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Foire Internationale du livre
« De quel côté nous ranger ? Nous, nous le savons ! »
Manifestation nationale de solidarité avec le peuple
palestinien :
Non, Israël n'est pas un « hôte d'honneur » !
on Infoaut.org
http://www.infoaut.org/news.php?id=1486
Samedi prochain, le 10 mai, une
manifestation d’importance nationale défilera dans les rues de
Turin, depuis le cours Marconi jusqu’à la Foire Internationale
du livre, qui se tient au Lingotto. Du lundi 5 au vendredi 9, à
Turin, une série d’initiatives politiques préparera le défilé :
séminaires, assemblées, projections de films, initiatives
publiques. Le moment est important, pour montrer à la population
palestinienne que, dans notre pays, beaucoup de citoyens
n’oublient pas les souffrances, l’embargo, les bombardements,
les massacres dans les territoires occupés ; que nous n’oublions
pas le droit au retour des réfugiés palestiniens, que nous
connaissons les discriminations que les Palestiniens subissent
en Israël, que notre pensée ne cesse d’aller aux milliers de
prisonniers politiques qui sont soumis, en Israël, à des
conditions d’incarcération extrêmement dures, qui, bien souvent,
s’assimilent à de la torture.
Le mur de la honte et de l’apartheid, dont
Israël est en train d’achever la construction, est le symbole du
racisme de l’idéologie sioniste et de sa mise en pratique au
prix d’un énorme déversement de violence. Cette violence, et
cette prévarication que les Palestiniens subissent depuis des
décennies, et qui trouve un point focal dans la tragédie de
1948, la , où 850 000 réfugiés durent abandonner leurs maisons
et où des dizaines de milliers de personnes furent tuées par
l’armée israélienne.
Cette année, tombe le soixantième
anniversaire de la Naqbah, que, ces jours-ci, les Palestiniens
commémorent, dans les territoires occupés, par mille initiatives
politiques et culturelles. C’est la raison pour laquelle le
Forum Palestina a lancé, cette année, la campagne « 2008 – Année
de la Palestine », dont font partie cette manifestation à Turin
et toute la Semaine Free Palestine.
Le choix de manifester à Turin est dû à la
décision prise par cette ville d’inviter Israël en tant
qu’ « hôte d’honneur » de l’édition 2008 de la Foire du livre,
précisément en correspondance avec le soixantième anniversaire
de 1948 ; c’est pourquoi la manifestation se conclura devant le
Lingotto [anciennes usines Fiat, converties par l’architecte
Renzo Piano en grand centre commercial et hall d’exposition ;
site de la Foire :
http://www.fieralibro.it/ , ndt], où se tient cette Foire.
Les 5 et 6 mai, Gianni Vattimo, Angelo d’Orsi,
Diana Carminati, Tariq Ramadan, Wasim Dahmash et Aharon Shabtai,
ainsi que d’autres, animeront un séminaire international dans la
salle des thèses de l’institut des Sciences Politiques, dans les
locaux de l’Université de Turin. Le 7 mai, le poète israélien
Aharon Shabtai, qui adhère à la manifestation du 10 et au
boycottage du salon du livre, lira au public ses poésies au
Palazzo Nuovo, vendredi, de 15 à 20 heures, se tiendra, au
Palazzo Nuovo, une assemblée nationale pour la Palestine, avec
la participation d’un porte-parole du Front Populaire de
Libération de la Palestine (FPLP), de l’Alternative Information
Center [de Mikado, ndt], de l’International Jewish Solidarity
Networ, du Forum Palestina et de l’Union Démocratique
Arabo-Palestinienne. Les 7, 8 et 9 mai, le cinéma des Marx
Brothers [Fratelli Marx, en italien, ndt] proposera un festival
de films de réalisateurs palestiniens, dédié à trois
intellectuels et artistes palestiniens assassinés par Israël.
L’Assemblea Free Palestine et le Forum
Palestina avaient organisé également une présence devant la
Foire pour toute la durée du salon, c’est-à-dire du 8 au 12 mai
inclus, afin d’informer les visiteurs de ce que sont les
politiques et les crimes d’Israël en Palestine, et pour
illustrer les raisons qui ont conduit de très nombreux écrivains
du monde entier – parmi lesquels beaucoup de Palestiniens et
quelques Israéliens – à refuser de participer à l’édition 2008
de la Foire du Livre de Turin. Cette tribune d’information, qui
avait été initialement autorisée (à l’exception de la matinée du
8 mai, durant la présence du président de la République
italienne Giorgio Napoletano au Lingotto), a été totalement
interdite, le 2 mai, par le questeur Berrettoni, pour toute la
durée de la Foire, « pour des motifs d’ordre public ». Pour ces
mêmes journées, les Associations d’Amitié Italo-Israélienne ont
annoncé des manifestations devant le Lingotto, avec les couleurs
israéliennes.
Ces derniers jours, des sources
journalistiques ont également diffusé une information selon
laquelle la manifestation du 10 mai aurait été en partie
interdite ; toutefois, aucune communication officielle allant
dans ce sens n’a été faite par la police. Le parcours sollicité
de l’autorité publique – sans aucune tractation, et bien par une
décision politique explicite de l’Assemblea Free Palestine – est
le suivant : cours Marconi, rue Madama Cristina, rue Genova,
cours Caduti del Lavoro [Mutilés du Travail], rue Nizza,
jusqu’au Lingotto. Ce parcours a été autorisé.
La Semaine Free Palestine [Libérez la
Palestine !] qui s’ouvre aujourd’hui est la conclusion d’une
campagne de lutte en cours depuis des mois contre l’invitation
d’Israël en tant qu’hôte d’honneur. Après que de nombreux
écrivains arabes, sur la demande des organisations sociales et
politiques palestiniennes, eurent déclaré, durant les mois de
janvier et février, leur boycottage, les étudiants du Network
Antagonista Torinese [Réseau de Résistance Turinoise] ont donné
le coup d’envoi des contestations dans la cité en occupant le
siège de la Fondation du Livre de Turin. Quelques jours après le
congrès de cette même Fondation -
dont le directeur est Rolando Picchioni, carte n° 2095 de
la loge maçonnique (tristement célèbre, ndt) P2, l’adjoint au
directeur Ernesto Ferrero – ainsi que l’assesseur Gianni Oliva,
ont été très durement contestés au centre italo-arabe Dar
al-Hikma de Porta Palazzo [un quartier de Turin, dénommé d’après
la porte de l’enceinte fortifiée, comme à Paris ou dans beaucoup
de villes italiennes, ndt]. La mobilisation pour la Palestine
des universitaires a provoqué, ensuite un affrontement très dur
entre les étudiants et Ugo Volli, qui a pris la défense
d’Israël, demandant au Recteur de l’université d’interdire tout
matériel philo-palestinien dans l’enceinte de l’université,
attaquant durement y compris Gianni Vattimo, bien que celui-ci
se soit opposé aux étudiants contestataires.
[Pour lire ici une lettre ouverte adressée
à Ugo Volli, (en italien), cliquer ici :
LETTERA
APERTA A UGO VOLLI ]
Des
controverses et des polémiques du même ordre se sont déroulées
dans les diverses grandes écoles turinoises, à cause des
assemblées consacrées à la situation en Palestine organisées par
les étudiants semi-autonomes, tandis que les Cobas Scuola ont
organisé une rencontre consacrée à la Palestine et destinée aux
enseignants qui fut une réussite totale.
En général, un grand travail de
contre-information sur la Foire du Livre a été réalisé par le
syndicalisme de base – par exemple par la Rdb/Cub
(Représentations syndicales de base / Confédération unitaire de
base) – ainsi que par des centres sociaux résistants (antagonisti,
en italien, ndt) et par divers comités de solidarité avec la
Palestine existant à Turin. Ces activités ont donné naissance au
Printemps Palestinien (Primavera Palestinese, en italien), une
série très dense d’initiatives culturelles, de débats,
d’événements théâtraux et cinématographiques qui ont eu pour
thème la Palestine, durant les mois de mars et avril.
A l’Université, la participation du public
a atteint un sommet avec la grande assemblée étudiante, qui a
été le cadre d’un débat contradictoire entre Marco Travaglio et
le Collectif Universitaire Autonome, tandis que le défilé du
Premier Mai, marqué par la bronca anti-Bertinotti, lequel
participera à la kermesse du Lingotto [ironie sur la « foire »
du Livre, ndt], a donné un signal clair de prise de position sur
la Foire du livre. A cette occasion, place San Carlo, des
drapeaux israéliens et états-uniens ont été « allumés », afin de
faire savoir aux Palestiniens que, s’ils sont abandonnés à leur
triste sort par la communauté internationale, les mouvements
sociaux, contestataires et internationalistes ne les laissent
pas tomber.
Comme couronnement de ce parcours, et ce, durant les jours de
l’inauguration et de tenue de la Foire du Livre, les initiatives
actuelles et la manifestation du 10 mai assument une
signification politique manifeste, aussi, en tant que premier
moment d’opposition venue de la base, de signification nationale
et internationale, dans la nouvelle ère Berlusconi. Le
« nouveau » président du conseil italien a d’ailleurs déjà
répondu avec précision aux vents de la protestation contre les
conditions faites au peuple palestinien : Israël sera la
première destination pour ses déplacements officiels à
l’étranger…
Traduit de l’italien par Marcel Charbonnier
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