussie a été sujette
des Polonais pendant des centaines
d'années). La Russie veut avaler la
Biélorussie, mais Papa Loukachenko est
trop coriace pour leurs mâchoires.
Un danger
supplémentaire pour la souveraineté du
Belarus, c'est l'entité opaque et
puissante qui a organisé la réaction
excessive du monde entier au coronavirus
et a mis des milliards de personnes en
détention. Loukachenko est le héros qui
a rejeté toutes les injonctions au
confinement ; le Belarus est resté calme
et libre au milieu de l'hystérie
mondiale. Les Bélarussiens ont pu
applaudir leurs matchs de football
tandis que le reste du monde battait en
retraite et se terrait. À Pâques, les
églises du Belarus sont restées ouvertes
et la messe a été célébrée. Le 9 mai,
jour de la Victoire en Europe, les
Biélorusses ont eu leur défilé de la
Victoire, tandis que même Poutine aux
yeux d'acier était contraint d'annuler
le sien. Une telle désobéissance au
régime mondial devait être punie.
Comme Fidel Castro
avant lui, Papa Loukachenko dirige son
pays depuis des générations. Il a été
réélu tous les cinq ans depuis 1994,
année où lui, le plus jeune homme
politique d'Europe, a battu le Premier
ministre sortant lors d'une élection
ouverte. Aujourd'hui encore, à 65 ans,
sa stature n'est pas éclipsée. Ses
résultats à Minsk, la capitale, ont
dépassé les 60 % ; son principal
concurrent a obtenu 15 %, tandis que
pour l'ensemble du pays, il a obtenu
environ 80 % des voix, un résultat
impressionnant. Trop impressionnant,
disent ses ennemis. En tout cas, il ne
fait aucun doute qu'il a remporté la
majorité des voix de ses compatriotes.
Le Belarus est un
État mono-ethnique, avec très peu de
diversité ; il n'y a pas de partis
politiques forts, pas de médias
puissants et indépendants, pas
d'oligarques, pas de super-riches. Il
est encore très soviétique, mais dans
une version très élaborée, propre,
moderne, bien remise à jour (l'URSS
était assez misérable). Autre différence
: pas de politique de parti. Alors que
les Soviétiques ont toujours été dirigés
par le parti communiste officiel,
Loukachenko n'a pas de parti. Il n'aime
pas les partis parce qu'ils séparent les
gens. Il veut que les gens soient unis -
et ça marche. Il n'y a pas de parti
d'opposition important. L'opposition dit
: "AGL [Alexander Grigoryevich
Lukashenko], partez, vous avez gouverné
pendant trop longtemps, nous en avons
assez de vous". Un citoyen sain d'esprit
ne votera pas pour des gens qui n'ont
pas d'autres objectifs que la convoitise
du pouvoir. Être fatigué d'un président
n'est pas vraiment un bon argument.
Après le premier
sondage, les "élections truquées" sont
devenues le cri de guerre de
l'opposition. Comme les Clintoniens, qui
ne pouvaient pas croire que quelqu'un
voterait pour Trump, l'opposition en
Biélorussie ne pouvait pas imaginer
pourquoi les gens voteraient pour ce
vieux fossile (65 ans). En effet, de
telles revendications sont l'aliment de
base de la politique moderne ; il n'y a
guère de pays au monde où les résultats
des élections ne soient pas contestés.
On prétend toujours que les résultats
ont été falsifiés, que le peuple a été
induit en erreur, que le président élu
ne méritait pas d'être élu, que ce sont
des ploucs racistes qui ont voté pour
lui ou que la Russie a fait basculer les
sondages. Les raisons pour lesquelles
les résultats des élections ne devraient
pas être reconnus n'ont d'autre limite
que celles de l'imagination humaine.
La dernière
victoire électorale d'AGL a été
officiellement reconnue par les pays du
monde entier. Il a été félicité par les
présidents de la Chine, de la Russie, de
la Turquie ainsi que par le patriarche
de Moscou Kyril (l'Église du Belarus
fait partie intégrante de l'Église
orthodoxe russe). L'opposition tente de
stimuler l'intérêt pour un changement de
régime en suivant les manuels de Gene
Sharp : faire monter la température avec
des attaques contre la police, puis la
rafraîchir avec des filles vêtues de
blanc distribuant des fleurs et posant
avec ces mêmes flics. C'est la carotte
et le bâton. Le point et le contrepoint.
Le combattant de la liberté et le
martyr. Cette technique a fonctionné
avec succès dans de nombreux pays, et
sera probablement mise en oeuvre en
novembre aux États-Unis.
Le Belarus nous
montre en quoi consiste vraiment
"l'ingérence étrangère dans les
élections". On n'en est plus à placer
quelques publicités sur Facebook. On
forme des centaines de jeunes hommes aux
arts obscurs de la guerre urbaine : la
recette pour bien utiliser les cocktails
Molotov, le braquage de voitures,
l'infiltration transfrontalière, la
contrebande d'argent, le recrutement et
le paiement de mercenaires, comment
gérer un centre de crise 24 heures sur
24 depuis l'étranger, où et comment
attaquer la police, comment préparer et
mener une révolution de couleur
scénarisée - voilà comment l'ingérence
étrangère influence les élections au
Belarus.
Que veulent les
manifestants au-delà de la suppression
d'AGL ? Il s'avère qu'ils ont un
programme : ils veulent faciliter
l'embauche et le licenciement des
travailleurs, mettre fin à la protection
par les syndicats et à la législation
sur le droit du travail, et mettre fin à
la réglementation des prix. Ce sont les
idées néolibérales habituelles, mais
voici la plus importante : ils prévoient
de privatiser et de vendre les actifs du
pays. Seulement voilà, c'est là que leur
front unifié s'effondre : l'opposition
pro-occidentale veut vendre la
Biélorussie à des investisseurs
occidentaux, tandis que l'opposition
pro-russe veut la vendre aux oligarques
russes. Ces actifs sont appétissants et
abondants, car 80 % de l'industrie et de
l'agriculture restent dans le domaine
public, plus que dans tout autre État
européen.
La Biélorussie est
le dernier vestige de l'Union
soviétique, la dernière république
socialiste soviétique. L'URSS était
fondée sur la propriété de l'État sur
les moyens de production, c'est-à-dire
les usines, la recherche, l'industrie et
l'agriculture. Dans la Fédération de
Russie, ces biens nationaux ont été
privatisés par Boris Eltsine et donnés à
quelques oligarques. Ce n'est pas le cas
en Biélorussie. Leur industrie est
toujours un bien national ; leurs
exploitations appartiennent toujours à
des coopératives agricoles locales et
non à des exploitations agricoles
mondialistes.
Le Belarus est
toujours assez riche ; son industrie a
été modernisée, tout comme son
agriculture. Ils produisent et exportent
beaucoup de tout, principalement vers la
Russie voisine. L'Europe s'intéresse peu
aux camions et aux saucisses du Belarus
parce qu'ils ont leurs propres camions
et saucisses à vendre, mais la Russie
les achète parce qu'elle les préfère et
sait qu'ils offrent un bon rapport
qualité-prix. Les produits laitiers, les
meubles et la mode biélorusses
continuent d'être populaires en Russie.
Le Belarus a hérité
de deux énormes raffineries, l'une à
Mozyr et l'autre à Novopolotsk, capables
de transformer le pétrole brut et le gaz
en produits prêts à l'emploi. La Russie
produit du pétrole brut et du gaz, le
Belarus raffine le tout ; ils devraient
pouvoir faire de bons bénéfices en
travaillant ensemble. Mais les
oligarques russes derrière Gazprom ne se
satisfont pas de leur part habituelle,
ils ont donc créé une société
intermédiaire basée en Lituanie ; la
société "achète" le gaz russe et le
"vend" ensuite au Belarus. Les paiements
biélorusses sont redirigés à l'étranger
vers les comptes bancaires off shore des
oligarques. Une partie atteint
finalement les caisses de l'État russe,
mais beaucoup de versements s'égarent.
Gazprom a continué
à augmenter le prix du pétrole livré aux
raffineries biélorusses jusqu'à le
facturer plus cher à ce pays
ostensiblement allié que les États
hostiles que sont l'Ukraine et
l'Allemagne. En réaction, la Biélorussie
s'est tournée vers le raffinage du
pétrole norvégien et saoudien : il était
moins cher que le pétrole russe.
Maintenant, ils raffinent le pétrole
américain. Depuis, la Biélorussie a
décidé de couper les vivres à la société
intermédiaire de Gazprom, et la police
biélorusse enquête maintenant sur le
détournement de fonds de l'État russe
vers des comptes offshore. Les
oligarques russes sont très mécontents
de tout cela ; ils financent maintenant
les manifestations biélorusses et une
campagne bruyante contre AGL dans les
médias et les réseaux sociaux russes.
Le président
Poutine a un autre jeu en tête. Il
aimerait voir la Biélorussie rejoindre
la Russie en tant que république
constitutive. Il ne tient pas
particulièrement à AGL (qui a pourtant
résisté à l'hystérie du coronavirus
encore mieux que lui), mais il ne veut
pas non plus être dirigé par ses
oligarques. C'est pourquoi il a exprimé
son soutien lors des élections et a
félicité AGL pour sa victoire. Mais les
médias russes continuent de jouer contre
Loukachenko, que ce soit à la demande
des patrons des médias ou en raison de
leur désir de se faire l'écho de leurs
frères occidentaux.
Tous les
oligarques, à l'Est comme à l'Ouest,
voudraient détruire le dernier vestige
de l'URSS et effacer toute possibilité
d'en tirer des leçons. C'est ce qui
ressort des élections et de la tentative
de changement de régime. Les succès de
la Biélorussie d'AGL, ça les agace. Si
vous pensez que le socialisme n'est pas
une stratégie qui marche en matière
d'économie, pensez au Belarus et
réfléchissez-y à deux fois.
Pendant un certain
temps, au moins jusqu'en 2015,
l'économie du Belarus était celle qui
connaissait la croissance la plus rapide
en Europe ; son PIB augmentait de 10 %
par an. Après le terrible effondrement
de 1991, le Belarus a été le premier à
rebondir (en 2002), tandis que la Russie
est restée à la traîne jusqu'en 2006. Il
suffit de regarder les faits : (1) la
destruction totalement inutile de l'URSS
a entraîné une reprise économique
complète en 16 ans seulement pour la
Russie partiellement privatisée ; (2) la
Biélorussie, propriété de l'État, a pu
rebondir en 12 ans ; (3) l'Ukraine,
totalement privatisée, n'a jamais pu se
redresser. Aujourd'hui encore, leur
économie représente 65 % de ce qu'elle
était au cours de la dernière année
soviétique, en 1990.
Vous pouvez voir
dans le graphique ci-dessous du PIB de
la Russie (en gris clair) et du Belarus
(la ligne continue) entre 1990 et 2018,
que le bon vieux Belarus s'est plutôt
bien débrouillé sous AGL. Là-bas, les
salaires ont augmenté plus rapidement
que la productivité du travail
(contrairement, par exemple, aux
États-Unis ou au Royaume-Uni où la
productivité du travail a augmenté alors
que les salaires ont stagné) ; il n'y
avait (et n'y a) pratiquement pas de
chômage au Belarus.
Après 2015, la
Biélorussie a stagné, ce qui était
étroitement lié à la stagnation de
l'économie russe, mais ils se sont quand
même bien débrouillés.
L'un des secrets de
la réussite du Belarus c'est qu'il n'y a
pratiquement pas de corruption. Nombre
de sympathiques hommes d'affaires russes
m'ont dit qu'il est presque impossible
de corrompre un fonctionnaire biélorusse
(contrairement à la Russie où les
fonctionnaires sont légendairement
corrompus). Ils m'ont dit que le KGB
biélorusse (ils ont conservé le nom de
la marque) est toujours vigilant,
toujours en train de lutter contre la
corruption. Ils ont un système bancaire
transparent, et le soutien des citoyens
bélarussiens moyens à l'éthique de la
lutte contre la corruption fait qu'un
fonctionnaire bélarussien est très, très
réticent à accepter un pot-de-vin. (Il
faut le verser dans une banque
européenne à l'étranger, et ce n'est pas
chose facile dans le climat actuel).
En tant qu'État
post-soviétique, le Belarus est assez
strict. Si le pays est tellement propre,
c'est parce qu'AGL est connu pour faire
des rondes personnellement dans les
rues. S'il découvre des ordures qui
traînent, il appelle le maire local et
l'oblige à les nettoyer immédiatement.
Il a plus qu'une touche de Lee Kuan Yew
(LKY), le légendaire Premier ministre de
Singapour de 1959 à 1990. Peut-être AGL
tiendra-t-il aussi longtemps que LKY (31
ans !), alors qu'il a 26 ans
d'ancienneté.
Une autre marque de
rigueur c'est la taxe spéciale que les
personnes sans emploi sont obligées de
payer. C'est l'héritier de l'impôt
soviétique sur les parasites. Une
personne qui ne travaille pas peut même
être jugée et condamnée. Le socialisme
biélorusse n'est pas un refuge pour les
fraudeurs à l'aide sociale.
L'impôt moyen en
Biélorussie est de 30%, sauf si l'on
travaille à distance dans l'industrie
informatique. La Biélorussie, qui
connaît bien l'informatique, compte 75
000 consultants, ingénieurs et
techniciens en informatique qui
travaillent pour des entreprises situées
dans l'UE, en Russie et aux États-Unis.
Si le salaire moyen au Belarus est
d'environ 500 dollars par mois, les
spécialistes en informatique gagnent
plus de 2 500 dollars et ne paient que 7
% d'impôts. Je soupçonne AGL de vouloir
faire en sorte que ça leur coûte moins
cher de payer l'impôt que de l'éluder.
On pourrait penser que ces gars seraient
heureux, mais ils ne le sont pas.
Beaucoup d'entre eux se sont joints aux
protestations. Ils veulent une société
plus libérale, et c'est naturel.
Les États-Unis
veulent mettre Loukachenko de leur côté,
et l'astucieux AGL est prêt à jouer le
jeu. Il traite maintenant le pétrole
américain dans ses raffineries. AGL veut
rester ami avec tout le monde, et son
nouvel ami proche, c'est la Chine. En
Biélorussie, les hommes au pouvoir
disent que leur pays va devenir la
plaque tournante de la Chine en Europe.
Le Belarus est très, très proche de la
Russie, mais il a aussi peur d'être
englouti et dévoré par ce géant ami. Si
la pression sur AGL ne cesse de
s'accroître, il pourrait devoir décider
de passer par-dessus la barrière et de
rejoindre la Russie. Les États-Unis le
savent et essaient de ne pas trop le
pousser à bout, mais les Russes sont
assez intelligents pour encourager les
protestations dans ce but précis.
Loukachenko
va-t-il libéraliser son État ? Est-ce
possible, sans pour autant renoncer à
tous les acquis sociaux durement acquis
? Je n'en suis pas si sûr. Tant que les
puissances impérialistes participeront
aux échanges commerciaux, il n'y aura
probablement aucun moyen de créer un
État socialiste libéral. C'était la
conclusion de Vladimir Lénine : il
écrivait que le stade libéral serait
atteint lorsqu'il n'y aurait plus de
prédateurs à l'affût. Et il n'a pas
traîné pour écraser la révolte de
Cronstadt.
Les travailleurs
du Belarus doivent comprendre ce qui
leur arrivera si les rebelles remportent
la victoire. Leurs industries seront
vendues et démantelées afin qu'ils ne
puissent pas concurrencer les vendeurs
préférés des mondialistes, comme cela
s'est déjà produit en Russie, en Pologne
et en Lettonie. Le terrible exemple de
l'Ukraine devrait les tenir à l'écart de
la révolte. Mais cela suffira-t-il?
Ces différends
devront peut-être être résolus par la
force, si les manifestants n'acceptent
pas le vote démocratique. Si les
néolibéraux n'acceptent que la force,
alors il faut employer la force. La
force devra peut-être décider si le
socialisme bélarussien survivra ou non.
Après tout, les révolutions de couleur
ne sont pas condamnées à réussir - elles
ont échoué dans de nombreux pays. En cas
de coup d'État pro-occidental, la Russie
est susceptible d'intervenir, comme le
lui permet le traité de l'OTSC.
Mais la Russie n'est pas favorable au
socialisme, que ce soit à Minsk ou
ailleurs.
Mon conseil à
l'administration américaine: il est
temps de capitaliser vos succès au
Venezuela. Lorsque les États-Unis
n'étaient pas satisfaits du président du
Venezuela, M. Maduro, ils ne se sont
même pas soucié du résultat des
élections, mais ils ont choisi
("reconnu") un certain M. Juan Guaido,
un membre plutôt jeunot de l'opposition.
Ils lui ont attribué les actifs du
Venezuela, y compris tout l'or que le
pays gardait négligemment à la Banque
d'Angleterre ; ils ont repris les
ambassades vénézuéliennes et les ont
données à M. Guaido, et l'homme a signé
avec gratitude un contrat promettant des
millions aux mercenaires basés aux
États-Unis pour enlever le président
actuel et introniser M. Guaido.
Aujourd'hui,
l'Occident est mécontent des élections
présidentielles en Biélorussie. Les
Biélorusses se sont obstinés à
reconfirmer leur président, M. Alexandre
G. Loukachenko (AGL), dans ses
fonctions, et c'est lui-même un homme
têtu qui refuse de vendre les actifs de
son pays et d'inviter les chars de
l'OTAN. Mon conseil aux dirigeants
américains est de réutiliser M. Guaido,
de le reconnaître comme le nouveau
président du Belarus et d'en finir avec
AGL. Pourquoi prétendre que les
trahisons sont différentes quand il
s'agit de vendre des pays différents ?
M. Guaido a prouvé son dévouement à
l'Oncle Sam ; il a déjà l'expérience
d'un président "reconnu" et non élu.
Vive le président biélorusse Guaido !
P.S. Sur Beyrouth.
Certaines personnes suggèrent qu'il y a
eu des frappes "mini-nucléaires". J'en
doute, car ni Israël ni les Etats-Unis
ne possèdent la technologie requise,
comme me l'a dit un physicien russe.
Seule l'URSS possédait la technologie
des mini-nukes ; la Russie a hérité de
quelques exemplaires ad hoc; depuis des
années, il n'en a pas été fabriqué de
nouveaux.
Le problème est que
les mini-nukes sont fabriqués à partir
de californium et d'isotopes similaires,
et ne peuvent être produits que dans le
cadre d'une production à grande échelle
de plutonium de qualité militaire, comme
sous-produit. Israël n'a jamais produit
autant de plutonium, et les États-Unis
utilisent un processus totalement
différent. Je conseille donc de prendre
les révélations sur les "mini-nukes"
avec des pincettes.
Joindre l'auteur:
adam@israelshamir.net
Traduction: Maria
Poumier
Source:
Unz.com et bientôt rendez-vous sur
israelshamir.com (car Unz est bloqué
sur Facebook)
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