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droit
Roland Dumas : « Ceux qui commandent
sont les États-Unis et Israël »
Gilles Devers
Vendredi 5 décembre 2014
Roland Dumas interrogé par Sihem Souid
pour
Le Point. Loin des
simagrées des députés votant une
résolution dépourvue de toute force
juridique et qui relève de
l’enfantillage – un Etat mité par des
colonies, sans capitale, et sans liberté
de circulation des habitants… une
misérable manip’ politique – Roland
Dumas s’exprime pour dire deux ou trois
choses fortes et juges, reparler de la
grande maison commune… Je me sens moins
seul.
Que pensez-vous de la politique
étrangère menée
par François Hollande depuis son
élection ?
Le général de Gaulle tenait à ce que
la France soit indépendante. Pompidou,
Valéry Giscard d’Estaing (VGE) et
Mitterrand ont été dans cette ligne de
conduite qui donnait satisfaction à tout
le monde, dire oui avec des réserves
mais ne pas entrer dans le commandement
intégré de l’Otan. Avec Chirac, des
discussions ont eu lieu pour une
réintégration, mais les contreparties
qu’il voulait n’ont pas été acceptées
(le commandement de la zone sud – la
Méditerranée). Sarkozy a annoncé que la
France réintégrait le commandement
intégré de l’Otan. Avec l’arrivée de
François Hollande au pouvoir, la
politique étrangère a entériné ce
changement de cap avec peu de débats
internes et pas de débat public en
réintégrant définitivement le
commandement intégré de l‘Otan,
et cela, sans vraie contrepartie. En
réalité, aujourd’hui, ceux qui
commandent sont les États-Unis et
Israël. Aujourd’hui, nous sommes dans
une alliance où la France n’a plus rien
à dire. Nous n’avons plus de politique
étrangère indépendante.
Quel œil portez-vous sur le travail
mené par Laurent Fabius au Quai d’Orsay
?
Il a été mon Premier ministre, donc
je ne peux pas en dire du mal
(sourires). Vous connaissez le proverbe
anglais « right or wrong, my country is
my country ». Il a été un très bon
Premier ministre, mais il est un moins
bon ministre des Affaires étrangères car
il ne pousse pas les idées que je viens
de vous exposer qui sont les idées
traditionnelles de la France. La France
a perdu son indépendance en matière de
politique étrangère !
Que feriez-vous aujourd’hui si vous
étiez encore ministre des Affaires
étrangères ?
Je serais déjà toujours resté fidèle
à la pensée socialiste. J’aurais rétabli
une vraie politique française avec la
Russie ! La France doit rétablir une
relation privilégiée avec la Russie.
Nous traitons mal les Russes,
contrairement à ce qui peut se dire dans
le monde ! Nous ne tenons compte d’aucun
des engagements qui ont été pris,
notamment avec
Gorbatchev concernant la conférence
de Moscou. L’alliance outre-Atlantique
n’a pas tenu ses engagements envers
Moscou. Je suis contre l’injustice même
en politique internationale.
Photo:
D.R.
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